Pour le RN, une Europe si loin, si proche

Le président du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, prononce un discours lors de l'événement «La Fête de la Nation», organisé par le parti le 1er mai au Havre, le 1er mai 2023 (Photo, AFP).
Le président du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, prononce un discours lors de l'événement «La Fête de la Nation», organisé par le parti le 1er mai au Havre, le 1er mai 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 06 mai 2023

Pour le RN, une Europe si loin, si proche

  • Jordan Bardella a posé comme «enjeu des prochaines élections européennes de faire émerger une majorité alternative au Parlement européen»
  • Un «objectif atteignable», selon lui

PARIS: Autoproclamé favori des élections européennes de l'année prochaine dont il entend faire un "référendum anti-Macron", le Rassemblement national de Marine Le Pen voit pourtant ses alliances s'étioler au Parlement de Strasbourg, au risque d'une forme de marginalisation.

Méthode Coué? Vendredi, à la "Conférence d'action politique conservatrice" (CPAC), un grand raout mondial des droites de la droite qui se tenait à Budapest, Jordan Bardella a posé comme "enjeu des prochaines élections européennes de faire émerger une majorité alternative au Parlement européen". Un "objectif atteignable", selon lui.

Côté pile, le Rassemblement national se délecte d'un vent dans le dos: s'il n'existe pas encore de sondages d'intentions de vote, les études d'opinion montrent une forte popularité du parti, perçu comme le principal vainqueur politique de l'opposition à la réforme des retraites.

"L'objectif, c'est d'arriver en tête", résume M. Bardella, qui devrait à nouveau mener la liste, en voulant faire de ce scrutin des "midterms": des élections intermédiaires "avec une dimension nationale très forte" qui doivent servir de marche-pied à une quatrième candidature de Marine Le Pen à l'Elysée en 2027.

La bonne forme des populistes européens - au pouvoir en Italie, Hongrie, Pologne, Slovaquie, Lettonie, ou Finlande; en forte progression en Autriche ou en Espagne - laisse par ailleurs entrevoir un contingent massif d'eurodéputés "nationalistes" dans l'hémicycle de Strasbourg.

Côté face, le RN affronte toutefois depuis plusieurs semaines un vent mauvais. Début avril, les troupes du Parti des Finlandais ont quitté le groupe parlementaire Identité et démocratie (ID), dans lequel siègent les eurodéputés français du RN.

Mauvais présage? Dominé par les lepénistes et les élus italiens de La Ligue, ID semble aujourd'hui pris en tenaille. Côté italien, le parti de Matteo Salvini est en pleine perte de vitesse depuis qu'il s'est fait dépasser par Fratelli d'Italia, la formation post-fasciste de la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni avec laquelle il s'est résolu à faire alliance pour diriger le pays.

Or, Fratelli d'Italia snobe autant ID (les mélonistes siègent dans le groupe des Conservateurs, ECR) que le RN et Marine Le Pen. En visite à Rome mi-avril, Jordan Bardella a bien tenté d'arrondir les angles. Las: son escapade s'est résumée à une brève entrevue avec son "partenaire" Salvini, qui a exigé que la rencontre se fasse sans journaliste tant le vice-président du Conseil transalpin n'entend pas froisser sa patronne et alliée Meloni.

Et, au même moment, Marine Le Pen enfonçait le clou en répondant au quotidien italien La Repubblica que "Giorgia Meloni n'était pas sa sœur jumelle".

«Rubicon»

Pire: l'alliance entre le RN et La Ligue pourrait prendre du plomb dans l'aile avec l'offensive des "libéraux" du parti italien, menée par le ministre de l'Economie Giancarlo Giorgetti, qui plaide pour un "recentrage" davantage pro-européen du parti du Nord de la péninsule. Cette évolution stratégique pourrait par ailleurs être facilitée par l'apport des troupes du parti Forza Italia (droite), aussi vacillant que l'état de santé de son chef historique, Silvio Berlusconi.

Dès lors, Bardella et le RN se retrouvent face à une double difficulté: non seulement le dessein d'un grand groupe parlementaire à Strasbourg autour d'eux semble illusoire - les lepénistes plaident désormais pour une simple "intergroupe" -, mais ils doivent affronter un projet de rapprochement d'ECR et du groupe de droite PPE, majoritaire dans l'hémicycle, dans lequel siègent notamment les élus LR français ou les Allemands de la CDU-CSU.

"Si ECR fait une coalition avec ceux qui sont responsables des décisions le plus toxiques de l'Union européenne, alors ils seront passés à l'adversaire, ils auront franchi le Rubicon qui sépare les mondialistes des souverainistes", a tranché devant plusieurs journalistes Marine Le Pen la semaine dernière.

"En tout cas, Orbán, ils ne l'emmèneront pas au PPE", a-t-elle prédit, alors que les ouailles du Premier ministre hongrois avaient quitté le PPE en 2021, sans toutefois rejoindre ni ID, ni ECR, mais en siégeant parmi les non-inscrits.

Sur les rives du Danube, quinze jours après sa déconvenue romaine, Jordan Bardella s'est félicité d'une rencontre avec la présidente de la République de Hongrie, puis d'une autre avec le leader ultra-conservateur. En saluant celui "qui porte la voix d'une nation européenne libre qui défend son identité avec fierté et fidélité", il a surtout voulu afficher son indéfectible proximité.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.