A Mayotte, coucher de soleil sans espoir dans le plus grand bidonville de France

Des garçons parlent alors qu'ils sont assis sur une colline surplombant le village de Kaweni, près de Mamoudzou, sur l'île de Mayotte, le 26 avril 2023. (Photo Patrick Meinhardt / AFP)
Des garçons parlent alors qu'ils sont assis sur une colline surplombant le village de Kaweni, près de Mamoudzou, sur l'île de Mayotte, le 26 avril 2023. (Photo Patrick Meinhardt / AFP)
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Publié le Samedi 29 avril 2023

A Mayotte, coucher de soleil sans espoir dans le plus grand bidonville de France

  • Le dédale de cases où survivent 15.000 personnes, dont une forte concentration de jeunes Comoriens sans papiers, descend de la colline jusqu'à la route, frontière invisible
  • Au nom d'une «opération de sécurisation» de l'île, minée par la criminalité, Paris a déployé 1.800 policiers et gendarmes avec l'objectif d'y rétablir l'ordre à long terme

MAMOUDZOU, France : Kawéni est devenu en vingt ans le plus grand bidonville de de Mayotte, département français niché dans l'océan Indien. Le dédale de cases où survivent 15.000 personnes, dont une forte concentration de jeunes Comoriens sans papiers, descend de la colline jusqu'à la route, frontière invisible.

D'un côté de la principale route de l'île, des enseignes de bricolage ou de loisirs aux prix insulaires et, plus bas, un quartier de classes moyennes et la «cité éducative» aux 10.000 élèves.

De l'autre côté de la chaussée monte la colline verte et bruissante, qui disparaît sous un enchevêtrement de tôles ondulées et de raccordements électriques bricolés.

«Il y a eu une très forte augmentation de la population ici depuis les années 2000», liée à un «baby boom» et à l'émigration de mineurs isolés depuis les Comores voisines, explique Mohamed Hamada, dit Mario, le porte-parole de la jeunesse de Kawéni, qui lui a dédié un très populaire média local sur Instagram.

Tournée de «check» au poing jusqu'en haut de la colline, là où les garçons jouent pieds nus sur un mini terrain de foot en terre battue. Sur ce promontoire, les anciens boivent le café sur une natte, avec vue sur Mamoudzou, chef-lieu du département, et le sublime coucher de soleil sur l'océan Indien. Les ruelles foisonnent de jeunes.

Mais une ombre menace de se glisser dans ce tableau. Car au nom d'une «opération de sécurisation» de l'île, minée par la criminalité, Paris a déployé 1.800 policiers et gendarmes avec l'objectif d'y rétablir l'ordre à long terme.

Des affrontements ont éclaté, dont à Mamoudzou.

«On n'a pas envie que Wuambushu (l'opération des forces de l'ordre) arrive ici dans la mesure où l'on est bien, chez nous. On aimerait que tout ça s'arrête et que l'on ait des maisons», dit à l'AFP Anzline Salim, 38 ans. Le quartier ne fait pas partie de ceux immédiatement menacés de démolition.

Anzline Salim reste à l'écart des fauteurs de troubles qui pavanent sur la place et les juge sévèrement. Mario, «bandit repenti», les a à l’œil.

- Économie informelle -

«Dans ma jeunesse je croyais 100% à la délinquance, pour moi c'était un métier comme un autre», témoigne l'entrepreneur de 28 ans, Mahorais d'origine comorienne, dans sa maison qui sert de foyer d'accueil.

A Mayotte, la violence est d'abord un phénomène éruptif de rivalité entre quartiers, avec des descentes de nuit et des bagarres inopinées.

En ce moment, Kawéni est à l'écart. Doujani (sud) et Majicavo (nord) ont pris la relève. Mais Kawéni est pile au milieu du chemin de crête qui relie les secteurs. Alors on y reste sur le qui-vive.

Cette guerre a connu un nouvel épisode lorsque, le 12 novembre dernier, un jeune de Kawéni a été tué à la machette par une bande de Doujani, quartier allié à Majicavo. Puis un bus d'élèves de Kawéni a été attaqué à l'aide de pierres et des assaillants armés ont frappé à coups de sabre ses passagers.

«Les jeunes sont désœuvrés, ils sont des proies faciles pour la délinquance», explique Mario.

