Le barreau de Beyrouth sous le feu des critiques: un avocat de haut rang risque une sanction

Photo d’une salle d'audience vide dans le palais de justice du Liban à Beyrouth, le 30 août 2022. (AFP)
Photo d’une salle d'audience vide dans le palais de justice du Liban à Beyrouth, le 30 août 2022. (AFP)
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Publié le Vendredi 21 avril 2023

Le barreau de Beyrouth sous le feu des critiques: un avocat de haut rang risque une sanction

  • Nizar Saghieh condamne l’«intimidation» alors que des appels sont lancés à l'organe dirigeant pour qu'il fasse marche arrière
  • La controverse s'est aggravée jeudi dernier lorsque l'avocat libanais et militant des droits de l'homme Nizar Saghieh a comparu devant le conseil de l'association

BEYROUTH: Le barreau de Beyrouth fait face à un concert de critiques au sujet d’une série de décisions perçues comme autant de tentatives pour museler les avocats.

La controverse s'est aggravée jeudi dernier lorsque l'avocat libanais et militant des droits de l'homme Nizar Saghieh a comparu devant le conseil de l'association.

M. Saghieh, qui plaide pour l'indépendance du pouvoir judiciaire, a été convoqué après avoir publiquement protesté contre une décision du barreau qui visait à empêcher les avocats de s'adresser publiquement aux médias sans autorisation.

Il est menacé de sanctions, parmi lesquelles une radiation du barreau.

Le barreau a également convoqué lundi deux avocats parce qu’ils avaient enfreint cette décision.

Les avocats, les partis d'opposition et les organismes de la société civile ont condamné ces mesures, les décrivant comme «une tentative pour mettre fin à la liberté d'expression».

La bataille pour la liberté au sein du barreau a suscité un intérêt croissant de la part du public.

Parallèlement à l'audition de M. Saghieh, plusieurs avocats, militants et journalistes ont manifesté devant le siège du barreau, brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire: «La société a droit à la connaissance et à la justice».

Dans une déclaration commune, Fadlo Khouri, président de l'Université américaine de Beyrouth, et Salim Daccache, recteur de l'Université Saint-Joseph, ont condamné «le harcèlement systématique de certains militants des droits de l'homme, journalistes, universitaires et façonneurs d'opinion».

Ils ont mis en garde contre «la gravité des pratiques qui limitent les libertés directement reconnues par la Constitution libanaise».

MM. Khouri et Daccache ont déclaré que les deux universités «n’auront de cesse de pousser à l'épanouissement d'esprits brillants et libres en instaurant un environnement propice à un dialogue constructif sur leurs campus ainsi qu’entre les différentes caractéristiques de la société».

«C'est l’essence même de l’atout du Liban dans la région», ont-ils ajouté.

M. Saghieh, fondateur de Legal Agenda et membre du barreau depuis vingt-neuf ans, a déclaré avant d'assister à l'audience de jeudi qu’«il ne peut pas défendre les droits sociaux dans le cadre de sa profession sans recourir aux médias», ajoutant que, «aujourd'hui, il défend tous les avocats libres».

«Faire pression est le but de la convocation d'aujourd'hui. Si une action est engagée contre moi ce jour, elle devra être interprétée comme une intimidation vis-à-vis de tous les avocats», a-t-il indiqué.

Une pétition en ligne a également été lancée par des militants. Ces derniers se sont déclarés «profondément préoccupés par la tentative du barreau de restreindre la liberté des avocats et de la soumettre à l'autorisation préalable de son président».

Sa décision «pourrait empêcher une génération d'avocats d'exercer leurs fonctions et de défendre les droits de l'homme et les questions communautaires», ont-ils précisé.

Les activistes ont également condamné «la convocation de Saghieh, qui fait partie des juristes les plus éminents dans la poursuite des affaires judiciaires et juridiques».

Il semble que le barreau ait assoupli sa position après ces critiques croissantes.

Mardi dernier, au lieu de prendre des mesures plus sévères, il a simplement conseillé aux avocats Youssef al-Khatib et Hussein Ramadan d'éviter d'«exposer les secrets du barreau en les faisant circuler dans les médias».

Par ailleurs, des manifestants à Khaldé, au sud de Beyrouth, ont bloqué des routes tard dans la journée du mercredi. Ils ont attaqué plusieurs voitures et tiré des coups de feu en l'air pour protester contre les décisions rendues par le tribunal militaire dans la nuit au sujet des affrontements qui ont opposé en 2021 des membres armés des tribus arabes de Khaldé et des membres des Brigades de la résistance, soutenues par le Hezbollah.

