Au Soudan, 4e jour de combats intenses malgré les appels au cessez-le-feu

La fumée s'élève au-dessus des bâtiments résidentiels de l'est de Khartoum le 16 avril 2023, alors que les combats au Soudan font rage pour une deuxième journée dans des batailles entre généraux rivaux. (Photo AFP)
La fumée s'élève au-dessus des bâtiments résidentiels de l'est de Khartoum le 16 avril 2023, alors que les combats au Soudan font rage pour une deuxième journée dans des batailles entre généraux rivaux. (Photo AFP)
Des bruits d'armes lourdes ont été entendus à proximité du commandement de l'armée soudanaise et du quartier général paramilitaire dans le centre de Khartoum (Photo, AFP).
Des bruits d'armes lourdes ont été entendus à proximité du commandement de l'armée soudanaise et du quartier général paramilitaire dans le centre de Khartoum (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 24 avril 2023

Au Soudan, 4e jour de combats intenses malgré les appels au cessez-le-feu

  • Le patron de l'OMS a dénoncé «le pillage de certains établissements de santé et de l'utilisation d'autres à des fins militaires»
  • L'armée et les FSR se sont empressés de s'accuser mutuellement d'avoir «violé la trêve»

KHARTOUM: Des tirs et des explosions ont encore secoué Khartoum, la capitale du Soudan, mardi soir, en dépit d'appels à la trêve, au quatrième jour de combats entre l'armée et les paramilitaires qui ont fait près de 200 morts.

A l'issue d'une médiation du Soudan du Sud, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo , dit "Hemedti", et l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane , aux commandes depuis le putsch de 2021, s'étaient engagées à une trêve de 24 heures pour évacuer les civils des régions les plus dangereuses.

Mais à l'heure dite, 16H00 GMT, explosions, colonnes de fumée, odeur de poudre et rafales de tirs étaient toujours là. "Il n'y a aucun signe d'apaisement à Khartoum et dans plusieurs autres zones", a constaté l'ONU en soirée.

L'armée et les FSR se sont empressés de s'accuser mutuellement d'avoir "violé la trêve".

Les avions militaires survolent toujours Khartoum où ils ont frappé quatre hôpitaux, selon des médecins. Dans tout le pays, l'un des plus pauvres au monde où la santé est à genoux depuis des décennies, "16 hôpitaux sont désormais hors service".

Alors que les combats se concentrent à Khartoum et dans la région du Darfour (ouest), la Croix-Rouge et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont appelé les belligérants à garantir l'accès aux personnes dans le besoin.

Le patron de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a dénoncé "le pillage de certains établissements de santé et de l'utilisation d'autres à des fins militaires".

Dans un pays où la faim touche plus d'un habitant sur trois, humanitaires et diplomates disent ne plus pouvoir travailler: trois employés du Programme alimentaire mondial (PAM) ont été tués au Darfour.

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Nombre de personnes ayant besoin d'une aide humanitaire au Soudan et ceux ciblés par les programmes humanitaires des Nations unies, par type de besoin, en 2023. (Infographie, AFP)

Habitants cloîtrés 

Mais les appels du G7, de l'ONU et des Etats-Unis à mettre fin aux violences n'y font rien: des hommes en treillis, parfois enturbannés comme les nomades de la région du Darfour, continuent de faire régner la terreur à Khartoum, tandis que les raids aériens de l'armée touchent des zones densément peuplées.

Les habitants, eux, sont en majorité cloîtrés chez eux sans électricité ni eau courante et voient leur stocks de nourriture fondre depuis que le conflit politique entre les deux généraux a dégénéré samedi en bataille rangée.

Civils et diplomates les pressaient de s'accorder sur un calendrier et les conditions d'intégration des FSR à l'armée pour relancer la transition démocratique, mais faute d'accord, ils ont sorti les armes.

Au quatrième jour de violence, les rares épiceries ouvertes préviennent qu'elles ne tiendront plus longtemps sans réapprovisionnement. Des habitants commencent à partir pour la province qui borde le sud la capitale où il n'y a pas de combats.

Sous un ciel barré de colonnes d'épaisse fumée noire au-dessus des QG de l'armée et des paramilitaires, d'autres s'aventurent dehors à la recherche de nourriture ou d'un générateur.

A Khartoum, "cela fait quatre jours que l'on ne dort pas", raconte à l'AFP Dallia Mohamed Abdelmoniem, 37 ans.

