L’Égypte s’apprête à accueillir un afflux de réfugiés à la suite des combats qui déchirent le Soudan

Le conflit, l'instabilité et la stagnation économique au Soudan depuis le coup d'État de 2019 qui a renversé l'ancien dirigeant Omar Al-Bashir ont conduit un grand nombre de Soudanais à chercher refuge dans les pays voisins. (AFP)
Le conflit, l'instabilité et la stagnation économique au Soudan depuis le coup d'État de 2019 qui a renversé l'ancien dirigeant Omar Al-Bashir ont conduit un grand nombre de Soudanais à chercher refuge dans les pays voisins. (AFP)
L'Egypte, qui accueille déjà des millions de réfugiés, est confrontée à la menace d'un nouvel afflux de réfugiés fuyant la guerre au Soudan. (Photo d'archive avec la permission du HCR)
L'Egypte, qui accueille déjà des millions de réfugiés, est confrontée à la menace d'un nouvel afflux de réfugiés fuyant la guerre au Soudan. (Photo d'archive avec la permission du HCR)
Des personnes se rassemblent pour obtenir du pain lors d'affrontements entre les forces paramilitaires de soutien rapide et l'armée à Khartoum, au Soudan, le 22 avril 2023. (REUTERS)
Des personnes se rassemblent pour obtenir du pain lors d'affrontements entre les forces paramilitaires de soutien rapide et l'armée à Khartoum, au Soudan, le 22 avril 2023. (REUTERS)
Une clinique médicale et une pharmacie fermées sont photographiées dans le sud de Khartoum le 24 avril 2023 alors que les combats font rage dans la capitale soudanaise entre l'armée et les paramilitaires. (AFP)
Une clinique médicale et une pharmacie fermées sont photographiées dans le sud de Khartoum le 24 avril 2023 alors que les combats font rage dans la capitale soudanaise entre l'armée et les paramilitaires. (AFP)
Des personnes fuyant les combats de rue entre les forces de deux généraux soudanais rivaux sont transportées à l'arrière d'un camion dans la partie sud de Khartoum, le 21 avril 2023. (AFP)
Des personnes fuyant les combats de rue entre les forces de deux généraux soudanais rivaux sont transportées à l'arrière d'un camion dans la partie sud de Khartoum, le 21 avril 2023. (AFP)
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Publié le Mardi 25 avril 2023

L’Égypte s’apprête à accueillir un afflux de réfugiés à la suite des combats qui déchirent le Soudan

  • Le nombre des Soudanais qui cherchent à se réfugier en Égypte ne cesse d’augmenter en raison des conflits successifs, de l’instabilité politique chronique et de la stagnation économique
  • Les Égyptiens craignent d’accueillir un nouvel afflux de personnes déplacées sur leur territoire, qui abrite déjà 4 millions de Soudanais

LE CAIRE: Les réfugiés fuyant les conflits, les persécutions et les difficultés économiques qui sévissent dans les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique de l’Est choisissent de se réfugier en Égypte ou de s’y faire étape avant de rejoindre l’Europe. Cette tendance se vérifie depuis longtemps.  

Dans le contexte de violence et de chaos qui secoue le Soudan, voisin méridional de l’Égypte, les autorités du Caire s’apprêtent à composer avec une nouvelle vague de réfugiés en quête de sécurité, d’emploi et de soins médicaux performants. Plus de quinze mille Soudanais se sont ainsi réfugiés au Tchad voisin après avoir fui le Darfour, indique un article paru dans The New York Times. 

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Des personnes s’apprêtent à monter à bord d’un bus en partance de Khartoum, le 24 avril 2023, alors que l’armée et les paramilitaires s’affrontent dans la ville. (AFP) 

Quatre cent trente-six Égyptiens ont été évacués dimanche du Soudan par voie terrestre. Le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Abou Zeid, a assuré que les opérations d’évacuation se poursuivraient jusqu’à ce que tous les citoyens égyptiens rentrent sains et saufs dans leur pays natal. 

La communauté soudanaise qui vit en Égypte est estimée à 4 millions de personnes. En effet, ce pays apparaît comme une destination accessible et plus accueillante aux migrants soudanais. Elle leur offre toutefois très peu d’emplois lucratifs comme ceux qu’ils recherchent habituellement dans la région du Golfe. 

À un coût raisonnable, les jeunes Soudanais peuvent se rendre en Égypte à la recherche d’un emploi. Les familles, quant à elles, y reçoivent les soins de santé nécessaires, l’éducation pour leurs enfants et, éventuellement, une vie stable. En effet, l’Égypte jouxte leur pays natal et partage avec lui la même histoire.  

