Twitter dans la tempête depuis son achat par Elon Musk

Cette photo d'illustration prise à Los Angeles le 20 avril 2023 montre la coche bleue d'Elon Musk à côté de son nom sur un smartphone. (Photo, AFP)
Cette photo d'illustration prise à Los Angeles le 20 avril 2023 montre la coche bleue d'Elon Musk à côté de son nom sur un smartphone. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 21 avril 2023

Twitter dans la tempête depuis son achat par Elon Musk

  • Twitter suspend le 15 décembre les comptes de plusieurs journalistes couvrant le réseau social et son propriétaire
  • Mi-avril, Twitter estampille les comptes de plusieurs médias publics «média affilié à l'Etat», normalement réservés aux médias de propagande russe ou chinoise

PARIS: Les principaux soubresauts de Twitter, depuis le rachat en octobre du réseau social par le milliardaire Elon Musk, jusqu'au retrait des badges bleus, jadis gage d'authenticité, aux utilisateurs refusant de payer.

«L'oiseau est libre»

Le 27 octobre 2022, Elon Musk annonce l'achat de Twitter pour 44 milliards de dollars, après une saga de plus de six mois. "L'oiseau est libre", tweete-t-il.

"Twitter est désormais entre de bonnes mains", salue l'ancien président Donald Trump, banni de Twitter après l'assaut du Capitole début 2021.

Des associations craignent l'amplification de la désinformation et des discours haineux.

Le lendemain, Bruxelles enjoint Twitter de respecter sa nouvelle réglementation sur le numérique.

Elon Musk promet un prochain "conseil de modération des contenus".

Les annonceurs temporisent

General Motors suspend ses achats de publicité, devenant le premier grand annonceur à remettre en cause sa présence sur le réseau, dont 90% des revenus proviennent de la publicité. D'autres suivent.

Huit dollars pour certifier son compte 

Le 1er novembre, Elon Musk lance Twitter Blue, abonnement de huit dollars mensuels pour certifier les comptes et limiter la pub.

Cette authentification était jusque-là gratuite et limitée à certains profils (gouvernements, entreprises, médias, personnalités).

Licenciements 

Le 4, Twitter entame une vague de licenciements: les effectifs passent de 7 500 employés à moins de 2 000.  Musk affirme n'avoir "pas d'autre choix quand l'entreprise perd plus de quatre millions de dollars par jour".

Cacophonie autour de Twitter Blue 

Le 9, une grande cacophonie entoure le lancement sur les iPhone de Twitter Blue.

Pendant 48 heures, de nombreux comptes usurpent les comptes de célébrités ou d'entreprises. L'offre est suspendue.

Avertissement des autorités américaines

Le 10, l'agence américaine de la concurrence (FTC) dit suivre la situation "avec beaucoup d'inquiétude", rappelant les amendes en cas de violation des règles sur la sécurité et la confidentialité des données.

Ultimatum et départs en cascade

Le 16, le milliardaire adresse un ultimatum à ses employés: soit ils s'engagent à "travailler de longues heures à haute intensité", soit ils seront licenciés.

Trump rétabli, Kanye West suspendu

Après un sondage auprès des abonnés, Elon Musk lève le 19 la suspension du compte de Donald Trump.

Il annonce une "amnistie" pour les comptes bannis et la fin de la lutte contre la désinformation sur le Covid.

Le 2 décembre, Twitter suspend le compte du rappeur américain Kanye West pour "incitation à la violence", révélant les limites de la liberté d'expression absolue prônée par Musk.

Abonnement payant, suite

Après plusieurs essais, le milliardaire lance le 12 une nouvelle formule d'abonnement payant, incluant l'authentification des comptes.

Suspension de comptes de journalistes 

Twitter suspend le 15 les comptes de plusieurs journalistes couvrant le réseau social et son propriétaire. Certains avaient tweeté la veille la décision de Twitter de suspendre un compte signalant les trajets du jet privé d'Elon Musk.

L'UE menace aussitôt ce dernier de "sanctions". Le 17, certains sont rétablis.

Musk vers un retrait

Le 19 décembre, 57,5% des utilisateurs votent pour le départ d'Elon Musk dans un sondage qu'il a lui-même organisé. Le milliardaire se dit prêt à démissionner dès qu'il aura trouvé un successeur "assez fou".

