Crise au Soudan: Le défi diplomatique de l'Égypte

Une photo partagée par les Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan montre des officiers et des soldats égyptiens détenus par le groupe paramilitaire à Marawi, au nord de Khartoum (Photo, RSF via Twitter).
Une photo partagée par les Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan montre des officiers et des soldats égyptiens détenus par le groupe paramilitaire à Marawi, au nord de Khartoum (Photo, RSF via Twitter).
Short Url
Publié le Lundi 24 avril 2023

Crise au Soudan: Le défi diplomatique de l'Égypte

  • Les affrontements entre les forces militaires soudanaises et le groupe paramilitaire ont fait des dizaines de morts depuis le 15 avril
  • La prise en otage de soldats égyptiens par des rebelles soudanais illustre la gravité de la situation

LE CAIRE: Les tensions entre les factions au pouvoir au Soudan ont explosé samedi lorsque des camions équipés de mitrailleuses et des chars ont circulé dans les rues de Khartoum, ville de 5,2 millions d'habitants. Des frappes aériennes et des tirs d'artillerie ont bombardé des quartiers de toutes parts, déclenchant des incendies et faisant des dégâts.

Les combats se sont rapidement étendus à l'ensemble du pays, de Merowe, au nord, à El-Obeid, au sud.

Pour l'Égypte, la situation au Soudan voisin représente bien plus qu'une simple crise sécuritaire à ses portes. Samedi après-midi, une publication diffusée sur Twitter montrait plusieurs soldats égyptiens détenus près de Merowe. Des informations faisaient état de la présence de l'armée égyptienne à l'aéroport de Merowe, qui sert de base pour des exercices militaires conjoints entre les deux armées.

Dans des déclarations aux médias, Ibrahim al-Shwaimi, ancien vice-ministre égyptien des Affaires étrangères, a précisé que les troupes détenues effectuaient des exercices d'entraînement conjoints avec l'armée soudanaise et qu'elles n'étaient pas parties au conflit.

Les préoccupations de l'Égypte quant à la stabilité du Soudan ne surprennent pas, étant donné la longue histoire des relations fluctuantes entre le Caire et Khartoum. Bien que l'Égypte ait investi des millions dans des projets de développement au Soudan, de nombreuses questions telles que les revendications territoriales sur la partie orientale de la frontière égypto-soudanaise et l'utilisation de l'eau du Nil restent litigieuses.

«L'Égypte recherche la stabilité du Soudan, l'unité du territoire soudanais, la préservation des institutions de l'État soudanais et la solidité de ses forces armées. La stabilité et la force du Soudan protègent la sécurité nationale égyptienne, avec environ 1 200 kilomètres de frontières communes avec nos frères du Soudan, préviennent l'infiltration de terroristes sur nos terres», a déclaré le député égyptien Mahmoud Badr à Arab News.

Image satellite d'avions civils en flammes, à l'aéroport de Khartoum, le 16 avril 2023 (Photo, Maxar Technologies via AP).

«De toute manière, les grandes forces armées égyptiennes sont en mesure de maintenir la sécurité dans le sud du pays, comme elles l'ont fait auparavant dans l'ouest, et nous souhaitons au peuple soudanais prospérité et stabilité», a-t-il ajouté.

En seulement deux jours de violence, des dizaines de Soudanais ont été tués et plus de 600 blessés. Les civils sont pris entre deux feux, les enfants sont piégés dans les écoles et les hôpitaux sont complètement débordés par le nombre croissant de victimes.

De nombreux civils, dont trois employés du Programme alimentaire mondial des Nations unies, ont été tués. Les aéroports du pays ont fermé et le principal fournisseur de télécommunications ainsi que les chaînes de télévision ont interrompu leurs services dimanche.

Cette dernière explosion de la violence achève plusieurs mois de tension politique et plusieurs jours de mobilisation militaire. Les affrontements découlent d'événements survenus il y a plusieurs années, après la destitution de l'ancien président soudanais Omar el-Béchir lors d'une révolution en 2019 et l’établissement d’un gouvernement intérimaire.

Deux ans plus tard, le général Abdel Fattah al-Burhan des forces armées soudanaises et le général Mohammed Hamdan Dagalo des Forces paramilitaires de soutien rapide (RSF) ont pris le pouvoir et mis en place une junte militaire.

Le chef de l'armée soudanaise Abdel Fattah al-Burhan (à gauche) et le commandant des Forces paramilitaires de soutien rapide, le général Mohammed Hamdan Daglo (Hemedti) (Photo, AFP).

Lors du coup d'État de 2021, la date d'avril 2023 avait été fixée pour la transition du Soudan vers un gouvernement civil. Cependant, le fossé entre les anciens alliés Al-Burhan et Dagalo s'est creusé à mesure que les deux hommes se disputaient sur le calendrier et la hiérarchie de l'intégration complète des Forces de soutien rapide (FSR) dans l'armée soudanaise.

