Comment les cinéastes saoudiens ont trouvé leur rythme depuis la reprise des projections

La reprise des projections de films en Arabie saoudite (Photo, AFP).
La reprise des projections de films en Arabie saoudite (Photo, AFP).
L'ouverture de théâtres dans le Royaume a été largement saluée par les Saoudiens, qui avaient l'habitude d'affluer à Bahreïn ou à Dubaï pour se divertir (Photo, Fournie).
L'ouverture de théâtres dans le Royaume a été largement saluée par les Saoudiens, qui avaient l'habitude d'affluer à Bahreïn ou à Dubaï pour se divertir (Photo, Fournie).
D'ici 2030, le nombre de salles dans le Royaume devrait atteindre 2 600 (Photo, AFP).
D'ici 2030, le nombre de salles dans le Royaume devrait atteindre 2 600 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 29 avril 2023

Comment les cinéastes saoudiens ont trouvé leur rythme depuis la reprise des projections

  • Au Moyen-Orient, les recettes du box-office ont rebondi grâce en partie, au succès du cinéma saoudien
  • La reprise des projections de films dans toute l’Arabie saoudite a suscité un grand intérêt pour la production destinée au grand écran

RIYAD: Pendant 35 ans, les Saoudiens ont été privés de l'expérience cinématographique typique — le vertige de la file d'attente pour acheter un billet, l'impatience croissante lorsque les lumières s'éteignent et le plaisir de regarder les bandes-annonces de films projetées sur l'écran tout en grignotant des grains de maïs fraîchement éclatés.

Le 18 avril a marqué le cinquième anniversaire de la reprise des projections de films dans toute l’Arabie saoudite, pour la première fois depuis les années 1970. Mais la levée de l'interdiction ne s'est pas limitée au simple divertissement.

La puissance du cinéma saoudien a révolutionné l'économie cinématographique de la région, institutionnalisé une industrie créative et ouvert la voie à des générations de talents non encore découverts, tout en célébrant l'identité du pays.

Avant même la réouverture des cinémas nationaux, une lueur d'espoir est apparue sous la forme du film «Wadjda» de Haifaa Mansour en 2012, le premier film à distribution entièrement saoudienne tourné en Arabie saoudite.

Bien que les quelques salles de projection d’Arabie saoudite aient été fortement censurées à l'époque, le film a tout de même connu un succès international, amassant des millions d'euros de recettes au box-office mondial.

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Beaucoup de choses se sont passées depuis la réouverture des cinémas du Royaume en 2018 (Photo, Arab News Archive).

Le film «Barakah Meets Barakah» de Mahmoud Sabbagh a fait des vagues en 2016 avec son commentaire sur le conservatisme sous forme de comédie, suivi du film d'horreur «Madayen» d'Ayman Tamano, et de multiples autres courts et longs métrages qui ont ouvert la voie à une nouvelle ère cinématographique.

Lorsque l'interdiction a été levée en 2018, les foules ont afflué dans les cinémas pour regarder la superproduction emblématique de Marvel, «Black Panther», transformant à ce jour, la façon dont les Saoudiens vivent le cinéma.

La productrice de films Walaa Bahefzallah se souvient d'avoir assisté à une projection d'«Aquaman», qui marquait sa première visite dans un cinéma.

«Je suis devenue très émotive. J'ai eu des frissons et j'ai commencé à pleurer, parce que je ne pouvais pas m'empêcher de penser: ‘Pourquoi cela a-t-il pris autant de temps? Pourquoi?’» a déclaré Bahefzallah à Arab News. «Le cinéma a créé des sociétés, changé des règles, créé un patrimoine. Le cinéma a initié des mouvements sociaux et culturels.»

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L'acteur hollywoodien John Travolta assiste à un événement spécial organisé par l'Autorité générale du divertissement du Royaume à Riyad en 2017 (Photo, AFP).

Bahefzallah a obtenu son diplôme d'école de cinéma en 2010 en étant la première de sa classe, mais elle travaillait dans l'industrie depuis 2007 en Égypte. En 2013, elle a créé Rose Panthera, une société de production expérimentale.

Outre ses nombreuses œuvres, Bahefzallah a récemment mis ses talents en tant que directrice de casting et de production au service de la production hollywoodienne «Kandahar» tournée à AlUla, dont la première est prévue le 6 mai.