Etrons et médias

Mi-avril, Twitter estampille les comptes de plusieurs médias publics "média affilié à l'Etat", normalement réservés aux médias de propagande russe ou chinoise.

Après plusieurs plaintes, ce label devient "média financé par des fonds gouvernementaux". La radio publique américaine NPR, notamment, quitte le réseau.

Aux questions de la presse, le service de communication du réseau renvoie en email automatique un émoticône en forme d'étron.

Erreurs

Le 12 avril, Elon Musk reconnaît "de nombreuses erreurs" et une gestion en "montagnes russes", dans un entretien avec la BBC.

Dans un message interne, il avait annoncé, fin mars, que la plateforme valait moitié moins que le prix de rachat.

Feu les coches bleues

Le 21, les badges bleus sont retirés massivement des comptes ayant refusé de payer. Le réseau est méconnaissable.


Financer de nouvelles mines de lithium ou autres métaux: le dilemme des financiers

Vue aérienne du projet de lithium Grota do Cirilo, propriété de la société canadienne Sigma Lithium, situé à 20 km au nord-est d'Aracuai, dans l'État de Minas Gerais, au Brésil, prise le 25 mai 2023. (AFP)
Vue aérienne du projet de lithium Grota do Cirilo, propriété de la société canadienne Sigma Lithium, situé à 20 km au nord-est d'Aracuai, dans l'État de Minas Gerais, au Brésil, prise le 25 mai 2023. (AFP)
Short Url
  • La demande de lithium, composant essentiel des batteries de voitures électriques, pourrait être multipliée par 9 entre 2022 et 2050, selon les projections de l'AIE, après avoir déjà triplé au cours des cinq années précédentes
  • Sur la même période, les besoins de cobalt passeraient de 171 000 à 524 700 tonnes et ceux de nickel grimperaient de 120%

PARIS: Moins d'énergies fossiles et plus d'électricité va se traduire par une explosion de la demande en lithium, cobalt, nickel mais aussi cuivre. Un sujet qui préoccupe les financiers, hésitants entre nécessité climatique, risques économiques et risques humains et environnementaux.

Ces "métaux critiques de la transition énergétique" seront le sujet central d'un sommet que l'Agence internationale de l’Énergie (AIE) organise le 28 septembre à Paris.

La demande de lithium, composant essentiel des batteries de voitures électriques, pourrait être multipliée par 9 entre 2022 et 2050, selon les projections de l'AIE, après avoir déjà triplé au cours des cinq années précédentes.

Sur la même période, les besoins de cobalt passeraient de 171 000 à 524 700 tonnes et ceux de nickel grimperaient de 120%.

Si les investissements dans le secteur minier augmentent selon l'AIE, ils sont encore insuffisants, selon un rapport publié en juillet par l'agence, qui s'inquiète également d'une forte concentration des nouveaux projets dans un petit nombre de pays.

"C'est un immense enjeu, on observe des pénuries importantes sur les matières premières", dont beaucoup sont cruciales pour la conception de batteries, de réseaux électriques, ou d'appareils électroniques, souligne Jason Schenker, président et fondateur d'un cabinet américain de prévisions économiques, Prestige Economics.

Quinze à vingt ans pour ouvrir une mine

Partant de ce constat, la société de gestion suédoise AuAg Funds, déjà spécialiste des investissements dans les métaux précieux, a développé un portefeuille d'investissement dédié aux "métaux essentiels".

L'argent placé dans ce fonds est investi dans des actions de sociétés du secteur minier qui couvrent tous les métaux jugés cruciaux par AuAg, comme le cuivre, l'argent, l'aluminium, le lithium, l'uranium ou le cobalt, explique à l'AFP Christopher Svensson, l'un des fondateurs de la société.

Pour se conformer à la réglementation financière, il ne leur est cependant pas possible d'investir directement dans un projet précis, mais uniquement dans des entreprises.

Pourtant, ce sont bien de nouvelles "mines, fonderies et raffineries", et en grand nombre,  qui sont "nécessaires pour arriver" à atteindre les objectifs de transition énergétique", prévient le spécialiste des matières premières Jason Schenker. De plus, les besoins en investissement sont "très difficiles à évaluer car chaque projet de nouvelle mine demande énormément d'argent et requiert des années avant de réellement commencer à générer des retours sur investissement".

