Violences en Cisjordanie : un adolescent palestinien tué, décès d'une Israélienne

Des occupants israéliens marchent autour de l'avant-poste d'Eviatar en Cisjordanie, le lundi 10 avril 2023. (AP)
Des occupants israéliens marchent autour de l'avant-poste d'Eviatar en Cisjordanie, le lundi 10 avril 2023. (AP)
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Publié le Lundi 10 avril 2023

Violences en Cisjordanie : un adolescent palestinien tué, décès d'une Israélienne

  • L'hôpital Hadassah de Jérusalem a annoncé le décès de Lucy Dee, «malgré des efforts intenses et incessants» pour la sauver
  • Dans l'après-midi, un adolescent palestinien de 15 ans, Mohamed Fayez Balhan, a été tué lors d'une incursion militaire israélienne dans le camp de réfugiés palestiniens d'Aqabat Jaber, près de Jéricho, dans le centre de la Cisjordanie

JÉRICHO: Un adolescent palestinien a été tué par des tirs israéliens lundi en Cisjordanie et une Israélienne est décédée à la suite d'un attentat palestinien ayant coûté la vie à deux de ses filles vendredi dans ce territoire occupé par Israël.

L'hôpital Hadassah de Jérusalem a annoncé le décès de Lucy Dee, "malgré des efforts intenses et incessants" pour la sauver.

Cette Israélo-Britannique de 48 ans et ses deux filles, âgées de 16 et 20 ans, ont été touchées par des tirs palestiniens sur leur véhicule dans le nord-est de la Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, au moment où le Proche-Orient est en proie à un nouveau cycle de violences.

Le président Isaac Hertzog a présenté ses condoléances à la famille "au nom de tout le peuple israélien". Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a également présenté ses condoléances et annoncé qu'il tiendrait une conférence de presse à 20h15 (17h15) GMT, dont le thème devrait être lié aux questions sécuritaires, selon des médias locaux.

Dans l'après-midi, un adolescent palestinien de 15 ans, Mohamed Fayez Balhan, a été tué lors d'une incursion militaire israélienne dans le camp de réfugiés palestiniens d'Aqabat Jaber, près de Jéricho, dans le centre de la Cisjordanie, selon le ministère de la Santé palestinien.

Selon l'armée israélienne, "des heurts violents" ont éclaté au cours de ce raid destiné à "arrêter un suspect", et "les soldats ont tiré à balles réelles", a déclaré l'armée, qui a précisé avoir interpellé le suspect.

Mobilisation 

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a qualifié la mort de Mohamed Bahlan d'"exécution sommaire".

Attentats meurtriers, tirs de roquettes en provenance de Gaza, du Liban et de la Syrie, suivis de représailles israéliennes: la région est en proie à une vague de violences depuis l'irruption brutale, le 5 avril, des forces israéliennes dans la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, troisième lieu saint de l'islam, qui a suscité une série de condamnations et une brusque flambée des tensions.

Mercredi, les forces israéliennes ont fait irruption par deux fois dans la mosquée et délogé des fidèles rassemblés pour des prières nocturnes, en plein ramadan, le mois de jeûne musulman coïncidant ces derniers jours avec les célébrations des Pâques juive et chrétienne.

Israël affirme que les forces de l'ordre ont été "contraintes d'agir pour rétablir l'ordre" face à des "extrémistes" barricadés dans la mosquée avec des pierres et des fusées de feu d'artifice qui ont été utilisées contre les policiers pendant leur assaut.

Le lendemain, une trentaine de roquettes avaient été tirées du Liban vers Israël, blessant une personne et causant des dégâts matériels. L'armée israélienne a riposté en menant des frappes sur Gaza et sur le sud du Liban.

Vendredi soir, Israël a annoncé la mobilisation d'unités de policiers de réserve et de renforts militaires, après un attentat à la voiture bélier à Tel-Aviv ayant coûté la vie à un touriste italien, et la mort des deux soeurs israélo-britanniques.

"Si un des terroristes envisage que durant la période des fêtes il pourra échapper aux forces de sécurité, il se trompe. Toute personne qui agira contre nous, nous lui réglerons son compte," avait affirmé dimanche le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant.

Lundi, plusieurs milliers de colons israéliens ont participé à une marche vers Eviatar, une colonie juive non reconnue par les autorités israéliennes dans le nord de la Cisjordanie, pour exiger sa légalisation, ont constaté des journalistes de l'AFP.

«Solution à tous les problèmes»

Plusieurs ministres et députés y ont participé, dont le ministre de la Sécurité publique, Itamar Ben Gvir, figure de l'extrême-droite et soutien de la cause des colons en Cisjordanie, qui a déclaré dans une vidéo diffusée par son bureau qu'Israël "ne capitule pas devant le terrorisme, ni à Eviatar, ni à Tel Aviv".

Présente à cette marche, Rivka Katzir, 74 ans, une habitante de la colonie d'Elkana, a déclaré à l'AFP que "la seule solution à tous ces problèmes est de s'installer ici" à Eviatar.

En 2021, plusieurs Palestiniens avaient été tués par des tirs de l'armée israélienne dans le village de Beita, voisin d'Eviatar, lors de protestations contre l'installation de cet avant-poste de colonisation.

Près de trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie. Environ 490 000 colons juifs y habitent aussi dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international.