Ces affrontements ont fait quatre morts et des dizaines de blessés parmi les membres du Hezbollah.

Les décisions visaient les détenus des tribus arabes de Khaldé et excluaient les membres du Hezbollah dont la participation aux affrontements est établie.

Les jugements prévoient la peine capitale et des incarcérations.

Le juge cheikh Khaldoun Araymet, directeur du Centre d'études islamiques, a condamné «les sentences injustes prononcées à l'encontre de jeunes membres des tribus arabes, car elles émanent directement du tribunal du Hezbollah, et non d'un tribunal militaire libanais libre».

Il a expliqué que «les Brigades de la résistance soutenues par le Hezbollah sont toujours au-dessus de la loi et de la responsabilité», ajoutant: «Ce n'est pas ainsi que se construisent les pays, la justice et la citoyenneté.»

Dans le cadre d’un autre incident, les douanes de l'aéroport ont arrêté mercredi Youssef Khalaf, un homme d'affaires jordanien, alors qu'il quittait Beyrouth pour Londres à bord d'un vol privé, après que 3,5 millions de dollars (1 dollar = 0,91 euro) ont été trouvés dans ses bagages.

Une source judiciaire a indiqué à Arab News que Khalaf, qui a été déféré au procureur financier Ali Ibrahim, avait été libéré.

Cependant, il a été interdit de voyager et fait toujours l'objet d'une enquête au sujet de l'argent, qu'il n'a pas déclaré.

 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'offensive israélienne contre l'Iran est une menace pour tous, déclare le roi de Jordanie devant le Parlement européen

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  • Vendredi, Israël a déclaré avoir ciblé les installations nucléaires, les usines de missiles balistiques et les commandants militaires de l'Iran au début de ce qu'il a prévenu être une opération prolongée
  • Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'opération militaire contre l'Iran "se poursuivrait pendant autant de jours qu'il le faudra" pour "faire reculer la menace iranienne qui pèse sur la survie même d'Israël"

AMMAN : L'offensive élargie d'Israël contre l'Iran est une menace pour tous, a déclaré mardi le roi de Jordanie Abduallah II devant le Parlement européen à Strasbourg.

"Les attaques contre l'Iran menacent d'une dangereuse escalade dans notre région et au-delà", a-t-il déclaré.  

"Si notre communauté mondiale n'agit pas de manière décisive, nous nous rendons complices de la réécriture de ce que signifie être humain. Si les bulldozers israéliens continuent de démolir illégalement les maisons, les oliviers et les infrastructures palestiniennes, ils détruiront également les rails qui défient les principes moraux", a-t-il ajouté.

Il a réaffirmé la nécessité de créer un État palestinien souverain et l'importance d'accorder aux Palestiniens le droit à la liberté et au statut d'État.

"La sécurité mondiale ne sera pas assurée tant que la communauté internationale n'agira pas pour mettre fin à la guerre de trois ans en Ukraine et au conflit israélo-palestinien, le plus long et le plus destructeur du monde", a déclaré M. Al-Hussein.

Le roi a évoqué l'échec du droit international et de l'intervention à Gaza et a déclaré que ce qui était considéré comme une atrocité il y a 20 mois est désormais devenu une routine.

"L'armement de la famine contre les enfants, le ciblage des travailleurs de la santé, des journalistes et des enfants sont tous devenus normaux après l'échec de la communauté internationale", a-t-il déclaré.

Le leadership de l'Europe sera essentiel pour choisir le bon cours de l'histoire, a déclaré le roi, qui a assuré la Jordanie de son soutien à l'UE.

"Ce conflit doit cesser et la solution est ancrée dans le droit international. Le chemin de la paix a déjà été emprunté, et il peut l'être à nouveau si nous avons le courage de le choisir et la volonté de le parcourir ensemble", a-t-il conclu.

Mardi matin, Israël a demandé à des centaines de milliers de personnes d'évacuer le centre de la capitale iranienne, alors que la campagne aérienne israélienne sur Téhéran semblait s'étendre au cinquième jour d'un conflit qui s'intensifie.

Vendredi, Israël a déclaré avoir ciblé les installations nucléaires, les usines de missiles balistiques et les commandants militaires de l'Iran au début de ce qu'il a prévenu être une opération prolongée visant à empêcher Téhéran de fabriquer une arme atomique.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'opération militaire contre l'Iran "se poursuivrait pendant autant de jours qu'il le faudra" pour "faire reculer la menace iranienne qui pèse sur la survie même d'Israël".