"Les procédures réglementaires sont très compliquées, il faut 15 à 20 ans pour ouvrir une mine" confirme Christopher Svensson.

Compromis, voire sacrifice

Autre problème, l'extraction minière présente d'importantes problématiques en matière de droits humains et de pollution de l'environnement. Les cas de mise en danger de la vie de travailleurs dans certaines mines, de destructions d'habitats naturels ou d'impacts négatifs sur les populations locales défraient régulièrement la chronique, sans parler des émissions de carbone des sites de production et de raffinage.

"J'imagine qu'il est difficile pour quelqu'un de passionné par l'ESG (considérations environnementales, sociétales et de gouvernance, NDLR) d'entendre que le futur de l'énergie propre nécessite des compromis, dont plus de mines, ce qui peut aussi impliquer plus d'impacts négatifs", concède M. Schenker qui espère néanmoins un développement le plus vertueux possible de ce secteur.

Les investisseurs ESG ont "tous ce problème de +est-ce qu'on sacrifie le S, ou le G, ou le E pour la transition énergétique?+" confirme Margot Seeley, analyste ESG de ABN AMRO Investment Solutions, qui préfère "ne pas fermer le dialogue" tant qu'il peut permettre de faire évoluer des entreprises dans la bonne direction.

AuAg assure avoir une politique stricte de sélection des entreprises en portefeuille, et pour M. Svensson, sans la documentation ESG précise qu'il fournit, "les investisseurs institutionnels ne pourraient pas investir" dans son fonds.

"Nous voulons des entreprises qui extraient des métaux de la meilleure manière environnementalement parlant", affirme M. Svensson, également cogérant du portefeuille sur les métaux essentiels qui inclut les leaders mondiaux du secteur minier comme Anglo American, Antofagasta ou BHP.


A Peterhead, les pêcheurs dans la tempête du Brexit et de l'inflation

Des bateaux de pêche sont amarrés au port de Peterhead, sur la côte nord-est de l'Écosse, le 7 septembre 2023. (AFP)
Des bateaux de pêche sont amarrés au port de Peterhead, sur la côte nord-est de l'Écosse, le 7 septembre 2023. (AFP)
Short Url
  • Le secteur de la pêche, poids plume économique, a pourtant été la figure de proue de la campagne pour la sortie britannique de l'Union européenne, réclamant plus de quotas de pêche dans la mer du Nord et la Manche, jugés inéquitablement répartis
  • Les politiciens se sont succédé dans les ports de Grimsby, au nord-est de l'Angleterre, ou à Peterhead, où se trouve l'un des principaux ports de pêche du pays et le plus important marché de gros d'Europe pour le poisson blanc

PETERHEAD, ROYAUME-UNI: Les pêcheurs de Peterhead espéraient un "océan d'opportunités" du Brexit, ils ont eu une vague de complications et de surcoûts, avant même la déferlante de l'inflation au Royaume-Uni.

"Ça a été les pires trois années" de sa carrière, explique à l'AFP Mark Addison, devant son chalutier, le Benarkle II, amarré juste derrière le marché aux poissons de Peterhead, au nord de l'Ecosse.

"Le Brexit puis la guerre en Ukraine", qui a fait flamber les coûts du carburant et des équipements tels que les filets de pêche, "c'étaient vraiment deux coups durs l'un après l'autre", ajoute le pêcheur à la barbe rousse, yeux clairs et combinaison bleu marine.

Le secteur de la pêche, poids plume économique, a pourtant été la figure de proue de la campagne pour la sortie britannique de l'Union européenne, réclamant plus de quotas de pêche dans la mer du Nord et la Manche, jugés inéquitablement répartis.

Les politiciens se sont succédé dans les ports de Grimsby, au nord-est de l'Angleterre, ou à Peterhead, où se trouve l'un des principaux ports de pêche du pays et le plus important marché de gros d'Europe pour le poisson blanc.

L'ex-Premier ministre Boris Johnson, alors en campagne pour les législatives de 2019, avait promis "un océan d'opportunités".

Aujourd'hui, ceux qui espéraient beaucoup du Brexit estiment qu'on leur a vendu "un mensonge", comme Mark Addison.

