Russie: L'opposant Vladimir Kara-Mourza condamné à 25 ans de prison

Vladimir Kara-Murza, accusé de trahison et de diffusion de «fausses» informations sur l'armée russe, se tient à l'intérieur d'une cage d'accusés lors de sa condamnation au tribunal municipal de Moscou le 17 avril 2023 (Photo, Service de presse du tribunal municipal de Moscou / AFP).
Vladimir Kara-Murza, accusé de trahison et de diffusion de «fausses» informations sur l'armée russe, se tient à l'intérieur d'une cage d'accusés lors de sa condamnation au tribunal municipal de Moscou le 17 avril 2023 (Photo, Service de presse du tribunal municipal de Moscou / AFP).
Short Url
Publié le Mardi 18 avril 2023

Russie: L'opposant Vladimir Kara-Mourza condamné à 25 ans de prison

  • Il a été condamné à une peine cumulée de 25 ans d'emprisonnement dans une colonie pénitentiaire à régime sévère
  • L'opposant russe âgé de 41 ans a accueilli la sentence avec un sourire, avant d'enjoindre par des gestes ses soutiens à lui écrire en prison

MOSCOU: Un tribunal de Moscou a condamné lundi l'opposant Vladimir Kara-Mourza à 25 ans de prison, un jugement d'une rare sévérité qui illustre l'implacable répression en Russie contre ceux qui critiquent l'offensive en Ukraine.

La peine prononcée contre M. Kara-Mourza, qui était l'un des derniers grands critiques du Kremlin à ne pas être derrière les barreaux ou exilés à l'étranger, est la plus lourde infligée à un opposant dans l'histoire russe récente.

À l'issue d'un procès à huis clos, le tribunal a annoncé qu'il reconnaissait l'opposant coupable de "haute trahison", de diffusion de "fausses informations" sur l'armée russe et de travail illégal pour une organisation "indésirable", selon une journaliste de l'AFP.

En conséquence, il a été condamné à une peine cumulée de 25 ans d'emprisonnement dans une colonie pénitentiaire à régime sévère, ce qui implique des conditions d'incarcération plus strictes. Soit ce qu'avait requis le parquet.

Menotté dans la cage dévolue aux accusés et portant un jean bleu, un t-shirt noir et une veste grise, l'opposant russe âgé de 41 ans a accueilli la sentence avec un sourire, avant d'enjoindre par des gestes ses soutiens à lui écrire en prison.

Il s'agit "juste d'une vengeance politique" et c'"est un prisonnier politique, cela ne fait pas de doute", a commenté son avocat Vadim Prokhorov, de Washington.

L'opposant russe emprisonné Alexeï Navalny, a quant à lui qualifié le jugement d'"illégal, éhonté, tout simplement fasciste".

"Ce n'est pas la première condamnation injuste et criminelle dans la Russie moderne, mais même dans le contexte général, elle se distingue par son illégalité manifeste", a de son côté dénoncé l'ONG Mémorial.

«Ingérence directe»

Le verdict a également suscité l'indignation dans les pays occidentaux.

Washington a fustigé une "campagne de répression intensifiée" et une condamnation ayant un mobile "politique", l'Union européenne fustigeant de son côté une peine "scandaleusement sévère" et une "utilisation abusive du pouvoir judiciaire".

La France s'est dite "consternée", l'Allemagne dénonçant avec "la plus grande fermeté" un jugement visant à "empêcher toute voix critique", tandis que le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme et Londres ont exigé "la libération immédiate" de M. Kara-Mourza, qui possède aussi la nationalité britannique.

Dans la soirée, Moscou a fustigé "l'ingérence directe" de Londres "dans (s)es affaires intérieures", y voyant notamment "une tentative de faire pression sur le système judiciaire russe".