Depuis lors, l'Iran a lancé des attaques de représailles sur Tel-Aviv, certains missiles ayant été interceptés avant l'impact et d'autres ayant frappé des bâtiments en Israël.

Les autorités sanitaires ont indiqué que 1 277 personnes avaient été blessées en Iran. Les Iraniens ont également fait état d'un rationnement du carburant.

Le conflit a également contraint la plupart des pays du Moyen-Orient, dont l'Irak, la Jordanie et le Liban, à fermer leur espace aérien. Des dizaines d'aéroports ont interrompu tous les vols ou réduit considérablement leurs activités, laissant des dizaines de milliers de passagers bloqués et d'autres incapables de fuir le conflit ou de rentrer chez eux.


L'UE estime que la diplomatie est le seul moyen de résoudre le conflit israélo-iranien

La haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, tient une conférence de presse à l'issue d'une vidéoconférence informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE consacrée à la situation au Moyen-Orient, à Bruxelles, le 17 juin 2025. (Photo de Nicolas TUCAT / AFP)
La haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, tient une conférence de presse à l'issue d'une vidéoconférence informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE consacrée à la situation au Moyen-Orient, à Bruxelles, le 17 juin 2025. (Photo de Nicolas TUCAT / AFP)
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  • L'Iran ne doit pas disposer d'une arme nucléaire et la diplomatie est le seul moyen de l'en empêcher », a martelé mardi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas,
  • « L'Europe est prête à jouer son rôle » dans la recherche d'une solution diplomatique, a-t-elle ajouté.

BRUXELLES : L'Iran ne doit pas disposer d'une arme nucléaire et la diplomatie est le seul moyen de l'en empêcher », a martelé mardi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, à l'issue d'une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

« Nous sommes tous convenus de la nécessité urgente d'éviter l'escalade. L'Iran ne peut pas avoir de bombe nucléaire et la diplomatie est la solution pour y parvenir », a-t-elle souligné devant la presse, à l'issue de cette réunion qui s'est tenue par visioconférence entre les 27.

« L'Europe est prête à jouer son rôle » dans la recherche d'une solution diplomatique, a-t-elle ajouté, précisant par ailleurs que l'UE avait décidé d'aider les États membres à évacuer leurs ressortissants « s'ils le désirent ».

L'armée israélienne mène depuis vendredi des frappes sans précédent sur l'Iran, avec pour objectif affiché d'empêcher Téhéran d'obtenir la bombe atomique.

En Iran, les frappes israéliennes ont fait au moins 224 morts et plus d'un millier de blessés, selon un bilan officiel établi dimanche. Selon le bureau de Benjamin Netanyahu, les salves de missiles et de drones tirées en représailles par l'Iran ont fait au moins 24 morts en Israël.

Les ministres des Affaires étrangères des 27 doivent se retrouver lundi pour une réunion à Bruxelles. 


Gaza: la Défense civile annonce au moins 50 morts dans des tirs israéliens près d'un centre d'aide

Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique". (AFP)
Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique". (AFP)
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  • Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique"
  • La veille, la Défense civile avait fait état de 20 personnes tuées dans des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire à Rafah (sud)

JERUSALEM: La Défense civile de la bande de Gaza a affirmé mardi que les forces israéliennes avaient tué au moins 50 personnes qui s'étaient rassemblées près d'un centre de distribution d'aide dans le sud du territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan.

Le porte-parole de cet organisme de premiers secours, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP qu'au moins 50 personnes avaient été tuées et plus de 200 blessées alors que des milliers de Palestiniens s'étaient rassemblés dans la matinée pour recevoir de l'aide à Khan Younès.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les informations annoncés par la Défense civile.

"Des drones israéliens ont tiré sur les gens. Quelques minutes plus tard, des chars israéliens ont tiré plusieurs obus (...), ce qui a entraîné un grand nombre de martyrs et de blessés", a encore affirmé M. Bassal, accusé par l'armée israélienne de répandre de fausse information sur sur ses opération à Gaza.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit "examiner" les faits.

Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique".

La veille, la Défense civile avait fait état de 20 personnes tuées dans des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire à Rafah (sud).

Le territoire palestinien est ravagé par plus de 20 mois de guerre entre Israël et le Hamas, et la situation continue de se détériorer sur le terrain.

Elle a été déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité après leur enlèvement ce jour-là.

Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré lundi que 5.139 personnes avaient été tuées depuis la reprise des frappes israéliennes sur le territoire le 18 mars, après une courte trêve.

Le bilan total à Gaza depuis le début de la guerre s'élève à 55.432 morts, selon le ministère de la Santé.