Soixante-dix ans après Elizabeth II, le Royaume-Uni se prépare à couronner son nouveau roi, Charles III

Le roi Charles III de Grande-Bretagne rencontre des invités après une cérémonie pour présenter les nouvelles normes et couleurs à la Royal Navy à Buckingham Palace, à Londres, le 27 avril 2023 (Photo, AFP).
Le roi Charles III de Grande-Bretagne rencontre des invités après une cérémonie pour présenter les nouvelles normes et couleurs à la Royal Navy à Buckingham Palace, à Londres, le 27 avril 2023 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 30 avril 2023

Soixante-dix ans après Elizabeth II, le Royaume-Uni se prépare à couronner son nouveau roi, Charles III

  • La cérémonie, au rituel fastueux ancré dans près de 1 000 ans d'histoire, se déroulera à l'Abbaye de Westminster
  • L'événement, qui attirera à Londres des milliers de Britanniques et de touristes étrangers, marquera le lancement d'un week-end de célébrations

LONDRES: Drapeaux peu à peu hissés dans les rues, fanions et objets aux couleurs de l'Union Jack en vente dans les magasins, le Royaume-Uni se prépare sans ferveur démesurée au couronnement du roi Charles III le 6 mai à Londres.

La cérémonie, au rituel fastueux ancré dans près de 1 000 ans d'histoire, se déroulera à l'Abbaye de Westminster, comme le veut la tradition depuis Guillaume le Conquérant en 1066.

La plupart des Britanniques n'ont jamais vécu un tel évènement, trop jeunes ou pas encore nés il y a 70 ans au moment du couronnement de la reine Elizabeth II, décédée en septembre dernier à 96 ans. Mais l'engouement pour ce nouveau roi de 74 ans qu'ils observent depuis des années, peine encore à se faire sentir dans un pays en proie à l'inflation et à un avenir économique incertain.

Membre des Blues and Royals, un régiment de cavalerie de l'armée britannique au centre de Londres, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).
Membre des Blues and Royals, un régiment de cavalerie de l'armée britannique au centre de Londres, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).

Et Charles, souvent perçu comme un monarque de transition avant l'arrivée sur le trône de son fils William, hérite d'une monarchie défendue par à peine plus de la moitié des Britanniques (58%) selon un sondage publié cette semaine.

Conscient de ce décalage, surtout chez les jeunes, cet écologiste convaincu et enclin à ouvrir les dossiers sensibles comme le passé colonial du Royaume, affiche sa volonté de moderniser la monarchie.

Le couronnement doit en témoigner, avec une durée réduite à deux heures devant 2 000 invités (contre trois heures et 8 000 personnes pour Elizabeth II), dont environ 500 personnes issues de la société civile et choisies pour leur rôle au sein de la communauté.

"Ce sera une grande célébration de notre histoire, mais aussi de ce qui viendra dans le futur et de ce que le roi va faire", a salué le Premier ministre Rishi Sunak sur Sky news.

Dans cette photo d'archive prise le 13 avril 2023, la porcelaine officielle produite pour le couronnement du roi de Grande-Bretagne Charles III est représentée sur une étagère dans une usine de Stoke on Trent, dans le centre de l'Angleterre, le 13 avril 2023 (Photo, AFP).
Dans cette photo d'archive prise le 13 avril 2023, la porcelaine officielle produite pour le couronnement du roi de Grande-Bretagne Charles III est représentée sur une étagère dans une usine de Stoke on Trent, dans le centre de l'Angleterre, le 13 avril 2023 (Photo, AFP).

Onction et procession

Pour la première fois le roi prononcera à haute voix une courte prière, des représentants d'autres cultes y tiendront un rôle actif, tandis que la reine recevra l'onction à la vue de tous et que des passages du service seront dit en gallois, gaélique écossais et gaélique irlandais.

Le coeur du rituel reste lui immuable: chef de l'Eglise d'Angleterre, Charles prêtera serment et recevra l'onction de l'archevêque de Canterbury, ainsi que les attributs royaux. Puis la couronne de Saint-Edouard sera déposée sur sa tête.

