Soudan: Les victimes des conflits voisins piégés dans un cycle infernal de déplacements

De la fumée s'élève au-dessus des bâtiments à Khartoum le 1er mai 2023, alors que les affrontements meurtriers entre les forces des généraux rivaux sont entrés dans leur troisième semaine (Photo, AFP).
De la fumée s'élève au-dessus des bâtiments à Khartoum le 1er mai 2023, alors que les affrontements meurtriers entre les forces des généraux rivaux sont entrés dans leur troisième semaine (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 03 mai 2023

Soudan: Les victimes des conflits voisins piégés dans un cycle infernal de déplacements

  • Les Nations unies s'attendent à ce que près de 600 000 Soudanais fuient vers les pays voisins pour échapper aux combats en cours
  • Des milliers de personnes attendent pendant des jours sous des tentes par des températures dépassant les 40°C, sans savoir quand ou s'ils parviendront à quitter le pays

JUBA, Soudan du Sud: Au cours des deux dernières années, le monde a été en proie à des crises de réfugiés de grande ampleur, de la Syrie à l'Afghanistan en passant par l'Ukraine et le Myanmar. L'année dernière, les Nations unies ont estimé à plus de 100 millions le nombre de personnes déplacées dans le monde. Aujourd'hui, le conflit entre factions militaires rivales au Soudan, qui a débuté le mois dernier, risque de faire gonfler encore ces chiffres.

Ce mardi, un peu plus de trois semaines après les affrontements meurtriers entre les forces armées soudanaises d'Abdel Fattah al-Burhan et les milices des Forces de soutien rapide (FSR) de Mohammed Dagalo, plus de 100 000 personnes avaient afflué du Soudan vers les pays voisins à la recherche de sécurité, selon les Nations unies.

Kak Ruot Wakow, coordinateur de la consolidation de la paix pour une ONG, a récemment fui Khartoum à bord du véhicule de son employeur et se trouve actuellement à Paloch, une ville de l'État du Haut-Nil, au Soudan du Sud, qui est devenue une sorte relais pour les personnes déplacées par les combats au Soudan.

«Je n'ai pas vu de corps, mais j'ai vu des chars endommagés sur la route. Au moment où j'ai quitté Khartoum, les affrontements ne s’étaient pas étalés dans tous les quartiers de la ville, mais dans les bases militaires», a-t-il déclaré à Arab News depuis Paloch. En chemin, Ruot Wakow a croisé des unités des forces de soutien rapide qui l'ont heureusement laissé passer.

Il a indiqué qu'en plus des Soudanais du Sud, il y avait des Éthiopiens, des Érythréens, des Kenyans, des Somaliens, des Congolais et des Ougandais dans la marée humaine qui se dirigeait vers la frontière nord du Soudan du Sud.

Des réfugiés soudanais de la région de Tandelti qui ont traversé le Tchad sont vus le 30 avril 2023 (Photo, AFP).

Des événements similaires se déroulent à d'autres points de sortie du Soudan. La scène à Port-Soudan, une ville de l'est du pays actuellement envahie par des Soudanais et des étrangers à la recherche d'un passage sur un bateau à destination de l'Arabie saoudite et d'ailleurs, est sinistre. Des milliers de personnes attendent pendant des jours sous des tentes par des températures dépassant les 40°C, sans savoir quand ou s'ils parviendront à quitter le pays.

Selon Raouf Mazou, Haut-Commissaire adjoint des Nations unies pour les réfugiés, lors d'une réunion d'information organisée lundi à Genève, les Nations unies estiment que 580 000 Soudanais pourraient fuir vers le Soudan du Sud, le Tchad, l'Égypte, l'Érythrée, l'Éthiopie, la République centrafricaine et même la Libye, déchirée par la guerre.

À la fin du mois dernier, des ressortissants soudanais tentant d'entrer en Égypte ont raconté au journal britannique The Guardian, les scènes chaotiques qui se sont déroulées à la frontière, les fonctionnaires de l'immigration tentant d’accueillir les nouveaux arrivants qui attendaient en plein air avec peu de nourriture et d'eau.

La semaine dernière, Pierre Honnorat, directeur du Programme alimentaire mondial des Nations unies (Pam) au Tchad, a révélé à l'agence de presse Reuters que des dizaines de milliers de Soudanais étaient entrés dans le pays à l'ouest du Soudan et que le Pam s'attendait à ce que d'autres vagues arrivent au fur et à mesure que le conflit s'intensifiait.

Des milliers de Soudanais ont envahi les villages frontaliers de l'est du Tchad. Ils sont souvent plus nombreux que les villageois locaux et ne trouvent ni abri, ni nourriture, ni eau.

