Au procès du Thalys, le militaire américain raconte comment il s'est jeté sur le tireur

De gauche à droite, l'avocat français Louis Cailliez, l'ancien militaire américain Alek Skarlatos, l'avocat français Thibault de Montbrial, le ressortissant américain Anthony Sadler, le professeur franco-américain Mark Moogalian et son épouse Isabelle Risacher-Moogalian posent au palais de justice de Paris, le 20 novembre 2020, après une audience dans le cadre du procès de l'attaque du Thalys (Photo, AFP)
De gauche à droite, l'avocat français Louis Cailliez, l'ancien militaire américain Alek Skarlatos, l'avocat français Thibault de Montbrial, le ressortissant américain Anthony Sadler, le professeur franco-américain Mark Moogalian et son épouse Isabelle Risacher-Moogalian posent au palais de justice de Paris, le 20 novembre 2020, après une audience dans le cadre du procès de l'attaque du Thalys (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 04 décembre 2020

Au procès du Thalys, le militaire américain raconte comment il s'est jeté sur le tireur

  • En août 2015, Spencer Stone est secouriste dans l'armée de l'air américaine et fait un tour d'Europe avec deux amis d'enfance, dont un autre militaire
  • Je me suis retourné et la première chose que j'ai vu, c'est Ayoub El Khazzani qui ramassait une kalachnikov au sol, raconte le Californien d'une voix calme

PARIS: "Je me suis dit après il sera trop tard, il va tuer tout le monde". Au procès de l'attaque déjouée du train Thalys en 2015, le soldat américain qui s'est jeté sur le tireur Ayoub El Khazzani a raconté jeudi comment il avait évité "un massacre".

- "Vous vous sentez comme un héros ?", demande le président de la cour d'assises spéciale à Spencer Stone, qui témoigne via visioconférence depuis les Etats-Unis.

- "Pas vraiment. Au fond, mon but c'était surtout de survivre".

Le désormais ex-militaire de 28 ans apparaît sur un écran de télévision de la salle d'audience, chemise blanche et cravate bleue, blond aux cheveux courts, rasé de près. Il aurait dû témoigner en personne au début du procès à Paris, mais avait été hospitalisé pour un malaise à son arrivée à l'aéroport de Roissy et était reparti directement aux Etats-Unis.

En août 2015, Spencer Stone est secouriste dans l'armée de l'air américaine et fait un tour d'Europe avec deux amis d'enfance, dont un autre militaire.

Quand Ayoub El Khazzani monte en gare de Bruxelles, surarmé, à bord du Thalys Amsterdam-Paris, Spencer Stone est assoupi. Il est réveillé par le passage en trombe d'un contrôleur, entend des cris.

"Je me suis retourné et la première chose que j'ai vu, c'est Ayoub El Khazzani qui ramassait une kalachnikov au sol", raconte le Californien d'une voix calme.

"Je l'ai vu charger, et armer l'arme". Sur l'écran dans la salle d'audience, on le voit mimer le geste. "J'ai compris pourquoi il était là".

"C'était le moment de faire quelque chose. Je me suis dit après ce sera trop tard, il va tuer tout le monde".

Assis à ses côtés, son ami lui tape sur l'épaule. "Il me dit vas y. Évidemment, je n'étais pas certain de comment ça allait se passer".

"J'ai couru vers Ayoub. Il m'a mis en joue", raconte Spencer Stone, qui mime à nouveau.

"Je l'ai entendu appuyer sur la gâchette plusieurs fois, comme s'il essayait de faire marcher l'arme. J'ai été surpris d'avoir le temps d'arriver jusqu'à lui".

Cauchemars

Ayoub El Khazzani a lui raconté à la cour la semaine dernière qu'il n'avait "pas pu" tirer. L'accusation estime plutôt qu'il a essayé, mais que les balles, défectueuses, ne sont pas parties.

Ce jeudi dans le box, veste de sport, cheveux noirs noués en petit chignon, l'accusé écoute les yeux dans le vide, comme souvent depuis le début du procès.

