«Climat insurrectionnel»: à Mayotte, le risque de la poudrière sécuritaire

Des CRS de l'unité 8 patrouillent dans un quartier de Mamoudzou, sur l'île de Mayotte, le 25 avril 2023. (AFP).
Des CRS de l'unité 8 patrouillent dans un quartier de Mamoudzou, sur l'île de Mayotte, le 25 avril 2023. (AFP).
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Publié le Mercredi 26 avril 2023

«Climat insurrectionnel»: à Mayotte, le risque de la poudrière sécuritaire

  • A Mayotte, 50% des infractions constatées sont des «attaques aux personnes», soit plus de 400 affaires criminelles par an
  • La violence qui mine l'île aux 350 000 habitants estimé est attribuée à la situation sociale et économique explosive des bidonvilles où vivent en clandestinité des migrants comoriens

MAMOUDZOU : Caillassage, conflits inter-quartiers, "coupeurs de route": le phénomène d'insécurité "hors norme" à Mayotte attise la colère des élus et des habitants, qui menacent pour certains, en pleine opération sécuritaire Wuambushu, de régler le problème par eux-mêmes.

"Nous sommes sur territoire grand comme trois fois l'île d'Oléron et (il y a) une affaire grave tous les trois ou quatre jours", donne comme échelle le Général Capelle, qui dirige la compagnie de gendarmerie de Mayotte depuis août 2020.

La criminalité, où en tout cas le nombre d'affaires constatées sur l'île, est en hausse nette en 2022 : +16% d'homicides, +20% de vols avec armes et +33% de vols de véhicules sur un an, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.

A Mayotte, 50% des infractions constatées sont des "attaques aux personnes", soit plus de 400 affaires criminelles par an.

"On est sur de la délinquance juvénile, de mineurs, essentiellement masculine et de la délinquance d'opportunité très violente (...) des actes gratuits et désorganisés, avec des petites bandes mobiles et qui s’agrègent, sans même chefs ou leaders", explique le général Capelle à l'AFP.

Cette criminalité n'est par ailleurs pas liée, contrairement aux phénomènes de bandes en métropole, à un "contrôle de territoire ou a une activité criminelle" comme le trafic de drogue, quasi inexistant à Mayotte.

La violence qui mine l'île aux 350 000 habitants estimés, dont la moitié ne possède pas la nationalité française selon l'Insee, est attribuée à la situation sociale et économique explosive des bidonvilles où vivent en clandestinité des migrants comoriens.

«Foutre le feu»

A Tsoundzou, un quartier du sud de la capitale Mamoudzou, où se concentre de plus en plus d'habitat informel après des opérations de "décasage" de bidonvilles comoriens voisins, la population mahoraise vit barricadée.

"Nous sommes en prison", assure Aïcha Magoma, 40 ans, devant le portail sécurisé installé autour de son cossu ilot d'habitation.

Des verrous équipent les chambres pour s'enfermer en cas d'intrusion, comme dans le reste de l'île. Ici, plus une maison sans haut portail et barreaux ou grillage aux fenêtres, par crainte des cambriolages.

L'employée de la compagnie d'électricité explique qu'elle ne "sort plus après 17H00", par crainte d'une agression "des jeunes", comme on les appelle ici.

Elle montre les "galets", les pierres qu'elle a reçues sur sa maison la veille, lancées par les jeunes des quartiers montés en haut de la pente pour prendre des policiers en embuscade.

"Ils nous ont menacés de mort. Ils nous ont dit que quand les policiers, les forces publiques (forces de l’ordre, ndlr) vont partir, ils vont venir nous foutre le feu", dit-elle furieuse.

Excédée, elle menace de "prendre la machette" à son tour si les policiers ne restent pas le soir pour sécuriser sa maison.

Avec le début de l'opération Wuambushu, un renforcement massif des forces de l'ordre pour rétablir l'ordre sur l'île et multiplier les opérations anti-délinquance dans les quartiers, les espoirs pourtant irréalistes d'un coup d'arrêt au phénomène d'insécurité sont au plus haut.

«Minimisé»

"Les Mahorais, tous autant qu'ils sont, soutiennent massivement l'opération Wuambushu perçue comme celle qui va ramener l'Etat de droit sur l'île", explique à l'AFP Fatihou Ibrahime à la tête du collectif des Citoyens de Mayotte (loi 1901) qui dénonce un "climat insurrectionnel" sur l'île.

Le militant porte une cicatrice sur tout le côté gauche du crane, depuis son agression à la machette lors d'un cambriolage qui a mal tourné.