L'approvisionnement en eau, l'assainissement et l'hygiène pour un nombre croissant de personnes déplacées sont devenus un problème alarmant (Photo, AN /Robert Bociaga).
 

La crise humanitaire émergente est aggravée par le nombre déjà important de réfugiés au Soudan. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le Soudan accueille plus d'un million de réfugiés et plus de trois millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays.

Un grand nombre de ceux qui fuient le sud font en fait l'expérience d'un second déplacement vers leur pays d'origine: Les statistiques de l'ONU montrent que 800 000 réfugiés sudsoudanais vivent au Soudan.

Le retour de dizaines de milliers d'entre eux au Soudan du Sud fait planer le spectre d'une catastrophe humanitaire. L'année dernière, le ministère sudsoudanais des Affaires humanitaires et de la Gestion des catastrophes a indiqué que 1,6 million des 11,7 millions d'habitants du pays sont des personnes déplacées à l'intérieur du pays.

Le HCR a mobilisé des ressources pour aider les personnes qui ont fui le Soudan, dont environ 9 000 ressortissants soudanais qui sont arrivés dans le seul comté de Renk au Soudan du Sud. Le gouvernement du Soudan du Sud a également déployé du personnel à la frontière avec le Soudan pour accueillir les citoyens en fuite.

Selon le major-général Charles Machieng Kuol, secrétaire du Conseil conjoint de défense du Soudan du Sud, la région nord du pays est la plus touchée. «La plupart des personnes déplacées se dirigent vers Juba, par route, air ou par bateaux», a-t-il déclaré à Arab News.

Ruot Wakow, employé de l'ONG, a indiqué que de nombreux Sudsoudanais se rendaient en bus dans l'État soudanais du Nil blanc avant d'entamer le voyage vers le Soudan du Sud. Selon lui, la communauté locale n'a pas la capacité d'aider la population en transit, car le nombre de personnes est énorme et impossible à contrôler.

Actuellement, le rapatriement des Sudsoudanais par cette route se fait en deux fois par jour, ce qui n'est pas suffisant, a signalé Ruot Wakow. «Les gens veulent surtout aller à Juba, car c'est le seul couloir pour atteindre d'autres endroits. Le risque augmente si l'on voyage en bateau en raison du manque de sécurité.»

Bien que le gouvernement du Soudan du Sud ait alloué une somme équivalente à 7,6 millions de dollars (1 dollar = 0,91 euro) pour aider les personnes revenant du Soudan, des milliers de rapatriés sont toujours bloqués dans le nord du Haut-Nil et n'ont pas accès aux produits de première nécessité.

Les inondations catastrophiques au Soudan compliquent considérablement les déplacements des personnes fuyant le conflit (Photo, AN /Robert Bociaga).

«Sur le terrain, je n'ai vu aucune aide, à l'exception de l'OIM (Organisation internationale pour les migrations) et du HCR, qui ont mis à disposition des bus et des traversiers pour évacuer les personnes de la frontière du Soudan du Sud vers Paloch», a expliqué Ruot Wakow.

Les combats au Soudan ne font qu'aggraver la situation (Photo, AN /Robert Bociaga).

Selon lui, les nouveaux déplacés se plaignent du manque d'abris adéquats et des maladies. «Il y a maintenant des cas de choléra à cause des problèmes d'assainissement et des fortes pluies. La situation en matière d'hébergement est épouvantable», a-t-il prévenu.

En effet, ceux qui ont la chance d'arriver au Soudan du Sud se rendent rapidement compte qu'ils sont confrontés à une nouvelle série d'épreuves, notamment le manque d'accès aux produits de première nécessité tels que la nourriture, l'eau et les abris. L'afflux massif de réfugiés met à rude épreuve les ressources et les infrastructures, ce qui a poussé certains nouveaux déplacés à franchir une autre frontière, celle de l'Ouganda.

«Les gens se déplacent d'ici vers l'Ouganda à cause des difficultés auxquelles ils sont confrontés», a déclaré à Arab News, Kam William, une personne déplacée de la région nord du Soudan du Sud. «Le Programme alimentaire mondial a cessé ses livraisons ici à Juba, il n'y a donc plus de nourriture. Il n'y a rien; la situation est vraiment très difficile. Ici, il n'y a pas d'argent.»

La situation est rendue encore plus difficile par des inondations prolongées dans de grandes parties du Soudan du Sud. Cette catastrophe naturelle a forcé des centaines de milliers de personnes à quitter leurs foyers, ce qui complique encore la tâche des organisations humanitaires qui doivent fournir une aide aux personnes dans le besoin.