«Le cinéma est apparu tardivement dans la société saoudienne. La communauté avait donc déjà des goûts spécifiques en matière de divertissement», a-t-elle indiqué. «Les saoudiens se sont d'abord opposés aux contenus produits en Arabie Saoudite et nous n'avons trouvé que des jugements négatifs et la plupart d'entre eux sont passés du statut de spectateur à celui de critique. Nous ne pouvons pas les blâmer.»

Dernièrement, après «Chams Al-Maaref», «Abtal», «Sattar» et «Alhamour H. A.», ils ont réalisé qu'une nouvelle ère cinématographique était en train de se construire, une ère qui parle à nos esprits et à nos problèmes, dans notre propre langue et avec notre propre sens de l'humour — un cinéma qui nous comprend.

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Walaa Bahefzallah (à droite), directrice de casting de Saudi Film Champions, aux côtés des acteurs du Festival du film de la mer Rouge 2021, dont Fatima Albanawi (Photo, AFP).

Selon la Commission générale des médias audiovisuels, 31 films saoudiens ont été produits au cours des cinq années qui ont suivi la levée de l'interdiction du cinéma.

Ces films saoudiens comprennent le drame familial «40 ans et une nuit», la comédie sur le football «Abtal», le film réaliste «Shihana» et le film d'animation «Masameer».

Le temps des films à la carte, des piles de DVD étrangers, des salles de cinéma improvisées, des projections clandestines et des voyages dans les pays voisins, notamment à Bahreïn, pour un week-end de visionnage en rafale des dernières nouveautés, est révolu.

Alors que la fréquentation et les bénéfices des cinémas sont en baisse ailleurs dans le monde, les recettes du box-office dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord ont rapidement rebondi, en grande partie grâce au succès des cinémas saoudiens.

 

En bref

Les chaînes de divertissement actuellement présentes en Arabie saoudite sont VOX Cinema, AMC, Reel Cinemas et Muvi Cinemas.

Muvi Cinemas compte à lui seul 205 écrans répartis sur 21 sites dans 10 villes différentes.

Cependant, il semble qu'il y ait encore un marché inexploité en Arabie saoudite. Le film qui a rapporté le plus d'argent en Arabie Saoudite à ce jour, «Top Gun: Maverick», a vendu environ 1,2 million de billets pour une population de 35,95 millions d'habitants, ce qui indique que seule une fraction du public saoudien se rend régulièrement dans les salles de cinéma.

«Avec l'augmentation du nombre de films produits et leur succès continu, la demande sera plus forte», a déclaré à Arab News Faris Godus, réalisateur et coscénariste de «Chams Al-Maaref».

«La plupart des personnes qui ont acheté les premières places de cinéma étaient considérées comme des adeptes de la première heure, qui venaient sans attendre d'essayer quelque chose de nouveau. Mais maintenant, ils ont des références pour comparer les films.»

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Muvi Studios bat des records au box-office saoudien, avec plus d'1 million de billets vendus pour ses deux dernières productions (Photo, Fournie).

«Chams Al-Maaref», une production de la société Telfaz11, financée par le Festival du film de la mer Rouge, a été l'un des premiers films saoudiens à être projeté dans des cinémas commerciaux. Il a récemment été classé au quatrième rang des films saoudiens les plus vus.

«Le mérite du cinéma, c'est l'expérience collective», a précisé Godus. «En tant qu'êtres humains, nous sommes influencés par les autres. Lorsque nous essayons quelque chose de nouveau, il est bon d'en faire l'expérience collectivement.» 

«Lorsque nous avons regardé ‘Chams Al-Maaref’ en salle, certaines personnes riaient à des répliques ou s'enthousiasmaient pour des passages dont je ne pensais pas qu'ils auraient un tel impact. Cela a créé une première impression du film qui s'est largement répandue par le bouche-à-oreille. C'était formidable et je crois que les films saoudiens ont besoin de ce type d'engagement.»

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Deux jeunes réalisateurs saoudiens ont reçu des trophées après avoir remporté la deuxième édition d'un défi de réalisation de 48 heures (AN Photo/Ali Khameq).

En effet, les cinéastes saoudiens apprécient la façon dont le cinéma crée des liens communautaires qui leur permettent de recueillir les réactions de leur public.