Plus tôt, Maria Eismont, l'un des avocats de M. Kara-Mourza, avait annoncé que M. Kara-Mourza allait faire appel. "C'est un terrible verdict mais il illustre la grande valeur de l'action de Vladimir", a-t-elle estimé, affirmant que son client restait d'humeur "vaillante" et pensait "sincèrement avoir agi pour le bien de la Russie".

Sa mère, Elena, a, pour sa part, déploré une "démonstration d'injustice effrontée" et "absurde".

Dans ses dernières déclarations le 10 avril diffusées par le journaliste Alexeï Venediktov, Vladimir Kara-Mourza s'était dit "fier" de son engagement politique.

"Je sais aussi qu'un jour viendra où les ténèbres qui recouvrent notre pays se dissiperont (...) quand ceux qui ont provoqué et déclenché cette guerre (en Ukraine) seront qualifiés de criminels et non ceux qui ont essayé de l'arrêter", avait-il encore dit.

Prison ou exil

En détention provisoire depuis avril 2022, M. Kara-Mourza a failli mourir après avoir été, selon lui, empoisonné à deux reprises, en 2015 et 2017, des tentatives d'assassinat qu'il attribue au pouvoir russe.

D'après Me Vadim Prokhorov, l'opposant souffre de polyneuropathie et de pathologie neuromusculaire, une conséquence des deux empoisonnements. Ses soutiens s'inquiètent d'une aggravation de sa santé à cause de sa détention.

D'après l'agence de presse russe TASS, M. Kara-Mourza, qui a été déclaré "agent de l'étranger" par les autorités, était accusé de "haute trahison" pour avoir critiqué le pouvoir dans des interventions publiques en Occident.

Il a notamment plaidé aux Etats-Unis, en Europe et au Canada pour l'adoption de sanctions contre les responsables russes se rendant coupable de graves violations des droits humains, à l'instar de la "loi Magnitski" votée en 2012.

L'opposant a aussi travaillé pour l'organisation Open Russia de l'ex-oligarque en exil et détracteur du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski, jugée "indésirable" par les autorités russes en 2017.

Le chef d'accusation de diffusion de "fausses informations" sur l'armée s'appuie quant à lui sur un amendement introduit après le déclenchement de l'offensive contre l'Ukraine, qui permet de réprimer toute information considérée comme mensongère par les autorités.

Ces dernières années, la quasi-totalité des opposants russes ont été condamnés à de lourdes peines de prison ou ont dû fuir leur pays.

Le plus connu, le militant de la lutte contre la corruption Alexeï Navalny, purge une peine de neuf ans de privation de liberté pour fraude, une affaire largement vue comme étant politique.


Afghanistan: rare visite du chef suprême taliban à Kaboul

Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Short Url
  • Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement
  • Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables

KABOUL: Le chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief de Kandahar (sud), a fait une rare visite à Kaboul pour s'adresser à tous les gouverneurs des provinces afghanes, a-t-on appris vendredi de source talibane.

Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables, dont les gouverneurs des 34 provinces.

Cette visite entourée du plus grand secret de l'émir, dont une seule photo a jamais été rendue publique, lui a permis d'insister auprès des gouverneurs sur la priorité "à accorder à la religion sur les affaires du monde" et "à promouvoir la foi et la prière parmi la population".

L'émir a déclaré que l'obéissance était "une obligation divine", toujours selon Al Emarah, et appelé à "l'unité et à l'harmonie".

"Le rôle de l'émirat est d'unir le peuple", a insisté Hibatullah Akhundzada, et celui des gouverneurs "de servir le peuple".

Les gouverneurs ont été ainsi encouragés à "accorder la priorité à la loi islamique plutôt qu'à leurs intérêts personnels", et à lutter contre "le favoritisme" ou "le népotisme".

"La motivation de cette visite" de l'émir à Kaboul "semble être de rappeler la discipline, notamment la discipline financière", décrypte une source diplomatique occidentale. "Il est ici question de renforcer la discipline et l'unité".

