Macron s'adresse aux Français pour tenter de s'extirper de la crise

La publication au Journal officiel quelques heures à peine après sa validation partielle par le Conseil constitutionnel a été vécue comme une nouvelle provocation par les opposants. "Jusqu'au bout le mépris", a jugé le secrétaire général du syndicat de la CFDT, Laurent Berger. (AFP).
La publication au Journal officiel quelques heures à peine après sa validation partielle par le Conseil constitutionnel a été vécue comme une nouvelle provocation par les opposants. "Jusqu'au bout le mépris", a jugé le secrétaire général du syndicat de la CFDT, Laurent Berger. (AFP).
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Publié le Lundi 17 avril 2023

Macron s'adresse aux Français pour tenter de s'extirper de la crise

  • Quelle suite pour le quinquennat? Emmanuel Macron s'adresse aux Français lundi à 20H00 pour donner ses perspectives après la promulgation de la réforme des retraites, dans une atmosphère de crise politique persistante
  • La publication au Journal officiel quelques heures à peine après sa validation partielle par le Conseil constitutionnel a été vécue comme une nouvelle provocation par les opposants

PARIS: Emmanuel Macron s'adresse aux Français lundi à 20H00 pour tenter de relancer son second quinquennat après la promulgation de la réforme des retraites, dans une atmosphère de crise politique et sociale persistante.

Le président de la République a promulgué cette loi contestée dans les heures qui ont suivi la validation vendredi par le Conseil constitutionnel de la retraite à 64 ans. Et il enchaîne avec une allocution télévisée solennelle, sans contradicteurs.

Cette accélération illustre sa volonté de reprendre l'initiative. Mais la tâche s'annonce immense avec un exécutif abimé par trois mois de conflit social et toujours privé de majorité absolue à l'Assemblée nationale.

La rapidité de la promulgation a été dénoncée par les opposants à la réforme. "Jusqu'au bout le mépris", a jugé le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui a mis en garde lundi le chef de l'Etat contre un "ressentiment" encore vif.

"On ne peut pas passer l'éponge", a-t-il dit sur France 2.

"Nous ne sommes pas prêts à passer à autre chose", a aussi averti sur Public Sénat le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, alors que des appels ont fleuri sur les réseaux sociaux pour des concerts de casseroles et des rassemblements devant mairies ou préfectures à 20H00, lorsque le président prendra la parole depuis son palais.

A l'Elysée, on reconnaît que cette phase laisse "de la colère dans les têtes et dans les cœurs", et on assure que M. Macron va en tenir compte.

«Echanger avec les Français»
Mais après avoir reçu dans l'après-midi ministres et responsables de son camp, il veut surtout "redonner une cohérence d'ensemble à son action", "tracer des perspectives pour les semaines et les mois à venir" et "esquisser les chantiers" prioritaires, poursuit son entourage. Avec un "cap" confirmé: ordre républicain, plein emploi et réindustrialisation, progrès au quotidien autour de l'éducation, de la santé et de l'écologie.

Le président devrait aussi rapidement ressortir de l'Elysée pour "échanger avec les Français".

Hormis au Salon de l'agriculture fin février, M. Macron s'est tenu à l'écart des bains de foule depuis le début de l'année. Pourra-t-il renouer avec ce contact, alors que ses derniers déplacements ont été chahutés par des manifestants?

"Je demande que Macron passe plus de temps sur le terrain", y compris "à portée de baffes", plaide un ministre.

Un déplacement pourrait intervenir dès mercredi ou jeudi, sur le thème de l'éducation, suivi d'autres. Il pourrait se réserver des annonces sur les rémunérations des enseignants, selon plusieurs macronistes, qui préviennent qu'il ne faut pas s'attendre à d'autres dépenses pour panser les plaies de la contestation.

Retisser le lien avec les Français sera donc difficile. La popularité du président est au plus bas depuis la crise des "gilets jaunes" fin 2018, et dans son camp, on espère qu'il parviendra à rebondir comme à l'époque.

Reprendre langue avec les syndicats s'annonce aussi ardu.

L'Elysée assure qu'une rencontre entre Emmanuel Macron et les partenaires sociaux est bien maintenue mardi... malgré la fin de non-recevoir d'une intersyndicale qui réclame un "délai de décence". Il pourrait donc se retrouver en tête-à-tête avec le patronat, au risque d'envoyer une nouvelle image clivante.

Chez les syndicats, on mise plutôt sur une démonstration de force lors du 1er-Mai, après quoi la CFDT pourrait toutefois revenir à la table pour évoquer les autres problématiques autour du travail.

«Entendre cette colère»
Relancer la machine sera d'autant plus complexe que l'exécutif ressort affaibli de la séquence.

"Je trouve le pays inquiet, en colère aussi, il faut entendre cette colère", prévient la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.

La Première ministre Elisabeth Borne a martelé samedi sa détermination à "accélérer" tout en assurant vouloir "apaiser le pays".

Mais accélérer quelles réformes, sans majorité absolue? M. Macron lui avait confié en mars la mission d'élargir la majorité relative, mais la cheffe du gouvernement n'y est pas parvenue. Pour autant, elle devrait être confortée à Matignon.

"Est-ce que l'absence de majorité absolue nous empêche de faire les réformes?

Manifestement non", évacue un conseiller de l'exécutif, en invoquant notamment l'exemple... de celle des retraites.

"Une Première ministre totalement carbonisée, un gouvernement décrédibilisé", a jugé au contraire la leader du Rassemblement national Marine Le Pen, pour qui le chef de l'Etat a trois solutions: référendum, dissolution de l'Assemblée nationale... ou démission.

"C'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de solutions aujourd'hui", admet le patron des sénateurs macronistes François Patriat, estimant que le président "doit s'adresser" à ceux qui, de l'ex- Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve au candidat putatif de la droite à l'Elysée Laurent Wauquiez, pourraient rejoindre "un grand bloc central" pour faire barrage à "la montée inexorable des populistes".


En 2024, les Français continuent d'acheter toujours plus de vêtements neufs

Des personnes assistent à l'ouverture d'un pop-up store de la marque de mode chinoise Shein à Paris, le 4 mai 2023. (Photo, AFP)
Des personnes assistent à l'ouverture d'un pop-up store de la marque de mode chinoise Shein à Paris, le 4 mai 2023. (Photo, AFP)
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  • L’an dernier, chaque Français a en moyenne ajouté 42 articles neufs à sa garde-robe, soit un de plus qu’en 2023
  • Sur ces 3,5 milliards de pièces neuves, 2,9 milliards concernent l’habillement, 259 millions les chaussures et 362 millions le linge de maison.

PARIS : Les Français n’ont jamais autant acheté de vêtements neufs. En 2024, un nouveau record a été franchi, alors même qu’une proposition de loi visant à encadrer la mode éphémère vient d’être adoptée par le Sénat, et que les associations continuent de tirer la sonnette d’alarme sur le coût environnemental de l’industrie textile.

L’an dernier, chaque Français a en moyenne ajouté 42 articles neufs à sa garde-robe, soit un de plus qu’en 2023. Au total, 3,5 milliards de pièces ont été achetées en France, un chiffre inédit qui représente environ 10 millions d’articles écoulés chaque jour, selon Vanessa Gutierrez, responsable d'études chez Refashion, l’éco-organisme mandaté par l’État pour accompagner le secteur vers une économie plus circulaire.

Ces données, publiées mardi, proviennent des quelque 10 000 marques ayant l’obligation de déclarer leurs ventes à Refashion. Cela inclut également les plateformes asiatiques comme Shein ou Temu.

Sur ces 3,5 milliards de pièces neuves, 2,9 milliards concernent l’habillement, 259 millions les chaussures et 362 millions le linge de maison. Les rayons femme et homme enregistrent des hausses respectives de 5 % et 3,6 %. Mais c’est le linge de maison qui connaît la plus forte progression (+9,3 %), un phénomène que Vanessa Gutierrez attribue à « l’arrivée sur le marché d’acteurs aux prix accessibles ».

En revanche, les vêtements pour enfants et bébés sont en recul, avec des baisses de 0,6 % et 5,4 %, un repli qui s’explique notamment par la baisse de la natalité et l’essor du marché de la seconde main dans ce secteur.