Les violences ont fait depuis samedi plus de 185 morts à travers le pays, selon l'ONU, et poussé plusieurs ONG et agences onusiennes à suspendre toute aide.

Lundi, un convoi diplomatique américain a essuyé des tirs et l'ambassadeur de l'Union européenne a été "agressé dans sa résidence" à Khartoum. La diplomatie soudanaise, loyale au général Burhane, a accusé les FSR.

Ce que l'on sait des combats au Soudan

Comment en est-on arrivé là?

En octobre 2021, les deux généraux ont fait front commun pour évincer les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute du dictateur Omar el-Béchir en 2019.

"Un mariage de raison" pour le putsch, explique le chercheur Hamid Khalafallah. "Ils n'ont jamais eu de partenariat sincère mais des intérêts communs face aux civils".

Et les brèches de l'union sacrée sont rapidement apparues au grand jour: Hemedti a plusieurs fois dénoncé l'"échec" d'un putsch qui a réinstauré "l'ancien régime" de Béchir, selon lui.

Puis le conflit s'est intensifié quand il a fallu signer les conditions d'intégration de ses hommes aux troupes régulières, dans le cadre de l'accord avec les civils qui devait relancer la transition démocratique.

Pour les experts, cet accord a ouvert la boîte de Pandore: en laissant les militaires négocier entre eux, "Hemedti est passé du statut de second à celui d'égal de Burhane", affirme Kholood Khair, qui a fondé le centre de recherche Confluence Advisory à Khartoum.

Se sentant "plus autonome face à l'armée", Hemedti a vu une opportunité de réaliser "ses très grandes ambitions politiques", abonde auprès de l'AFP Alan Boswell, en charge de la Corne de l'Afrique à l'International Crisis Group.

Qui sont les FSR?

Créées en 2013, les FSR regroupent des milliers d'anciens Janjawids, ces miliciens arabes recrutés par Omar el-Béchir pour mener la politique de la terre brûlée au Darfour (ouest).

Ce conflit, qui a éclaté en 2003 entre Khartoum et des membres de minorités ethniques non- arabes, a fait quelque 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l'ONU. Et valu au dictateur soudanais deux mandats d'arrêts de la Cour pénale internationale (CPI) pour "crimes de guerre", "crimes contre l'humanité" et "génocide".

En 2019, les FSR ont été accusées d'avoir tué une centaine de manifestants prodémocratie à Khartoum. Mais malgré tout, "elles ont continué à renforcer leur pouvoir", assure M. Boswell.

Et après?

Les combats actuels sont "une lutte existentielle pour les deux belligérants", poursuit l'expert. Et selon Mme Khair, "aucune des parties ne sortira indemne".

"Il est hautement improbable qu'ils retrouvent la table des négociations avant que l'un ou les deux subissent de lourdes pertes", abonde la spécialiste.

Des pertes humaines et financières, mais aussi en popularité, car les Soudanais n'oublieront pas les guerres de rues et les civils fauchés par des balles perdues.

"Les deux camps sont assez forts pour qu'une guerre entre eux soit très coûteuse, très meurtrière et très longue", assure M. Boswell. Et surtout, même si l'une des deux parties l'emporte notamment à Khartoum, "la guerre continuera ailleurs dans le pays", créant des bastions rivaux.

"On est déjà dans le scénario du pire et on ira vers des évènements plus dramatiques encore", avec des répercussions possibles dans toute la région, prévient M. Boswell.

Hôpitaux en détresse 

L'ONU recense 1.800 blessés, et sûrement beaucoup plus tant l'accès aux zones de combats est difficile, pour les patients comme pour les médecins.

Au Darfour, bastion du général Daglo et de milliers de ses hommes qui y ont mené des atrocités durant la guerre lancée dans cette région en 2003, Médecins sans Frontières (MSF) a dit avoir accueilli en trois jours 183 blessés, "dont beaucoup d'enfants" dans son dernier hôpital fonctionnel.

Impossible de savoir quelle force contrôle quoi. Les deux camps disent par communiqués interposés tenir l'aéroport, le palais présidentiel ou encore le QG de l'état-major.

L'armée dénonce "un coup d'Etat" de "rebelles soutenus par l'étranger" quand Hemedti déclare lutter "pour la liberté, la justice et la démocratie".

