Twitter en voit de toutes les couleurs avec les nouveaux badges bleus, gris et dorés

La plateforme est dans une position financière délicate à cause de la fuite de nombreuses marques, échaudées par les méthodes et politiques du patron (Photo, AFP).
La plateforme est dans une position financière délicate à cause de la fuite de nombreuses marques, échaudées par les méthodes et politiques du patron (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 22 avril 2023

Twitter en voit de toutes les couleurs avec les nouveaux badges bleus, gris et dorés

  • La plateforme dirigée par Elon Musk a commencé par retirer jeudi les anciennes coches bleues
  • Twitter Blue, la nouvelle formule à 8 ou 11 dollars par mois lancée l'année dernière dans la plus grande confusion, doit permettre selon Elon Musk de mettre tout le monde à égalité

SAN FRANCISCO: Nouveaux badges bleus, étiquettes qui disparaissent, annonceurs obligés de payer... Le remaniement du système d'authentification des comptes sur Twitter, censé donner du contexte aux utilisateurs, a continué à susciter des polémiques vendredi.

La plateforme dirigée par Elon Musk a commencé par retirer jeudi les anciennes coches bleues des profils qui les avaient obtenu dans le passé au nom de leur notoriété mais qui n'ont pas souscrit au nouvel abonnement Twitter Blue.

Certains élus ou personnalités religieuses, comme le républicain Kevin McCarthy ou le Pape, ont reçu à la place une coche grise, réservée aux comptes du gouvernement ou de certaines organisations.

Vendredi, l'AFP a constaté que Twitter a supprimé les étiquettes controversées "média affilié à l'Etat" et "média financé par des fonds gouvernementaux" des pages de grands médias comme l'américain NPR ou le canadien CBC, mais aussi l'agence officielle chinoise Xinhua (Chine nouvelle).

Les "médias affiliés à un État" sont ceux dont le contenu éditorial est "contrôlé par cet État par le biais de ressources financières, de pressions politiques directes ou indirectes et/ou d'un contrôle sur la production et la distribution", pouvait-on lire sur le centre d'aide de Twitter.

Ceux qui sont "financées par un État et dotées d'une indépendance éditoriale, comme la BBC au Royaume-Uni ou NPR aux États-Unis" n'en font pas partie, poursuivait ce texte.

Moins de 5% de conversion

De Donald Trump à Beyoncé, de nombreuses personnalités ont donc perdu jeudi leur marque distinctive, tout comme des centaines de milliers de comptes moins connus (journalistes, universitaires, associations...).

Twitter Blue, la nouvelle formule à 8 ou 11 dollars par mois lancée l'année dernière dans la plus grande confusion, doit permettre selon Elon Musk de mettre tout le monde à égalité, de lutter contre les faux profils et aussi de diversifier les sources de revenus de l'entreprise.

Mais d'après les données de Travis Brown, un développeur informatique spécialisé dans les réseaux sociaux, moins de 5% des 407.000 comptes qui avaient l'ancien badge bleu gratuit se sont abonnés.

La plateforme est dans une position financière délicate à cause de la fuite de nombreuses marques, échaudées par les méthodes et politiques du patron.

Entre novembre et janvier, la moitié des 30 principaux annonceurs sur Twitter ont cessé d'y acheter des espaces publicitaires, d'après Pathmatics. Et selon insider Intelligence, les revenus de Twitter chuteront de 28% cette année.

Pour ne rien arranger, le groupe californien exige désormais des annonceurs qu'ils s'abonnent à Twitter Blue ou payent au moins 1 000 dollars par mois pour être une "organisation vérifiée" (badge gris ou doré), d'après un message consulté par Bloomberg et publié par le consultant Matt Navara.

«On va me juger»

"Ce changement est conforme à la stratégie de vérification de Twitter: améliorer la qualité des contenus et votre expérience", assure le message.

Dans l'immédiat, le remplacement des anciennes coches bleues gratuites, gages de crédibilité, par les payantes, perçues comme un soutien à Elon Musk, suscite dérision et acrimonie sur la plateforme.

"Je sais qu'on va me juger parce que j'ai la coche bleue, mais tant pis, j'ai besoin du bouton pour éditer mes tweets", a tweeté jeudi Marques Brownlee, un créateur de contenus suivi par 6 millions d'utilisateurs.

Du côté des médias, plusieurs organisations – comme NPR ou la radio publique suédoise Sveriges Radio – avaient décidé de quitter le site pour protester contre les mentions niant leur indépendance, rajoutées suivant la politique de "transparence" Elon Musk.

Le patron de Tesla et SpaceX, qui ne fait pas mystère de son mépris pour les médias d'information, avait initialement considéré comme "juste" la décision de qualifier NPR de "média affilié à l'Etat américain", une étiquette auparavant réservée à certains organes de presse liés à des régimes autocratiques.

La Chine est le premier marché de Tesla et le groupe dispose d'une usine à Shanghai.

Début avril, le compte du New York Times avait perdu sa certification après qu'Elon Musk ait qualifié l'information qui y est publiée à "de la propagande, même pas intéressante" et son fil d'actualité à "l'équivalent sur Twitter d'une diarrhée, illisible".


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".