Les Houthis se contredisent et retardent la signature d’un accord de paix

L'ambassadeur d’Arabie saoudite au Yémen Mohammed al-Jaber (7e à gauche) et le chef politique houthi Mahdi al-Mashat (6e à droite) posant à Sanaa (Photo, AFP)
L'ambassadeur d’Arabie saoudite au Yémen Mohammed al-Jaber (7e à gauche) et le chef politique houthi Mahdi al-Mashat (6e à droite) posant à Sanaa (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 14 avril 2023

Les Houthis se contredisent et retardent la signature d’un accord de paix

  • «Les négociations (à Sanaa) sont difficiles et complexes et nécessitent davantage de temps», selon un responsable du gouvernement yéménite
  • Le gouvernement du Yémen avait prévenu à maintes reprises que la faction «radicale» des Houthis entraverait tout effort visant à établir la paix au Yémen

AL-MUKALLA: Les Houthis soutenus par l'Iran ont posé des exigences supplémentaires pour accepter la médiation de paix saoudienne, notamment un accord entre la milice et l'Arabie saoudite. L'espoir de parvenir à un accord de paix pour mettre fin à la guerre au Yémen avant la fin du ramadan est donc réduit.

Un membre des autorités yéménite a informé Arab News que l'ambassadeur saoudien au Yémen, Mohammed al-Jaber, a retardé son retour à Riyad après le refus par les Houthis de la médiation saoudienne, qui ont exigé de signer un accord de paix avec le Royaume plutôt qu’avec le gouvernement yéménite.

L'ambassadeur saoudien a rejeté cette demande. «Les négociations (à Sanaa) sont difficiles et complexes et nécessitent davantage de temps», a indiqué un responsable du gouvernement yéménite, sous couvert d'anonymat.

Le week-end dernier, des délégations saoudiennes menées par M. Al-Jaber et des délégations omanaises sont arrivées à Sanaa pour discuter avec les Houthis d'un projet d’accord de paix semi-final pour mettre fin à la guerre. Ce texte a préalablement reçu l’approbation du gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale.

L'accord comprend une prolongation de six mois de la trêve négociée par l'ONU, des pourparlers inter-yéménites de six mois, une période de transition de deux ans, la rémunération des employés du secteur public dans les zones contrôlées par les Houthis, la levée des restrictions sur l'aéroport de Sanaa et les ports de Hodeidah, ainsi que la levée du siège de Taiz par les Houthis.

Des sources houthies ont déclaré mercredi à l'Agence France-Presse (AFP) que la milice hésitait à accepter la médiation saoudienne parce que certaines personnalités religieuses et politiques houthies percevaient Riyad comme un participant au conflit plutôt que comme un médiateur, et qu'un accord de paix avant la fin du ramadan était peu probable.

«Les pourparlers entre la délégation saoudienne et les Houthis n'ont pas encore abouti à un résultat final pour conclure un accord qui devait être signé à la fin du ramadan», a déclaré à l'AFP une source houthie.

«Les Saoudiens ont présenté leur vision d'une solution et voulaient être des médiateurs dans la résolution de la crise aux côtés des Omanais, mais les dirigeants politiques et religieux houthis ont insisté pour que Riyad soit partie à l'accord et non un intermédiaire», a-t-elle ajouté.

Le gouvernement yéménite avait prévenu à maintes reprises que la faction «radicale» des Houthis entraverait tout effort visant à établir la paix au Yémen.

Un important dirigeant houthi a émis jeudi une déclaration contradictoire au quotidien Al-Araby Al-Jadeed, affirmant que l'atmosphère de leurs discussions avec les délégués saoudiens et omanais était «positive» et qu'un accord de paix pourrait être signé «bientôt, car de nombreux points de discorde avaient été résolus et que le groupe ne demandait pas un accord avec l’Arabie saoudite».

Les déclarations contradictoires des Houthis concernant les pourparlers à Sanaa se sont révélées à l’heure où l'échange de prisonniers entre les parties yéménites a été reporté à vendredi.

Sans donner plus de détails sur la raison de ce retard, Yahya Kazman, chef de la délégation du gouvernement yéménite dans les négociations sur l'échange de prisonniers, a déclaré que cette opération de trois jours commencerait vendredi, avec le transfert de plus de 880 détenus entre les aéroports yéménites et saoudiens.

Les parties yéménites ont convenu le mois dernier d’échanger près de 880 prisonniers pendant le mois de ramadan. Cet échange est le second le plus important depuis le début de la guerre. Les Houthis devraient remettre 181 prisonniers, dont des soldats de la Coalition pour restaurer la légitimité au Yémen, en échange de 706 de leurs prisonniers détenus par le gouvernement yéménite.

Par ailleurs, Tim Lenderking, envoyé spécial américain pour le Yémen, arrivé dans la région mardi, a estimé que le Yémen disposait d'une occasion unique de parvenir à un accord visant à mettre fin à la guerre.

«Après plus d'un an d'efforts diplomatiques intensifs de la part des États-Unis et de l'ONU, et du soutien de partenaires régionaux comme l'Arabie saoudite et Oman, le Yémen est face à une opportunité de paix sans précédent», a affirmé M. Lenderking, selon un communiqué du département d'État américain.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.