Ce slogan de la "révolution" de 2019 était jusqu'à récemment encore scandé dans la rue par les militants prodémocratie voulant en finir avec le pouvoir militaire, quasiment une constante au Soudan depuis l'indépendance en 1956.

Pour le politologue Amr Chobaki, "la situation actuelle est le résultat des erreurs du régime Béchir et de la période de transition qui aurait dû, après la chute de Béchir (en 2019), discuter de l'unification des forces armées".

"Les civils voulaient démanteler l'ancien régime mais ce qui a été démantelé ce sont les forces politiques et l'armée", explique-t-il à l'AFP.

Le grand voisin égyptien, lui, multiplie les contacts régionaux pour "un retour à la table des négociations".


Des mouvements palestiniens d'accord pour la gestion de Gaza par un comité indépendant de technocrates

Des Palestiniens marchent à travers les destructions causées par l'offensive aérienne et terrestre israélienne dans le camp d'Al-Shati, dans la ville de Gaza, vendredi. (AP)
Des Palestiniens marchent à travers les destructions causées par l'offensive aérienne et terrestre israélienne dans le camp d'Al-Shati, dans la ville de Gaza, vendredi. (AP)
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  • Réunis au Caire sous médiation égyptienne, le Hamas, le Fatah et d'autres factions palestiniennes ont convenu de confier provisoirement la gestion de Gaza à un comité indépendant de technocrates, à la suite du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre
  • Les groupes ont également annoncé leur volonté de relancer l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme représentant légitime du peuple palestinien, marquant une étape vers une possible réconciliation politique entre le Hamas et le Fatah

LE CAIRE: Des mouvements palestiniens réunis au Caire, dont le Hamas, se sont mis d'accord vendredi, dans un communiqué commun, pour remettre provisoirement la bande de Gaza à un comité indépendant de technocrates à la suite de l'accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre et parrainé par Donald Trump.

Selon le document publié sur le site du Hamas, les différents groupes palestiniens ayant participé aux discussions ont convenu de la mise en place d'un "comité palestinien temporaire composé de résidents indépendants +technocrates+ (...) chargé de gérer les affaires de la vie et les services essentiels".

Les groupes palestiniens se sont aussi mis d'accord sur une stratégie nationale visant à "revitaliser l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) en tant que seul représentant légitime du peuple palestinien". Le Hamas ne fait pas partie de l'OLP.

Des délégations du Hamas et de son rival, le Fatah, s'étaient réunies jeudi en Egypte pour évoquer les dispositions à prendre après la guerre à Gaza, a indiqué à l'AFP une source proche des pourparlers.

Les deux mouvements entretiennent une rivalité politique ancienne, qui a souvent freiné les efforts de réconciliation nationale palestinienne.

Médiatrice de longue date dans le conflit israélo-palestinien, l'Egypte a accueilli ces réunions dans le cadre d'une initiative plus large visant à favoriser un consensus autour du plan de cessez-le-feu.

En parallèle des discussions entre le Hamas et le Fatah, le chef du renseignement égyptien, Hassan Rashad, a rencontré de hauts responsables d'autres factions palestiniennes, dont le Jihad islamique, allié du Hamas, ainsi que le Front démocratique (FDLP) et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Ces deux dernières formations marxistes sont membres de l'OLP.

En décembre 2024, le Hamas et le Fatah avaient annoncé un accord pour créer un comité visant à gérer la bande de Gaza après la guerre contre Israël. L'accord avait été critiqué notamment par des membres du Fatah.

Par la suite, plusieurs responsables politiques palestiniens ont évoqué la création du comité de gestionnaires non affiliés en charge d'administrer le territoire où le Hamas avait pris le pouvoir par la force en 2007.

Le Hamas a déjà fait savoir qu'il ne tenait pas à gouverner Gaza, ravagée par deux ans de guerre.

Le président américain Donald Trump a de son côté évoqué un "conseil de la paix" qu'il pourrait présider pour piloter l'après-guerre à Gaza.


