LONDRES: Le sénateur américain Lindsey Graham a déclaré qu'il «se réservait le droit de changer de cap» quant à son opinion sur l'Arabie saoudite à la suite de sa visite dans le Royaume.
Le sénateur républicain de Caroline du Sud est arrivé en Arabie saoudite la semaine dernière. Il a rencontré le prince héritier Mohammed ben Salmane et a «remercié» le Royaume d’avoir acquis des avions Boeing 787 pour un montant de 37 milliards de dollars.
Lors de l'émission This Week sur la chaîne ABC dimanche, M. Graham a affirmé avoir modifié son point de vue sur le Royaume et sur les réformes en cours dans le pays lors de sa visite, revenant sur les critiques émises à la suite de la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018.
«Le monde a changé, l'Arabie saoudite a emprunté une nouvelle voie, mais 2018 reste une date importante, pour être honnête avec vous», confie-t-il à Fatma Fahad d'Al Arabiya.
«Mais je vois des choses se produire ici, que je ne jugeais pas possibles. Je pensais que tout cela n'était que des discours creux. Je suis ici pour le voir de mes propres yeux», poursuit-il.
«Je vais rentrer chez moi et dire à mes collègues : “Vous devez aller en Arabie Saoudite et voir ce qui s'y passe”.»
«Vous avez acheté des avions construits dans mon État et dans mon pays pour une valeur de 37 milliards de dollars, et je pense qu'il y en aura d'autres. C'est pourquoi, en tant que sénateur américain, je me réserve le droit de changer de cap. L'Arabie saoudite a changé de cap», a-t-il ajouté.
Saluant le programme de réforme Vision 2030 du Royaume, M. Graham a exhorté Washington à saisir l'occasion de renforcer ses liens avec l'Arabie saoudite.
«Si elle parvient à concrétiser la Vision 2030, l'Arabie saoudite deviendra une destination touristique et un meilleur partenaire commercial. Et si nous pouvons saisir cette occasion pour conclure une alliance stratégique avec l'Arabie saoudite sur le plan militaire et économique, je pense que cela vaut la peine que je revienne et que je participe à ce processus», a-t-il indiqué.
M. Graham a déclaré que l'intérêt des États-Unis pour l'Arabie saoudite était une question de «prudence et d'opportunité». Selon lui, les entreprises américaines peuvent contribuer au programme d'énergie nucléaire du Royaume qui, à la différence de celui de l'Iran, serait destiné à des fins pacifiques.
«Nous sommes ici pour saisir les opportunités. C'est la meilleure occasion depuis des décennies d’améliorer les relations (entre les États-Unis et l'Arabie saoudite)», a-t-il observé.
«Si vous croyez que le changement climatique est une réalité, ce qui est mon cas, sachez que l'énergie nucléaire est propre et qu'elle n'émet pas de CO2. Je voudrais aider l'Arabie saoudite à se doter d'un programme nucléaire en attirant des entreprises américaines spécialisées dans le nucléaire», a ajouté le sénateur.
Le sénateur a également souhaité une «amélioration des relations sur le plan militaire» afin de mieux se défendre contre des ennemis communs, de continuer à vendre des armes au Royaume et de poursuivre la formation d'officiers saoudiens dans les écoles américaines.
«J'aimerais conclure un accord avec l'Arabie saoudite, je serais favorable à un accord de défense mutuelle», a-t-il affirmé. «Je ne sais pas si nous avons les voix nécessaires, mais un tel accord ferait de l'Arabie saoudite un allié de l'OTAN et moins un adversaire», a-t-il poursuivi.
M. Graham a par ailleurs signalé aux dirigeants saoudiens que tout accord avec Bachar al-Assad «compromettrait la présence américaine dans le nord-est de la Syrie» et se heurterait à «une forte résistance».
«Nous avons 2 500 soldats à Bagdad, les Iraniens essaient de nous chasser de la région. Ils ne veulent pas de nous ici, nous faisons obstacle à leurs objectifs à long terme», a-t-il conclu.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com