«Cela a permis de mieux apprécier la diversité de la culture et des récits saoudiens, ainsi que de multiplier les occasions pour les cinéastes saoudiens de montrer leur créativité, de la développer et d'exporter notre culture, notre langue, nos expressions idiomatiques, nos valeurs et nos blagues dans le monde entier», a expliqué l'actrice saoudienne Summer Shesha à Arab News.

«Le fait de disposer d'un espace qui nous permet de nous réunir, de rire, de pleurer et de nous sentir unis joue un rôle important dans la manière dont le contenu saoudien est vécu et produit.»

Shesha a confié avoir pleuré en apprenant la réouverture des cinémas. Elle avait participé à son premier rôle dans un long métrage en 2017, «Exit 5», mais ne l'avait vu projeté que dans des festivals.

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Deux jeunes réalisateurs saoudiens ont reçu des trophées après avoir remporté la deuxième édition d'un défi de réalisation de 48 heures (AN Photo/Ali Khameq).

«Je n'oublierai jamais l'expérience que j'ai vécue en regardant mon deuxième film, «Kayan», réalisé par Hakim Joumaa, au théâtre, en compagnie de mes amis, de ma famille et du public», a-t-elle indiqué.

«C'était surréaliste de voir mon visage sur le grand écran et d'entendre et de voir la réaction du public en même temps. Ce souvenir me donne encore la chair de poule», a-t-elle ajouté.

Elle a jugé: «J'étais reconnaissante de faire partie d'une industrie qui n'existait même pas, de croire en ce que j'aimais et de le faire quand même, d'être témoin de ce changement important et d'y contribuer.»

L'actrice saoudienne Ida Alkusay étudiait à l'étranger lorsqu'elle a appris la réouverture des cinémas dans son pays.

«Paradoxalement, j'étudiais le cinéma pour pouvoir diffuser mes films sur les grands écrans de mon pays. En entendant cette nouvelle, j'ai eu l'impression que la moitié de la bataille était déjà gagnée», a déclaré Alkusay, à Arab News.

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Avant 2018, un rôle dans une industrie cinématographique en plein essor, mais prématurée, était un rêve pour de nombreux acteurs en herbe. Avec le soutien de la Commission saoudienne du film, qui s'est efforcée de légitimer l'industrie cinématographique locale et de créer des opportunités d'emploi, il n'y a jamais eu de meilleur moment pour faire carrière dans le cinéma saoudien.

«Donner des occasions aux talents et investir dans les cinéastes et les films locaux sera payant car nous sommes ici pour créer notre héritage et le documenter», a souligné Alkusay. «L'Arabie saoudite est riche en histoires héroïques et cet héritage doit être célébré et partagé.»

Depuis son retour au pays, l'actrice a décroché de nombreuses opportunités dans l'industrie, notamment un rôle dans la série «Rise of the Witches» de MBC, la mini-série télévisée «Akher Riyal» et un rôle principal dans le film d'horreur de 2021 «Junoon», dont la première a eu lieu en octobre dernier.

Les frères Maan B. et Talha B., producteurs du film, ont déclaré à Arab News: «Voir son premier film être regardé est quelque chose d'inspirant. Lorsque nous avons étudié le cinéma en 2013, nous n'aurions jamais pensé que ce jour viendrait.»

Ils ont poursuivi: «Nous croyons que des films plus grands et plus audacieux suivront dans les cinq à dix prochaines années parce que le public est plus intelligent qu'on ne le pense et il veut quelque chose de divertissant qui pousse à la réflexion, pas quelque chose de superficiel qu'il peut regarder gratuitement dans le confort de son foyer. Cela rend les choses plus difficiles pour nous, cinéastes, car nous sommes en concurrence avec les services de diffusion en continu et le contenu des médias sociaux.»

Alors que les services de streaming sont considérés comme les plus grands concurrents du cinéma, la réapparition des salles de cinéma en Arabie saoudite a ravivé l'intérêt pour la production de films pour le grand écran.

Maan B., qui a également joué dans «Junoon» et l'a coréalisé, a révélé: «Beaucoup de gens qui avaient cette passion voulaient revenir dans le jeu.»

«Beaucoup d'universités y contribuent en proposant des cours de cinéma ou de médias dans leurs programmes, ce qui attire beaucoup l'attention de la nouvelle génération.»

«J'envie la nouvelle génération. Tout est prévu pour ces jeunes et ils doivent en profiter — les opportunités, le soutien, les fonds — pour être reconnus et faire du bon travail», a-t-il signalé.