Il voit favorablement la hausse des quotas de pêche en faveur du Royaume-Uni prévue dans l'accord de libre-échange post-Brexit avec Bruxelles, entré en vigueur début 2021. Mais il est confronté aux retombées indirectes de la sortie de l'UE pour ses clients qui exportent vers le continent.

"Il y a des problèmes de queues aux postes frontières pour les passeports et les formulaires de douane, des problèmes de groupage (de cargaisons) dans les camions, il y a toujours quelque chose", énumère-t-il.

Lorsqu'une cargaison de poisson, denrée périssable s'il en est, est perdue ou retardée, cela plombe le prix offert par les exportateurs sur les ventes suivantes pour ses merlans, haddocks, ou autres cabillauds.

«Il faut faire avec»

Cela le force à se montrer plus sélectif. Les poissons dont la chair s'abime vite, ça ne vaut plus la peine, dit-il, alors qu'avant la sortie de l'UE, il prenait tout ce qu'il pouvait dans ses filets avec l'assurance d'en tirer bon prix.

Mais comme il l'explique avec un regard résigné: "J'ai trois fils sur ce bateau. Quand vous êtes une petite affaire de famille, il faut bien faire avec."

"Il y a sans aucun doute des grosses affaires qui ont bénéficié" du Brexit, analyse Bryce Stewart, spécialiste de la pêche et de l'écologie marine à l'université d'York. Mais "les petites affaires, qui forment la majorité de la flotte du pays, n'en ont tiré aucun profit, voire en ont pâti".

Dans la halle du marché de Peterhead, grande comme un terrain de football, des centaines de caisses de poisson sont alignées au petit matin sous la lumière blafarde de néons.

Une cinquantaine de marchands en bottes de plastique et cirés procèdent aux enchères du jour, enchérissant d'un coup d'oeil. En moins de deux heures, 6 000 caisses seront adjugées.

Graeme Sutherland, codirecteur de White Link Seafood, était pro-Brexit, comme une majorité de pêcheurs, mais admet que les promesses ne se sont pas concrétisées.

"On espère toujours après 2026 du côté des quotas de pêche", explique avec un sourire doux celui qui cogère une entreprise familiale de pêche et transformation qui emploie environ 200 personnes.

D'autant que la crise du coût de la vie se fait sentir: "les prix de vente sont plus serrés cette année sur le poisson haut de gamme. On voit que l'argent se fait rare", raconte-t-il à l'AFP.

Bryce Stewart estime quant à lui que l'UE n'a aucun intérêt à concéder plus de quotas après la période de transition allant jusqu'en 2026, et que le Royaume-Uni a peu de moyens de pressions sur l'Union, son plus gros marché.

Alistair Brown, qui dirige les opérations de Nolan Seafoods, n'a pas de mots assez durs. "Pour les sociétés de transformation de poissons, le Brexit a été un désastre qui n'amène que des coûts supplémentaires". Sans compter les pénuries d'employés. "Nous avons besoin de personnel étranger dans nos usines".

"Pour nous tout est tendu en ce moment à cause des coûts, de l'inflation. Tout dépend au final de nos clients, et ils demandent du poisson moins cher".


En Allemagne, l'immobilier s'enfonce dans la crise

Vue du bâtiment "Steglitzer Kreisel" (rond-point de Steglitz) de 120 mètres de haut, en cours de rénovation, prise le 21 septembre 2023 dans le quartier de Steglitz à Berlin. (AFP)
Vue du bâtiment "Steglitzer Kreisel" (rond-point de Steglitz) de 120 mètres de haut, en cours de rénovation, prise le 21 septembre 2023 dans le quartier de Steglitz à Berlin. (AFP)
Short Url
  • Les faillites d'entreprises ont doublé sur un an dans le secteur de la construction en Allemagne, stoppant net nombre de chantiers
  • Le chancelier Olaf Scholz invite lundi les professionnels de la branche pour un sommet à Berlin

BERLIN: Lorsqu'il a signé pour un trois pièces dans un immeuble à construire d'un quartier berlinois prisé, Valeriy Shevchenko pensait avoir fait l'achat d'une vie. Deux ans plus tard, l'arrêt brutal du chantier a brisé ses rêves de propriétaire.

