En Afrique, la marée de la dette monte et l'aide internationale peine à émerger

Des militants pour le climat bloquent la circulation devant le siège de la Banque mondiale (à l'arrière) pour demander à la Banque mondiale de cesser de financer les combustibles fossiles, lors des réunions de printemps du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à Washington, DC, le 14 avril 2023. (Photo de Stefani Reynolds / AFP)
Des militants pour le climat bloquent la circulation devant le siège de la Banque mondiale (à l'arrière) pour demander à la Banque mondiale de cesser de financer les combustibles fossiles, lors des réunions de printemps du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à Washington, DC, le 14 avril 2023. (Photo de Stefani Reynolds / AFP)
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Publié le Vendredi 14 avril 2023

En Afrique, la marée de la dette monte et l'aide internationale peine à émerger

  • La dette publique atteignait fin 2022 en Afrique sub-saharienne 56% du PIB, au plus haut depuis le début des années 2000, relève le FMI, qui a abaissé sa prévision de croissance pour la région cette année à 3,6%
  • Les difficultés en Afrique «pourraient aggraver les problèmes liés à la dette, déjà élevée, et augmenter le risque que davantage de pays passent d'un problème de liquidités à un problème de solvabilité», alerte la directrice adjointe Afrique au FMI

PARIS : Face à la dette croissante de l'Afrique, la communauté internationale tente avec difficultés de s'entendre sur les mécanismes financiers pour soutenir la région.

Le continent subit lourdement le contrecoup de la guerre en Ukraine et de la pandémie. «La dette publique et l'inflation sont à des niveaux pas vus en plusieurs décennies» en Afrique sub-saharienne, relève un rapport du Fonds monétaire international (FMI) publié vendredi et intitulé «la grande pénurie de financement».

La dette publique atteignait fin 2022 en Afrique sub-saharienne 56% du PIB, au plus haut depuis le début des années 2000, relève le FMI, qui a abaissé sa prévision de croissance pour la région cette année à 3,6%.

Pour l'organisation basée à Washington, plusieurs problèmes sont venus s'entrechoquer, de la hausse des coûts d'emprunt au contrecoup des dernières crises internationales, en passant par le tarissement de l'aide internationale.

Leurs coûts d'emprunt sont trois fois plus élevés que ceux des Etats avancés, a calculé le Fonds. Et l'OCDE a fait part mercredi d'un recul de l'aide au développement en Afrique l'an dernier, alors qu'elle s'est envolée pour l'Ukraine.

Les difficultés en Afrique «pourraient aggraver les problèmes liés à la dette, déjà élevée, et augmenter le risque que davantage de pays passent d'un problème de liquidités à un problème de solvabilité», alerte Catherine Pattillo, directrice adjointe du département Afrique au FMI, dans un entretien avec l'AFP.

- 22 pays en danger -

Pour Mme Patillo, cette situation «pourrait forcer des pays à réduire les dépenses pour des besoins critiques de développement comme l'éducation et la santé», dans une région où 132 millions de personnes connaissent une insécurité alimentaire aiguë.

A l'heure actuelle, 22 pays présentent un risque élevé de surendettement ou l'ont déjà atteint, a calculé la Banque mondiale dans un rapport publié début avril. Parmi eux, le Ghana et la Zambie, qui ont fait défaut, ainsi que le Malawi et le Tchad, sous assistance du FMI.

Sur un marché de la capitale zambienne, Lusaka, le barbier John Likumbi, confie à l'AFP qu'«auparavant, je terminais la journée avec au moins 300 kwacha, mais aujourd'hui, je peux terminer avec 30 kwacha», la devise locale: certains doivent aujourd'hui choisir entre se couper les cheveux ou s'acheter à manger, explique-t-il.

La Zambie illustre les difficultés de la communauté internationale à se mobiliser. Les négociations en vue d'une restructuration de sa dette, étape nécessaire pour débloquer le plan d'aide du FMI, sont en cours depuis deux ans, sans réel succès jusqu'ici.

Ce processus fait partie du «cadre commun» du G20 pour la restructuration de la dette des Etats les plus pauvres, qui se heurte souvent à des blocages de la Chine, devenue un prêteur incontournable sur le continent. Le cadre commun «va beaucoup trop lentement», reconnaît auprès de l'AFP Anna Bjerde, directrice générale des opérations à la Banque mondiale, appelant «les créditeurs institutionnels et le secteur privé, à participer entièrement» au processus.

Ces progrès poussifs font échos à d'autres promesses toujours pas tenues, comme celle de porter à 100 milliards de dollars par an les financements aux pays pauvres pour l'adaptation au dérèglement climatique, ou celle de réallouer vers les pays vulnérables l'équivalent de 100 milliards de dollars de «droits de tirage spéciaux» du FMI, équivalent à une planche à billets de l'institution.

