A Dijon, la Cité de la gastronomie reste un peu sur sa faim

Sur cette photo d'archive prise le 06 mai 2022, des personnes attendent d'entrer le jour de l'ouverture de la Cité internationale de la gastronomie et du vin à Dijon, dans l'est de la France. (Photo by JEFF PACHOUD / AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 06 mai 2022, des personnes attendent d'entrer le jour de l'ouverture de la Cité internationale de la gastronomie et du vin à Dijon, dans l'est de la France. (Photo by JEFF PACHOUD / AFP)
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Publié le Jeudi 04 mai 2023

A Dijon, la Cité de la gastronomie reste un peu sur sa faim

  • Hors cinéma, «près de 650.000 personnes» se sont rendues sur place, souligne M. Rebsamen, ravi que la Cité n'attire pas que les touristes mais aussi les Dijonnais
  • «C'est un gouffre financier», affirme-t-il, ce que le maire dément : les musées et leur boutique, les seuls espaces gérés par la mairie tandis que tout le reste est privé, accusent un déficit d'un million d'euros

DIJON: Ouverte il y a un an, la Cité de la gastronomie et du vin de Dijon n'a pas atteint le million de visiteurs souhaité, ce qui n'empêche pas "un formidable succès", selon la mairie, tandis que l'opposition municipale crie au "fiasco".

"Un million" d'entrées, avait promis le maire François Rebsamen (PS) en inaugurant, le 6 mai 2022, la Cité internationale de la gastronomie et du vin (CIGV).

Un an plus tard, le millionième visiteur n'a toujours pas franchi les portes de cet ensemble de musées, boutiques et restaurants, destiné à être l'ambassadeur du "repas à la française", tel qu'inscrit au patrimoine de l'Humanité en 2010.

"On sera à 840.000 le 6 mai", se réjouit le maire dans un entretien avec l'AFP, soit le deuxième site touristique de Bourgogne-Franche Comté derrière la basilique de Vézelay (Yonne, un million de visiteurs).

"C'est un formidable succès", en déduit M. Rebsamen, qui attribue l'échec à atteindre le million de visiteurs à la fréquentation du cinéma Pathé-Gaumont, installé sur le site.

Loin des 500.000 entrées espérées par la mairie, le cinéma en a fait "près de 200.000", confirme à l'AFP Aurélien Bosc, président de Pathé Cinémas qui se dit cependant "confiant: "il faut du temps pour lancer un cinéma, généralement entre trois et cinq ans".

Hors cinéma, "près de 650.000 personnes" se sont rendues sur place, souligne M. Rebsamen, ravi que la Cité n'attire pas que les touristes mais aussi les Dijonnais : ils sont ainsi 61% à la trouver "utile", selon un sondage Ifop auprès de 803 Dijonnais.

"Les résultats ne sont pas du tout à la hauteur des espérances", conteste Emmanuel Bichot, conseiller municipal LR. "C'est un fiasco", assure le candidat à la mairie, déjà en campagne pour les élections de 2026 après l'annonce par M. Rebsamen qu'il ne se représenterait pas.

"C'est un gouffre financier", affirme-t-il, ce que le maire dément : les musées et leur boutique, les seuls espaces gérés par la mairie tandis que tout le reste est privé, accusent un déficit d'un million d'euros. "C'est largement supportable", assure le maire. - "Un déficit de communication" -

Quant aux espaces privés, les restaurants et la cave sont "7-8% au-dessus des prévisions", se réjouit Julien Bernard, président de l'exploitant Epicure.

Le bilan des boutiques du "Village gastronomique" est plus mitigé. "On est satisfait", avance prudemment William Krief, président du groupe propriétaire, K-Rei. "Ce n'est pas un carton mais on est en phase avec nos prévisions. Ce genre de projet nécessite trois ans", plaide-t-il.

"C'est vide", tranche l'écologiste Olivier Muller, opposant municipal, évoquant la déconfiture de la Cité de la gastronomie de Lyon, fermée en 2020 après moins d'un an d'exploitation. Elle a rouvert l'an dernier avec un projet plus modeste.

"C'est un musée pour les riches, pour les touristes américains et chinois", assure M. Muller, blâmant des magasins de bouche "hors de prix".

Pourtant, un rapide constat montre des tarifs tout à fait dans la moyenne: 12 euros les moules-frites, 5,90 les six escargots et des verres de vin à partir de 3,50.

Il s'agit en fait d'un "déficit de communication", analyse Matthieu Honnorat, ancien directeur du Village. "Les Dijonnais l'ont prise en grippe, cette Cité", dit-il.

"On a peut-être commis une erreur" au démarrage en offrant des "produits de qualité, qui ont donc un prix, ce qui ne correspondait pas au public", reconnaît William Krief.

"Mais on a revu la copie", dit-il, en proposant dorénavant un concept de "food court" qui plaît à un "large public": à la poissonnerie, la boucherie, la fromagerie..., le visiteur compose sa planche à déguster en terrasses, dans les allées.

"Mais des planches, c'est ça qu'on attend d'une cité de la gastronomie ?", se demande Matthieu Honnorat, qui a quitté le Village "parce que les valeurs ne (lui) correspondaient pas".

"Plutôt que défendre une Cité de la gastronomie, il faudrait mettre de la gastronomie dans la Cité", renchérit M. Bichot.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.