La société Project Immobilien, qui gérait la construction, a fait faillite cet été, frappée par la crise de l'immobilier qui secoue l'Allemagne depuis plusieurs mois, laissant des centaines d'acquéreurs dans l'incertitude.

"Les grues, les équipements pour les ouvriers, tout a été retiré", raconte à l'AFP ce père de famille de 33 ans, devant une façade en béton et sans fenêtre.

Envolée des taux d'intérêt qui renchérit le coût du crédit, demande en chute libre, explosion du prix des matériaux... Les faillites d'entreprises ont doublé sur un an dans le secteur de la construction en Allemagne, stoppant net nombre de chantiers.

Le chancelier Olaf Scholz invite lundi les professionnels de la branche pour un sommet à Berlin. Objectif : relancer les constructions, alors que le pays manque cruellement de logements.

250 000 euros

"Les investisseurs ne savent plus comment rentabiliser certains projets", explique à l'AFP Tim-Oliver Müller, président de la HDB, fédération allemande du bâtiment.

Pendant des années, le secteur a bénéficié des taux d'intérêt bas permis par la généreuse politique monétaire de la Banque Centrale Européenne. La demande était forte, les chantiers dans les grandes villes allemandes se sont multipliés.

Mais la BCE a dû drastiquement relever ses taux pour combattre l'inflation, faisant plonger la demande de crédits, les prix des biens à la vente et la rentabilité des projets.

Le marché ralentit partout en Europe. Mais l'Allemagne est particulièrement touchée, avec une chute des prix de l'immobilier sur un an de 6,8% au premier trimestre 2023, contre une légère hausse de 0,4% pour l'ensemble de la zone euro.

Dans le même temps, les promoteurs souffrent de la hausse du coût des matériaux de construction, consécutive à la pandémie de coronavirus et amplifiée par la guerre en Ukraine.

Le promoteur allemand Vonovia, un poids lourd du secteur, a récemment décidé de geler la construction de 60 000 logements. Une société immobilière sur cinq a déclaré avoir annulé des projets de construction en août, tandis que 11,9 % d'entre elles sont confrontées à des difficultés de financement, selon un récent sondage de l'institut IFO.

A Berlin, les acquéreurs de l'immeuble de Project Immobilien, dans le quartier central de Prenzlauer Berg, avaient tous déjà payé la moitié de leur bien.

"Je ne suis pas riche. Mon argent est le fruit de mon travail, et je paie les intérêts d'un prêt dont je ne profite même pas", déplore M. Shevchenko, qui déclare avoir déboursé 250 000 euros.

Aucune assurance n'a été souscrite, ni par l'entreprise, ni par les futurs propriétaires. Seul espoir : trouver un repreneur pour finir le chantier, ou.... le terminer eux-même.

"Je n'aurais jamais pu penser que quelque chose comme ça puisse se passer en Allemagne", explique, les larmes aux yeux, Marina Prakharchuk, 39 ans, qui a déjà déboursé 175 000 euros pour un 45 m2 dans cet immeuble.

"J'ai mis toutes mes économies là-dedans", ajoute cette salariée d'une entreprise de logistique, originaire du Belarus.

Bombe sociale

Cette crise est un coup dur pour le gouvernement d'Olaf Scholz, qui avait promis, à son arrivée au pouvoir fin 2021, de construire 400 000 logements par an.

On en est loin : le secteur s'attend à atteindre péniblement le chiffre de 250 000 cette année, et même à descendre sous les 200 000 en 2024.

Pourtant, les besoins sont énormes, exacerbés par l'accueil ces dernières années de nombreux réfugiés et travailleurs étrangers, dans un pays en manque de main d'œuvre.

Une situation qui pourrait se transformer en bombe sociale, au moment où le manque d'offre provoque une forte hausse des loyers. En Allemagne, la moitié de la population n'est pas propriétaire de son logement.

De quoi plomber encore le pouvoir d'achat des ménages, déjà secoué par l'inflation, qui dépasse encore les 6% dans le pays.

La ministre du Logement, Klara Geywitz, a annoncé vouloir étendre certains dispositifs d'aide à l'accès à la propriété pour les familles, et investir "un milliard d'euros supplémentaire" dans les résidences pour étudiants et apprentis.