Relance du nucléaire: le débat public attend encore les réponses

Une tour de refroidissement de la centrale nucléaire du Tricastin à Saint-Paul-Trois-Châteaux, dans le sud de la France, le 21 avril 2023. (Photo, AFP)
Une tour de refroidissement de la centrale nucléaire du Tricastin à Saint-Paul-Trois-Châteaux, dans le sud de la France, le 21 avril 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 26 avril 2023

Relance du nucléaire: le débat public attend encore les réponses

  • Bien que largement court-circuité par l'exécutif et le Parlement, ce débat a mis en lumière de fortes interrogations des Français
  • Ce débat, obligation légale pour EDF, portait sur le projet de construction de six premiers réacteurs, attendus à partir de 2035

PARIS: Le débat public sur la relance du nucléaire, bien que largement court-circuité par l'exécutif et le Parlement, a mis en lumière de fortes interrogations des Français, sur les déchets, les risques ou encore le financement, montre son bilan publié mercredi.

Lancé en octobre à travers la France, ce débat a été bousculé par la relance à marche forcée de l'atome engagée par le gouvernement, au point de se clore fin février par une réunion sur... la place laissée au public dans l'élaboration des décisions.

Pour autant, cette opération n'aura pas été "un coup pour rien," assure Michel Badré, son président, désigné par la Commission nationale du débat public (CNDP).

"Des questions en sont sorties, qui appellent des réponses. Des gens ont l'air de dire +tout est décidé, plus on accélère mieux ça vaudra+. Nous on dit +Attendez! Des questions ont été posées, sur l'opportunité du projet, ses modalités...+"

Ce débat, obligation légale pour EDF, portait sur le projet de construction de six premiers réacteurs, attendus à partir de 2035.

Le gouvernement, interpellé dès 2021 par la CNDP, a organisé parallèlement une "concertation" plus générale sur les futurs choix énergétiques de la France.

Mais dans le même temps, il créait une "délégation interministérielle au nouveau nucléaire", "dix jours après le démarrage du débat", note M. Badré.

Puis il présentait un projet de loi d'"accélération des procédures" d'autorisation de réacteurs, Emmanuel Macron entendant relancer la filière sans tarder.

Le débat a fini par "gripper en janvier, quand le Sénat y a ajouté une disposition levant les contraintes limitant la création de réacteurs. Les ONG antinucléaires sont alors sorties", retrace Michel Badré.

La tenue en février à l'Elysée d'un "conseil de politique nucléaire" a enfoncé le clou. Quelques jours après, les organisateurs du débat public constataient que le contexte ne leur permettait pas d'aller plus loin.

«Pas de réponses claires»

Pour autant, sur le fond, pendant des semaines, "le débat a eu lieu, il a tenu et il a touché un public large", insiste Ilaria Casillo, la présidente de la CNDP.

Quelque 5 000 participants, autant de contributions, dix réunions publiques, des débats mobiles (sur les marchés, en écoles d'ingénieurs, dans des lycées, un centre social...), des week-ends avec des groupes tirés au sort poussant les intervenants "dans leurs retranchements"...

Il y a eu "des discussions poussées, très ouvertes", décrit M. Badré. "Ce n'est pas un classement en deux camps, c'est plus subtil! Souvent les gens disent qu'ils ne sont ni pro ni anti, mais qu'ils aimeraient comprendre, et souvent ils ont des questions pour lesquelles il n'y a pas de réponses claires".

Par exemple, "on n'a aucune réponse sur le financement", une "question raisonnable" pour "un programme à 50 milliards d'euros, voire un peu plus si on compte les frais financiers", relève-t-il.

L'opportunité d'une relance du nucléaire a aussi été questionnée, sur fond de stratégie énergétique globale encore indéterminée dont le Parlement doit encore débattre.

En Normandie notamment, où les deux premiers EPR projetés sont annoncés, la question des risques a été soulevée.

"Les questions éthiques sont beaucoup ressorties, car le nucléaire renvoie à ce que sera notre modèle de société dans 50-80 ans". Quid des déchets à vie longue ? Et puis la guerre en Ukraine qui a rappelé les risques liés aux conflits, énumère encore Michel Badré.

EDF et l'Etat auront trois mois pour répondre.

L'utilité de ce débat? "Il se mesurera à l'usage qu'en feront les décideurs, et c'est maintenant que ça va se jouer", dit Ilaria Casillo.

"Il devra peser" en particulier sur les discussions qu'auront les parlementaires cet été sur l'avenir énergétique de la France (types d'énergies, sobriété, efficacité...).

"On se doit d'entendre ce que le public dit. Le débat a eu lieu. Aux décideurs désormais de faire la preuve que la parole des citoyens sert à quelque chose".


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.