Spencer Stone décrit la bagarre, montre avec ses bras la clé d'étranglement qu'il fait. "Ayoub El Khazzani a attrapé un pistolet, il l'a mis sur ma tête". Là aussi, Spencer Stone entend les déclics métalliques. "C'est maintenant la deuxième fois qu'il essaie de me tuer".

Le second militaire américain désarme le tireur, mais il sort un cutter de sa poche, coupe le pouce de Spencer Stone "presque en deux", le blesse à la nuque.

Les Américains, aidés des passagers, finissent par maîtriser Ayoub El Khazzani "fou furieux" selon plusieurs passagers.

- "Ayoub El khazzani dit qu'il vous a vu et a décidé qu'il ne voulait plus tuer personne, vous en pensez quoi ?"

- "S'il avait voulu arrêter il n'aurait pas essayé de me tuer trois fois". Spencer Stone ne croit pas non plus à la thèse du tireur - qui assure qu'il ne ciblait que les Américains. "On a très certainement empêché un massacre. Il aurait tué tout le monde".

Spencer Stone et ses amis américains ont reçu la légion d'honneur en France, ont été célébré en héros dans leur pays et ont joué leur propre rôle dans un film de Clint Eastwood.

Le président veut savoir s'il a gardé des séquelles psychologiques.

"J'ai fait des cauchemars. Je suis anxieux, surtout quand je voyage. Et après quand il y a eu les autres attentats j'ai eu la culpabilité du survivant j'ai fait une dépression", énumère-t-il sobrement. "J'étais tellement occupé à gérer l'impact que cette histoire a eu sur ma vie que j'ai mis du temps à m'en rendre compte".

La semaine prochaine sera consacrée aux interrogatoires des accusés. Le verdict est attendu le 17 décembre.


Tempête Benjamin: gros coup de vent jeudi sur le littoral et l'intérieur du pays

Des rafales de 100 à 130 km/h sont néanmoins attendues sur la côte atlantique et les côtes de Manche, et de 90 à 110 km/h à l'intérieur des terres, le vent pouvant localement souffler plus fort encore sur les reliefs. (AFP)
Des rafales de 100 à 130 km/h sont néanmoins attendues sur la côte atlantique et les côtes de Manche, et de 90 à 110 km/h à l'intérieur des terres, le vent pouvant localement souffler plus fort encore sur les reliefs. (AFP)
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  • La trajectoire et l'intensité de cette dépression automnale, qui survient "après une longue période de temps calme", sont encore incertaines, indique l'institut national dans son dernier bulletin
  • Les rafales atteindront 160 à 170 km/h sur le cap Corse, ce vent violent se maintenant dans la nuit de jeudi à vendredi

BORDEAUX: La tempête Benjamin occasionne de "fortes rafales" de vent sur une "bonne partie du territoire" jeudi, avec de grosses vagues sur le littoral atlantique et les côtes de la Manche, selon Météo France qui a placé 19 départements au total en vigilance orange.

Les départements concernés jeudi par la vigilance orange pour épisode venteux, à des heures diverses, sont le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme, la Manche, la Vendée, les Deux-Sèvres, la Charente-Maritime, la Charente, la Gironde, les Landes, les Pyrénées-Atlantiques, l'Aude et les deux départements de Corse, auxquels Météo-France a ajouté la Seine-Maritime et les Alpes-Maritimes dans son dernier bulletin jeudi matin.

Cette même vigilance a en revanche été levée dans le Puy-de-Dôme.

La trajectoire et l'intensité de cette dépression automnale, qui survient "après une longue période de temps calme", sont encore incertaines, indique l'institut national dans son dernier bulletin.

Des rafales de 100 à 130 km/h sont néanmoins attendues sur la côte atlantique et les côtes de Manche, et de 90 à 110 km/h à l'intérieur des terres, le vent pouvant localement souffler plus fort encore sur les reliefs du Puy-de-Dôme, les Corbières ou les plaines des Pyrénées-Orientales, avertit le prévisionniste.

Les rafales atteindront 160 à 170 km/h sur le cap Corse, ce vent violent se maintenant dans la nuit de jeudi à vendredi.