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Vue du point de passage terrestre Eshkeet-Qastal entre l'Égypte et le Soudan. L'Egypte se prépare à un afflux de réfugiés fuyant les combats qui font rage au Soudan entre l'armée et les forces paramilitaires. (AFP)

Les chiffres publics relatifs aux récentes tendances de la migration du Soudan vers l’Égypte font défaut. Toutefois, les autorités signalent une hausse des flux de migrants depuis le soulèvement qui a renversé l’ancien dirigeant soudanais, Omar el-Bechir, en 2019. 

Naela Gabr occupe le poste de présidente du Comité national de coordination pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des êtres humains. Elle estime à trois cent mille le nombre de personnes le nombre de réfugiés enregistrés en Égypte. 

«Outre le nombre de réfugiés enregistrés, près de 9 millions d’étrangers vivent en Égypte. Parmi eux, on compte environ 4 millions de Soudanais et cinq cent mille personnes originaires du Sud-Soudan», indique Naela Gabr au cours d’un entretien avec Arab News. 

«Les personnes qui fuient les conflits politiques, ethniques ou religieux, le dernier en date étant celui du Soudan, se voient accorder le statut de réfugiés en vertu des accords des Nations unies relatifs à cette question. Conformément à ces accords, l’Égypte accueille les réfugiés qui viennent de tous les pays et elle leur accorde le statut légitime d’asile», ajoute-t-elle.  

Cependant, beaucoup se demandent si l’Égypte est en mesure d’accueillir un si grand nombre de réfugiés. Ces inquiétudes s’expliquent par la charge financière et les pressions sociales que ces derniers représentent pour les pays et les communautés d’accueil. 

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Sur cette photo prise le 17 mars 2011, des travailleurs africains bloqués à la frontière entre la Libye et l'Égypte font la queue pour recevoir des vivres du Croissant-Rouge, au milieu d'un exode de réfugiés pendant la révolte libyenne contre Moammar Kadhafi. L'Egypte est à nouveau confrontée à un afflux possible de réfugiés alors que la guerre fait rage au Soudan. (Dossier/AFP) `

«Il est difficile d’évaluer le phénomène d’immigration illégale. L’Égypte peinera à l’assumer en ce moment», explique Mme Gabr. 

On a assisté ces dernières années à une recrudescence accélérée du nombre de Soudanais qui cherchent refuge en Égypte. Ce mouvement est imputable aux conflits successifs, à l’instabilité politique chronique et à la stagnation économique qui déchirent le Soudan comme le Sud-Soudan. 

Par le passé, de nombreux réfugiés venus de tous les pays de la région se rendaient en Égypte et sur la côte méditerranéenne du pays pour entamer un voyage périlleux à destination de l’Europe. Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux préfèrent s’y installer pour profiter de la stabilité relative dont jouit le pays. 

«Le nombre d’immigrés clandestins en Égypte est appelé à augmenter. En effet, s’ils se contentaient auparavant d’y passer, ils trouvent aujourd’hui dans ce pays un abri sûr, notamment en raison du contrôle des frontières », affirme Mme Gabr. 

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Cette photo prise le 5 janvier 2014 montre des milliers de migrants africains entrés illégalement en Israël via l'Égypte, manifestant à Tel Aviv pour faire valoir leur demande de statut de réfugié. L'Égypte a été une voie de passage pour les migrants africains, mais beaucoup d'entre eux choisissent maintenant de rester, profitant de la stabilité relative du pays. (Dossier/AFP) 

Les Soudanais déplacés par les combats affluent d’ores et déjà en Égypte. Pour éviter qu’une crise humanitaire ne se produise ou que la sécurité ne s’effondre, les autorités égyptiennes seront sans doute contraintes d’établir des camps d’accueil. 

«Si la crise au Soudan se perpétue et que la situation dégénère en une guerre civile, comme c’est le cas en Syrie, le pourcentage de réfugiés soudanais va grimper en flèche», prévient le commentateur égyptien Mohamed el-Sayed lors d’une interview accordée à Arab News. 

«La frontière terrestre accueille normalement mille cinq cents Soudanais par jour. Ce chiffre s’élèvera à quinze mille personnes ou presque, ce qui place l’Égypte devant deux scénarios», explique Mohamed el-Sayed. 