«Je suis arrivé ici lorsque la guerre a éclaté à Bentiu. Je suis venu par bateau», a déclaré à Arab News Christ Yoany Kuany, un éleveur qui a fui vers Juba. «La vie y est très difficile. La région a connu de très fortes inondations au cours des trois dernières années. J'ai perdu 100 vaches à Bentiu. Toutes les vaches restantes sont mortes de maladies.»

Dans certains cas, les communautés se sont affrontées pour l'accès aux ressources, ce qui a entraîné des violences et des déplacements. La situation est particulièrement difficile dans les zones où le gouvernement et les organisations d'aide ont un accès limité, ce qui rend la fourniture d'une aide et d'une assistance aux personnes touchées par la violence plus compliquée.

Les combats au Soudan peuvent également contribuer aux tensions intercommunautaires existant au Soudan du Sud. Certaines personnes fuyant le Soudan sont susceptibles d'apporter avec elles des rivalités ethniques et politiques de longue date, qui pourraient alimenter les conflits dans leurs nouvelles communautés.

«C'est notre maison, notre pays», a déclaré à Arab News James Deng, un Sudsoudanais qui vit actuellement dans un camp de personnes déplacées dans la région de Jebel, à Juba. «Et pourtant, nous n'avons nulle part où aller. Il y a tellement de maladies ici.»

La situation est particulièrement grave dans le camp de déplacés de Mangateen, à Juba, qui a été submergé par de fortes pluies, laissant des milliers de personnes déplacées sans abri ni accès aux produits de première nécessité. Le manque de ressources et de soutien a rendu de nombreuses personnes vulnérables aux maladies, à la malnutrition et à d'autres risques sanitaires.

La situation au Soudan du Sud va certainement empirer si le flux de personnes quittant le Soudan se transforme en marée humaine. Abdou Dieng, coordinateur résident et humanitaire par intérim des Nations unies au Soudan, a averti lundi que des millions de Soudanais avaient besoin d'une aide immédiate et que des millions d'autres étaient confinés chez eux, incapables d'accéder aux produits de première nécessité.

De nombreux établissements de santé ont été contraints de fermer, tandis que ceux qui fonctionnent encore sont confrontés à des difficultés, notamment des pénuries de fournitures médicales et de stocks de sang, a-t-il ajouté.

Les responsables du Bureau de la coordination des affaires humanitaires ont déclaré que 16 millions de personnes au Soudan, soit un tiers de la population, ont besoin d'aide et que 3,7 millions de personnes, principalement dans la province du Darfour, ont été déplacées depuis le début des combats le 15 avril.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: l'armée israélienne annonce la remise de trois dépouilles d'otages à la Croix-Rouge

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
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  • "Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza"
  • L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, qui prévoit des échanges de dépouilles.

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne.

 

 


A Gaza, des enfants reprennent les cours après deux ans de guerre

Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là. (AFP)
Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là. (AFP)
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  • Mettant à profit le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé cette semaine cette réouverture progressive
  • Des déplacés sont toujours hébergées dans le bâtiment, sur la façade duquel des cordes à linge sont visibles

GAZA: Des élèves de l'école Al Hassaina à Nousseirat,  dans le centre de la bande de Gaza, viennent de reprendre les cours malgré les destructions dans le territoire palestinien, où l'ONU a annoncé rouvrir progressivement des établissements, a constaté samedi l'AFPTV.

Mettant à profit le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé cette semaine cette réouverture progressive, après deux ans de guerre dévastatrice délenchée par l'attaque du Hamas en Israël du 7 octobre 2023.

Le patron de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a déclaré sur X mardi que plus de 25.000 écoliers avaient déjà rejoint les "espaces d'apprentissage temporaires" de l'agence, tandis qu'environ 300.000 d'entre eux suivraient des cours en ligne.

Dans l'école Al Hassaina, des images de l'AFPTV ont montré dans la matinée des jeunes filles se rassemblant dans la cour en rang pour pratiquer des exercices en clamant "Vive la Palestine!"

Environ 50 filles se sont ensuite entassées dans une salle de classe, assises à terre sans bureaux, ni chaises.

Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là.

Pendant la guerre entre Israël et le Hamas, cette école, comme de nombreuses autres installations de l'UNRWA, s'était transformée en refuge pour des dizaines de familles.

Des déplacés sont toujours hébergées dans le bâtiment, sur la façade duquel des cordes à linge sont visibles.

Une autre salle de classe accueillait un nombre similaire d'adolescentes, presque toutes portant des hijabs et également assises au sol, cahiers posés sur leurs genoux.

Warda Radoune, 11 ans, a déclaré avoir hâte de reprendre sa routine d'apprentissage. "Je suis en sixième maintenant, mais j'ai perdu deux années de scolarité à cause du déplacement et de la guerre", a-t-elle confié à l'AFP.

