L'ONU appelle à se concentrer sur les droits des femmes plutôt que sur le boom démographique

Sur cette photo prise le 4 novembre 2022, des voyageurs descendent d'un train de banlieue à la gare Chhatrapati Shivaji Maharaj Terminus à Mumbai. L'Inde devrait dépasser la Chine en tant que pays le plus peuplé du monde d'ici la mi-2023, selon les estimations des Nations unies publiées mercredi. (AFP).
Sur cette photo prise le 4 novembre 2022, des voyageurs descendent d'un train de banlieue à la gare Chhatrapati Shivaji Maharaj Terminus à Mumbai. L'Inde devrait dépasser la Chine en tant que pays le plus peuplé du monde d'ici la mi-2023, selon les estimations des Nations unies publiées mercredi. (AFP).
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Publié le Mercredi 19 avril 2023

L'ONU appelle à se concentrer sur les droits des femmes plutôt que sur le boom démographique

  • Au lieu de s'inquiéter de savoir s'il y a trop d'habitants sur Terre - avec un pic attendu à 10,4 milliards dans les années 2080 - le monde devrait se préoccuper des difficultés des femmes à exercer leurs droits en matière de procréation
  • «La population mondiale se réorganise rapidement», a déclaré Mme Kanem en conférence de presse, car alors que la population atteint des records, «le taux de fécondité moyen mondial est le plus bas de mémoire d'Homme»

GENEVE : L'ONU a appelé mercredi les gouvernements à faire respecter les droits des femmes à disposer librement de leurs corps, plutôt que de se montrer anxieux face à une population mondiale dépassant huit milliards d'habitants.

Au lieu de s'inquiéter de savoir s'il y a trop d'habitants sur Terre - avec un pic attendu à 10,4 milliards dans les années 2080 - le monde devrait se préoccuper des difficultés des femmes à exercer leurs droits en matière de procréation, estime le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), en charge des questions de santé sexuelle et reproductive.

Natalia Kanem, qui dirige l'organisation, juge "faux" de croire que le réchauffement climatique est dû à la prolifération des êtres humains sur une planète aux ressources limitées, et affirme que les pays ayant les plus hauts taux de fécondité sont ceux qui contribuent le moins au réchauffement mais qui souffrent le plus de ses conséquences.

Dans son rapport annuel sur l'état de la population mondiale, le FNUAP constate qu'il est répandu de croire que la population mondiale est trop nombreuse. L'organisation estime que le passage de la barre des huit milliards d'habitants "devrait être une raison de se réjouir" car "c'est une étape qui représente des avancées historiques pour l'humanité dans les domaines de la médecine, de la science, de la santé, de l'agriculture et de l'éducation".

L'Inde devant la Chine

"La population mondiale se réorganise rapidement", a déclaré Mme Kanem en conférence de presse, car alors que la population atteint des records, "le taux de fécondité moyen mondial est le plus bas de mémoire d'Homme".

Le classement des pays les plus peuplés du monde devrait changer au cours des 25 prochaines années, l'Inde étant en train de détrôner la Chine.

Les Indiens devraient être plus nombreux que les Chinois d'ici le milieu de 2023

L'Inde devrait dépasser la Chine en tant que pays le plus peuplé du monde d'ici le milieu de l'année 2023, selon des estimations des Nations unies publiées mercredi.

La population indienne comptera 1,4286 milliard d'habitants contre 1,4257 milliard pour la Chine, selon le rapport du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) sur l'état de la population mondiale.

La population chinoise a diminué l'année dernière pour la première fois en plus de six décennies, selon des données officielles au début de l'année.

Le rapport de l'UNFPA estime également que la population mondiale aura atteint 8,045 milliards d'habitants à la même date.

L'Inde ne dispose d'aucune donnée officielle sur le nombre de ses habitants, car elle n'a pas effectué de recensement depuis 2011.

Le recensement de l'Inde, qui n'a lieu qu'une fois par décennie, devait avoir lieu en 2021 mais a dû être retardé en raison de la pandémie de coronavirus.

Des obstacles logistiques et des réticences politiques l'empêchent désormais de se dérouler, et il est peu probable que cet exercice de grande ampleur se déroule prochainement.

Le gouvernement nationaliste hindou du Premier ministre Narendra Modi est accusé par ses détracteurs de retarder délibérément le recensement afin de ne pas rendre publique des données sur des questions sensibles comme le chômage avant les élections nationales de l'an prochain.

Selon le Pew Research Centre, centre de réflexion américain, la population indienne a augmenté de plus d'un milliard de personnes depuis 1950, année à partir de laquelle les Nations unies ont commencé à établir les données démographiques.

Huit pays représenteront la moitié de la croissance de la population mondiale d'ici à 2050 : la République démocratique du Congo, l'Egypte, l'Ethiopie, l'Inde, le Nigeria, le Pakistan, les Philippines et la Tanzanie.

Mais les deux tiers de la population vivent dans des pays à faible taux de fécondité. C'est selon Mme Kanem "la première fois dans l'histoire de l'humanité" que l'ensemble des pays ne voient pas leur population s'accroître.

Les pays ayant les taux de fécondité les plus élevés se trouvent tous en Afrique : Niger, Tchad, RDC, Somalie, Mali et République centrafricaine. Les taux de natalité les plus faibles sont eux en Corée du Sud, à Hong Kong, Singapour, Macao, Saint-Marin, Aruba et en Chine.

L'Europe est la seule région qui devrait connaître une baisse globale de sa population d'ici à 2050.

Le taux de fécondité mondial est actuellement de 2,3 enfants par femme. Quant à l'espérance de vie, elle est de 71 ans pour les hommes et de 76 ans pour les femmes.

"Depuis 1990, l'espérance de vie moyenne a augmenté d'environ dix ans", a déclaré Mme Kanem.

Un quart de la population mondiale est âgée de 14 ans ou moins; 65% a entre 15 et 64 ans et 10% a 65 ans ou plus.

Droits et choix

Le rapport appelle à repenser radicalement la démographie en se concentrant sur les droits des femmes. Il constate que les gouvernements sont anxieux et adoptent de plus en plus souvent des politiques visant à augmenter, à réduire ou à maintenir les taux de fécondité.

Cependant, ces efforts sont très souvent inefficaces. Selon Mme Kanem, la question principale n'est pas de savoir si la population est trop nombreuse, mais si "chacun peut exercer son droit fondamental à choisir le nombre de ses enfants et l'espacement des naissances?".

La réponse est négative pour près de la moitié des femmes (44%): "Elles ne peuvent pas choisir leur contraception et leurs soins de santé. Et dans le monde, près de la moitié des grossesses ne sont pas désirées".

"Chaque année, un demi-million de naissances ont lieu chez des filles âgées de 10 à 14 ans", observe ainsi amèrement Mme Kanem.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.