A Kawéni, il n'y a pas grand chose à faire après l'école, qui fonctionne par rotation en raison de la surpopulation et du manque de places. Il y a bien le «plateau», le terrain omnisports, malheureusement monopolisé par «les grands» et les compétions officielles.

Pour les habitants, en immense majorité venus de l'île comorienne d'Anjouan et souvent en situation irrégulière, la survie s'organise autour de l'économie informelle et des petits boulots dans la construction, l'agriculture ou les services.

- Culture gangster -

Le soir tombé, les filles restent à la maison, dans une chaleur étouffante sous la tôle qui emprisonne les 35°C de la journée. Elles s'occupent des plus petits et des tâches ménagères, puisant l'eau au point d'approvisionnement pour se laver et cuisiner.

«Amigo», «Maksimo» «De Lago»... Avec leurs pseudos de gangsters, les garçons, chaîne au cou et bagues bling bling aux doigts, torse nu, tiennent les murs ou s'allongent sur les capots des voitures, attendant de voir si se déclenche une «action», comme on dit dans le jargon.

«La violence est leur vengeance pour cette vie. Ils se disent qu'avec un chambo (coupe-coupe) en main, ils ont un statut dans le quartier», interprète Mario. «Pour eux, la violence devient un divertissement comme un autre, un jeu d'adrénaline».

Mario a sa recette anti-délinquance, loin de celles élaborées au ministère de l'Intérieur français. «Il faut les isoler de ça et leur donner de la prestance, par la musique, le sport, même les réseaux. N'importe quoi pour avoir une réputation à tenir, juste leur apprendre à se faire respecter autrement».


Le budget de la Sécurité sociale et son débat sur les retraites suspendus au vote sur les "recettes"

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (en bas) s'exprime lors d'un débat parlementaire sur le budget 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 octobre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (en bas) s'exprime lors d'un débat parlementaire sur le budget 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 octobre 2025. (AFP)
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  • Les députés doivent voter sur la partie « recettes » du budget de la Sécurité sociale, dont le rejet bloquerait l’examen de la suspension de la réforme des retraites prévue dans la partie « dépenses »
  • Malgré les divisions, le gouvernement appelle à la responsabilité pour éviter un blocage, tandis que les oppositions cherchent à peser sur le déficit et la répartition des recettes

PARIS: Le budget de la Sécurité sociale va-t-il poursuivre son chemin à l'Assemblée? Les députés doivent se prononcer, potentiellement samedi, sur sa partie "recettes" largement remaniée, et dont le rejet interromprait les débats avant même l'article-phare suspendant la réforme des retraites.

Signe de l'importance du moment, le ministère des Relations avec le Parlement a appelé les députés à adopter cette partie du texte pour que le débat "se poursuive" sur les dépenses, avant un vote sur l'ensemble du texte prévu mercredi, plutôt que d'envoyer dès ce week-end tout le projet de loi initial au Sénat. Laconique, et s'exprimant depuis le Mexique, Emmanuel Macron a tout de même répété ses vœux de "stabilité" pour le pays, en misant sur "la responsabilité de chacun" dans l'examen de ce budget.

La partie "dépenses" contient des "sujets de santé, de prévention, d'hôpital" et "la suspension de la réforme des retraites", rappelle le ministère.

Un message nécessairement adressé aux oppositions, mais qui peut aussi se lire comme un appel à la mobilisation de son propre camp, échaudé par certaines concessions à la gauche.

"On est loyal à un gouvernement qui fait n'importe quoi", s'est emporté anonymement cette semaine un député Renaissance.

L'opportunité d'aborder tous les sujets pèse à gauche: "on ne votera pas contre la partie recettes, ne serait-ce que parce qu'on veut qu'il y ait le débat sur la réforme des retraites", a expliqué à l'AFP Stéphane Peu, patron du groupe communiste, qui devrait s'abstenir.

Renaud Labaye, secrétaire général du groupe RN, pense que tous les groupes ont "intérêt à ce qu'on aborde les dépenses" car "ce n'est pas bon de laisser entendre aux Français que quand on parle de budget on ne parle que de fiscalité". Mais la décision sera actée par la patronne Marine Le Pen.

Le gouvernement espérera nécessairement une abstention des socialistes plutôt qu'un vote contre, alors que le PS, qui a obtenu sous la menace d'une censure l'annonce d'une suspension de la réforme des retraites, a un intérêt objectif à ce que les débats aillent jusqu'à cet article crucial.

- Quel déficit? -

Les oppositions, mais aussi une partie du camp gouvernemental, peuvent aussi se targuer d'avoir largement réécrit la partie recettes: exit la surtaxe sur les mutuelles, la cotisation patronale sur les tickets-restaurants ou la fin d'une exonération sur les salaires des apprentis.

Et la gauche a aussi fait adopter des amendements PS, LFI et communiste pour une hausse de CSG sur les revenus du patrimoine, et dégager 2,8 milliards de recettes en 2026. Le tout avec un avis favorable, quoique très froid, du gouvernement, qui n'a pas approuvé le dispositif mais veut qu'il reste sur la table pour la suite de la navette parlementaire.

"C'est la seule chose, pour l'instant, qu'ils ont cédée. Si les choses ne changent pas (...) ce sera un vote contre", estimait vendredi après-midi Hendrik Davi, du groupe écologiste, qui décidera samedi de sa position.

"J'aurais bien aimé qu'il y ait un petit peu plus de recettes", pointait aussi Jérôme Guedj (PS) vendredi, déçu du manque de soutien à certaines réductions d'exonérations patronales. "Il faut qu'on voit à la fin ce qu'il y a."

Plus d'impôts, moins de dépenses... Tous les groupes s'inquiètent à leur manière de la façon dont sera réduit le déficit de la Sécu. La copie du gouvernement prévoyait 17,5 milliards d'euros de déficit en 2026 (contre 23 milliards en 2025).

Mais le feu nourri des parlementaires contre plusieurs mesures-phares, comme le gel des retraites et des minima sociaux auquel le gouvernement entend renoncer, éloigne l'objectif.

"Il faudra nous assurer que, de manière absolue, le déficit de la sécurité sociale ne soit pas supérieur à 20 milliards d'euros", a insisté mercredi la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.

Une alerte perçue comme une marge de manœuvre par certains à gauche, qui considèrent que le gouvernement de Sébastien Lecornu est effectivement prêt à renoncer à certaines mesures d'économies.


La présidente du Louvre déterminée à mener à bien la modernisation du musée

 La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
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  • "J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui"
  • Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente

PARIS: La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes.

"J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui".

Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente, qui en avait déjà fait état lors de son audition devant la commission de la Culture du Sénat fin octobre.

"Je veux remercier la confiance qui m'est accordée" pour "porter la transformation du Louvre, qui a plus que jamais besoin de transformation, de modernisation, pour devenir pleinement un musée du XXIe siècle. Ce qu'il n'est pas aujourd'hui", a ajouté la présidente, dont la démission avait été refusée après le vol.

Laurence des Cars, en poste depuis septembre 2021, a convoqué un conseil d'administration d'urgence vendredi pour revoir la gouvernance du musée le plus visité du monde.

Le 19 octobre, des malfaiteurs avaient réussi à s'introduire au Louvre et à dérober des joyaux d'une valeur de 88 millions d'euros, qui restent introuvables. Quatre suspects ont été mis en examen et écroués.

La Cour des comptes a étrillé jeudi le grand musée parisien dans un rapport en estimant qu'il avait "privilégié des opérations visibles et attractives" au détriment de la sécurité.

Entre 2018 et 2024, le Louvre a consacré 26,7 millions d'euros à des travaux d'entretien et de mise aux normes et 105,4 millions d'euros "pour l'acquisition d'œuvres", selon le rapport.

Mais, pour Laurence des Cars, "le Louvre est un tout" dans "lequel il ne faut pas opposer les travaux aux acquisitions des oeuvres, l'accueil de tous les publics". "Nous avons assuré l'ensemble de nos missions".

 


Un jeune homme tué par arme blanche dans une rixe à Clermont-Ferrand

Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
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  • A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat
  • La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière

CLERMONT-FERRAND: Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP.

Une rixe est survenue entre deux groupes de personnes dans le centre de la ville en fin de soirée pour un motif encore inconnu, a expliqué Eric Serfass.

A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat.

La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière.

Il n'y a pas eu d'autres blessés et aucune interpellation n'a encore eu lieu, selon le procureur.

Une enquête pour homicide volontaire est ouverte.