Fahad Alqahtani cherchait un passe-temps lorsqu'il est tombé sur le métier d'acteur. Sa première occasion s'est présentée dans la série télévisée originale de Shahid «The Fates Hotel», avant de décrocher le rôle principal de Hamed dans le dernier film du cinéma saoudien «Alhamour H.A.».

«Ce film est proche du cœur de la communauté saoudienne et j'en suis très heureux», a déclaré Alqahtani à Arab News.

Il a ajouté: «L'intérêt pour les séances de cinéma en Arabie saoudite a atteint un niveau remarquable, au point d'attirer les investisseurs de l'industrie cinématographique. Après 2018, j'ai senti que la scène cinématographique était beaucoup plus mature et sérieuse, et cela créera un monde de différence dans nos productions.»

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La comédie saoudienne "Sattar" a reçu des éloges depuis sa première l'année dernière et est récemment devenue le film saoudien le plus rentable avec près de 900 000 ventes de billets à ce jour (Photo, Fournie).

Le film est le deuxième film saoudien le plus vu en salle après la comédie d'action «Sattar». Le succès fulgurant de «Sattar» est en partie basé sur un timing bien calculé.

Ibrahim Alkhairallah, scénariste, producteur et covedette du film, a déclaré à Arab News: «Lorsque nous avons lancé ‘Sattar’, nous savions qu'il était temps. Tout le temps investi sur l'internet a été consacré à l'entraînement en vue de cette grande avancée.»

Telfaz11, qui a passé des années à construire sa présence en ligne, a stratégiquement attendu l'ouverture de cinémas dans les plus petits districts avant de sortir ce qui allait devenir le plus grand succès cinématographique du pays. 

«Le théâtre le plus proche de la région sud n'est plus Djeddah, mais Khamis Mushait et Abha. Hafar Al-Batin n'est plus Dammam ou Ach-Charqiya — c'est eux-mêmes», a soutenu Alkhairallah.

Khamis Mushait a été l'un des cinq endroits où l'on a vendu le plus de billets pour les projections de «Sattar». Cependant, d'un point de vue créatif, Alkhairallah estime que le film a fait sensation parce qu'il est resté fidèle à la culture saoudienne.

«Parlez au public. Ne vous adressez pas aux grands festivals et aux étrangers pour atteindre le succès. Non, une fois qu'ils auront constaté l'intérêt de votre propre public, le film circulera.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Le Festival des Arts d’AlUla revient avec sa nouvelle édition avec Desert X AlUla

Le festival artistique d'AlUla revient pour sa cinquième édition en janvier 2026, transformant l'ancienne ville oasis d'AlUla en une scène dédiée à l'art contemporain, au design et à la culture. (Fourni)
Le festival artistique d'AlUla revient pour sa cinquième édition en janvier 2026, transformant l'ancienne ville oasis d'AlUla en une scène dédiée à l'art contemporain, au design et à la culture. (Fourni)
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  • Le Festival des Arts d’AlUla 2026 transformera la ville en scène pour l’art contemporain
  • L’événement mettra en avant des artistes saoudiens et internationaux, le programme de résidences artistiques et l’essor du design à AlUla

DUBAÏ : Le Festival des Arts d’AlUla est de retour pour sa cinquième édition en janvier 2026, transformant l’ancienne oasis d’AlUla en scène pour l’art contemporain, le design et la culture. Sur fond de canyons désertiques majestueux et du vibrant quartier artistique d’AlJadidah, l’édition 2026 se déroulera du 16 janvier au 14 février.

Le festival proposera de nouvelles créations de land art dans le cadre de la quatrième édition de Desert X AlUla. Il comprendra également une grande exposition d’art, fruit d’une collaboration entre le musée d’art contemporain d’AlUla – dans le cadre de son programme pré-ouverture – et le Centre Pompidou ; ainsi qu’une exposition Design Space AlUla mettant en lumière les talents saoudiens et internationaux, et bien plus encore.