«Le premier consiste à autoriser le passage des réfugiés de façon arbitraire. L’État devra dans ce cas les placer dans des camps; il sera incapable d’accueillir un tel nombre de personnes à l’intérieur de son territoire.» 

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L'Égypte pourrait être contrainte d'ouvrir sa frontière aux Soudanais en quête de sécurité si la guerre au Soudan se poursuit et si la situation s'aggrave. ( Dossier/AFP )

La seconde hypothèse est la suivante: «L’Égypte adoptera une approche complètement différente vis-à-vis de la situation des réfugiés; l’asile sera accordé aux personnes concernées conformément aux accords des Nations unies qui régissent cette question.» 

«L’Égypte ne pourra pas intégrer la moitié de la population soudanaise. Les répercussions d’une telle éventualité seraient dramatiques, notamment dans le contexte de la crise économique actuelle.» 

En effet, si les combats entre les factions prennent de l’ampleur au Soudan, un grand nombre de personnes devront fuir le pays. Au moins quatre cents personnes ont été tuées lors d’affrontements entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) au cours des derniers jours. 

Le renversement d’El-Bechir, en 2019, a été suivi d’un coup d’État militaire perpétré en octobre 2021. Cet événement a supprimé les institutions civiles et il a inversé l’accord de partage du pouvoir qui avait été mis en place. 

Dans le sillage d’un vaste mouvement de protestation qui s’est déclenché en décembre 2022, les protagonistes civils et militaires ont signé un protocole d’accord qui vise à remettre le pays sur la voie de la démocratie menée par les civils.  

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Sur cette photo datant du 17 août 2019, Abdel Fattah Al-Burhan (2e-D) et Mohamed Hamdan Daglo "Hemeti" (3e-G) célèbrent la signature de la "déclaration constitutionnelle" qui ouvre la voie à une transition vers un régime civil. Après avoir passé outre l'accord et pris le pouvoir à leurs partenaires civils, les deux généraux sont à couteaux tirés. (AFP) 

Cependant, les deux protagonistes militaires du Soudan ont continué à se disputer le pouvoir en dépit de l’accord-cadre qui prévoit l’intégration des FSR au sein de l’armée soudanaise. 

Le chef des forces armées, le lieutenant-général Fattah al-Burhan, dirige l’armée ainsi que le Conseil de souveraineté de transition. Son ancien adjoint, le lieutenant-général Mohamed Hamdan Dagalo, dit «Hemedti», est à la tête des FSR. 

L’armée d’Al-Burhan réclamait que l’intégration soit réalisée sur une période de deux ans. Les FSR de Hemedti, quant à elles, exigeaient qu’elle s’étende sur dix ans. 

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Combo montrant des soldats des forces armées soudanaises dirigés par le général Fattah Al-Burhan et des membres de l'organisation paramilitaire RSF dirigés par le général Mohamed Hamdan Dagalo. (Archives/AFP) 

Les combats qui déchirent actuellement le Soudan accentuent une situation humanitaire déjà désastreuse dans le pays. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des nations unies (Ocha), près de 15,8 millions de Soudanais dépendent de l’aide humanitaire. Ce chiffre est supérieur de 10 millions à celui qui a été enregistré en 2017. 

Au mois de février dernier, avant que ne survienne la dernière vague de violence, les Nations unies ont lancé l’avertissement suivant: en 2023, plus d’un tiers de la population soudanaise dépendra de l’aide humanitaire en raison de la faim et des déplacements de plus en plus importants que connaît le pays. 

Selon les chiffres de l’Ocha, environ 4 millions d’enfants âgés de moins de 5 ans ainsi que des femmes enceintes et allaitantes figurent parmi les groupes les plus vulnérables et requièrent une aide alimentaire.  

En 2021, le Soudan figurait parmi les pays les plus défavorisés du monde. Cette année-là, l’aide internationale dont il dépendait a été supprimée après le coup d’État qui a fait échouer la transition vers la démocratie. 

Au-delà des conflits, de la faim et de la malnutrition, le changement climatique fait des ravages au Soudan. Les inondations qui ont envahi le pays l’année dernière ont touché quelque trois cent quarante-neuf mille personnes. Les maladies telles que le paludisme se sont ainsi propagées et les citoyens ont été de plus en plus nombreux à se déplacer. 

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Le Soudan est déjà rempli de réfugiés du Sud-Soudan et des pays voisins. Si la guerre s'aggrave, l'Égypte risque d'être la destination d'un plus grand nombre de réfugiés. (AFP) 

En outre, les difficultés économiques ont gagné en intensité après la pandémie de Covid-19. 

