À Khartoum, les civils fuient entre les cadavres pour échapper aux combats

Des personnes fuient leurs quartiers au milieu des combats entre l'armée et les paramilitaires à Khartoum le 19 avril 2023 (Photo, AFP).
Des personnes fuient leurs quartiers au milieu des combats entre l'armée et les paramilitaires à Khartoum le 19 avril 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 20 avril 2023

À Khartoum, les civils fuient entre les cadavres pour échapper aux combats

  • À pied ou en voiture, les civils tentent de passer sous les tirs croisés des Forces de soutien rapide (FSR) et de l'armée
  • Les combats qui ont éclaté samedi ravagent principalement Khartoum et le Darfour (ouest)

KHARTOUM: Des milliers d'habitants de Khartoum ont fui mercredi, sur des routes bordées de cadavres et de blindés calcinés, pour échapper aux combats incessants entre les paramilitaires et l'armée régulière, qui ont tué plus de 270 civils en cinq jours au Soudan.

À pied ou en voiture, les civils tentent de passer sous les tirs croisés des Forces de soutien rapide (FSR), les paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo, dit Hemedti, et de l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane , chef de facto du Soudan depuis le putsch mené par les deux hommes en 2021.

"La vie est impossible à Khartoum", raconte Alawya al-Tayeb, 33 ans, en route vers le sud. "J'ai tout fait pour que mes enfants ne voient pas les cadavres" car ils sont "déjà traumatisés".

"On part chez des proches à Wad Madani", le chef-lieu d'al-Jazira, à 200 kilomètres au sud, explique Mohammed Saleh, un fonctionnaire de 43 ans. Maintenant que militaires et paramilitaires rôdent dans les rues, "on a peur que nos maisons soient attaquées".

Les combats qui ont éclaté samedi ravagent principalement Khartoum et le Darfour (ouest) mais les toutes premières frictions ont débuté jeudi aux abords de la base aérienne de Méroé, dans le nord voisin de l'Egypte.

Là, alors que militaires et paramilitaires se massaient depuis des jours, dans le chaos des combats, 177 soldats égyptiens présents pour des entraînements ont été capturés par les FSR.

Depuis, l'Egypte – grande alliée du général Burhane – disait travailler à leur retour. Ils ont décollé mercredi soir à bord de "quatre avions militaires égyptiens depuis l'aéroport de Dongola", à 400 km au nord de Khartoum, a annoncé l'armée soudanaise, sans que Le Caire confirme leur départ ou leur arrivée.

Si ce point de tension qui faisait craindre une déflagration régionale semble résolu, les deux généraux rivaux restent sourds aux appels au cessez-le-feu.

Pas de trêve

Les FSR et l'armée ont annoncé mercredi "une trêve de 24 heures" à partir de 16H00 GMT mais, comme la précédente pause annoncée la veille, elle n'a jamais commencé.

Jeudi, les patrons de l'ONU, de l'Union africaine, de la Ligue arabe et d'autres organisations régionales doivent se réunir pour réclamer un nouveau cessez-le-feu.

Dans la capitale de plus de cinq millions d'habitants privée d'électricité et d'eau courante, les balles perdues transpercent régulièrement murs et fenêtres. Parfois, une bombe réduit un immeuble ou un hôpital à un tas de gravats.

Plus de 270 civils ont été tués depuis samedi, selon un bilan provisoire des ambassades occidentales.

Elles ont exhorté les deux camps à "ne pas expulser illégalement les habitants, épargner les infrastructures civiles, laisser passer les denrées de base et l'aide d'urgence aux blessés et aux malades".

Mercredi, l'armée a dit s'être battue avec les FSR autour d'une agence de la Banque centrale et affirmé que "des sommes astronomiques ont été volées".

Hôpitaux hors d'usage

L'armée de l'air et l'artillerie des deux camps ont bombardé neuf hôpitaux de Khartoum. En tout, 39 des 59 hôpitaux des zones touchées par les combats ont été mis hors d'usage ou forcés de fermer, selon des médecins.

Quant aux stocks de nourriture, déjà limités dans un pays avec une inflation à trois chiffres, ils s'épuisent et aucun camion d'approvisionnement n'entre dans la capitale.

Humanitaires et diplomates disent ne plus pouvoir travailler au Soudan, un pays de 45 millions d'habitants, dont plus du tiers souffre de la faim. Trois employés du Programme alimentaire mondial (PAM) ont été tués au Darfour et l'ONU a dénoncé "des pillages, des attaques et des violences sexuelles contre des humanitaires".

Cadavres et chiens errants

Pour fuir les violences, des milliers de femmes et d'enfants ont pris la route mercredi vers les provinces qui bordent Khartoum.

Autour d'eux, selon des témoins, des cadavres gisent sous un soleil de plomb. Alors que des odeurs pestilentielles commencent à s'en dégager, quelques personnes s'aventurent pour les recouvrir d'un drap. Un homme explique qu'il veut empêcher les chiens errants d'en approcher.

Parfois, un convoi de combattants juchés sur des pick-ups passe ou d'autres, postés en bord de route, contrôlent les véhicules.

Au bout de la route, à quelques dizaines de kilomètres de la capitale, la vie se poursuit comme si de rien n'était avec des magasins ouverts et des transports qui fonctionnent normalement.

A Khartoum en revanche, les attaques n'épargnent personne: le patron belge de la mission humanitaire de l'UE a été "hospitalisé" après avoir été touché par balle et l'ambassadeur européen agressé chez lui.

Après cinq jours de combats, la confusion est totale et la désinformation en ligne galopante.

