De Khartoum au Caire, le long parcours des réfugiés fuyant les bombes

Plusieurs heures plus tard, alors que des centaines de familles continuaient de prendre d'assaut la gare routière, des connaissances ont dû payer «360 euros», l'équivalent du salaire mensuel d'un fonctionnaire (Photo, AFP).
Plusieurs heures plus tard, alors que des centaines de familles continuaient de prendre d'assaut la gare routière, des connaissances ont dû payer «360 euros», l'équivalent du salaire mensuel d'un fonctionnaire (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 26 avril 2023

De Khartoum au Caire, le long parcours des réfugiés fuyant les bombes

  • Terré chez lui à Khartoum, sous le tonnerre des bombardements, Omar a passé plus de 24 heures à tout organiser
  • Puis il a fallu trouver 45 personnes pour remplir un car et rassembler l'argent pour payer des billets

LE CAIRE: Passer des jours à rassembler l'argent, rouler des heures dans la nuit noire, sur les ornières, pour parcourir mille kilomètres et traverser en tremblant les checkpoints des combattants: pour rejoindre l'Egypte, les Soudanais se disent prêts à tout endurer.

Terré chez lui à Khartoum, sous le tonnerre des bombardements, Omar, qui témoigne sous un pseudonyme, a passé plus de 24 heures à tout organiser.

L'étape la plus périlleuse a été de sortir de son quartier: "On a traversé 25 checkpoints pour arriver à la gare routière à la sortie de Khartoum", raconte-t-il.

Puis il a fallu trouver 45 personnes pour remplir un car et rassembler l'argent pour payer des billets.

Quant Omar s'est présenté au guichet, il en coûtait 105 euros par personne.

Plusieurs heures plus tard, alors que des centaines de familles continuaient de prendre d'assaut la gare routière, des connaissances ont dû payer "360 euros", l'équivalent du salaire mensuel d'un fonctionnaire.

Même une fois le billet acheté, "certains bus ne démarrent que le lendemain", affirme Omar, faute de carburant dont le prix a été "multiplié par huit".

«De quatre à 70 ans»

Noon Abdelbassit, une étudiante en médecine de 21 ans, arrivée dimanche au Caire après 48 heures de voyage, est partie avec "dix proches de quatre à 70 ans".

A Khartoum, le car a été contrôlé "deux fois par l'armée, une fois par les paramilitaires".

A chaque fois, "on a eu peur qu'ils blessent quelqu'un avec leurs armes", mais "ils ont seulement regardé qui était dans le bus", se souvient-elle.

Puis, enfin, les passagers ont pu souffler: sur les 1 000 kilomètres qui relient Khartoum au poste-frontière d'Arguine, ils n'ont pas croisé un seul barrage.

Mais ils ont dû endurer 13 heures de trajet, en plein désert et parfois dans "une obscurité totale, sur une route parsemée de nids de poule", sans aucun restaurant ni magasin à l'horizon.

Avec cinq autres personnes, Moussaab Alhadi, un étudiant de 22 ans, aide ceux qui veulent fuir à se préparer.

"Quand les gens nous appellent avant leur départ pour l'Egypte, on vérifie avec eux s'ils ont assez d'eau et de nourriture" pour le trajet, raconte-t-il.

Ceux qui sont déjà aux portes de l'Egypte conseillent de bien calculer l'heure d'arrivée au poste-frontière.

"Il y a énormément de monde donc il vaut mieux arriver tôt le matin, sinon il faut attendre longtemps", témoignait mardi un Soudanais d'une trentaine d'année.

Lui-même, arrivé en soirée avec sa famille, a dû attendre la réouverture toute la nuit, puis le lendemain matin sous un soleil de plomb.

Avant, ils avaient roulé une journée depuis Khartoum, "un voyage long et épuisant" sur une "route pas éclairée", mais épargnée par le conflit entre l'armée soudanaise et les forces paramilitaires, qui a fait en dix jours plus de 450 morts selon l'ONU.

«Pour l'entrée sans visa»

En temps normal, seuls les femmes, les enfants et les hommes soudanais de plus de 50 ans peuvent entrer sans visa en Egypte où quatre millions de Soudanais sont déjà installés, selon l'ONU.

Pour les autres, il faut se rendre au consulat égyptien de Wadi Halfa, un autre poste-frontière.

Mais face à un conflit qui semble sans issue, en Egypte, des internautes appellent à accueillir les réfugiés sans conditions, sous le hashtag "pour l'entrée des Soudanais sans visa".

"L'Egypte est votre pays et vous êtes nos frères", dit l'un d'eux. D'autres proposent "du lait maternel" ou "des services médicaux" aux Soudanais en laissant leur numéro de téléphone.

Car une fois la frontière passée, la route est encore longue. La prochaine ville, Assouan, est à 300 kilomètres de là. Pour ceux qui veulent continuer jusqu'au Caire, il faut compter une vingtaine d'heures en bus.

Noon Abdelbassit et sa famille ont préféré le train couchette, pour le confort et parce qu'il ne lui faut que 14 heures pour faire le trajet.

Eux, désormais, sont à l'abri. Mais ils pourraient être rejoints par beaucoup d'autres, assure Cameron Hudson, du Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington.

Il faut s'attendre "à un exode massif de millions de civils au premier cessez-le-feu" qui tiendra vraiment, prévient-il.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".