La situation en Égypte est également préoccupante: l’inflation atteint son niveau le plus élevé depuis près de quatre ans et près d’un quart des jeunes sont au chômage, selon les données de l’Organisation internationale du travail (OIT). 

Les jeunes Soudanais qui vivent en Égypte obtiennent souvent des emplois subalternes dans les usines ou à domicile. Toutefois, ils trouvent dans ce pays une communauté qui les soutient et ils gagnent davantage qu’ils ne le feraient dans leur pays d’origine. 

C’est la raison pour laquelle les Soudanais de l’Égypte apprécient les liens étroits qui les unissent à leurs voisins égyptiens; ils affirment qu’ils sont bien intégrés dans la société.

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Pour de nombreux réfugiés soudanais en Égypte qui finissent par travailler dans des usines ou comme domestiques, l'opportunité d'une vie meilleure quelque part est bien préférable à l'absence totale de vie dans leur pays d'origine. (Getty Images via AFP /Dossier)

Abdallah al-Mahjoub al-Marghani dirige le Comité soudanais supérieur chargé de l’initiative intitulée «Thank You, Egypt» («Merci, Égypte»), fondée par des expatriés soudanais. Il salue le traitement équitable que sa communauté a reçu.  

«L’initiative a été lancée par des Soudanais qui vivent en Égypte. Son objectif est d’exprimer notre reconnaissance et notre fierté vis-à-vis de la population et du gouvernement égyptien pour les efforts qu’ils ont consentis en faveur de la communauté soudanaise en Égypte et pour la façon dont les Égyptiens nous ont traités, sans aucune discrimination», confie-t-il à Arab News. 

«Le peuple soudanais s’est fondu dans le peuple égyptien. Ils ne forment plus qu’un seul tissu. Cette cohésion va se perpétuer à travers l’histoire», conclut-il. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


L'armée israélienne dit se préparer à une «  offensive décisive » contre le Hezbollah libanais

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
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  • "Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive"
  • Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah"

JERUSALEM: Un commandant de l'armée israélienne a indiqué vendredi que les troupes dans le nord du pays, où Israël à une frontière avec le Liban, se préparaient à une "offensive décisive" contre le Hezbollah, après des mois d'échanges de tirs transfrontaliers.

Le mouvement islamiste libanais Hezbollah et l'armée israélienne échangent des tirs quasi quotidiennement depuis l'attaque le 7 octobre du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah", selon un communiqué de l'armée.

Les troupes israéliennes dans le nord sont actuellement en opération pour protéger les habitants de cette partie du pays et "préparer la transition vers l'offensive", a ajouté le général Gordin, commandant les forces israéliennes dans le nord.

"Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive", a-t-il encore dit.

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources.

La plupart d'entre eux, 342 personnes, ont été confirmés comme étant des combattants du Hezbollah, mais le bilan comprend également 104 civils. M. Gordin n'a pas mentionné de victimes civiles. Dans le nord d'Israël, au moins 18 soldats israéliens et 13 civils ont été tués, selon l'armée.

Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, affirme que ses attaques contre Israël depuis le 8 octobre ont pour objectif de soutenir son allié du Hamas.

Des dizaines de milliers d'habitants ont depuis été déplacés au Liban et en Israël en raison de cette flambée de violence transfrontalière.


Polio, eaux usées, hôpitaux surchargés: la crise sanitaire à Gaza

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
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  • L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza
  • De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio

GENEVE: L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza, alors que la crise sanitaire y est déjà très grave.

Voici un aperçu de certains des défis sanitaires auxquels est confronté le territoire palestinien, selon l'OMS.

Polio dans les eaux usés

Menace largement répandue voici encore une quarantaine d'années, la poliomyélite - qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles - a très largement disparu dans le monde grâce aux vaccins.

Mais il existe une autre forme de poliovirus qui peut se propager: le poliovirus qui a muté à partir de la source contenue à l'origine dans le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). C'est ce poliovirus dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc) qui a été retrouvé à Gaza.

Lorsqu'elles se répliquent dans le tube digestif, les souches de VPO changent génétiquement et peuvent se propager dans les communautés qui ne sont pas complètement vaccinées contre la poliomyélite, en particulier dans les zones où les conditions d'hygiène et d'assainissement sont mauvaises, ou dans des zones surpeuplées.