Hamad Alhomiedan, directeur des Arts et Industries Créatives à la Royal Commission for AlUla (RCU), a déclaré :
« Le Festival des Arts d’AlUla est l’expression contemporaine des traditions anciennes de créativité et d’échanges culturels à AlUla. Dans le programme diversifié de cette année, AlUla devient une toile pour le dialogue créatif et un catalyseur de conversations au Royaume et au-delà. Nous sommes fiers de présenter des œuvres ambitieuses de certains des artistes les plus célébrés d’Arabie Saoudite aux côtés de pionniers de renommée internationale, tous inspirés par la culture et les paysages uniques d’AlUla. J’ai hâte d’accueillir des visiteurs de la communauté locale et du monde entier pour vivre cet événement unique et explorer les merveilles d’AlUla. »

Le Festival des Arts d’AlUla est un événement annuel emblématique qui transforme l’ancienne ville d’AlUla en un terrain d’expression artistique vibrant, consolidant sa position comme un hub mondial de créativité et de culture tout au long de l’année. Faisant partie du calendrier AlUla Moments 2025/2026, le festival est devenu l’un des événements artistiques les plus célébrés de la région, réunissant des œuvres innovantes d’artistes locaux, régionaux et internationaux au cœur du riche patrimoine naturel et culturel d’AlUla, créant des moments spectaculaires d’inspiration et d’émerveillement.

Dans le cadre des événements, Desert X AlUla revient pour sa quatrième édition du 16 janvier au 28 février, présentant 10 nouvelles œuvres spécifiques au site, créées par des artistes multigénérationnels de premier plan et intégrées dans le paysage d’AlUla. Inspiré par la poésie de Khalil Gibran, le thème de cette année, « Espace sans mesure », présente chaque œuvre comme un point sur une nouvelle carte, marquant des éclats d’imagination, des utopies florissantes à des panoramas et corridors sonores jusqu’alors inconcevables.

Desert X AlUla 2026 mettra en lumière des œuvres contemporaines visionnaires d’artistes saoudiens et internationaux, sous la direction artistique de Neville Wakefield et Raneem Farsi, accompagnés de deux commissaires invités reflétant la longue histoire d’échanges interculturels de la région.

Par ailleurs, Design Space AlUla accueillera l’exposition AlUla Design, mettant en avant le rôle croissant d’AlUla en tant que hub de créativité et d’innovation culturelle. L’exposition présentera le travail produit par le Programme de Résidence des Artistes d’AlUla et le AlUla Design Award 2025, où des designers internationaux et régionaux se sont immergés dans les paysages, le patrimoine et les traditions artisanales d’AlUla pour créer des œuvres originales.

Enfin, les AlUla Design Stores présenteront les produits développés lors du quatrième AlUla Design Award, du Designathon et de la Résidence Design AlUla, ainsi que des collaborations avec trois designers de Madrasat Addeera.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


BD Angoulême : les financeurs publics demandent aux organisateurs de renoncer au festival 2026

 Les financeurs publics du festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD) ont demandé jeudi à ses organisateurs de renoncer à la tenue de la prochaine édition prévue en janvier 2026, estimant son maintien "plus que compliqué". (AFP)
Les financeurs publics du festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD) ont demandé jeudi à ses organisateurs de renoncer à la tenue de la prochaine édition prévue en janvier 2026, estimant son maintien "plus que compliqué". (AFP)
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  • L'édition 2026 du festival, qui traverse une crise de gouvernance depuis plusieurs mois, fait l'objet d'un large appel au boycott des auteurs et autrices de bande dessinée, dont de grands noms primés durant les éditions précédentes
  • Face à cela, le Syndicat national de l'édition, qui représente 24 poids lourds du secteur dont Casterman, Glénat, Delcourt ou Bayard, avait estimé mercredi que l'édition 2026 ne pouvait "plus se tenir"

ANGOULEME: Les financeurs publics du festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD) ont demandé jeudi à ses organisateurs de renoncer à la tenue de la prochaine édition prévue en janvier 2026, estimant son maintien "plus que compliqué".

"Il nous apparaît plus que compliqué d'organiser le maintien de l'édition 2026", sans les éditeurs et des auteurs, a annoncé le maire d'Angoulême Xavier Bonnefont lors d'une conférence de presse des collectivités locales et d'un représentant de l’État, qui financent l’événement à hauteur de 50%.

"Ce sont les auteurs et autrices, avec leurs maisons d'édition, qui font le festival. Sans eux et sans festivaliers, pas de festival et sans festival, pas de subvention publique", a ajouté l'élu.

