Après First Republic, les banques régionales restent sous pression à Wall Street

Un ouvrier nettoie l'extérieur d'une banque de la First Republic le 26 avril 2023 à San Francisco, en Californie (Photo, AFP).
Un ouvrier nettoie l'extérieur d'une banque de la First Republic le 26 avril 2023 à San Francisco, en Californie (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 03 mai 2023

Après First Republic, les banques régionales restent sous pression à Wall Street

  • L'établissement était sous forte pression depuis les défaillances rapprochées le mois dernier de deux établissements au profil similaire, Silicon Valley Bank et Signature
  • First Republic n'est pas parvenu à trouver un plan de sauvetage satisfaisant et quand il a confirmé que de nombreux clients avaient retiré plus de 100 milliards de dollars de dépôts au premier trimestre, son action a piqué du nez

NEW YORK: Les autorités et acteurs du secteur bancaire espéraient que le rachat de First Republic par JPMorgan sonnerait, au moins temporairement, la fin des remous dans le monde de la finance mais les banques régionales étaient de nouveau sous forte pression mardi à Wall Street.

La banque régionale PacWest, suspendue de cotation plusieurs fois pour volatilité, a plongé de 28% tandis que Western Alliance a chuté de 15%.

Zions a fini en baisse de 11%, KeyCorp et East West de 9%.

Les grandes banques n'étaient pas immunisées, JPMorgan Chase perdant 1,6%, Bank of America 3%, Citigroup 2,7% et Wells Fargo 3,8%.

"Il est évident que les inquiétudes renaissent même après l'opération de reprise de First Republic, cela empire", juge Karl Haeling de la banque LBBW.

"Le marché est en train de nous dire qu'il est à la chasse d'autres banques", prévient-il, interrogé par l'AFP.

Les autorités américaines ont pris lundi le contrôle de First Republic et en ont revendu aussitôt la grande majorité à JPMorgan Chase, actant ainsi la troisième faillite d'une banque en quelques semaines, après Silicon Valley Bank et Signature Bank mi-mars.

Cette opération "va aider à stabiliser le système", a répété plusieurs fois Jamie Dimon, le patron de JPMorgan, lundi.

D'autant que les résultats financiers publiés depuis mi-avril par plusieurs banques régionales ont montré qu'après un réel mouvement de panique mi-mars, la fuite des dépôts s'était stabilisée.

Mais les banques les plus affectées en Bourse mardi sont celles dont les dépôts ont le plus fondu et sont en conséquence "les plus vulnérables", souligne Ryan Nash, analyste chez Goldman Sachs, lors d'un point presse sur l'état du secteur bancaire mardi.

Les plus grandes faillites bancaires depuis la crise financière de 2007/2008

La banque américaine First Republic a été saisie lundi par les autorités, avant d'être revendue à JPMorgan. Sa chute représente la deuxième plus grosse faillite bancaire aux Etats-Unis, après les récentes déroutes de Silicon Valley Bank et Signature Bank.

Elle est également la plus importante défaillance d'une banque depuis la crise financière de 2007/08.

Voici les principaux précédents pour des banques de détail, classés par la taille des actifs.

- HBOS (Royaume-Uni), le 17/09/2008 (690 milliards de livres d'actifs soit environ 866 milliards de dollars et 785 milliards d'euros)

- Washington Mutual (Etats-Unis), le 25/09/2008 (307 milliards de dollars, 278 milliards d'euros)

- First Republic Bank (Etats-Unis), le 1/05/2023 (229 milliards de dollars, 208 milliards d'euros)

- Silicon Valley Bank (Etats-Unis), le 10/03/2023 (209 milliards de dollars, 189 milliards d'euros)

- Signature Bank (Etats-Unis), le 12/03/2023 (110 milliards de dollars, 100 milliards d'euros)

- SachsenLB (Allemagne), le 26/08/2007 (67 milliards d'euros, 74 milliards de dollars)

- Bradford & Bingley (Royaume-Uni), le 29/09/2008 (35 milliards de livres soit environ 44 milliards de dollars, 40 milliards d'euros)

- IndyMac (Etats-Unis), le 11/07/2008 (32 milliards de dollars, 29 milliards d'euros)

Ces établissements étaient tous des banques de détail, accessibles à tous les particuliers.

"Pendant la crise financière (de 2007-2009), quand la situation d'une banque était résolue (par une faillite ou un rachat, NDLR), le marché avait tendance à aller chercher le prochain maillon faible", rappelle-t-il. "C'est ce qui se passe actuellement."

«Change la donne»

Par ailleurs, le fait que les autorités n'aient pas invoqué d'exception de risque systémique pour protéger tous les dépôts quand elles ont pris le contrôle de First Republic, comme elles l'avaient fait pour SVB et Signature, "montre que les régulateurs sont prêts à laisser une banque faire faillite ou être rachetée par une banque plus grosse", analyse-t-il.

Or les gros titres sur des phénomènes pouvant peser sur la croissance économique se multiplient, qu'il s'agisse du débat sur le plafond de la dette --qui pourrait être atteint début juin si démocrates et républicains ne parviennent pas à un accord--, de la banque centrale américaine (Fed), qui continue à remonter ses taux pour lutter contre l'inflation, ou des difficultés du secteur de l'immobilier commercial, financé en grande majorité par les petites et moyennes banques.

Dans ces conditions, "le marché se dit que le secteur pourrait avoir à se consolider sur le long terme" et que les autorités ne s'y opposeraient pas, ce qui n'est pas de bon augure pour les banques régionales, avance Ryan Nash.

"La Fed doit considérer" les difficultés des banques régionales en Bourse "comme un événement qui change la donne", affirme pour sa part Karl Haeling de LBBW.

La banque centrale semblait considérer jusqu'à présent que les banques qui ont fait faillite étaient des "exemples isolés de mauvaise gestion", avance-t-il.

"Mais cela va au-delà" et la Fed "ne peut pas continuer à être stricte dans sa communication" mercredi lorsqu'elle annoncera sa décision monétaire et la suite qu'elle compte y donner, estime-t-il.

Pour Alexander Yokum du cabinet CFRA, les trois récentes faillites ont aussi un coût direct pour le secteur bancaire, qui finance par ses cotisations le fonds d'assurance-dépôts géré par l'agence FDIC.

Cette dernière estime que les défaillances de SVB, First Republic et Signature devraient revenir à environ 35,5 milliards de dollars.

Renflouer le fonds devrait affecter les bénéfices du secteur bancaire à hauteur de 14% sur un an, avance Alexander Yokum.

Elle prévoit aussi que JPMorgan verse 10,6 milliards de dollars à la FDIC.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Short Url
  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
Short Url
  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Short Url
  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.