En Cisjordanie, la récolte des olives perturbée par un pic de violences des colons

Des colons israéliens et un soldat israélien se tiennent dans un champ alors que des agriculteurs palestiniens sont empêchés de récolter des olives dans le village de Sa'ir, près de la ville d'Hébron en Cisjordanie occupée par Israël, le 23 octobre 2025. (AFP)
Des colons israéliens et un soldat israélien se tiennent dans un champ alors que des agriculteurs palestiniens sont empêchés de récolter des olives dans le village de Sa'ir, près de la ville d'Hébron en Cisjordanie occupée par Israël, le 23 octobre 2025. (AFP)
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  • En Cisjordanie occupée, une vidéo montrant un colon israélien masqué frappant une Palestinienne récoltant des olives à Turmus Ayya a ravivé les tensions, dans un contexte d’attaques accrues contre les agriculteurs palestiniens
  • L’ONU et plusieurs ONG dénoncent une impunité persistante face à ces violences, qui touchent des dizaines de villages et menacent une activité agricole essentielle à l’économie et à la vie sociale palestiniennes

Territoires palestiniens: La scène a fait le tour des réseaux sociaux en quelques heures: un jeune homme masqué frappe avec un bâton une Palestinienne qui cueille des olives en Cisjordanie occupée, et continue alors qu'elle est à terre.

L'incident s'est produit récemment à Turmus Ayya, près de Ramallah, épicentre cette année des violences accrues des colons israéliens contre les habitants du territoire palestinien occupé depuis 1967. Il a été filmé par un volontaire étranger, dont la présence est censée dissuader ces attaques.

"Tout le monde s'enfuyait, car les colons ont attaqué soudainement, ils étaient peut-être une centaine", raconte à l'AFP un employé municipal de Turmus Ayya, Yasser Alkam, présent sur les lieux, ajoutant qu'un volontaire suédois avait également eu le bras et la jambe cassés.

"Riposter ne ferait qu'attiser la violence, qui a parfois le soutien de l'armée", explique Naël al-Qouq, un agriculteur de Turmus Ayya.

La femme agressée, Oum Saleh Abou Aliya, 55 ans, attendait son fils pour quitter les lieux, affirme M. Alkam.

Non loin des lieux de l'affrontement, un drapeau israélien flotte sur un embryon d'implantation de colons.

-Multiplication des colonies-

L'armée israélienne est arrivée sur place et a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, a constaté un journaliste de l'AFP.

Au moins deux voitures ont été incendiées par le groupe de jeunes dont plusieurs étaient masqués et au moins un, l'agresseur de l'agricultrice, portait les tsitsit, ces franges qui dépassent des vêtements portées par les juifs pratiquants.

Le chef de la police israélienne en Cisjordanie, Moshe Pinchi, a ordonné à ses commandants de le retrouver, selon les médias israéliens.

L'armée israélienne a déclaré à l'AFP qu'elle "travaille en coordination avec la police israélienne pour faire respecter la loi concernant les Israéliens impliqués" dans de tels faits.

Des journalistes de l'AFP ont observé au moins six incidents distincts de Palestiniens empêchés d'accéder à leurs terres, attaqués par des colons ou victimes de dégradations durant la cueillette 2025.

Le pic des violences cette année va de pair avec la multiplication des colonies israéliennes dans un territoire menacé d'annexion par une partie de la classe politique israélienne. Même si tous les colons ne participent pas aux violences.

Dans le village d'al-Moughayer, Abdoul Latif Abou Aliya, 55 ans, déplore lui la destruction de son oliveraie, ordonnée par l'armée après qu'un Israélien a été blessé lors d'une altercation près de sa maison.

"Je possède dix dounams (un hectare) d'oliviers, mais il ne me reste que ceux du jardin de ma maison. Ils ont tout arraché", dit-il à l'AFP.

Son terrain est désormais à nu. En bordure, trois caravanes signalent l'installation récente d'un avant-poste, ces bourgeons de colonies, illégaux aussi bien au regard du droit international que pour les autorités israéliennes.

"C'est la pire saison depuis 60 ans", commente le ministre palestinien de l'Agriculture, Rizeq Salimia. D'autant que la production d'olives, qui constitue l'une des principales exportations de Cisjordanie, a été impactée cette année par des conditions climatiques défavorables.

Face à l'ampleur inédite des attaques, il a appelé la communauté internationale à protéger les agriculteurs.

-Impunité-

Les ONG recensent de nombreuses attaques contre des civils palestiniens menées par des colons en Cisjordanie, où vivent plus d'un demi-million d'Israéliens dans des implantations illégales au regard du droit international.