Quelques jours avant les violences actuelles, les forces du FSR avaient commencé à se mobiliser dans tout le pays. Aujourd'hui, les deux parties s'accusent mutuellement d'avoir mis le feu aux poudres au Soudan. L'absence d'informations complique l'établissement d’un rapport précis: les FSR et les forces armées soudanaises affirment tour à tour qu'elles contrôlent de vastes étendues de villes et d'autres territoires soudanais.

Dimanche, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a reçu un appel téléphonique de son homologue sud-soudanais Salva Kiir. Les deux hommes ont discuté de la situation récente au Soudan ainsi que des rôles politiques et sécuritaires de l'Égypte et du Sud-Soudan au Soudan.

Ils ont souligné la gravité de la situation et des affrontements militaires en cours, appelant à un cessez-le-feu immédiat et affirmant leur «soutien total au peuple soudanais frère dans ses aspirations à la sécurité, à la stabilité et à la paix».

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi (à gauche) reçoit le général Abdel Fattah al-Burhan, président du Conseil de souveraineté du Soudan, au palais présidentiel du Caire, le 30 mars 2022 (Photo, AFP).

Ils ont également exprimé la volonté de l'Égypte et du Sud-Soudan de servir de médiateurs entre les parties soudanaises, tout en mettant en garde contre le risque que des violences n'entraînent un nouvel effondrement de la situation sécuritaire au Soudan.

Ils ont par ailleurs rappelé la nécessité de préserver la sécurité et la stabilité au Soudan pour permettre l'achèvement du processus de transition politique et assurer la construction et le développement du pays.

Par ailleurs, les ministres égyptien et soudanais des Affaires étrangères, Sameh Shoukry et Ali al-Sadiq, se sont entretenus par téléphone dimanche au sujet de l'évolution de la situation au Soudan et des efforts déployés pour y mettre fin.

M. Shoukry a fait part à son homologue soudanais de la «profonde inquiétude de l'Égypte face à la poursuite des affrontements armés, qui constituent une menace pour la sécurité du peuple soudanais frère et pour la stabilité de son pays».

L'entretien a également porté sur les conditions de vie de la communauté égyptienne au Soudan et sur l'importance de préserver la sécurité de tous les Égyptiens au Soudan.

Des civils fuient les affrontements entre les soldats de l'armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) à Khartoum, le 15 avril 2023 (Photo, AFP).

Pour sa part, les FSR ont publié un communiqué assurant que les citoyens égyptiens au Soudan étaient en sécurité, faisant sans doute allusion aux soldats en leur possession. Elles ont ajouté qu'elles étaient prêtes à remettre les citoyens égyptiens à leurs chefs une fois les conditions de sécurité apaisées.

Selon Khaled Mahmoud, écrivain et journaliste égyptien spécialisé dans les affaires soudanaises, bien que le conflit soit actuellement limité, il pourrait se transformer en une crise de longue durée.

«Le conflit peut s'étendre dans le temps et ne pas se terminer ou être résolu en quelques heures ou en quelques jours... comme en Libye ou en Syrie. Il peut s'étendre géographiquement et se déplacer vers d'autres régions du Soudan. L'affaire peut se transformer en une guerre régionale par procuration et l'Égypte peut être impliquée d'une manière ou d'une autre dans cette guerre. C'est pourquoi le Caire veut anticiper et traiter la crise d’emblée», a-t-il indiqué à Arab News.

Pour M. Badr a déclaré que la dernière crise avait plongé le Soudan dans une situation délicate, espérant qu'un cessez-le-feu mette fin au conflit et l'empêche de s'étendre.

Par ailleurs, l'analyste politique égyptien Ammar Ali Hassan s'est exprimé sur la crise dans un message publié sur Facebook. «L'Égypte n'a rien à voir avec le conflit entre Hamidati (le général Mohammed Hamdan Dagalo) et Abdel Fattah al-Burhan, et toute présence égyptienne sur place s'est faite en accord avec les autorités officielles, c'est-à-dire avec Al-Burhan et Hamidati conjointement», a-t-il indiqué.

«Il n'est pas étonnant que l'Égypte continue d'œuvrer pour un Soudan stable, car c'est dans son intérêt», a-t-il ajouté.

Dimanche soir, des témoins et des habitants ont déclaré que l'armée soudanaise avait mené des frappes aériennes sur les casernes et les bases des FSR, notamment à Omdurman, sur la rive du Nil opposée à Khartoum, et qu'elle avait réussi à détruire la plupart de leurs infrastructures.

Ils ont ajouté que l'armée avait arraché des FSR une grande partie du palais présidentiel de Khartoum – que les deux camps prétendaient contrôler – ainsi que d'autres lieux clés de la capitale. Des échanges de coups de feu ont fait rage toute la journée.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Short Url
  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Short Url
  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.