Les zones économiques spéciales, fers de lance de l’ouverture saoudienne aux affaires

L’intérieur de l'usine d'aluminium Maaden à Ras al-Khair, une joint-venture entre la Compagnie minière saoudienne et Alcoa (Photo, AFP).
L’intérieur de l'usine d'aluminium Maaden à Ras al-Khair, une joint-venture entre la Compagnie minière saoudienne et Alcoa (Photo, AFP).
Les étudiants de l’Université des sciences et technologies roi Abdallah ont assisté à une présentation et à une séance de réseautage sur les opportunités de carrière en Arabie saoudite (Photo, KAUST).
Les étudiants de l’Université des sciences et technologies roi Abdallah ont assisté à une présentation et à une séance de réseautage sur les opportunités de carrière en Arabie saoudite (Photo, KAUST).
Un ouvrier programme une fraiseuse CNC à l'aide d'une tablette électronique (Photo, Shutterstock).
Un ouvrier programme une fraiseuse CNC à l'aide d'une tablette électronique (Photo, Shutterstock).
Une femme ingénieure industrielle au travail sur un tour à métaux dans une usine de fabrication industrielle (Photo, Shutterstock).
Une femme ingénieure industrielle au travail sur un tour à métaux dans une usine de fabrication industrielle (Photo, Shutterstock).
La technologie médicale est l'un des domaines ciblés par les nouvelles zones économiques spéciales d'Arabie saoudite (Photo, Shutterstock).
La technologie médicale est l'un des domaines ciblés par les nouvelles zones économiques spéciales d'Arabie saoudite (Photo, Shutterstock).
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Publié le Jeudi 20 avril 2023

Les zones économiques spéciales, fers de lance de l’ouverture saoudienne aux affaires

  • En août, le Fonds monétaire international a prédit que l'Arabie saoudite deviendrait cette année l'une des économies à la croissance la plus rapide
  • Les zones économiques spéciales (ZES) marquent une étape importante dans la réalisation de l'objectif de la Vision 2030 visant à diversifier l'économie de l’Arabie saoudite

RIYAD: Le lancement de quatre zones économiques spéciales offrant des incitations aux entreprises internationales marque une étape importante sur la voie de la transformation de l'Arabie saoudite en une puissance mondiale en matière d'affaires et d'investissements.

Khaled al-Falih, président de l'Autorité des villes économiques et des zones spéciales et ministre saoudien de l'Investissement, a résumé l'importance de cette annonce en ces termes: «Ces quatre zones économiques spéciales offrent aux investisseurs étrangers la possibilité de prendre part à l'économie qui connaît la croissance la plus rapide au monde.»

En août, le Fonds monétaire international a prédit que l'Arabie saoudite deviendrait cette année l'une des économies à la croissance la plus rapide, grâce à de vastes réformes favorables aux entreprises et à une forte augmentation des prix et de la production de pétrole.

À bien des égards, les ZES incarnent l'essor du Royaume et sa mission qui consiste à devenir non seulement une principale économie mondiale, mais aussi un centre d'affaires international de premier plan.

Le programme de réforme économique de l'Arabie saoudite, la Vision 2030, vise à accroître la contribution des investissements directs étrangers, qui ont atteint le chiffre record de 19,3 milliards de dollars en 2021 (1 dollar = 0,91 euro), de 0,7% du produit intérieur brut en 2016 à 5,7% d'ici 2030.

Les nouvelles ZES constituent une étape importante dans la réalisation de cet objectif. Une invitation du Royaume aux investisseurs potentiels dans les ZES décrit l'économie saoudienne comme «une puissance d'investissement au centre du commerce mondial».

EN BREF

Les avantages pour les entreprises d'opérer dans les ZES comprennent des taux d'imposition compétitifs, l'exonération des droits de douane sur les importations, les intrants de production, les machines et les matières premières, la propriété étrangère à 100% des entreprises et la flexibilité d'attirer et d'embaucher les meilleurs talents dans le monde entier.

Adel Afiouni, un dirigeant de la banque d'investissement et l’ancien ministre des Investissements et de la technologie au Liban, a déclaré à Arab News : «Au cours des dernières années, l'Arabie saoudite a adopté une stratégie proactive et ambitieuse pour attirer les investissements dans le pays et créer des emplois qualifiés et une croissance économique durable.

«Les autorités saoudiennes veulent tirer parti de la position croissante du Royaume en tant que superpuissance économique et de leur statut d'investisseur parmi les plus importants et les plus actifs au monde», a-t-il précisé.

