A Mayotte, le volet migratoire de l'opération Wuambushu quasiment à l'arrêt

Le préfet de Mayotte Thierry Suquet prend la parole lors d'une conférence de presse à Longoni, Mamoudzou, sur l'île de Mayotte le 27 avril 2023. (Photo Patrick Meinhardt / AFP)
Le préfet de Mayotte Thierry Suquet prend la parole lors d'une conférence de presse à Longoni, Mamoudzou, sur l'île de Mayotte le 27 avril 2023. (Photo Patrick Meinhardt / AFP)
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Publié le Jeudi 27 avril 2023

A Mayotte, le volet migratoire de l'opération Wuambushu quasiment à l'arrêt

  • En temps normal, les expulsions vers les Comores à bord du bateau commercial Maria Galanta sont au nombre de plusieurs dizaines à plusieurs centaines par jour.
  • Selon un rapport sénatorial publié mercredi, 26.020 personnes ont été enfermées dans le CRA de Mayotte en 2022, contre 15.922 personnes pour l'Hexagone

MTSAPERE: La MJC de Mtsapéré, un centre de loisirs où les jeunes de Mayotte viennent normalement passer les vacances, a été hérissé de barbelés. C'est ici qu'a été installé un lieu de rétention administrative (LRA) temporaire dans le cadre de l'opération sécuritaire Wuambushu.

Ce lieu de transit, ouvert pour deux mois, doit servir de première base pour les migrants clandestins arrêtés par les très nombreux renforts de force de l'ordre arrivés sur l'île française de l'océan Indien.

De là, les personnes sont transférées vers le centre de rétention administrative (CRA) de Mayotte en attendant une procédure de recours ou leur expulsion, en immense majorité vers les Comores voisines.

Mais depuis que Moroni, en plein bras de fer avec Paris, a décidé lundi de refouler l'accostage des bateaux dans son port de Mutsamudu sur l'île comorienne d'Anjouan, la phase d'interpellations intenses de migrants promise par le gouvernement avant l'opération est de fait à l'arrêt.

Visité mercredi par l'AFP dans le cadre du droit de visite exercé par le député européen écologiste Damien Carême, le LRA de Mtsapéré accueillait à ce jour trois jeunes Comoriens s'étant vu délivrer des obligations de quitter le territoire français (OQTF).

«Je peux pas quitter»
Dans une pièce fermée à clé, climatisée et vitrée, sous la surveillance de policiers, sur la pile de matelas blancs qu'il n'a pas pris la peine de défaire, l'un des trois hommes, l'air épuisé, s'agrippe nerveusement à un paquet de feuilles A4.

"J'ai envoyé mes dossiers à la Sécurité sociale et ils m'ont dit que je ne peux pas quitter Mayotte. J'ai mon diplôme, j'ai mon diplôme de BAC, j'ai mon diplôme de brevet, j'ai fais toutes mes études à Mayotte", explique le Comorien de 19 ans, déjà arrêté et libéré cette année et "confiant" de sortir bientôt.

Alors que la lutte contre l'immigration clandestine et des expulsions massives avaient été présentées comme l'un des piliers de l'opération Wuambushu ("reprise" en mahorais), le ministère de l'Intérieur ne semble plus, en pleine crise avec les Comores, en faire une priorité immédiate.

Mardi, la préfecture de Mayotte avait néanmoins largement communiqué sur l'expulsion par avion de trois ressortissants sri-lankais entrés clandestinement dans le département.

"La priorité pour l'Etat, c'est de rétablir l'ordre à Mayotte et de mettre fin à cette délinquance qui est violente, qui est quotidienne et pour lequel le ministre de l'Intérieur a fait un effort conséquent", a déclaré à l'AFP le sous-préfet chargé de la lutte contre
l'immigration clandestine à Mayotte, Frédéric Sautron, présent au LRA.

«Caractère expéditif»

Depuis son ouverture lundi, en trois jours, 13 personnes interpellées à travers toute l'île sont passés par le LRA de Mayotte, selon le registre. Et 90 se trouvaient mardi retenues au CRA de Pamandzi, d'une capacité de 136 places, selon les registres consultés par le député Damien Carême.

En temps normal, les expulsions vers les Comores à bord du bateau commercial Maria Galanta sont au nombre de plusieurs dizaines à plusieurs centaines par jour.

Dans un communiqué publié mercredi soir, la Défenseure des droits, Claire Hédon, s'est de nouveau inquiétée que la "garantie du droit au recours semble incompatible avec le caractère expéditif des procédures mises en œuvre à Mayotte".

Le sous-préfet répond de son côté que "la loi a tenu compte des spécificités de Mayotte", en supprimant notamment la possibilité d'un jour franc à partir de la notification de l'OQTF.

"Nous, on applique la loi qui est écrite pour nous", ajoute-t-il.

Selon un rapport sénatorial publié mercredi, 26.020 personnes ont été enfermées dans le CRA de Mayotte en 2022, contre 15.922 personnes pour l'Hexagone.


La défiance à l'égard de Macron et de Bayrou au plus haut, selon un sondage Paris, France

Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
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  • La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat
  • Le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi

PARIS: La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat, tandis que le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi.

Près des trois quarts des Français interrogés (73%) affirment ne pas faire confiance au chef de l'Etat et la moitié (49%) va jusqu'à "ne pas lui faire du tout confiance", le niveau le plus élevé atteint de son second mandat, qu'il n'a dépassé qu'une seule fois depuis son arrivée à l'Elysée en 2017 au plus fort de la crise des gilets jaunes en décembre 2018.

Selon le sondage, seuls 21% des Français font confiance à Emmanuel Macron, soit un point de moins qu'en juin et 6 de perdus par rapport à mars.

Pour François Bayrou, qui a présenté à la mi-juillet les mesures d'économie prévues par le gouvernement dans son projet de budget pour l'année prochaine, la chute se poursuit avec seulement 12% des Français qui disent lui faire confiance, soit un nouveau record d'impopularité (-2 points).

La défiance à l'égard du chef du gouvernement a progressé, avec 80% des Français (+5 points en un mois) qui disent ne pas lui faire confiance et 56% qui affirment ne pas lui faire "du tout" confiance, soit un bond de 9 points depuis juin.

Au classement des personnalités, le RN Jordan Bardella conserve la première place avec 39% des Français (+3 points) qui ont une image positive de lui, devant l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (37%) et Marine Le Pen (35%).

A gauche, le mieux classé est l'ancien président François Hollande qui s'installe en huitième position grâce à un bond de 6 points en un mois.

Sondage réalisé par internet les 29 et 30 juillet auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur entre 1,4 et 3,1 points.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".