La reine consort Camilla, 75 ans, seconde épouse de Charles après son divorce avec la princesse Diana, sera également couronnée.

Accompagné par près de 4 000 militaires, le couple royal repartira en carrosse vers le palais de Buckingham où les membres actifs de la famille royale salueront la foule depuis le célèbre balcon.

Après des semaines de suspense, le palais a fait savoir que le prince Harry serait présent à l'abbaye. Mais sans Meghan et leurs deux enfants, restés en Californie.

Après leurs attaques virulentes contre la famille royale, la place attribuée à Harry sera scrutée par tous, comme un symbole de la distance qui le sépare désormais de son père, et surtout de son frère William.

Harry : un bref retour très scruté pour le couronnement

Au couronnement de Charles III, les regards ne seront pas seulement tournés vers le nouveau roi mais aussi vers son fils cadet, le prince Harry, qui apparaîtra pour la première fois avec la famille royale depuis la publication de son autobiographie très critique.

Le prince de 38 ans a répondu seulement le 12 avril à l'invitation. Il sera bien présent au couronnement, le 6 mai à Londres, mais sans son épouse Meghan et leurs enfants, qui resteront en Californie où les "Sussex" se sont installés en 2020 après avoir quitté avec fracas le Royaume-Uni.

Le prince britannique Harry et Meghan quittent après avoir rendu hommage à Westminster Hall, au Palais de Westminster, à Londres, le 14 septembre 2022 (Photo, AFP).
Le prince britannique Harry et Meghan quittent après avoir rendu hommage à Westminster Hall, au Palais de Westminster, à Londres, le 14 septembre 2022 (Photo, AFP).

Sa réponse a mis fin à un suspense de plusieurs semaines, mais a ouvert la porte à d'autres questions sur son rôle dans le couronnement. Où sera-t-il assis dans l'abbaye de Westminster? Parlera-t-il avec son frère William et la reine consort Camilla, sérieusement attaqués dans ses mémoires "Le Suppléant", sortis en janvier?

"Les gens vont suivre de près les interactions entre lui et les autres membres de la famille royale", anticipe Pauline Maclaran de l'université Royal Holloway. "Mais j'imagine que les deux frères seront tenus éloignés l'un de l'autre", ajoute la professeure, autrice d'un livre sur la monarchie.

La dernière fois que les princes sont apparus ensemble remonte à septembre, après le décès d'Elizabeth II. Les deux frères étaient venus saluer la foule avec leurs épouses devant le château de Windsor, pour afficher un semblant d'unité dans ce moment de deuil. Mais les deux couples avaient à peine échangé un mot.

Not My King

Aucune autre monarchie européenne n'a conservé une telle cérémonie, surtout symbolique, Charles III ayant accédé au trône il y a huit mois dès la mort d'Elizabeth II.

"Elle est l'héritage d'un temps où plusieurs prétendants se disputaient le trône et le couronnement légitimait le monarque", qui règne désormais sur le Royaume-Uni et 14 autres Etats, dont le Canada et l'Australie, explique l'expert royal Richard Fitzwilliams à l'AFP.

L'événement, qui attirera à Londres des milliers de Britanniques et de touristes étrangers, marquera le lancement d'un week-end de célébrations, avec dimanche des fêtes de voisinage et un concert au château de Windsor, boudé par les stars britanniques, puis un jour férié le lundi durant lequel les Britanniques sont invités au bénévolat.

Des souvenirs royaux sont en vente dans une rue du centre de Londres, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).
Des souvenirs royaux sont en vente dans une rue du centre de Londres, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).

Le soir, un concert aura lieu au château de Windsor, à l'ouest de Londres, auquel 10 000 Britanniques tirés au sort pourront assister. Katy Perry, Lionel Ritchie, le ténor Andrea Bocelli ou le pianiste Lang Lang seront les têtes d'une affiche marquée par l'absence de stars britanniques.

Enfin, la famille royale appelle les Britanniques à faire des actions de bénévolat le lundi 8 mai férié.

