A Doha, réunion cruciale de l'ONU sur l'Afghanistan

Un membre du personnel de sécurité taliban s'entretient avec un vendeur de drapeaux devant la mosquée Eid Gah à Kaboul le 20 avril 2023. (Photo de Wakil KOHSAR / AFP)
Un membre du personnel de sécurité taliban s'entretient avec un vendeur de drapeaux devant la mosquée Eid Gah à Kaboul le 20 avril 2023. (Photo de Wakil KOHSAR / AFP)
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Publié le Dimanche 30 avril 2023

A Doha, réunion cruciale de l'ONU sur l'Afghanistan

  • En Afghanistan, l'ONU fait face à une des pires crises humanitaires de la planète et a vu récemment sa tâche se compliquer
  • A Doha, des discussions avec des représentants d'environ 25 pays et organisations internationales se tiendront dans un lieu tenu secret en l'absence du gouvernement taliban

DOHA: Le chef de l'ONU Antonio Guterres réunira à partir de lundi à Doha les envoyés spéciaux pour l'Afghanistan afin de se pencher sur l'approche à adopter à l'égard du gouvernement taliban, au moment où la mission de l'ONU se complique dans ce pays.

En Afghanistan, l'ONU fait face à une des pires crises humanitaires de la planète et a vu récemment sa tâche se compliquer, après que l'administration talibane a interdit aux femmes de travailler pour l'organisation.

A Doha, des discussions avec des représentants d'environ 25 pays et organisations internationales se tiendront dans un lieu tenu secret en l'absence du gouvernement taliban, qui a pris le pouvoir en août 2021, selon des diplomates.

Avant la réunion, un groupe de femmes a manifesté samedi à Kaboul pour s'opposer à toute reconnaissance internationale du gouvernement taliban. Mais l'ONU et les puissances occidentales sont catégoriques: ce dossier n'est pas à l'ordre du jour de la réunion.

"Toute reconnaissance des talibans est totalement exclue", a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain, Vedant Patel.

Au cours de la réunion, le secrétaire général de l'ONU doit faire le point sur les opérations humanitaires cruciales de son organisation en Afghanistan, après l'interdiction faite aux femmes afghanes de travailler avec les agences de l'ONU, ont précisé des diplomates.

Mais pour Mohammad Arsala Kharoti, vice-ministre chargé de la question des réfugiés au sein du gouvernement taliban, "ce genre de réunions ne mène à rien".

"Tant qu'ils (l'ONU, NDLR) n'établissent pas de véritables relations avec l'Emirat (le gouvernement taliban, NDLR) et qu'aucune délégation de l'Emirat n'est présente, ces réunions ne seront pas une réussite", a-t-il déclaré dimanche à l'AFP, depuis Kaboul.

L'ONU, qui considère que les femmes sont essentielles à son travail en Afghanistan, affirme avoir été condamnée à un "choix affreux", celui de continuer ou non ses opérations dans ce pays de 38 millions d'habitants.

Les 15 membres du Conseil de sécurité ont voté jeudi à l'unanimité une résolution condamnant en particulier la décision prise début avril par les autorités talibanes d'étendre aux Nations unies une interdiction empêchant les ONG d'employer du personnel féminin afghan, laquelle "compromet les droits humains et les principes humanitaires".

Le gouvernement taliban a rejeté la résolution. Pour lui, il s'agissait d'une "question sociale interne de l'Afghanistan".

L'ONU «prise au piège»

Selon Richard Gowan, de Crisis Group, l'ONU est "prise au piège" en Afghanistan.

"Guterres doit démêler un noeud coriace. Il doit trouver un moyen de maintenir le flux d'aide en Afghanistan", tout en composant avec "l'interdiction de travailler faite aux femmes", a-t-il ajouté, estimant que cette décision était "un énorme coup dur pour la capacité de l'ONU à opérer dans le pays".

Selon lui, la communauté internationale souhaite malgré tout que l'ONU maintienne sa présence cruciale dans le pays.

"Il y a beaucoup de divergences entre les membres du Conseil de sécurité sur l'Afghanistan, mais tout le monde, y compris la Russie et la Chine, est d'accord pour dire qu'il vaut mieux avoir l'ONU à Kaboul que rien", a ajouté l'expert.

Jusqu'ici, les Nations unies ont donné peu d'éléments sur l'ordre du jour de la réunion de Doha.

Le but de la réunion est "de redynamiser l'engagement international autour d'objectifs communs vers un chemin durable concernant la situation en Afghanistan", a déclaré vendredi Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU.

Les Nations unies souhaitent également rassembler les positions de la communauté internationale sur les droits humains, les droits des femmes, la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue.

Mais si une reconnaissance des talibans est écartée jusqu'ici par la communauté internationale, les Nations unies et d'autres parties ont mené des discussions de plus en plus intenses sur la manière de s'engager avec les talibans et d'offrir éventuellement des incitations au changement.

L'émissaire américain pour l'Afghanistan, Thomas West, a parcouru l'Asie occidentale ces dernières semaines pour rencontrer différents gouvernements et organisations.

"Même si nous préférerions voir un changement de régime en Afghanistan dans un avenir proche, un gouvernement taliban relativement stable et suffisamment compétent est nécessaire pour faciliter les programmes humanitaires, neutraliser l'ISKP (Etat islamique Province du Khorasan) et éviter l'effondrement de l'Etat et la guerre civile", a estimé le groupe de réflexion Middle East Institute établi à Washington, dans un rapport publié la semaine dernière.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.