Ouzbékistan : fin du référendum constitutionnel pour renforcer le président

Le président de l'Ouzbékistan Chavkat Mirzioïev visite un bureau de vote à Tachkent (Photo, AFP).
Le président de l'Ouzbékistan Chavkat Mirzioïev visite un bureau de vote à Tachkent (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 30 avril 2023

Ouzbékistan : fin du référendum constitutionnel pour renforcer le président

  • Parmi les principales mesures, figurent en effet le passage du quinquennat au septennat et la remise à zéro des deux mandats présidentiels
  • L'adoption du texte ne fait aucun doute après une campagne à sens unique dans un Etat où la presse est toujours largement contrôlée

TACHKENT, Ouzbékistan: Les Ouzbeks se sont prononcés dimanche par référendum sur une révision de la Constitution qui pourrait permettre au président Chavkat Mirzioïev de demeurer jusqu'en 2040 à la tête de l'Ouzbékistan, ex-république soviétique d'Asie centrale au système politique toujours cadenassé malgré d'importantes réformes.

Les bureaux ont fermé à 20H00 locales (15H00 GMT) et la participation dépassait les 80% trois heures avant la fermeture, selon la Commission électorale, qui doit annoncer les résultats définitifs d'ici dix jours. En Ouzbékistan, le score de la participation est généralement peu ou prou égal à celui du vainqueur.

Les autorités soutiennent que la modification des deux tiers de la Constitution permettra de démocratiser et d'améliorer le niveau de vie des 35 millions d'habitants aux droits longtemps bafoués par un régime répressif. Mais le président Mirzioïev en sera le principal bénéficiaire.

Parmi les principales mesures, figurent en effet le passage du quinquennat au septennat et la remise à zéro des deux mandats présidentiels, ce qui permettra en théorie à l'actuel chef de l'Etat, âgé de 65 ans, de se maintenir au pouvoir jusqu'en 2040.

L'adoption du texte ne fait aucun doute après une campagne à sens unique, dans un Etat où la presse est toujours largement contrôlée. Et la seule tentative de s'y opposer avait été écrasée dans le sang en juillet 2022.

Le pouvoir s'est malgré tout employé à légitimer cette nouvelle Constitution en mobilisant des célébrités locales pour en louer les mérites et ceux du président Mirzioïev pendant de grandes manifestations et des concerts.

Sur les panneaux publicitaires de la capitale Tachkent, la plus grande ville d'Asie centrale, s'affichent des conversations imaginaires par SMS incitant les électeurs à participer au scrutin, comme "Papa, on va au parc ? Non, d'abord on va voter".

«Nouvel Ouzbékistan»

Cette stratégie semble fonctionner. "La nouvelle Constitution va changer ma vie mais je ne sais pas vraiment en quoi", reconnaît Chamsiddine Jouraïev, un entrepreneur de 40 ans rencontré par l'AFP à Tachkent à la sortie d'un bureau de vote, où les isoloirs n'avaient pas de rideaux.

La Commission électorale a indiqué étudier le cas d'une femme ayant été filmée en train de cocher "oui" sur seize bulletins.

La perspective de voir le président Mirzioïev s'accrocher au pouvoir crispe cependant certains, comme Nourkamil, un retraité de 70 ans souhaitant rester anonyme qui estime que "tout est fait pour que le président reste au pouvoir à vie".

"Il faut une alternance. Bien sûr, il a mis en place des réformes et essaie de faire changer les choses (...) mais notre pouvoir copie le système du président russe Poutine. Ils ne sont pas éternels, il faut respecter son peuple", regrette-t-il.

M. Mirzioïev s'efforce de présenter un visage plus moderne depuis 2016 et la mort de son prédécesseur, le cruel Islam Karimov, dont il a été le fidèle Premier ministre pendant treize ans.

"Si beaucoup d'analystes perçoivent, à raison, une tentative de maintien au pouvoir de Mirzioïev, il serait dommage de réduire le texte à une dérive autoritaire", nuance pour l'AFP Olivier Ferrando, enseignant-chercheur à l'Université catholique de Lyon (France).

Parmi les nouveautés, l'interdiction de la peine de mort et le respect des droits humains sont constitutionnalisés dans ce "Nouvel Ouzbékistan" plus juste que vante M. Mirzioïev.

"Reste à savoir bien sûr si cette révision constitutionnelle, dont l'un des objectifs est de donner des garanties à la communauté internationale sur le développement démocratique du +Nouvel Ouzbékistan+, saura dépasser le simple effet cosmétique pour trouver une pleine application dans la vie quotidienne des citoyens", poursuit M. Ferrando.

Ces citoyens, en majorité jeunes, sortent d'un hiver particulièrement rigoureux marqué par d'importantes coupures de gaz et doivent faire face à une pauvreté persistante et une corruption endémique.

Malgré les progrès économiques et les avancées sociales, comme la criminalisation de la violence domestique et la fin du travail forcé des enseignants, le pouvoir reste autoritaire.

En juillet 2022 dans la république du Karakalpakstan, des manifestations contre un amendement constitutionnel, depuis retiré, qui aurait réduit l'autonomie de cet immense territoire pauvre du nord du pays, ont fait selon les autorités 21 morts.

Interrogés par l'AFP, deux journalistes de médias étatiques assurent sous couvert d'anonymat avoir "reçu des consignes pour couvrir de manière positive l'Ouzbékistan, le référendum et le président" et ont constaté un renforcement de la censure à l'approche du scrutin.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.