"Nous demandons donc à l'association du FIBD (propriétaire de l'événement) et à l'organisateur (la société 9eArt+) de tirer les conclusions que cette réalité impose", a-t-il expliqué, assurant "se mettre en ordre de marche" pour trouver "un nouvel opérateur" afin d'organiser l'édition 2027.

L'édition 2026 du festival, qui traverse une crise de gouvernance depuis plusieurs mois, fait l'objet d'un large appel au boycott des auteurs et autrices de bande dessinée, dont de grands noms primés durant les éditions précédentes, à l'instar de la lauréate du Grand Prix 2025, Anouk Ricard.

Face à cela, le Syndicat national de l'édition, qui représente 24 poids lourds du secteur dont Casterman, Glénat, Delcourt ou Bayard, avait estimé mercredi que l'édition 2026 ne pouvait "plus se tenir", en dépit de la nouvelle gouvernance proposée par les partenaires publics pour l'organisation future de l'événement.

Le ministère de la Culture avait cependant appelé mercredi à maintenir la 53e édition prévue du 29 janvier au 1er prochains. Contacté jeudi par l'AFP après l'annonce faite à Angoulême, il a maintenu cette position.

Depuis la dernière édition du festival en janvier dernier, la société 9e Art est critiquée de toutes parts pour son manque de transparence, de supposées dérives commerciales et le limogeage, en 2024, d'une salariée après son dépôt d'une plainte pour viol.

 


Pierre Hermé à Abu Dhabi : un an d’innovation et d’inspiration au Majlis

Le Majlis au Rosewood Abu Dhabi, théâtre des délices sucrés de Pierre Hermé. (Photo: Arab News en français)
Le Majlis au Rosewood Abu Dhabi, théâtre des délices sucrés de Pierre Hermé. (Photo: Arab News en français)
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  • Avec son Majlis installé au Rosewood Abu Dhabi, Pierre Hermé offre un espace où la pâtisserie française rencontre l’hospitalité émirienne
  • L’expansion internationale de la Maison s’accélère, portée par une stratégie qui mise sur des implantations majeures en Europe, en Asie et au Moyen-Orient, confirmant l’ambition mondiale de la marque

ABU DHABI: Dans une ville connue pour son attrait pour l’art, la culture et la gastronomie, Pierre Hermé célèbre le premier anniversaire de son Majlis au Rosewood Hotel à Abu Dhabi. Un jalon symbolique pour la Maison, dont la présence croissante dans la région accompagne l’intérêt toujours plus marqué des Émirats pour le savoir-faire français.

« Notre présence ici est très importante, car elle permet d’étendre le rayonnement de la marque au Moyen-Orient », confie Pierre Hermé à Arab News en français. « Abu Dhabi est une destination essentielle dans notre stratégie de développement. »

Un dialogue culinaire avec les Émirats

Depuis son ouverture, le Majlis n’a cessé d’affiner sa compréhension du goût local. Pierre Hermé observe les habitudes de consommation, échange avec ses équipes et puise de nouvelles idées dans les ingrédients emblématiques de la région.

« Je travaille actuellement sur l'agave pour un macaron, c’est une saveure intéréssante », raconte-t-il. « Comme la date, le citron noir ou d’autres produits locaux, ce sont des saveurs qui nourrissent mon inspiration. »

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Pierre Hermé à Abu Dhabi, à l’occasion du premier anniversaire du Majlis. (Photo: Arab News en français)

Cette curiosité dépasse les frontières de l’émirat : pandan, citronnelle, herbes et épices alimentent un répertoire qui se renouvelle constamment. À l’approche des fêtes, une série de nouveautés arrivera au Majlis : bûche mandarine-pain d’épice, bûche chocolat noir–citron noir, macarons à la truffe blanche ou noire, marron-gingembre, ou encore pain d’épice et mandarine.

L’innovation au cœur de la Maison Hermé

Pour celui que l’on surnomme le « Picasso de la pâtisserie », l’innovation repose avant tout sur l’inspiration. « Elle peut venir d’un ingrédient, d’une discussion, d’une démarche artistique… », explique-t-il. Ainsi, la célèbre tarte Infiniment Vanille est née après la découverte d’une exposition d’Yves Klein : « Comme Klein a créé sa couleur, j’ai voulu composer ma propre saveur de vanille, avec la vanille du Mexique, du Madagascar, et de Tahiti »

Le premier anniversaire du Majlis est aussi l’occasion de présenter deux créations exclusives issues de la gamme Gourmandises Raisonnées, approche qui revisite la pâtisserie dans une version plus légère en sucres et en gras, sans compromis sur la saveur.