"Nous reprenons les cours lentement jusqu'à ce que l'école soit à nouveau vidée (des déplacés), et que nous puissions continuer à apprendre comme avant", a-t-elle ajouté.

"Alors que l'UNRWA travaille à ouvrir davantage d'espaces d'apprentissage temporaires dans les abris, certains enfants sont contraints d'apprendre sur des escaliers, sans bureaux ni chaises. Trop d'écoles sont en ruines", a pointé cette semaine l'UNRWA sur X.

Le directeur régional Moyen-Orient d'Unicef, Edouard Beigbeder, avait souligné fin octobre à l'AFP que la communauté humanitaire était engagée dans une "course contre la montre" pour "remettre l'éducation au centre des priorités" à Gaza, au risque sinon d'y laisser une "génération perdue".


Israël menace d'intensifier les attaques contre le Hezbollah dans le sud du Liban

L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé.  L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah. (AFP)
L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé. L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes qu'elle a présentées comme des membres d'une force d'élite du Hezbollah
  • A l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire dimanche, M. Netanyahu a ensuite affirmé que le Hezbollah tentait de se "réarmer"

JERUSALEM: Israël a menacé dimanche d'intensifier ses attaques au Liban contre le Hezbollah, que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accusé de tenter de se "réarmer", exhortant Beyrouth à tenir ses engagements de le désarmer.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le mouvement pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions libanais du Hezbollah et d'occuper cinq positions frontalières dans le sud du Liban.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes qu'elle a présentées comme des membres d'une force d'élite du Hezbollah.

"L'engagement du gouvernement libanais à désarmer le Hezbollah et le chasser du sud du Liban doit être pleinement tenu", a d'abord déclaré dans un communiqué le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, affirmant que le groupe "joue avec le feu" et que "le président libanais traîne des pieds".

"Nous ne tolèrerons aucune menace contre les habitants du nord" d'Israël, a-t-il ajouté.

A l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire dimanche, M. Netanyahu a ensuite affirmé que le Hezbollah tentait de se "réarmer".

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", a-t-il averti.

"Nous ne permettrons pas au Liban de redevenir un nouveau front contre nous et nous agirons comme il faudra".

Des milliers d'Israéliens vivant près de la frontière nord avaient dû évacuer leurs domiciles pendant des mois, après l'ouverture par le Hezbollah d'un front contre Israël à la suite de la guerre déclenchée à Gaza en octobre 2023.

Les tirs de roquette du mouvement chiite avaient provoqué un conflit de plus d'un an, culminant par deux mois de guerre ouverte avant la conclusion d'un cessez-le-feu fin 2024.

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent, invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.

Raid meurtrier et nouvelle frappe 

L'armée israélienne a intensifié ses attaques contre des cibles du Hezbollah ces derniers jours.

Jeudi, elle a mené un raid meurtrier dans le sud du Liban, poussant le président libanais, Joseph Aoun, à ordonner à l'armée de faire face à de telles incursions.

M. Aoun avait appelé à des négociations avec Israël à la mi-octobre, après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu à Gaza, parrainé par le président américain Donald Trump.

Il a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de dialogue en intensifiant ses attaques, avant qu'une nouvelle frappe israélienne ne tue quatre personnes samedi dans le sud du pays, dans le district de Nabatiyeh.

L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé.

L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah.

"Le terroriste était impliqué dans le transfert d'armes et dans les tentatives de reconstitution des infrastructures terroristes du Hezbollah dans le sud du Liban", a-t-elle indiqué, précisant que trois autres membres du groupe avaient été tués.

"Les activités de ces terroristes constituaient une menace pour l'Etat d'Israël et ses civils, ainsi qu'une violation des accords entre Israël et le Liban", a ajouté l'armée.

La veille, elle avait annoncé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement.

A Nabatiyeh, des centaines de personnes se sont rassemblées dimanche pour rendre hommage aux cinq membres du Hezbollah tués, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les participants lançaient des pétales de fleurs sur les cercueils, recouverts du drapeau du Hezbollah, en scandant: "Mort à Israël, mort à l'Amérique".

"Voici le prix que le Sud (du Liban) paie chaque jour", a déclaré à l'AFP Rana Hamed, la mère de l'un des cinq hommes tués. "Nous savons qu'Israël est notre ennemi depuis des décennies."

L'émissaire américain, Tom Barrack, a exhorté samedi le Liban à engager des pourparlers directs avec Israël, affirmant que si Beyrouth franchissait le pas, les Etats-Unis pourraient faire "pression sur Israël pour qu'il se montre raisonnable".