Sur les côtes de la Gironde, des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, ainsi qu'en Seine-Maritime, les vents forts soufflant d'ouest à nord-ouest, qui se sont renforcés en cours de nuit dans le golfe de Gascogne puis en Manche jeudi matin, engendreront "de très fortes vagues et une surélévation temporaire du niveau de la mer", ajoute Météo-France.

Ce phénomène, combiné à des coefficients de marée "de vive-eau" (autour de 80), pourrait provoquer des "submersions marines" sur le littoral de ces quatre départements placés en vigilance orange à ce titre, le risque étant le plus marqué au moment des pleines mers.

Enfin, après plusieurs jours de précipitations abondantes avec des cumuls compris entre 40 et 90 mm (soit 40 à 90 litres d'eau par mètre carré), les départements de la Corrèze et du Cantal sont placés quant à eux en vigilance orange pour le risque d'inondation.


En prison, Sarkozy protégé par deux policiers armés, «folie sécuritaire» dénonce un syndicat

Deux policiers autour de Nicolas Sarkozy: l'ancien président, incarcéré depuis mardi à la prison de la Santé, est accompagné par deux officiers de sécurité "eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui", un "dispositif insensé, une folie sécuritaire", dénonce un syndicat de surveillants. (AFP)
Deux policiers autour de Nicolas Sarkozy: l'ancien président, incarcéré depuis mardi à la prison de la Santé, est accompagné par deux officiers de sécurité "eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui", un "dispositif insensé, une folie sécuritaire", dénonce un syndicat de surveillants. (AFP)
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  • L'ancien chef de l'Etat bénéficie en temps normal "d'un dispositif de protection eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui" et ces mesures ont "été maintenues en détention"
  • Deux officiers de sécurité ont été installés dans une cellule voisine de celle de Nicolas Sarkozy au quartier d'isolement de la prison parisienne. Ils sont armés mais ne sont pas équipés de téléphones portables, selon une source proche du dossier

PARIS: Deux policiers autour de Nicolas Sarkozy: l'ancien président, incarcéré depuis mardi à la prison de la Santé, est accompagné par deux officiers de sécurité "eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui", un "dispositif insensé, une folie sécuritaire", dénonce un syndicat de surveillants.

L'ancien chef de l'Etat bénéficie en temps normal "d'un dispositif de protection eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui" et ces mesures ont "été maintenues en détention", a indiqué mercredi le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez sur CNews/Europe 1.

Deux officiers de sécurité ont été installés dans une cellule voisine de celle de Nicolas Sarkozy au quartier d'isolement de la prison parisienne. Ils sont armés mais ne sont pas équipés de téléphones portables, selon une source proche du dossier.

Ce dispositif, qui relève du ministère de l'Intérieur, a été établi "en lien avec le garde des Sceaux" et "sera maintenu tant que le besoin sera jugé utile", selon Beauvau qui précise que "cette situation inédite impose de prendre les mesures de sécurité adéquates, adaptées à la spécificité de la personnalité et du contexte".

S'il est "un citoyen comme les autres", "des menaces un peu plus importantes" pèsent sur "l'ancien président de la République qu'est Nicolas Sarkozy. "La décision a été prise et donc elle a été appliquée immédiatement", a précisé Laurent Nuñez.

Cette annonce a provoqué l'ire du syndicat de surveillants pénitentiaires Ufap-Unsa Justice, qui a dénoncé, dans un communiqué, "un dispositif insensé, une folie sécuritaire".

"Introduire des armes dans une détention, même sous prétexte de protection, c'est franchir une ligne rouge", écrit Alexandre Caby, le secrétaire général du syndicat, dans un communiqué particulièrement courroucé.

"En installant des policiers au cœur de la détention, l'État dit clairement: les personnels pénitentiaires ne seraient pas capables d'assurer la sécurité d'un seul détenu, fût-il un ancien Président", s'estomaque-t-il, parlant de "trahison du service public pénitentiaire", de "gifle monumentale".

Pour le ministre de l'Intérieur, "c'est une décision visant à assurer sa sécurité", "en plus, évidemment, de tout ce qui est mis en œuvre par l'administration pénitentiaire".

L'Ufap-Unsa Justice exige notamment "la fin de la présence armée en détention" et "des excuses publiques".

"Justiciable comme un autre" 

Nicolas Sarkozy, 70 ans, a été condamné le 25 septembre pour association de malfaiteurs dans le procès libyen à cinq ans de prison, une détention inédite dans l'histoire de la République. Il a fait appel de cette décision.

Salué par les vivats de ses supporters quand il a quitté son domicile de l'ouest parisien vers 09H15 mardi matin, l'ancien président est arrivé une vingtaine de minutes plus tard à la Santé.

Trois Français sur quatre estiment qu'il est "un justiciable comme un autre, qui ne doit pas être traité différemment des autres personnes condamnées", selon un sondage RTL-Toluna Harris Interactive publié mercredi.

Un chiffre qui tombe à 52% chez les sympathisants des Républicains, ajoute le sondage.

Nicolas Sarkozy devrait rester "un minimum de trois semaines ou d'un mois" en prison, avait indiqué mardi son avocat Christophe Ingrain. La cour d'appel de Paris a deux mois pour statuer sur la demande de mise en liberté déposée dans la foulée du placement sous écrou.

Reçu par le président Emmanuel Macron vendredi dernier à l'Elysée, l'ex-chef de l'Etat pourrait aussi recevoir la visite en prison du ministre de la Justice, Gérald Darmanin.

Des visites désapprouvées par "une majorité de Français", tout comme le rassemblement de soutien qui s'est tenu mardi matin devant son domicile, d'après le sondage RTL-Toluna Harris Interactive.

Ils sont ainsi 53% à désapprouver ce rassemblement, et 57% la visite annoncée de Gérald Darmanin, selon cette enquête réalisée en ligne mardi auprès d'un échantillon de 1.025 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Le garde des Sceaux avait déclaré lundi qu'il irait "voir en prison" Nicolas Sarkozy, assurant qu'en tant que ministre de la Justice il pouvait "aller voir n'importe quelle prison et n'importe quel détenu".

Ce projet a été critiqué par le plus haut parquetier de France, le procureur général près la Cour de cassation Rémi Heitz, qui y a vu un risque "d'atteinte à l'indépendance des magistrats".


Les parents de Sébastien Lecornu placés sous protection policière

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  • Cette mise sous protection a une "raison évidente", "ils en ont besoin", a ajouté le ministère, qui s'est refusé à donner des éléments plus précis sur la nature des risques pesant sur les parents de M. Lecornu
  • Une source proche du dossier a assuré à l'AFP que ce couple de personnes âgées n'était pas demandeur et que ce n'était "pas pour leur confort personnel" que cette décision avait été prise

PARIS: Les parents du Premier ministre Sébastien Lecornu ont été placés sous protection policière pour des raisons de sécurité dans leur lieu de résidence, a appris mercredi l'AFP auprès du ministère de l'Intérieur, confirmant une information du Parisien.

Cette mise sous protection a une "raison évidente", "ils en ont besoin", a ajouté le ministère, qui s'est refusé à donner des éléments plus précis sur la nature des risques pesant sur les parents de M. Lecornu.

Une source proche du dossier a assuré à l'AFP que ce couple de personnes âgées n'était pas demandeur et que ce n'était "pas pour leur confort personnel" que cette décision avait été prise.

Selon Le Parisien, ils sont accompagnés de trois policiers 24 heures sur 24, "un chauffeur et deux officiers de sécurité".

Le quotidien ajoute que ce couple a "fait l'objet d'une évaluation" par l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) au sein de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et qu'à l'issue, ils ont été classés en T4, "soit le plus bas niveau de menace sur une échelle qui en compte quatre".

L'attribution de cette protection policière à des personnalités fait régulièrement polémique, toujours selon le quotidien.

En septembre, Sébastien Lecornu a publié un décret supprimant les derniers avantages "à vie" des anciens Premiers ministres, qui concernaient l'usage d'un véhicule et d'un chauffeur, et la protection policière, limitant à 10 ans cette attribution.

Ce décret entrera en vigueur le 1er janvier 2026.