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Le choux Orphéo. (Photo: Arab News en français)

« La gourmandise raisonnée, c’est un travail sur la réduction de sucre et de gras, mais toujours en ayant le goût en ligne de mire », précise-t-il, rappelant que l’innovation et la créativité ne se font jamais au détriment de l’expérience gustative.

Les nouveautés du jour : le choux Orphéo, intense en chocolat et une crème Chantilly sans contenir un gramme de crème, et la tarte Infiniment Fruit de la Passion, éclatante de pureté aromatique.

Pierre Hermé poursuit également son travail sur les pâtisseries végétales – sans lait, sans beurre, sans crème, sans œuf. Il cite ainsi la tarte chocolat-blé noir, le baba Ispahan ou encore « La Rose des Sables », au lait d’amande et à la rose.

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La tarte Infiniment Fruit de la Passion. (Photo: Arab News en franç​​​ais)

Un savoir-faire coordonné entre Paris et Abu Dhabi

Derrière chaque vitrine colorée du Majlis, la coordination entre Paris et Abu Dhabi est millimétrée.

Les recettes sont conçues dans les ateliers parisiens, puis transmises et mises en œuvre sur place :

  • Nicolas Durousseau, chef pâtissier exécutif, forme et accompagne Florian Kraemer, chef pâtissier exécutif du Rosewood Abu Dhabi ;
  • Aux côtés du chef exécutif Liborio Colonna, Anaïs Dutilleul supervise la partie salée;
  • Des allers-retours réguliers assurent une parfaite maîtrise des standards de la Maison.

« La transmission est essentielle dans nos métiers. Depuis mes débuts, j’ai formé de nombreux pâtissiers. C’est un devoir », rappelle Hermé, fidèle à l’héritage de son apprentissage chez Lenôtre dans les années 1970.

Un lieu devenu rendez-vous pour gourmets

Niché au cœur du Rosewood Hotel, le Majlis offre un accès direct à la boutique, un espace intime et chaleureux, ainsi qu’une carte fidèle à l’offre parisienne. Les vitrines multicolores, la précision des créations et l’élégance du service séduisent une clientèle émirienne et internationale.

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Pierre Hermé entouré de son équipe au Majlis, aux côtés du directeur général du Rosewood Abu Dhabi. (Photo: Arab News en franç​​​ais)

Le directeur général du Rosewood Hotel, Remus Palimaru, se félicite de cette collaboration qui s’inscrit dans la montée en puissance d’Abu Dhabi en matière de gastronomie haut de gamme.

Un an… et déjà tourné vers l’avenir

La première boutique Pierre Hermé Paris a ouvert à Tokyo en 1998, marquant le début de l’expansion internationale de la Maison. Aujourd’hui, elle est présente à travers 95 boutiques dans 20 pays.

L’expansion se poursuit : après Riyad et Abu Dhabi, de nouvelles ouvertures sont prévues en 2025 et 2026 à Düsseldorf, Tachkent, Jakarta, Séoul, Zurich… et d’autres projets sont en cours. Au Moyen-Orient, Pierre Hermé confirme la poursuite du développement, notamment à Dubaï, où « d’autres points de vente ouvriront dans l’année ».

Mais malgré ce rythme soutenu, Hermé garde intacte la passion qui l’animait dès l’âge de neuf ans : « Je n’ai jamais eu l’impression de travailler. Créer ma propre Maison m’a permis de faire ce métier comme je le voulais. » C’est cette même passion qui se retrouve aujourd’hui au Majlis, où chaque dégustation reflète l’esprit créatif de la Maison.

La qualité et l’attention au détail restent au cœur de la démarche du chef. Le sourcing des ingrédients est strict, et toutes les décisions sont prises par Monsieur Hermé lui-même.

Le Majlis, niché dans l’Hôtel Rosewood, offre un cadre convivial et une atmosphère intime.

Alors que le monde connaît des développements à un rythme effréné, les visiteurs du Majlis s’accordent une pause sucrée, le temps d’un café et d’une dégustation signée Pierre Hermé. Une parenthèse, fugace mais précieuse, où le goût devient un lien entre cultures.