Ajith Sunghay, responsable au Bureau des droits de l'homme de l'ONU dans les territoires palestiniens, condamne de "graves attaques" et déplore des "niveaux dangereux d'impunité" pour leurs auteurs.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a lui dénombré 27 villages de Cisjordanie touchés par des attaques liées à la récolte, durant la seule semaine du 7 au 13 octobre.

"Les incidents comprenaient des attaques contre les cueilleurs, des vols de récoltes et de matériel, ainsi que des actes de vandalisme contre les oliviers, entraînant des blessés, des dégâts matériels ou les deux", détaille l'Ocha.

La Cisjordanie compte plus de huit millions d'oliviers pour environ trois millions d'habitants, selon le recensement agricole de 2021.

Emaillée ces dernières années d'attaques et de violences accrues impliquant colons israéliens, soldats, cueilleurs palestiniens et bénévoles étrangers, la récolte marque traditionnellement un temps convivial du calendrier palestinien, rassemblant fermiers mais aussi citadins.


Syrie: accord de cessez-le-feu entre jihadistes français et forces armées

Un membre des nouvelles forces de sécurité des autorités syriennes monte la garde devant un bureau de vote où les membres des comités locaux syriens ont voté dans le cadre du processus de sélection visant à désigner un parlement provisoire, à Damas, le 5 octobre 2025. (AFP)
Un membre des nouvelles forces de sécurité des autorités syriennes monte la garde devant un bureau de vote où les membres des comités locaux syriens ont voté dans le cadre du processus de sélection visant à désigner un parlement provisoire, à Damas, le 5 octobre 2025. (AFP)
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  • L'accord prévoit un cessez-le-feu entre les jihadistes retranchés dans un camp de la région de Harem, dan la province d'Idleb, près de la frontière turque, et les forces gouvernementales, selon le texte obtenu par l'AFP
  • Le cessez-le-feu est respecté depuis mercredi, selon un responsable local de la sécurité et une source des jihadistes français, contactés par l'AFP

IDLEB: Les autorités syriennes et les jihadistes français dirigés par Oumar Diaby sont parvenus à un accord pour mettre fin à leurs combats dans le nord-ouest de la Syrie, ont indiqué des sources concordantes jeudi à l'AFP.

L'accord prévoit un cessez-le-feu entre les jihadistes retranchés dans un camp de la région de Harem, dan la province d'Idleb, près de la frontière turque, et les forces gouvernementales, selon le texte obtenu par l'AFP.

Le cessez-le-feu est respecté depuis mercredi, selon un responsable local de la sécurité et une source des jihadistes français, contactés par l'AFP.

Mardi, les forces de sécurité syriennes avaient encerclé le camp, accusant Oumar Diaby, alias Omar Omsen, d'avoir enlevé une fillette et de refuser de se livrer aux autorités.

"Il y a eu un accord prévoyant un cessez-le-feu, le retrait des armes lourdes" et permettant aux autorités syriennes d'entrer dans le camp, a affirmé le responsable local de la sécurité qui a requis l'anonymat.

L'accord prévoit en outre que l'affaire de l'enlèvement de la fillette soit confiée au ministère de la Justice.

Les combats mardi étaient les premiers annoncés par les autorités avec des jihadistes étrangers depuis qu'elles ont pris le pouvoir en décembre 2024, après avoir renversé Bachar al-Assad.

Le gouvernement d'Ahmad al-Chareh, qui veut rompre avec son passé jihadiste, avait appelé tous les groupes armés à se dissoudre et intégrer la nouvelle armée.

Les jihadistes dirigés par Oumar Diaby, un ancien délinquant franco-sénégalais de 50 ans devenu prêcheur, sont estimés à quelques dizaines et sont retranchés dans le camp avec leurs familles.

Selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), des "jihadistes étrangers", en particulier d'Asie centrale, avaient "mené une médiation" mardi pour parvenir à une issue pacifique.

Les jihadistes français qui se font appeler "Firqat al Ghouraba" (le groupe des étrangers) constituent un rassemblement marginal et sans lien avec le groupe Etat islamique, qui avait régné par la terreur en Syrie et en Irak avant d'être défait.

Des milliers de jihadistes étrangers, dont des Occidentaux, avaient afflué en Syrie pendant la guerre civile qui a éclaté après la répression par l'ex-président Bachar al-Assad d'un soulèvement populaire en 2011.

Le conflit a pris fin en décembre 2024 avec la prise du pouvoir par une coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh.