A Mayotte, pléthore de moyens, d'hommes et de communication pour la « non opération » Wuambushu

La préfecture a annoncé plusieurs coups de filet dans ces quartiers, dont 14 interpellations entre vendredi et samedi. (AFP).
La préfecture a annoncé plusieurs coups de filet dans ces quartiers, dont 14 interpellations entre vendredi et samedi. (AFP).
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Publié le Mardi 02 mai 2023

A Mayotte, pléthore de moyens, d'hommes et de communication pour la « non opération » Wuambushu

  • En 2019, la précédente opération menée à Mayotte contre l'immigration clandestine avait été baptisée du nom de code "Shikandra"
  • Sous l'effet de nombre et de l'expertise, les descentes se sont multipliées dans les quartiers chauds de l'île

MAMOUDZOU: L'opération de lutte contre l'immigration clandestine et la criminalité qui n'en est officiellement pas une et qu'à Mayotte tout le monde, sauf le ministère de l'Intérieur, appelle "Wuambushu" entre dans sa deuxième semaine avec un bilan mitigé.

"Elle n'est pas du tout engluée cette opération, bien au contraire", a assuré lundi sur CNews la porte-parole du ministère, Camille Chaize. "Elle a débuté il y a plusieurs semaines maintenant, elle va continuer de longues semaines, plusieurs mois".

En 2019, la précédente opération menée à Mayotte contre l'immigration clandestine avait été baptisée du nom de code "Shikandra", le redouté poisson baliste du lagon qui défend son territoire en mordant les baigneurs.

Pour Wuambushu ("reprise" en shimaoré, "oser" pour d'autres linguistes), aucun agent de l'Etat ne prononce le nom qui fait pourtant bruisser toute l'île et suscite de très fortes attentes dans la population mahoraise, excédée par l'insécurité.

Plus de 1.800 policiers ou gendarmes, dont la fameuse CRS 8 arrivée mi-avril avec des détachements du RAID ou du GIGN, ont été mobilisés le jour et surtout la nuit cette première semaine.

Sous l'effet de nombre et de l'expertise, les descentes se sont multipliées dans les quartiers chauds de l'île. Les heurts entre forces de l'ordre et jeunes y ont été, même pour les standards de l'île, inhabituellement violents: guet-à-pens, barrages, caillassages et destructions de véhicules.

Combinaisons blanche 

Sous le feu des projecteurs, les jeunes ont eux aussi, en miroir des forces de l'ordre, soigné leur communication en revêtant pour leurs "actions" des combinaisons blanches de chantier dans lesquelles ils se pavanent sur les réseaux sociaux.

La préfecture a annoncé plusieurs coups de filet dans ces quartiers, dont 14 interpellations entre vendredi et samedi.

Parmi ces prises, un "meneur bien identifié et logisticien des bandes de jeunes délinquants", étranger en situation irrégulière de 38 ans, selon la police.

Depuis quelques jours, les émeutes ont baissé en intensité. Mais la population mahoraise reste sur le qui-vive et s'aventure peu dehors en cette période de vacances scolaires où la plupart des événements publics et privés ont été annulés.

Une torpeur inhabituelle s'est emparée de l'archipel aux 350.000 habitants estimés, d'habitude cadenassé par les embouteillages et vibrant de monde.

La plupart des étrangers en situation irrégulière se sont mis "au vert" dans les villages et les montagnes où vivent à la maison de peur de se "faire paffer" (prendre par la Police aux frontières".

Depuis lundi, un bras de fer diplomatique s'est engagé entre Paris et le gouvernement comorien, qui revendique une souveraineté sur Mayotte et a refusé de laisser accoster le "Maria Galanta", le ferry transportant quotidiennement des dizaines de Comoriens expulsés.

"On travaille d'arrache-pied avec ce gouvernement (de Moroni, ndlr) pour trouver des solutions", a assuré Mme Chaize en insistant sur les "intérêts communs" des deux pays.

« Plein à craquer »

Dans ce contexte, le Centre de rétention administrative de Mayotte (136 places) est "plein à craquer", a indiqué une source policière locale à l'AFP.

Les arrivées d'embarcation de fortune de migrants, les "kwassa kwassa", se sont aussi taries.

Selon l'Intérieur, aucune traversée n'a été détectée entre le 22 et le 30 avril, lorsque 32 migrants ont été secourus et interpellés par la police. Deux embarcations sont en moyenne détectées par jour dans ces eaux territoriales.

Les éloignements de personnes en situation irrégulière n'ont pas été chiffrés par la préfecture, qui a néanmoins relayé l'expulsion par avion d'au moins trois ressortissants sri-lankais et sept malgaches.

Mobilisées via une plateforme d'avocats, les associations de droits de l'Homme ont multiplié les actions et recours contre l'Etat, notamment contre l'ouverture à tout-va de lieux de rétention administrative éphémères ne respectant pas les règles habituelles en la matière.

Elles ont surtout obtenu une victoire en empêchant in extremis mardi dernier la destruction et l'évacuation d'un bidonville de Koungou, "Talus 2", où vivent une centaine de familles. Le préfet a fait appel de cette décision.

A ce jour, aucun autre "décasage" de bidonville ou de quartier n'est en phase active à Mayotte.

Mais deux jours après le revers de "Talus 2", la préfecture invitait la presse à assister à la destruction, prévue de longue date, d'une dizaine d'habitations de familles mahoraises sur un terrain lui appartenant et où doit s'ériger bientôt un lycée.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
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  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.

 


Pour Sébastien Lecornu, un premier déplacement consacré à la santé

Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
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  • Déplacement symbolique à Mâcon : Pour son premier déplacement, Sébastien Lecornu met l'accent sur l'accès aux soins et le quotidien des Français
  • Conscient de l'absence de majorité, il consulte partis et syndicats, cherchant des terrains d'entente sur le budget, tout en laissant la porte ouverte à une fiscalité plus juste

PARIS: Sébastien Lecornu se rend samedi en province, à Mâcon, pour son premier déplacement en tant que Premier ministre consacré à la santé et à "la vie quotidienne" des Français, délaissant pendant quelques heures les concertations qu'il mène activement à Paris avant de former un gouvernement.

Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) locataire de Matignon va à la rencontre des Français, pour qui il reste encore un inconnu. Il échangera notamment avec des salariés d'un centre de santé de Saône-et-Loire dont le but est d'améliorer l'accès aux soins.

Lui-même élu local de l'Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, ce fils d'une secrétaire médicale et d'un technicien de l'aéronautique avait assuré dès le soir de sa nomination "mesurer les attentes" de ses concitoyens et "les difficultés" qu'ils rencontraient.

Celles-ci sont souvent "insupportables" pour accéder à un médecin ou à un professionnel de santé, parfois "source d'angoisse", souligne son entourage. Le Premier ministre entend dans ce contexte "témoigner de la reconnaissance de la Nation à l’égard des personnels soignants" et "réaffirmer la volonté du gouvernement de faciliter l’accès aux soins".

Il s'agit aussi pour Sébastien Lecornu de convaincre l'opinion, autant que les forces politiques, du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d'entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité.

Sébastien Lecornu est très proche d'Emmanuel Macron, avec qui il a encore longuement déjeuné vendredi à l'Elysée.

- Mouvements sociaux -

Sa nomination coïncide avec plusieurs mouvements sociaux. Le jour de sa prise de fonction, une mobilisation lancée sur les réseaux sociaux pour "bloquer" le pays a réuni 200.000 manifestants, et une autre journée de manifestations à l'appel des syndicats est prévue jeudi.

"Il y a une grande colère" chez les salariés, a rapporté Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat de France, à l'issue d'une entrevue vendredi avec le nouveau Premier ministre, qui lui a dit travailler sur une "contribution des plus hauts revenus" dans le budget 2026.

C'est sur le budget que ses deux prédécesseurs, François Bayrou et Michel Barnier, sont tombés. Et Sébastien Lecornu cherche en priorité une forme d'entente avec les socialistes.

Mais il lui faut dans le même temps réduire les déficits, alors que l'agence de notation Fitch a dégradé vendredi soir la note de la dette française.

Le centre et la droite de la coalition gouvernementale se disent prêts à taxer plus fortement les ultra-riches sans pour autant aller jusqu'à l'instauration de la taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, mesure phare brandie par les socialistes et dont LR ne veut pas.

Une telle mesure marquerait en tout cas une des "ruptures" au fond prônées par Sébastien Lecornu à son arrivée, puisqu'elle briserait le tabou des hausses d'impôts de la macronie.

- Méthode -

Sébastien Lecornu veut aussi des changements de méthode.

Il a d'abord réuni jeudi --pour la première fois depuis longtemps-- les dirigeants des partis du "socle commun", Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains, afin qu'ils s'entendent sur quelques priorités communes.

Un format "présidents de parti" qui "permet de travailler en confiance, de façon plus directe, pour échanger sur les idées politiques, sur les arbitrages", salue un participant.

Avant les oppositions et à quelques jours d'une deuxième journée de manifestations, il a consulté les partenaires sociaux, recevant vendredi la CFDT et Medef, avant la CGT lundi.

En quête d'un compromis pour faire passer le budget, le chef de gouvernement pourrait repartir du plan de son prédécesseur François Bayrou délesté de ses mesures les plus controversées. A l'instar de la suppression de deux jours fériés.

L'hypothèse d'une remise sur les rails du conclave sur les retraites semble aussi abandonnée. Les partenaires sociaux refusent de toute façon de le rouvrir.

Des gestes sont attendus à l'égard des socialistes alors qu'à l'Elysée, on estime que le Rassemblement national, premier groupe à l'Assemblée nationale, se range désormais comme la France insoumise du côté du "dégagisme".

Cultivant une parole sobre voire rare, Sébastien Lecornu ne s'exprimera qu'à l'issue de ces consultations "devant les Français", avant la traditionnelle déclaration de politique générale, devant le Parlement.