Le roi Salmane rencontre les employés de l'usine d'aluminium Maaden dans la zone industrielle de Ras al-Khair, le 29 novembre 2016 (Photo distribuée par le palais royal saoudien via AFP).

Compte tenu des conditions actuelles du marché, Afiouni a indiqué que l'Arabie saoudite, et plus généralement, le Conseil de coopération du Golfe constituaient désormais «l'un des réservoirs de capitaux les plus recherchés au niveau mondial et l'une des sources d'activité économique les plus attrayantes pour les entreprises internationales».

«En outre, la région semble toujours protégée des tensions économiques mondiales et constitue un havre de paix pour les entreprises et les investissements.

«Les autorités saoudiennes affirment leur position de leader d'une manière intelligente et bien planifiée, et l'utilisent pour en tirer le maximum de bénéfices pour leur économie.

«L'annonce récente de la création de quatre nouvelles zones franches et d'un ensemble de mesures d'incitation s'inscrit précisément dans cette stratégie visant à faire de l’Arabie saoudite une destination commerciale attrayante.

«En combinant la disponibilité des capitaux avec la disponibilité de la croissance des entreprises et avec un ensemble de mesures incitatives et de lois modernes, les nouvelles zones franches pourraient changer la donne dans la stratégie de l’Arabie saoudite visant à faire du pays un centre mondial d'affaires et d'investissement pour les entreprises et les entrepreneurs internationaux», a-t-il signalé.

Les ZES sont des zones géographiques autorisées, réparties stratégiquement sur le territoire saoudien, qui visent à faciliter des activités économiques spécifiques, notamment l'emploi, le commerce et l'investissement, grâce à des cadres législatifs et à des avantages concurrentiels qui diffèrent de ceux d'autres zones géographiques de l'économie de base.

Elles seront situées dans quatre zones spécialement désignées à Riyad, Jazan, Ras al-Khair et la ville économique roi Abdallah, au nord de Djeddah.

Une jeune développeuse saoudienne saisit le code lors d'un atelier de robotique (Photo, Shutterstock).

Les zones se concentreront sur des secteurs clés pour la croissance dans le pays, notamment la fabrication de pointe, la technologie médicale et l'informatique en nuage.

Elles offriront des incitations fiscales et non fiscales aux entreprises, notamment des taux d'imposition compétitifs, des importations de machines et de matières premières en franchise de droits, des entreprises détenues à 100%, des procédures d'établissement transparentes et une certaine souplesse dans l'emploi de la main-d'œuvre étrangère.

Ces zones bénéficieront en outre d'avantages législatifs et concurrentiels pour attirer les investissements dans divers secteurs, notamment la logistique et la technologie, entre autres afin de stimuler les exportations non pétrolières de l'Arabie saoudite.

Et chaque zone aura un domaine d'intérêt particulier.

La zone économique spéciale de la ville économique roi Abdallah sera une destination de premier plan pour la fabrication et la logistique de pointe. Elle bénéficiera de sa proximité avec le centre de recherche de l'Université des sciences et technologies Roi Abdallah, qui offre un accès à des installations de recherche et de développement de pointe qui soutiennent le développement de la technologie médicale, ainsi qu'à des clusters technologiques de véhicules automatisés et électriques.

La ZES de Ras al-Khair est établie à côté de son port, une porte d'entrée maritime de premier plan pour les importations et les exportations minières, ainsi que pour les projets à grande échelle dans les domaines de l'énergie et de l'eau. Elle bénéficiera d'un avantage concurrentiel en visant à devenir un nouveau centre maritime entièrement intégré, soutenu par une communauté existante de leaders du secteur, notamment l'IMI (Initiative en matière de médicaments innovants), Hyundai pour les Industries lourdes, et Lamprell.

La zone économique spéciale de Jazan, située dans le sud-ouest du pays, constituera quant à elle une nouvelle porte d'entrée vers l'Afrique pour les investisseurs désireux de tirer parti de projets d'infrastructure de grande envergure sur l'ensemble du continent grâce à l'un des plus grands ports d'exportation de la région.

La zone économique spéciale Cloud Computing sera un pôle d'innovation et de collaboration sur les différentes technologies qui façonneront l'avenir, tout en tirant parti des coûts compétitifs de l'électricité et des données en Arabie saoudite.

Un changement mondial et régional en faveur de l'Arabie saoudite est déjà en cours, car les multinationales, les petites et moyennes entreprises mondiales et les entrepreneurs continuent de déplacer leurs sièges régionaux et leurs activités commerciales vers le Royaume.