Les images satellitaires montrent toutefois l'étendue des dégâts, visibles notamment au QG de l'état-major.

Une dizaine d'avions gisent en cendres sur le tarmac de l'aéroport, le siège des renseignements généraux apparaît ravagé, ce qui était un dépôt de camion-citernes d'essence n'est plus qu'une immense tache noire.

Au Darfour, dans l'ouest du pays, 320 militaires soudanais ont traversé la frontière, officiellement fermée depuis samedi, vers le Tchad pour se rendre parce qu'ils avaient "peur d'être tués par les FSR", selon le ministre tchadien de la Défense.

"Aucun camp ne semble l'emporter pour le moment et vu l'intensité des combats (...), les choses peuvent encore empirer avant que les deux généraux ne s'assoient à la table des négociations", prévient Clément Deshayes, enseignant à l'université Paris 1.

Pour cela, "il faudrait que leurs partenaires régionaux fassent pression et pour l'instant les déclarations ne vont pas dans ce sens", affirme à l'AFP ce spécialiste du Soudan.


Frappes israéliennes au Qatar: réunion extraordinaire des dirigeants arabes et musulmans à Doha

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
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  • Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha
  • "Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani

DOHA: Un sommet convoqué en urgence, face à une situation inédite: les principaux dirigeants arabes et musulmans se réunissent ce lundi à Doha dans un rare moment d'unité, après les frappes israéliennes sans précédent ayant visé la semaine dernière des membres du Hamas au Qatar.

Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha, capitale du pays médiateur dans les négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

"Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA.

Selon le projet de déclaration finale consulté par l'AFP, la cinquantaine de pays représentés devraient dénoncer l'attaque israélienne en soulignant qu'elle mettait en péril les efforts de normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

Israël et les États-Unis, son principal allié, cherchent à étendre les accords d'Abraham qui ont vu les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, reconnaître Israël en 2020.

"Pas que des discours" 

L'attaque israélienne et "la poursuite des pratiques agressives d'Israël, notamment les crimes de génocide, le nettoyage ethnique, la famine et le blocus, ainsi que les activités de colonisation et d'expansion minent les perspectives de paix et de coexistence pacifique dans la région", affirme le texte.

Elles "menacent tout ce qui a été accompli sur la voie de l'établissement de relations normales avec Israël, y compris les accords existants et futurs", ajoute-il.

Le projet souligne également "le concept de sécurité collective (...) et la nécessité de s'aligner pour faire face aux défis et menaces communs".

Avant l'ouverture du sommet, le président iranien Massoud Pezeshkian a exhorté les pays musulmans à rompre "leurs liens avec ce régime factice", en référence à Israël.

L'attaque israélienne, qui a tué cinq membres du Hamas et un membre des forces de sécurité qataries, a suscité une vague de condamnations dans la communauté internationale, notamment des riches monarchies du Golfe, alliées de Washington. Ainsi qu'une rare réprobation des Etats-Unis, allié numéro un d'Israël mais également un proche allié du Qatar.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio est en ce moment en visite à Jérusalem - un voyage prévu avant les frappes sur le Qatar -, pour montrer son soutien à Israël avant la reconnaissance prochaine par plusieurs pays occidentaux d'un Etat palestinien, lors de l'Assemblée générale de l'ONU à la fin du mois.

"Beaucoup de gens attendent des actes, pas que des discours. Nous avons épuisé toutes les formes de rhétorique. Il faut désormais passer à l'action", a commenté le chercheur saoudien Aziz Alghashian au sujet du sommet.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a également annoncé une réunion en urgence ce mardi pour débattre des frappes israéliennes au Qatar.

Un sommet exceptionnel du Conseil de coopération du Golfe est également prévu lundi à Doha, selon l'agence de presse saoudienne SPA.


Le navire humanitaire des Émirats arabes unis pour Gaza arrive en Égypte

Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
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  • La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées
  • En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte

DUBAI : Le navire humanitaire Hamdan des Émirats arabes unis, qui a quitté le port de Khalifa le 30 août, est arrivé au port d'Al-Arish, en Égypte, où des denrées alimentaires et des fournitures médicales seront déchargées puis livrées aux habitants de la bande de Gaza assiégée.

Le navire, qui fait partie de l'initiative humanitaire "Operation Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis pour Gaza, qui fournit une aide essentielle par le biais de convois terrestres, d'expéditions maritimes et de largages aériens, a été chargé de 7 000 tonnes de nourriture, de matériel médical et d'aide d'urgence, a rapporté l'agence de presse nationale WAM.

La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées.

Les Émirats ont jusqu'à présent envoyé 20 navires d'aide à Gaza et ont livré environ 90 000 tonnes d'aide humanitaire, pour un coût de 1,8 milliard de dollars, depuis le lancement de l'opération "Chivalrous Knight 3".

En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte. Le pipeline a une capacité d'environ 2 millions de gallons par jour et pourrait desservir plus d'un million de personnes.


L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis visite le bureau de l'attaché militaire à Washington

L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
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  • La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché militaire
  • Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire

RIYADH : La princesse Reema bint Bandar, ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, a visité lundi le bureau de l'attaché militaire saoudien à Washington.

La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché au cours de sa visite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire.

La princesse Reema a été reçue par le ministre adjoint saoudien de la Défense pour les affaires exécutives, Khaled Al-Biyari, qui est en visite officielle à Washington, ainsi que par l'attaché militaire saoudien à Washington et Ottawa, le général de division Abdullah bin Khalaf Al-Khathami, et les chefs des départements de l'attaché.