Le 16 juillet, le Réseau mondial de laboratoires de lutte contre la poliomyélite a isolé le poliovirus de type 2 dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc2) dans six échantillons d'eaux usées à Deir al-Balah et Khan Younès.

Aucun prélèvement humain n'a encore été effectué à Gaza de sorte que l'OMS ne sait toujours pas si quelqu'un y a été infecté par le poliovirus. L'OMS et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) espèrent collecter cette semaine les premiers échantillons humains.

De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio.

Manque d'eau et d'assainissement

L'OMS et ses partenaires espèrent achever l'évaluation des risques liés à la polio cette semaine. Mais l'OMS a prévenu qu'il y a "un risque élevé" de propagation du poliovirus à Gaza et au niveau international "si cette épidémie ne fait pas l'objet d'une réponse rapide et optimale".

Le Dr Ayadil Saparbekov, chef d'équipe à l'OMS pour les urgences sanitaires dans les territoires palestiniens, espère que des recommandations pourront être publiées dimanche.

Mais "étant donné les limites actuelles en matière d'hygiène et assainissement de l'eau à Gaza, il sera très difficile pour la population de suivre le conseil de se laver les mains et de boire de l'eau salubre", a-t-il relevé mardi, lors d'un point de presse.

"Avec le système de santé paralysé, le manque d'eau et d'assainissement, ainsi que le manque d'accès de la population aux services de santé... la situation s'annonce très mauvaise", a-t-il souligné.

Au-delà de la polio, l'OMS est "très inquiète" face à de possibles épidémies dans la bande de Gaza.

Système de santé dévasté 

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés" dans le complexe médical Nasser après de nouveaux bombardements lundi à Khan Younès, dans un contexte de "grave pénurie de réserves de sang, de fournitures médicales et de lits d'hôpitaux".

Avant le conflit à Gaza, déclenché le 7 octobre par les attaques du Hamas, il y avait environ 3.500 lits d'hôpitaux dans le territoire palestinien. Aujourd'hui, l'OMS estime qu'il y en a 1.532.

Seulement 45 des 105 établissements de soins de santé primaires sont opérationnels. Huit des dix hôpitaux de campagne sont opérationnels, dont quatre seulement partiellement.

Dans une telle situation, "il se peut que davantage de personnes meurent de maladies transmissibles que des blessures" liées à la guerre, a averti le Dr Saparbekov.

Selon ce responsable de l'OMS, "jusqu'à 14.000 personnes pourraient" avoir besoin d'une évacuation médicale hors de Gaza.


Les EAU proposent une mission internationale temporaire pour l'après-guerre à Gaza

Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
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  • Elle a souligné le rôle clé des États-Unis dans le succès de la mission
  • La mission ouvrirait la voie à la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime

ABOU DHABI : Les Émirats arabes unis ont appelé à l'établissement d'une mission internationale temporaire pour poser les jalons d'une nouvelle gouvernance à Gaza après la guerre.

Jeudi, dans un communiqué relayé par l'agence de presse nationale, Reem Al-Hashimy, ministre d'État pour la coopération internationale,  a déclaré que cette mission viserait à rétablir l'ordre et à faire face à la crise humanitaire dans Gaza post-conflit.
Selon la ministre, la mission devrait être déployée à l'invitation du gouvernement palestinien, sous la houlette d'un "nouveau Premier ministre crédible et indépendant", pour répondre aux besoins des Palestiniens et reconstruire Gaza. 

Elle préparerait le terrain pour la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime.

Al-Hashimy a souligné qu'un retour à la situation d'avant le 7 octobre ne garantirait pas une paix durable, cruciale pour la stabilité régionale. 

Elle a exhorté les États-Unis à mener les efforts internationaux pour reconstruire Gaza, parvenir à la solution à deux États et faciliter les réformes palestiniennes, autant d'éléments qui contribueraient au succès de la mission internationale.

Israël, a-t-elle ajouté, doit également respecter le droit humanitaire international.

"Gaza ne peut se relever sous un blocus continu, ou si l'Autorité palestinienne légitime est empêchée d'assumer ses responsabilités", a-t-elle affirmé, appelant à l'arrêt des colonies israéliennes illégales et des violences en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. 

La ministre a réitéré le soutien des EAU aux efforts internationaux pour la solution à deux États.
"Notre ambition dépasse les frontières de Gaza et exige une collaboration internationale. L'établissement de la paix n'est pas seulement une nécessité régionale, mais un enjeu global qui profiterait à tout le Moyen-Orient et au monde entier", a-t-elle souligné pour conclure.