Selon les analystes économiques et financiers de l'État, les ZES changent la donne dans la stratégie du Royaume visant à transformer le pays en une puissance commerciale mondiale.

Gary Dugan, PDG du Global CIO Office, a déclaré à Arab News : «Les zones économiques spéciales sont un signal clair pour le monde entier que l'Arabie saoudite est ouverte au monde des affaires.»

Dugan, qui a une expérience de près de quarante ans dans le domaine de la finance en Europe et au Moyen-Orient, se rend régulièrement en Arabie saoudite pour des missions.

La transformation économique et sociale rapide de l'Arabie saoudite a toutefois été remise en question par la communauté internationale. Nombreux sont ceux qui pensent que les ZES reflètent le sérieux de l'engagement du Royaume envers le commerce mondial par le biais des investissements étrangers et de la collaboration – l'un des principaux piliers de la Vision 2030.

Les pays voisins du Golfe, tels que les Émirats arabes unis, possèdent leurs zones économiques depuis plusieurs décennies. La première zone franche du port de Jebel Ali (Jafza) a été créée en 1985. Elle abritait alors une centrale électrique et une usine de dessalement et ne comptait que 19 entreprises. Aujourd'hui, elle accueille plus de 9 500 entreprises et elle est considérée comme une zone franche de premier plan au niveau mondial.

Le Jebel Ali de Dubaï, le plus grand port artificiel du monde (Photo, AFP).

Dugan a mentionné: «Le développement des zones économiques exigera de l’Arabie saoudite qu'elle s'ouvre au monde entier et qu'elle entre en concurrence avec d'autres pays de la région, tels que les Émirats arabes unis, qui disposent de zones économiques depuis plusieurs décennies.»

«Les nouvelles zones économiques de l’Arabie saoudite s'ouvriront à la concurrence internationale, ce qui pourrait constituer une nouvelle étape dans l'intégration du pays dans une économie mondiale hautement compétitive», a-t-il ajouté.

«L'Arabie saoudite prend cette décision à un moment très opportun, alors que de nouvelles entreprises aux ambitions mondiales continuent de parcourir le monde à la recherche d'un centre fiscalement avantageux, disposant d'un important vivier de travailleurs qualifiés et bénéficiant du soutien du gouvernement», a-t-il expliqué.

D'autres analystes, comme Afiouni, estiment qu'avec la création des ZES, les autorités saoudiennes pourraient «déclencher un changement de comportement majeur au sein des entreprises mondiales».

«Les autorités saoudiennes accompagnent cet effort stratégique en offrant aux entreprises et aux investisseurs mondiaux un environnement favorable aux investissements et un écosystème compétitif», a-t-il souligné.

Turab Salim, associé et responsable de l'hôtellerie pour la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord au sein de la société mondiale de conseil en immobilier Frank Knight, a déclaré à Arab News que les ZES reflètent également les changements géopolitiques plus larges au Moyen-Orient, qui permettraient à divers pays de la région et à l'étranger de faire plus facilement des affaires dans le Royaume.

«Ces zones économiques initiales constituent la première étape vers l'ouverture des portes aux investissements régionaux et internationaux en Arabie saoudite. Les récentes initiatives de paix lancées dans la région, notamment le renouvellement des relations entre l'Arabie saoudite et l'Iran, l'accord de paix avec le Yémen et l'apaisement d'autres conflits régionaux, représentent des pas dans la bonne direction», a spécifié Salim.

«Il était grand temps de relancer l'économie en normalisant les relations dans la région.»

Dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, le Royaume s'est orienté vers une économie diversifiée, en réduisant sa dépendance au pétrole (Photo, AFP).

En fin de compte, les ZES sont un élément crucial de la vision économique du prince héritier, Mohammed ben Salmane, pour le pays. Elles sont un moyen de s'éloigner d'une économie uniquement basée sur le pétrole pour mettre en place une économie parallèle qui annonce une nouvelle ère pour l'Arabie saoudite en tant que centre international en plein essor pour les affaires, l'innovation et l’entrepreneuriat.

Dugan a soutenu: «Les zones économiques sont l'une des dernières étapes importantes de la vision 2030. Le gouvernement a effectué un changement radical dans le développement de la base nationale en faisant preuve d'une grande ambition et en recourant à la technologie.

«L'objectif est de faire venir le monde en Arabie saoudite et de confirmer que le pays est véritablement un élément clé de l'économie mondiale», a-t-il soutenu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
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  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.