Les anti-monarchistes, voulant saisir l'occasion de faire entendre sa voix, ont appelé à des rassemblements. Inaudibles sous Elizabeth II, ils gagnent en visibilité et Charles est régulièrement accueilli dans ses déplacements par des manifestants arborant pancartes et t-shirts "Not my King" (pas mon roi).

26% des Britanniques souhaitent même désormais un chef d'Etat élu, mais sans relai politique le mouvement ne menace pas sérieusement l'institution, toujours vecteur d'unité face aux velléités indépendantistes en Ecosse ou aux tensions politiques en Irlande du nord.

A l'approche du couronnement, les préparatifs se poursuivent imperturbables. La "pierre du destin", pièce centrale du couronnement placée sous le trône, est arrivée à Londres samedi, transportée spécialement d'Ecosse.

La «pierre du destin», pièce centrale du couronnement placée sous le trône, est arrivée à Londres samedi, transportée spécialement d'Ecosse (Photo, AFP).
La «pierre du destin», pièce centrale du couronnement placée sous le trône, est arrivée à Londres samedi, transportée spécialement d'Ecosse (Photo, AFP).

Haendel superstar

"Zadok The Priest" de Georg Friedrich Haendel sera la musique attendue de la cérémonie. A l'occasion du couronnement de George II en 1727, le plus anglais des compositeurs allemands a créé cet hymne qui sera chanté par la suite à chaque couronnement.

"Ca semble ancien, mais à chaque fois qu'on l'entend, c'est tellement intemporel", affirme à l'AFP la professeure Susan Wollenberg, de la faculté de musique à l'Université d'Oxford, précisant que c'est "avec l'arrivée de Haendel que la musique du couronnement a pris tout son poids".

Basé sur un récit de l'Ancien Testament, "Zadok the priest" intervient au moment le plus sacré du couronnement, l'onction, puisque les paroles évoquent comment Sadoq le prêtre et Nathan le prophète ont oint Salomon. "Dieu sauve le Roi, longue vie au Roi, que le Roi vive pour l'éternité!", clame le choeur.

L'oeuvre est si populaire qu'elle a inspiré le célèbre hymne de la Ligue des champions de l'UEFA, créé en 1992 par Tony Britten.

La fortune de Charles III dépassera celle d'Elizabeth II grâce à ses investissements

Charles III qui sera couronné le 6 mai est à la tête d'une fortune considérable, ajoutant à son héritage une partie des actifs qu'il a fait fructifier en tant que prince.

Après avoir touché l'héritage de sa mère Elizabeth II, évalué à 360 millions de livres, la fortune de Charles III s'élèvera à 600 millions de livres, estime le Times.

Selon un proche de la famille royale cité par le quotidien, l'ancien prince de Galles a mené une politique ambitieuse d'investissements pour renflouer ses coffres après avoir divorcé de Diana.

Les drapeaux flottent au-dessus de Bond Street dans le centre de Londres, le 29 avril 2023 avant la cérémonie de couronnement de Charles III et de son épouse, Camilla, en tant que roi et reine du Royaume-Uni et des nations du Commonwealth, le 6 mai 2023 (Photo, AFP).
Les drapeaux flottent au-dessus de Bond Street dans le centre de Londres, le 29 avril 2023 avant la cérémonie de couronnement de Charles III et de son épouse, Camilla, en tant que roi et reine du Royaume-Uni et des nations du Commonwealth, le 6 mai 2023 (Photo, AFP).

La séparation lui coûte 17 millions de livres en 1996, mais Charles ne repart pas de zéro et peut compter sur les ressources du Duché de Cornouailles, dont il a reçu les bénéfices de l'accession de sa mère au trône en 1952 au décès de cette dernière en 2022.

Ce patrimoine a été mis en place au XIVe siècle pour donner une indépendance financière à l'héritier royal.

Concrètement, ce dernier ne possède pas les actifs de ce fonds, mais touche ses profits jusqu'à son accession au trône.