"Depuis 2015, on a vu cette violence monter crescendo, ça a commencé par des petits larcins, et on a minimisé en disant que c'était des vols de survie de gens qui mourraient de faim et ça s'est installé jusqu'à ce qu'on en arrive à des meurtriers, à des gens qui pénètrent dans les maisons avec des chambo (des coupe-coupe, ndlr)", témoigne-t-il.

"La guerre civile a déjà commencé, et les victimes ce sont les Français de Mayotte et c'est uniquement parce que nous ne sommes pas violents que ça ne s'embrase pas", assure-t-il.

Mardi, les déclarations du numéro deux du département, le premier vice-président du conseil départemental de Mayotte, Salime Mdéré, pour lesquelles il s'est ensuite excusé, ont donné le ton.

"Ces délinquants, ces voyous, ces terroristes, à un moment donné il faut peut-être en tuer", a ainsi lancé face sur la chaîne Outre-mer La Première, le numéro 2 de l'île.

"De tels propos sont inadmissibles et je les condamne fermement", a réagi le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, "consterné". Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a exprimé son "indignation".


"L'incertitude totale" sous Trump pèsera sur les investissements aux Etats-Unis, estime un responsable économique français

Le secrétaire général d'Investissement France 2030, Bruno Bonnell, arrive au palais de l'Élysée pour une réunion avec le président français et les représentants des 50 plus grands sites industriels français émetteurs de gaz à effet de serre afin de les inciter à accélérer leur décarbonisation, à Paris, le 8 novembre 2022. (AFP)
Le secrétaire général d'Investissement France 2030, Bruno Bonnell, arrive au palais de l'Élysée pour une réunion avec le président français et les représentants des 50 plus grands sites industriels français émetteurs de gaz à effet de serre afin de les inciter à accélérer leur décarbonisation, à Paris, le 8 novembre 2022. (AFP)
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  • Les investissements aux Etats-Unis ont encore nettement progressé l'an dernier au détriment de l'Europe, mais "l'incertitude totale" créée par la politique de Donald Trump finira par peser sur eux, estime Bruno Bonnell

PARIS: Les investissements aux Etats-Unis ont encore nettement progressé l'an dernier au détriment de l'Europe, mais "l'incertitude totale" créée par la politique de Donald Trump finira par peser sur eux, estime auprès de l'AFP Bruno Bonnell, le patron d'un vaste plan d'investissements français.

M. Trump "est totalement imprévisible, on ne sait absolument pas ce qu'il va décider demain, souligne-t-il, jugeant que "cela s'est quand même pas mal refroidi" aux Etats-Unis, ajoute M. Bonnell.

Selon M. Bonnell, les Etats-Unis ont "attrapé beaucoup d'entreprises, mais par des effets d'aubaine". Or "l'effet d'aubaine, on sait quand cela commence, on ne sait pas quand cela finit", observe-t-il, insistant sur "l'incertitude totale sur les décisions que peut prendre aujourd'hui l'administration américaine".

"Certaines entreprises disent qu'elles vont arriver à négocier en tête-à-tête avec M. Trump" sur les droits de douane, "mais en réalité personne ne sait ce qui se passe dans sa tête", insiste encore Bruno Bonnell dans cet entretien mené juste avant le sommet Choose France.

Ce sommet rassemble lundi pour la huitième année des entreprises étrangères autour du président Emmanuel Macron au château de Versailles, alors qu'EY classe la France premier pays européen pour les investissements étrangers pour la sixième année consécutive. L'an dernier, 15 milliards d'euros de projets y avaient été annoncés.

France 2030 est le plan d'investissement sur cinq ans de 54 milliards d'euros en soutien d'entreprises lancé en 2021 par Emmanuel Macron pour "rattraper le retard industriel français".

Dans un but similaire, l'administration Biden a mis en place en 2022 un plan massif baptisé IRA (Inflation Reduction Act) offrant des subventions aux entreprises voulant développer des projets dans les industries d'avenir, et attirant ainsi de nombreux candidats.

Selon le baromètre du cabinet EY publié mercredi et se basant sur les chiffres de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced), les investissements aux Etats-Unis ont progressé de 20% l'an dernier sur un an, contribuant au recul de l'attractivité européenne.

Cependant, dès son accession à la Maison Blanche, le président américain Donald Trump a souhaité remettre en cause le projet de son prédécesseur.

Il a annoncé le 2 avril de très fortes hausses des droits de douanes sur les produits importés - 20% pour les produits européens par exemple - qu'il a suspendues la semaine suivante pour trois mois, tout en gardant une hausse-plancher générale de 10%.