La distribution en ligne tire largement son épingle du jeu. Les enseignes exclusivement présentes sur internet, telles que Shein, Temu ou Zalando, voient leurs ventes bondir de 29,9 %. Les soldeurs et déstockeurs enregistrent également une progression notable (+10,3 %). « Si l’on excluait ces deux catégories, le marché serait relativement stable », nuance Vanessa Gutierrez, soulignant l’influence considérable du e-commerce sur la dynamique du secteur.

À l’inverse, les grandes surfaces alimentaires accusent un recul de 5,1 % sur les ventes de textiles. En revanche, les enseignes de centre-ville et les centres commerciaux affichent une croissance de 2,8 %, illustrant un certain regain d’intérêt pour les points de vente physiques plus spécialisés.

Un autre enseignement de ce baromètre révèle que les consommateurs privilégient les prix accessibles, 71 % des articles achetés appartiennent à l’entrée de gamme. En moyenne, chaque Français a dépensé 15,6 euros par article neuf.

L’impact environnemental de cette consommation n’est pas négligeable. Selon le ministère de la Transition écologique, l’industrie textile figure parmi les plus polluantes au monde. Elle est responsable de près de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, un chiffre supérieur à celui généré par l’ensemble des vols internationaux et du trafic maritime, et utilise 4 % de l’eau potable disponible sur la planète.

Ces dernières années, la situation s’est aggravée avec l’essor de l’ultra fast fashion, un modèle qui propose une multitude de références à des prix dérisoires. Symbole de cette démesure, l’entreprise Shein, fondée en Chine en 2012 et aujourd’hui basée à Singapour, met à disposition pas moins de 470 000 modèles en temps réel, selon l’ONG Les Amis de la Terre, et ses produits sont expédiés à 99,8 % par avion.

Face à cette course effrénée à la consommation, les ONG multiplient les alertes sur le coût social et environnemental de la mode. Décharges de vêtements occidentaux polluant le désert d’Atacama au Chili, effondrement du Rana Plaza au Bangladesh ayant causé la mort de plus d’un millier d’ouvriers, les actions coups de poing et les campagnes de sensibilisation pointent des symptômes devenus alarmants.

Les pouvoirs publics commencent à réagir. En France, les parlementaires se sont saisis du sujet, une proposition de loi visant à freiner l’essor de la fast fashion a été adoptée en juin par le Sénat.


Une vaste opération de contrôle aux frontières sera menée dans les gares et les bus mercredi et jeudi

Une opération nationale de contrôles dans les gares, les trains et les bus visant à lutter contre « l'immigration irrégulière » sera menée mercredi et jeudi. (Photo AFP)
Une opération nationale de contrôles dans les gares, les trains et les bus visant à lutter contre « l'immigration irrégulière » sera menée mercredi et jeudi. (Photo AFP)
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  • Une opération nationale de contrôles dans les gares, les trains et les bus visant à lutter contre « l'immigration irrégulière » sera menée mercredi et jeudi, selon une note d'instruction du ministère de l'Intérieur.
  • le ministre se félicite d'une « augmentation conséquente du nombre d'interceptions d'étrangers en situation irrégulière ces dernières semaines.

PARIS : Une opération nationale de contrôles dans les gares, les trains et les bus visant à lutter contre « l'immigration irrégulière » sera menée mercredi et jeudi, selon une note d'instruction du ministère de l'Intérieur adressée notamment aux préfets et consultée par l'AFP.

« En complément du réseau routier, le réseau ferroviaire international et national semble constituer un vecteur essentiel de transit pour les clandestins depuis l'étranger et en interne entre les régions, en particulier vers la zone Nord », peut-on lire dans ce document daté du 12 juin, adressé notamment au général d'armée, aux préfets, aux directions de la gendarmerie, de la police ainsi que des douanes.

« Vous veillerez à prioriser les contrôles des trains à destination des pays voisins et des grandes métropoles françaises, en arrivée comme en départ, dans toutes les gares ferroviaires. Les trains régionaux, en particulier dans les zones frontalières, pourront utilement faire l'objet de contrôles après sensibilisation des instances régionales concernées », donne pour instruction le ministre de l'Intérieur qui a fait de la lutte contre l'immigration son thème de prédilection. 