Pour Charles, le duché "rassemble tout ce qui le passionne", assurait sa femme Camilla, dans un documentaire de la chaîne ITV datant de 2019.

Le futur roi y fait le tour des fermes qu'il loue à des exploitants et les incite à utiliser des méthodes d'agriculture durables.

Outre 260 fermes, le duché possède 52 450 hectares de terres, et loue 345 millions de livres de propriétés commerciales.

«Vivat Rex!»

"Depuis le couronnement en 1661 de Charles II, le monarque fait son entrée à l'Abbaye de Westminster sur l'hymne +I was Glad when They Said Unto me+", rappelle Peter Linnitt, bibliothécaire du Royal College of Music de Londres.

La version la plus célèbre est celle composée en 1902 pour le couronnement d'Edouard VII par Hubert Parry qui a "calibré sa musique de manière à ce que le monarque arrive près du choeur au moment des acclamations +Vivat Rex+ ("Longue vie au roi)", précise-t-il. L'hymne a été chanté au mariage de William et de Kate en 2011.

«Communion nationale»

"Pendant des siècles, la musique du couronnement a été centrée autour de l'Eglise", mais certaines compositions d'Edward Elgar (1857-1934), avec leurs accents patriotiques, "ont donné aux Britanniques un sentiment de communion nationale", affirme M. Schama.

Ses marches "Pomp and Circumstance" sont très célèbres, notamment la No. 1: créée en 1901 puis assortie de paroles (Land of Hope and Glory) un an plus tard à l'occasion du couronnement d'Edouard VII, elle est devenue quasiment l'hymne non officiel de la Grande-Bretagne.

Utilisée (sans les paroles) au couronnement d'Elizabeth II, elle figure traditionnellement au dernier concert des Proms de la BBC, mais également avant des matchs de rugby ou de foot. Ses paroles liées à l'Empire britannique ont été au centre d'une controverse en 2020.

La marche est aussi extrêmement connue aux Etats-Unis où elle est utilisée durant les cérémonies de remise de diplômes.

La marche est aussi extrêmement connue aux Etats-Unis où elle est utilisée durant les cérémonies de remise de diplômes.
La marche est aussi extrêmement connue aux Etats-Unis où elle est utilisée durant les cérémonies de remise de diplômes (Photo, AFP).

 

«Beaucoup de bonheur» : Joyce, 90 ans, était à Londres pour le couronnement d'Elizabeth II

"Un grand privilège" et "beaucoup de bonheur": Joyce Lewis vient de fêter ses 90 ans mais se souvient très bien de ce 2 juin 1953 où elle a assisté parmi la foule massée à Londres au couronnement d'Elizabeth II.

La veille de la cérémonie, elle campe une nuit avec des amis sur le Mall, l'avenue menant au palais de Buckingham, pour voir passer la procession emmenant la reine vers l'Abbaye de Westminster.

Il pleuvait des cordes, mais Joyce se souvient de l'ambiance "joyeuse" dans l'attente de l'événement.

"Il y avait beaucoup de rires, beaucoup de bonheur. Les gens attendaient une très grande occasion et ça le fut", raconte-t-elle à l'AFP depuis sa maison dans la campagne du Warwickshire, dans le centre de l'Angleterre.

Après une nuit passée à même le sol, le silence se fait sur le Mall lorsque le soleil se lève. "A un moment nous avons entendu une voix lointaine disant : +l'Everest est conquis. Hillary a conquis l'Everest+. Et il y a eu bien sûr des acclamations".

Le célèbre alpiniste néo-zélandais Edmund Hillary et son sherpa Tenzing Norgay avaient réalisé quelques jours plus tôt la célèbre ascension, une première mondiale, et la nouvelle était arrivée au Royaume-Uni le jour du couronnement.

Durant la matinée du 2 juin, à mesure que la foule grossit, Joyce est repoussée parmi les derniers rangs. "Mais cet adorable homme d'origine asiatique se retourne vers moi et me dit: "Venez, c'est votre reine", en la ramenant au premier rang au moment où la parade débute.