M. Trump entend attirer les investissements étrangers et les créations d'emplois en imposant ces droits de douane, afin d'encourager les entreprises à s'implanter aux Etats-Unis pour y échapper.


Le 8ème sommet Choose France attend un record de 20 milliards d'euros d'investissements

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors de la conférence sur les marchés mondiaux, avant le sommet Choose France, à Paris, le 15 mai 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors de la conférence sur les marchés mondiaux, avant le sommet Choose France, à Paris, le 15 mai 2025. (AFP)
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  • Le 8ème sommet Choose France (Choisissez la France), évènement économique de prestige à Versailles destiné à attirer les investissements étrangers, devrait connaître un nouveau record cette année avec 20 milliards d'euros d'annonces
  • Deux cents patrons (BYD, Blackstone, Goldman Sachs, Ikea, BASF, le fond souverain d'Arabie saoudite PIF, Qiddiya, Damac, Mubadala...) ont confirmé leur participation à Choose France

PARIS: Le 8ème sommet Choose France (Choisissez la France), évènement économique de prestige à Versailles destiné à attirer les investissements étrangers, devrait connaître un nouveau record cette année avec 20 milliards d'euros d'annonces, a révélé Emmanuel Macron vendredi.

Il y aura "plus d'une cinquantaine" de divulgations de projets, "et on passera le cap des vingt milliards d'euros", a déclaré le président français lors d'une interview à la presse régionale. Le record de 15 milliards d'euros de l'an dernier serait ainsi battu.

Les annonces devraient concerner des secteurs aussi divers que la technologie, la finance ou encore le tourisme.

La France vient d'être classée pour la sixième année consécutive premier pays européen pour les investissements étrangers par le cabinet EY, avec 1.025 projets enregistrés en 2024 devant le Royaume-Uni (853) et l'Allemagne (608).

Dans ces trois pays cependant, ce nombre de projets a reculé en un an, de 14% pour la France.

Celle-ci, de surcroît, ne figure qu'à la 3ème place du nombre d'emplois créés par projet (30), derrière l'Allemagne (48) et l'Espagne (125).

"Nous sommes très forts en termes de recherche et développement, activités moins intensives en emplois", souligne Emmanuel Macron dans l'interview.

Toutefois, "derrière, cela crée de l'innovation en France", secteur "clé", explique le président.

La France a déjà enregistré 109 milliards d'euros d'investissements privés, notamment étrangers, à horizon 2031, lors d'un sommet sur l'Intelligence artificielle en février.

- "Connaissance personnelle" -

Deux cents patrons (BYD, Blackstone, Goldman Sachs, Ikea, BASF, le fond souverain d'Arabie saoudite PIF, Qiddiya, Damac, Mubadala...) ont confirmé leur participation à Choose France, dont 19% viennent des Etats-Unis.

Depuis 2017, 178 projets, d'un montant total de 47 milliards d'euros ont été annoncés - dont "onze" seulement ont été abandonnés, selon Emmanuel Macron.

Le thème de cette année est "France, terre de créativité", avec deux séquences nouvelles, une sur le tourisme et l'autre sur l'audiovisuel.

Après s'être déroulé longtemps en janvier, au moment du Forum économique mondial de Davos, Choose France a lieu au château de Versailles chaque année en mai depuis 2022.

La présidence de la République explique que, "dans les décisions d'investissements que nous cherchons à attirer, la connaissance personnelle a beaucoup de valeur pour les patrons", qui apprécient "de pouvoir passer du temps de qualité avec les décideurs, dans un endroit magnifique".

L'an dernier, plus de 345 entretiens ont eu lieu entre dirigeants d'entreprises et autorités françaises.

Emmanuel Macron est au centre du Sommet, avec quatre déplacements en lien avec celui-ci. Lundi matin, notamment, il se rendra dans la Meuse à l'usine Daimler Buses de Ligny-en-Barrois, dont la production évolue actuellement vers des bus hybrides et électriques.

A Versailles, il rencontrera des chefs d'entreprise sud-coréens, et participera à deux tables rondes en petit comité, sur les minerais stratégiques et l'intelligence artificielle, avant de présider le "dîner de travail" final.

- "Ilôt de stabilité" -

Il rencontrera personnellement le magnat mexicain des affaires Carlos Slim, la présidente du constructeur automobile chinois BYD, Stella Li, et le patron de l'entreprise saoudienne Qiddiya.