Depuis le début de l'année, le conflit israélo-palestinien a coûté la vie à au moins 94 Palestiniens, 19 Israéliens, une Ukrainienne et un Italien, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.

Ces chiffres incluent, côté palestinien, des combattants et des civils, dont des mineurs, et côté israélien, en majorité des civils, dont des mineurs, et trois membres de la minorité arabe.


Israël réaffirme que le Hamas «sera désarmé», face à la proposition d'un «gel»

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
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  • Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien
  • "Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal

JERUSALEM: Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien, au lendemain de la proposition d'un dirigeant du mouvement islamiste palestinien de geler l'armement.

"Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal dans un entretien mercredi à la chaîne qatarie Al Jazeera.

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël.

 

 


Oman et le Liban appellent à un retrait total d’Israël et exhortent à la fin des attaques

Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
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  • Joseph Aoun et le sultan Haitham ben Tariq lancent un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais
  • Réaffirmation de la position arabe unifiée en faveur de la fin de l’occupation israélienne et de l’établissement d’un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967

​​​​​​BEYROUTH : Le président libanais Joseph Aoun et son homologue omanais, le sultan Haitham ben Tariq, ont lancé mercredi un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais et un retrait total de toutes les terres arabes occupées, avertissant que la poursuite des violations constitue une menace directe pour la stabilité régionale.

La déclaration a été faite lors d’un sommet de haut niveau à Mascate, où les deux dirigeants ont exprimé leur « profonde préoccupation face à l’agression israélienne en cours » et qualifié l’occupation de « violation flagrante » de la Résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que d’autres résolutions internationales.

Les deux parties ont également exprimé leur soutien aux efforts internationaux visant à apaiser les tensions, stabiliser la situation sur le terrain, faciliter le retour des personnes déplacées et faire progresser la reconstruction post-conflit.

Aoun conduisait une délégation ministérielle libanaise à Oman, comprenant les ministres des affaires étrangères, de l’intérieur, de la défense, de la santé et de l’agriculture, pour des discussions avec des responsables omanais.

La déclaration commune a mis l'accent sur le renforcement des relations bilatérales et l'élargissement de la coopération dans des secteurs clés tels que la politique, l'économie, l'investissement, le secteur bancaire, le tourisme, les transports et la logistique.

Les deux parties ont appelé à engager rapidement les préparatifs pour tenir la première session du Comité mixte omano-libanais, coprésidé par les ministres des affaires étrangères à Mascate, et à poursuivre de nouveaux accords et mémorandums d’entente destinés à renforcer la collaboration dans le commerce, la culture et la science. La déclaration a également souligné la nécessité de dynamiser la participation du secteur privé dans les opportunités de développement partagé.

La partie omanaise a réaffirmé son plein soutien à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du Liban, ainsi qu’au renforcement des institutions étatiques libanaises, en particulier l’armée et les forces de sécurité légitimes, et à l’appui apporté au pays dans ses réformes économiques, financières et administratives.

Les deux parties ont réaffirmé la position arabe unifiée appelant à mettre fin à l’occupation israélienne et à établir un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Elles ont également souligné l’importance de renforcer la solidarité arabe, de respecter la souveraineté des États et de promouvoir les principes de bon voisinage et de droit international.

La visite officielle d’Aoun à Oman s’inscrivait dans le rôle établi de Mascate en tant que médiateur régional et international. Lors de ses rencontres, Aoun a salué le statut diplomatique et l’approche du Sultanat, la qualifiant de « sage et responsable ».

Il a salué la politique étrangère d’Oman, fondée sur le dialogue, la médiation, l’équilibre et le bon voisinage, estimant qu’elle avait conféré au Sultanat « un statut distingué et un rôle pivot dans la promotion de la stabilité et la résolution des conflits par des moyens pacifiques ».

Aoun a déclaré qu’au Liban, « nous tenons cette approche sage en haute estime et accordons une grande valeur au soutien constant du Sultanat envers le Liban dans divers forums internationaux, ainsi qu’à son appui face aux défis qui se dressent devant nous ».

Pour sa part, le sultan Haitham ben Tariq a réaffirmé l’engagement continu d’Oman envers la stabilité du Liban et son suivi attentif des développements récents dans le pays.

Il a souligné la profondeur des relations entre les deux pays et l’importance de renforcer la coopération et la coordination bilatérales. Le sultan a également salué les contributions positives de la communauté libanaise à Oman.

En marge de la visite, le ministre libanais de l’intérieur Ahmed Al-Hajjar a tenu une réunion avec son homologue omanais, Hamoud ben Faisal Al-Busaidi, au palais Al-Alam à Mascate. Ils ont souligné le renforcement de la coopération conjointe, en particulier dans les domaines de la sécurité et du maintien de l’ordre.

Selon une déclaration conjointe, les discussions ont également porté sur les efforts du Liban pour consolider la sécurité interne et maintenir la stabilité.

Ont participé aux discussions élargies, côté omanais : Al-Busaidi ; Shihab ben Tariq Al-Saïd, vice-premier ministre chargé des affaires de défense ; Badr ben Hamad Al-Busaidi, ministre des affaires étrangères ; Hamad ben Saïd Al-Aufi, chef du cabinet privé ; Mahad ben Saïd Ba’owain, ministre du travail et chef de la mission d’honneur ; Saoud ben Hamoud Al-Habsi, ministre de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydriques ; et Hilal ben Ali Al-Sabti, ministre de la santé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
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  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.