"Il n'y avait personne devant moi. Nous étions suffisamment près pour voir à l'intérieur du carrosse" dont les flancs étaient "magnifiquement peints". "C'était vraiment quelque chose d'inoubliable", se souvient Joyce.

"Une chose dont je me souviens c'est le bouquet de fleurs blanches que la reine avait sur ses genoux. Alors que le carrosse avançait, les fleurs remuaient très doucement (...) Et bien sûr, au retour (après la cérémonie) elle portait l'orbe et le sceptre".

"Elle était tellement jeune", se remémore Joyce. "C'était une jeune mère, avec de jeunes enfants. Et le décès de son père a été soudain. Mais bien sûr elle était bien préparée", ajoute la nonagénaire.

Un nouvel hymne

Pour son couronnement, le roi mélomane a passé des commandes à 12 compositeurs, notamment Andrew Lloyd Webber, connu dans le monde entier pour ses comédies musicales "Cats" et "Phantom of the Opera", qui est restée 35 ans à l'affiche de Broadway, un record.

M. Weber a été chargé de composer un nouvel hymne ("Make a Joyful Noise"), sur la base du Psaume 98.

Des souvenirs royaux sont en vente sur un étal du centre de Londres le 29 avril 2023 (Photo, AFP).

Patrick Doyle composera une nouvelle marche, Iain Farrington créera un morceau pour orgue représentant des thèmes musicaux de différents pays du Commonwealth, Tarik O'Regan mêlera sonorités arabes et irlandaises dans son "Agnus Dei", tandis que Paul Mealor composera la première création en langue galloise jouée à un couronnement.

Les compositrices à l'honneur

Cinq compositrices créeront des pièces pour la cérémonie, du jamais vu. Parmi elles, Judith Weir, "Maître de musique du Roi" - première femme titulaire de ce poste qu'elle occupe depuis 2014; la compositrice de films Sarah Class, activement engagée pour l'environnement, ou encore Debbie Wiseman qui a créé d’innombrables bandes-son pour le cinéma et la télé.

Les tabloïds et Buckingham, liés pour le meilleur et pour le pire

Des histoires qui font vendre du papier contre une place réservée dans les gros titres, si possibles positifs: c'est l'accord tacite entre la monarchie britannique et la presse tabloïd. Un donnant-donnant qui parfois dérape.

"C'est une relation d'intérêt mutuel", reconnait Michala Hulme, qui enseigne l'Histoire à l'université de Birmingham.

Pour la monarchie, "les médias sont utiles pour montrer aux contribuables britanniques ce que font les membres de la famille royale avec l'argent public" qui finance leur train de vie somptuaire, ou pour attirer l'attention sur les œuvres caritatives qu'ils défendent, remarque Mme Hulme.

Et pour les médias, les "Royals", dans leurs fonctions publiques et leurs tribulations privées, représentent une source inépuisable d'histoires générant ventes et audience.

La société de marketing Brand Financial estime que la famille royale a contribué à hauteur de 125 millions de livres (142 millions d'euros ) aux recettes des médias en 2022. "Une évaluation conservative de la valeur publicitaire" de la couverture médiatique de la famille royale, affirme un responsable de Brand à l'AFP.

Cet échange de bons procédés se manifeste notamment par la "rota", le petit groupe de médias accrédités à Buckingham, qui ont un accès quasi permanent aux communicants des Windsor et aux événements auxquels participent les membres de la famille.

Symbole d'une relation qui peuvent tourner à l'endogamie: les anciens journalistes des tabloïds passent parfois de l'autre côté comme le nouveau directeur de la communication de Charles et Camilla, Tobyn Andreae, ancien rédacteur en chef adjoint du Daily Mail.

Mais s'ils ont besoin les uns des autres, leurs intérêts parfois divergent.

"Les membres de la famille royale ont besoin de publicité mais selon leurs propres termes. Les journaux tabloïds veulent des histoires sur les royaux, mais à leur façon", résume Ivor Gaber, professeur à l'université du Sussex.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Short Url
  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Short Url
  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Short Url
  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.