"Etre premier (en Europe) (...) c'est vraiment le résultat de toutes les politiques mises en place depuis 2017" pour les entreprises, vante l'Elysée.

Le cabinet de conseil en stratégie Kearney ne classe pour sa part la France qu'au 3e rang de l'attractivité en Europe, derrière le Royaume-Uni et l'Allemagne, et au 7e dans le monde (en recul d'une place cette année).

Il la juge "impactée par la dégradation accélérée de sa trajectoire budgétaire" et par "une situation politique aux équilibres précaires depuis la dissolution" décidée en juin par Emmanuel Macron.

Il rappelle surtout que, pour la 13ème année consécutive, les Etats-Unis sont premiers du classement.

Cependant, note le cabinet, "face à une situation macroéconomique jugée très instable" et plus encore depuis les annonces de hausses de droits de douane américains par Donald Trump, "l'Europe apparaît comme un fragile mais possible îlot de stabilité".

Ainsi, 60% des hauts cadres du monde entier interrogés par le cabinet Kearney la voient comme leur premier choix d'investissement, un espoir pour le continent et pour la France.


La maire LR de La Seyne-sur-Mer condamnée à cinq ans d'inéligibilité immédiate

Mme Bicais est la deuxième maire d'une grande ville du Var à être démise de ses fonctions pour des questions de probité, après Hubert Falco, ex-maire de Toulon et ex-baron de la politique locale, condamné en 2023 à une peine d'inéligibilité immédiate pour des repas et des frais de pressing payés par le Conseil départemental du Var qu'il ne présidait pourtant plus. (AFP)
Mme Bicais est la deuxième maire d'une grande ville du Var à être démise de ses fonctions pour des questions de probité, après Hubert Falco, ex-maire de Toulon et ex-baron de la politique locale, condamné en 2023 à une peine d'inéligibilité immédiate pour des repas et des frais de pressing payés par le Conseil départemental du Var qu'il ne présidait pourtant plus. (AFP)
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  • L'élue LR était jugée pour prise illégale d’intérêts avec deux de ses proches pour un permis de construire obtenu pour sa maison personnelle et pour l'emploi d'un proche à un poste de la mairie sans appel à candidature
  • Elle a manqué "à la probité, qualité indispensable attendue d'une élue", avec "aucune remise en question" de sa part à l'audience: pire, "elle banalise les infractions", ce qui pose un "risque de réitération", a détaillé la présidente

TOULON: Accusée d'avoir manqué à son devoir de "probité, qualité indispensable pour une élue", Nathalie Bicais, maire LR de La Seyne-sur-Mer, deuxième ville du Var, a été condamnée pour prise illégale d'intérêt vendredi, avec une peine d'inéligibilité immédiate de cinq ans.

Une peine de 18 mois de prison avec sursis, assortie d'une inéligibilité de cinq ans avec exécution provisoire, d'une interdiction d'exercer toute fonction publique de deux ans et d'une amende de 20.000 euros a été prononcée par la présidente du tribunal correctionnel de Toulon, qui a regretté l'absence de l'élue à la lecture du jugement.

"Elle ne s'intéresse pas à la justice", "elle n'est pas là, c'est dommage", a commencé Marie-Laure Arnouil, avant de motiver sa décision.

Mme Bicais, élue en 2020 dans cette ville limitrophe de Toulon, devrait donc être démise de ses mandats très prochainement par le préfet du Var, la peine d'inéligibilité s'appliquant tout de suite, bien qu'elle fasse appel de sa condamnation comme l'a annoncé son avocat, Me Gilles Gauer.

Elle a manqué "à la probité, qualité indispensable attendue d'une élue", avec "aucune remise en question" de sa part à l'audience: pire, "elle banalise les infractions", ce qui pose un "risque de réitération", a détaillé la présidente.

L'élue LR était jugée pour prise illégale d’intérêts avec deux de ses proches pour un permis de construire obtenu pour sa maison personnelle et pour l'emploi d'un proche à un poste de la mairie sans appel à candidature.

Mme Bicais est la deuxième maire d'une grande ville du Var à être démise de ses fonctions pour des questions de probité, après Hubert Falco, ex-maire de Toulon et ex-baron de la politique locale, condamné en 2023 à une peine d'inéligibilité immédiate pour des repas et des frais de pressing payés par le Conseil départemental du Var qu'il ne présidait pourtant plus.

Ex-LR aujourd'hui rallié à Emmanuel Macron, l'ex-élu toulonnais a contesté cette peine d'inéligibilité de cinq ans devant la Cour de cassation, qui doit rendre sa décision le 28 mai.