Dans cette note, le ministre, chef de file du parti Les Républicains, se félicite d'une « augmentation conséquente du nombre d'interceptions d'étrangers en situation irrégulière ces dernières semaines (+28 %) » et d'une « opération nationale de contrôle des flux » menée les 20 et 21 mai dernier au cours de laquelle plus de 750 personnes ont été interpellées.

« Les forces de sécurité intérieure organiseront des contrôles à bord des trains », et, en complément, « ils pourront également les opérer sur les départs et arrivées de bus en gare ».

Ces opérations seront menées en continu du mercredi 18 juin à 8 heures au jeudi 19 juin 20 heures, en lien avec les services de la SNCF qui ont été préalablement sensibilisés à cette opération nationale.

Il est demandé d'apporter une attention toute particulière à la « fraude documentaire ».


Le dialogue entre Manuel Valls et la Guyane porte à nouveau sur son projet d'autonomie

Le ministre français des Outre-mer, Manuel Valls, participe à une réunion avec des élus du département français d'outre-mer de Guyane et la commission spéciale lors de sa visite à Cayenne le 16 juin 2025. (Photo de Ronan LIETAR / AFP)
Le ministre français des Outre-mer, Manuel Valls, participe à une réunion avec des élus du département français d'outre-mer de Guyane et la commission spéciale lors de sa visite à Cayenne le 16 juin 2025. (Photo de Ronan LIETAR / AFP)
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  • Emmanuel Macron est prêt à « examiner directement avec la Guyane le projet » d'évolution statutaire engagé par les élus en mars 2022.
  • Le projet d'autonomie de la Guyane est à l'arrêt depuis la visite d'Emmanuel Macron dans le département amazonien, en mars 2023.

CAYENNE, FRANCE : Le ministre des Outre-mer Manuel Valls a annoncé lundi soir à Cayenne qu'il recevrait début juillet une délégation d'élus pour amorcer les négociations sur l'autonomie de la Guyane, une demande portée de longue date par les responsables locaux.

« Je souhaite vous recevoir la première quinzaine du mois de juillet (…) pour évoquer l'ensemble des questions qui se posent à la Guyane », a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec les élus du territoire, organisée au siège de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG).

Emmanuel Macron est prêt à « examiner directement avec la Guyane le projet » d'évolution statutaire engagé par les élus en mars 2022, a ajouté le ministre dans la nuit de lundi à mardi, heure de Paris, évoquant un deuxième rendez-vous courant juillet à l'Élysée « pour parler du contenu du projet (...) et avancer ».

Selon lui, ces réunions devront permettre de cadrer les futures discussions et de définir une méthode et un calendrier. 

Le projet d'autonomie de la Guyane est à l'arrêt depuis la visite d'Emmanuel Macron dans le département amazonien, en mars 2023.

Les élus guyanais réclament un « pouvoir normatif transféré » leur permettant d'édicter des « lois pays » adaptées aux spécificités locales. Or, cette mesure nécessiterait une révision constitutionnelle à laquelle Emmanuel Macron s'était refusé durant sa visite.

Leur projet, affiné lors de plusieurs congrès en 2023 et 2024, prévoit des transferts de compétences pour que la future collectivité autonome soit responsable de l'aménagement, des transports, de l'agriculture ou encore de la gestion des ressources naturelles.

La sécurité et la coopération régionale seraient partagées avec l'État. Les élus demandent également le transfert du foncier public, qui appartient actuellement à plus de 90 % à l'État en Guyane. 

« Nous voulons un pouvoir normatif local, car les normes de Bruxelles et de Paris sont inefficaces », a déclaré au ministre le député indépendantiste Jean-Victor Castor (GDR).

« Je connais votre projet. Il est lié à un projet bien organisé, avec des idées sur l'économie et la société », a répondu Manuel Valls. Mais il a dit que ce n'était pas facile de changer la Constitution. Il faudrait d'abord convaincre les parlementaires et le président de la République. C'est le seul qui peut vraiment proposer un changement de la Constitution.

Jean-Paul Fereira, le président par intérim de la CTG, a estimé que « le calendrier proposé nous oblige à faire le travail pour être prêts pour le premier rendez-vous », appelant à affiner les arguments « pour que le président y soit sensible ».