Cette visite pourrait également être motivée par "une préoccupation au sujet des troubles du Badakhshan et de la manière dont ils sont gérés". Dans cette province du nord-est, plusieurs paysans cultivant du pavot malgré son interdiction ont été tués par des unités antinarcotiques talibanes au début du mois.

Les autorités afghanes ont par ailleurs réprimé des manifestations de nomades sédentarisés kouchis dans la province du Nangarhar (est) et sont confrontées à des attentats meurtriers réguliers du groupe jihadiste Etat islamique, particulièrement à Kaboul.

Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement. Si les décrets du leader suprême font autorité, les analystes font toutefois état de voix discordantes s'élevant du clan des responsables afghans plus "pragmatiques".

"A chaque fois qu'il y a des craquements ou des désaccords, Kandahar intervient et rappelle à chacun la nécessité de renforcer l'unité", conclut la source diplomatique.

L'émir n'était venu qu'une fois auparavant à Kaboul depuis le retour des talibans au pouvoir et ne s'exprime très rarement depuis son accession à la fonction suprême en 2016.

Le mystérieux mollah avait prononcé son dernier discours public le 10 avril dans une mosquée de Kandahar lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, mais aucune photo de lui n'avait circulé.

 

 


Sánchez annoncera mercredi la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien

Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Short Url
  • M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai
  • Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a indiqué vendredi qu'il annoncerait mercredi prochain la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien, affirmant que celle-ci n'aurait donc pas lieu le 21 mai, mais "les jours suivants".

"Nous sommes en train de nous coordonner avec d'autres pays pour pouvoir faire une déclaration et une reconnaissance communes", a déclaré M. Sánchez, lors d'une interview à la chaîne de télévision La Sexta, pour expliquer pourquoi l'Espagne ne procèderait pas à cette reconnaissance dès mardi, date évoquée notamment par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai.

M. Sánchez n'a pas précisé les pays avec lesquels son gouvernement était en discussions à ce sujet, mais il avait publié en mars à Bruxelles un communiqué commun avec ses homologues irlandais, slovène et maltais dans lequel ils faisaient part de la volonté de leur quatre pays de reconnaître un Etat palestinien.

Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, a confirmé mardi que Dublin "(reconnaîtrait) l'Etat de Palestine avant la fin du mois", sans toutefois indiquer de date ni dire si d'autres pays se joindraient à l'Irlande.

Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche.

M. Sánchez doit comparaître le lendemain devant le Congrès des députés pour faire le point sur divers sujets d'actualité, dont la politique de Madrid au Proche-Orient et la reconnaissance d'un Etat palestinien, sujet sur lequel l'Espagne est en pointe.

"Je pense que je serai en mesure le 22 (...) de clarifier devant le Parlement la date à laquelle l'Espagne reconnaîtra l'Etat palestinien", a-t-il dit.

"Sérieux doutes 

M. Sánchez est devenu au sein de l'UE la voix la plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien et de son offensive militaire dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas.

Le conflit actuel a été déclenché le 7 octobre par une attaque surprise du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, dans leur grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive militaire lancée en riposte par Israël a causé la mort d'au moins 35.303 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Evoquant la situation à Gaza, M. Sánchez a de nouveau sévèrement critiqué vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur le fait de savoir s'il considérait les évènements de Gaza comme un génocide, le chef du gouvernement espagnol a évité de répondre, mais a déclaré, à trois reprises, avoir de "sérieux doutes" sur le respect des droits humains par Israël.

Il a aussi établi un parallèle entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous défendons la légalité internationale", a-t-il dit. "En Ukraine, logiquement, on ne peut pas violer l'intégrité territoriale d'un pays, comme le fait la Russie (...). Et en Palestine, ce que l'on ne peut pas faire, c'est ne pas respecter le droit humanitaire international, comme le fait Israël".

La politique de Madrid, a-t-il conclu, "est appréciée par la communauté internationale, aussi bien du point de vue du gouvernement ukrainien que du point de vue de la communauté arabe".

 

 


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Short Url
  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.