En manque de pilotes, les compagnies américaines misent sur la diversité

L'élève pilote Caitlyn Blanco ( à gauche) suit une séance d'entraînement dans un simulateur de vol au Farmingdale State College à Farmingdale, dans l'État de New York, le 28 février 2023. (AFP).
L'élève pilote Caitlyn Blanco ( à gauche) suit une séance d'entraînement dans un simulateur de vol au Farmingdale State College à Farmingdale, dans l'État de New York, le 28 février 2023. (AFP).
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Publié le Dimanche 07 mai 2023

En manque de pilotes, les compagnies américaines misent sur la diversité

  • Aux Etats-Unis, les pilotes et ingénieurs de vol sont à 95,7% des personnes blanches et à 90,8% des hommes, selon les données officielles
  • La présidente de l'Association des compagnies régionales (RAA) a fustigé lors d'une récente audition au Congrès la «diversité très limitée» aux commandes des avions

NEW YORK : Face à un nombre limité de pilotes au moment où le trafic aérien redécolle aux Etats-Unis, compagnies et syndicats s'accordent sur un aspect longtemps délaissé: le besoin d'une diversité accrue dans le cockpit.

Dans le pays, les pilotes et ingénieurs de vol sont à 95,7% des personnes blanches et à 90,8% des hommes, selon les données officielles.

La présidente de l'Association des compagnies régionales (RAA), Faye Malarkey Black, a fustigé lors d'une récente audition au Congrès la "diversité très limitée" aux commandes des avions tandis que le président de l'Association des pilotes de ligne (ALPA), Jason Ambrosi, appelait au changement face au manque criant de femmes et de personnes issues de minorités parmi ses homologues.

Au-delà de la nécessité d'accroître la représentativité au travail, attirer des personnes aux profils plus variés pourrait permettre aux compagnies de remplacer les nombreux pilotes ayant choisi de profiter des plans de départ volontaires mis en place lorsque le trafic s'est effondré en 2020.

La demande pour les billets d'avion a depuis redécollé, mais les compagnies ne peuvent plus compter sur une de leurs principales voies de recrutement: l'armée.

En 2000, la moitié des pilotes des plus grandes compagnies aériennes étaient d'anciens militaires. L'armée s'étant dotée de nombreux appareils téléguidés à distance, cette proportion est tombée à 15%.

Les trois quarts des pilotes des compagnies nationales viennent désormais des compagnies régionales, évalue le cabinet Oliver Wyman.

Selon leurs estimations, il manquera 17 000 pilotes en 2032 en Amérique du Nord.

De précédentes estimations étaient encore plus alarmistes.

Mais entre temps, les compagnies ont mis en place des programmes de formation, comme United Airlines qui veut qu'au moins la moitié des recrues à son Académie d'aviation soient des femmes ou des personnes issues de minorités.

Les compagnies ont aussi éliminé des lignes desservant des petits aéroports, réduisant par ricochet le besoin de pilotes, remarque Geoff Murray du cabinet Oliver Wyman.

Les compagnies européennes ne sont pas dans la même situation grâce aux mesures mises en place par les gouvernements pendant la pandémie, qui ont permis de ne pas pousser les pilotes à partir.

Mais elles devraient aussi faire face à des problèmes de recrutement d'ici trois ans au vu du rebond du trafic aérien à l'international, estime Geoff Murray.

Relever l'âge de la retraite?

La pénurie de pilotes devrait s'empirer en raison "d'un tsunami à venir de départs à la retraite", a souligné Faye Malarkey Black, la présidente de la RAA, lors de l'audition.

Sa solution: relever l'âge de la retraite obligatoire pour les pilotes de 65 à 67 ans.

Elle a aussi appelé à revoir les règles obligeant les pilotes à avoir volé au moins 1 500 heures avant de pouvoir prendre les commandes d'un avion de ligne, soulignant qu'ils étaient désormais largement assistés par des outils d'aide au pilotage.

Sur ces solutions, les syndicats ne sont pas d'accord.

Elles font courir des risques, a relevé Jason Ambrosi d'ALPA en mettant notamment en avant le fait la diminution drastique des accidents mortels depuis que le seuil minimum d'heures de vol est passé de 250 à 1 500 en 2010.

"Répondre aux problèmes temporaires rencontrés par le secteur après le Covid par des modifications permanentes sur les exigences de formation et de qualification des pilotes est malavisé et dangereux", a-t-il dit.

Pour lui, l'impact des départs en retraite est sur-estimé. Et les compagnies ne devraient pas imputer au manque de pilotes la fermeture de lignes régionales, prises car elles ne sont pas assez rentables, a-t-il avancé.

Les représentants des compagnies et des pilotes s'accordent en revanche pour dire que le coût de la formation des pilotes, qui peut aller au-delà de 100 000 dollars, écarte de nombreux candidats issus de la diversité, aux ressources plus limités.

Un groupe de travail gouvernemental a recommandé d'accroître les campagnes de sensibilisation aux métiers de l'aviation et de mettre en place des bourses dédiées.

Les parlementaires devraient examiner ces propositions lors des débats sur le prochain projet de loi sur le financement de l'agence supervisant l'aviation, la FAA.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.