Quelques motifs d'espoir cependant: le FMI a assuré jeudi dernier que Pékin «va respecter ses engagements» sur la Zambie, tandis que l'Inde, qui dirige le G20 cette année, a espéré jeudi voir «rapidement» un accord sur la restructuration de la dette de plusieurs pays, dont le Ghana et la Zambie.

Aux réunions de printemps, qui rassemblent cette semaine à Washington les pays développés autour du FMI et de la Banque mondiale, cette dernière a annoncé mercredi une augmentation de 50 milliards de dollars de la capacité de prêts de sa filiale, la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD).

D'autres réformes concernant les banques de développement sont au menu des discussions à Washington cette semaine, avec l'objectif de les faire davantage travailler ensemble, leur faire prêter plus, et les encourager à faire participer le secteur privé. Une conférence internationale sur l'aide financière aux pays du Sud se tiendra aussi à Paris les 22 et 23 juin.


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Frappes ukrainiennes sur les raffineries et forte demande: en Russie, l'essence devient chère

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
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  • Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde
  • A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro)

MOSCOU: "Doucement mais sûrement": Oleg fait le plein d'essence à Moscou et vitupère contre la hausse des prix nourrie par une demande accrue et les frappes ukrainiennes contre les infrastructures pétrolières, secteur clé de l'économie russe que les Occidentaux veulent sanctionner.

"Tout le monde l'a remarqué", tonne Oleg, retraité de 62 ans: les prix des carburants vont crescendo à la pompe. Au 1er septembre, l'essence au détail coûtait 6,7% de plus que fin 2024, selon Rosstat, l'agence nationale des statistiques.

Ce renchérissement s'inscrit dans un contexte de hausse générale des prix, avec une inflation annuelle qui a été de 8,14% en août, à l'heure où la Russie intensifie l'offensive qu'elle a lancée en 2022 en Ukraine.

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg.

Et depuis le début de l'été, les réseaux sociaux sont saturés de vidéos montrant des files d'attente devant les stations-service de l'Extrême-Orient russe, en Crimée - région que la Russie a annexée au détriment de Kiev en 2014 -, et dans certaines régions du sud proches de l'Ukraine, pour cause de pénurie.

Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde.

Raffineries frappées 

A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro). Ce prix, qui reste bien inférieur à ceux affichés dans de nombreux pays européens, surprend le consommateur russe, habitué à ne pas payer cher l'essence et au revenu moyen moindre.

Artiom, un Moscovite qui ne souhaite pas donner son nom de famille, observe cette augmentation "depuis le début de l'année". "Pour des personnes ordinaires, 300 ou 400 roubles en plus par plein (3 à 4 euros, ndlr), cela commence à être sensible", dit-il.

Sur le site Gazeta.ru, Igor Iouchkov, analyste au Fonds national de sécurité énergétique, met en avant l'augmentation d'"environ 16%" du droit d'accise (impôt indirect) depuis le 1er janvier et la baisse de subsides versés aux compagnies pétrolières.

Car, comme l'explique à l'AFP Sergueï Teriochkine, expert en questions énergétiques, "plus les subventions sont faibles, plus la rentabilité est faible", ce qui pousse les pétroliers à "répercuter" ces pertes sur les prix au détail.

La demande a, elle, été dopée par les départs en vacances et les engins agricoles.

Restent - surtout - les frappes contre les raffineries et dépôts de pétrole que l'Ukraine a multipliées afin de toucher Moscou au portefeuille et d'entraver sa capacité à financer son offensive.

"Les frappes ont ciblé de grandes raffineries dans la partie européenne de la Russie", notamment dans les régions de Samara, Riazan, Volgograd et Rostov, énumère Alexandre Kots, journaliste russe spécialiste des questions militaires, sur Telegram.

"Ce n'est rien!" 

L'une de ces attaques, à la mi-août, a touché la raffinerie de Syzran, dans la région de Samara, selon l'état-major ukrainien. Le complexe se trouve à plus de 800 km de la frontière ukrainienne. Il est présenté par Kiev comme le "plus important du système Rosneft", géant russe des hydrocarbures.

Moscou n'a pas quantifié l'impact de ces frappes, mais dans le journal Kommersant, l'analyste Maxime Diatchenko parle d'une baisse de la production "de près de 10%" depuis le début de l'année.

"C'est rien!", assure Alexandre, un homme d'affaires moscovite, après avoir rempli le réservoir de sa berline allemande. "Une frappe, deux frappes, trois frappes, ça n'est rien pour le marché en général ou pour les prix".

"Le pays a besoin d'argent. L'augmentation du prix de l'essence, c'est une façon d'augmenter le revenu de l'Etat", estime de son côté Vladimir, un Moscovite de 50 ans.

Pour tenter de stabiliser la situation, Moscou a prolongé une interdiction d'"exporter de l’essence pour les automobiles" jusque fin octobre.

La Russie reste par ailleurs un exportateur majeur de pétrole brut, des exportations que les Occidentaux entendent étouffer pour tarir une des principales sources de financement de l'offensive russe en Ukraine, pays qui compte l'Union européenne comme principale alliée.