Les Etats-Unis redoutent un afflux de migrants avec la fin des restrictions datant de la pandémie

Des migrants traversent les rives du Rio Grande à la frontière d'El Paso, au Texas, le 8 mai 2023. (AFP)
Des migrants traversent les rives du Rio Grande à la frontière d'El Paso, au Texas, le 8 mai 2023. (AFP)
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Publié le Mardi 09 mai 2023

Les Etats-Unis redoutent un afflux de migrants avec la fin des restrictions datant de la pandémie

  • Le "Titre 42" avait été activé en 2020 par l'administration de Trump, au nom de la lutte contre la pandémie de Covid-19. Son successeur, Joe Biden, en avait prolongé la validité
  • Dans la pratique, cette mesure a surtout empêché l'accès au système d'asile américain: les migrants dépourvus de visa étaient refoulés, sans pouvoir déposer de demande

BROWNSVILLE: Les autorités américaines redoutent un appel d'air sur leur frontière sud cette semaine, avec la fin programmée d'une mesure prise pendant la pandémie, qui permettait d'expulser sans délai les migrants au Mexique, au nom de la lutte contre le Covid-19.

Sauf ultime rebondissement, ce dispositif connu sous le nom de "Titre 42" doit prendre fin jeudi à 23H59, heure de Washington.

Le gouvernement de Joe Biden redoute un afflux de milliers de migrants et les villes frontalières sont sous pression.

Au Texas, les municipalités d'El Paso, Brownsville et Laredo ont déclaré l'état d'urgence pour fluidifier la prise en charge des nombreux candidats à l'exil - venus principalement d'Amérique latine, mais aussi de Chine, de Russie ou de Turquie - déjà sur place.

A El Paso, des centaines de personnes dorment dans les rues, protégées du soleil par des draps ou allongées sur des cartons, pendant que des enfants mendient.

Le maire, Oscar Leeser, s'attend à devoir faire face à une vague de "12 000 à 15 000 personnes" en fin de semaine: jusqu'à 10 000 migrants patientent dans la ville mexicaine voisine de Ciudad Juarez, selon un récent comptage de ses services, et d'autres doivent encore gagner la frontière dans les prochains jours.

Le "Titre 42" avait été activé en 2020 par l'administration de l'ex-président Donald Trump, au nom de la lutte contre la pandémie de Covid-19. Son successeur, Joe Biden, en avait prolongé la validité.

Système d'asile réactivé 

Dans la pratique, cette mesure a surtout empêché l'accès au système d'asile américain: les migrants dépourvus de visa étaient refoulés, sans pouvoir déposer de demande.

A partir de vendredi, cela sera de nouveau possible et les candidats à l'exil pourront voir leur dossier traité par la justice. Un processus qui peut prendre des années.

La fin de ce dispositif d'exception suscite l'ire des conservateurs américains. Les républicains promettent un véritable "chaos" migratoire et certains d'entre eux considèrent que les Etats-Unis sont désormais en "état de siège".

L'administration Biden "déroule le tapis rouge aux gens du monde entier", a fustigé lundi le gouverneur du Texas, Greg Abbott, en annonçant mobiliser la garde nationale de son Etat pour surveiller la frontière.

Le dossier est épineux pour le président Joe Biden, qui vient d'annoncer sa candidature pour un second mandat en 2024. Si la droite lui fait un procès en laxisme, les associations de défense des migrants l'accusent de mener une politique migratoire pas si différente de celle de Donald Trump.

Entre message d'humanité et discours ferme, le président livre un numéro d'équilibriste.

Avec l'expiration du "Titre 42", son administration a décidé d'envoyer 1 500 soldats supplémentaires à la frontière des Etats-Unis avec le Mexique, pour épauler les 2.500 soldats assistant déjà la police aux frontières.

Durcissement des expulsions 

Le gouvernement insiste sur les voies légales d'immigration.

Selon les nouvelles règles qui s'appliqueront à partir de vendredi, les migrants entrés clandestinement aux Etats-Unis pourront demander l'asile, mais il leur sera plus difficile de prouver le bien-fondé de leur demande. Les personnes déboutées seront expulsées vers leur pays d'origine ou vers le Mexique, et il leur sera interdit de déposer une nouvelle demande pendant plusieurs années.

Les candidats doivent aussi se soumettre à un système de rendez-vous aux postes-frontières, via une application en ligne de la police aux frontières. Mais les dysfonctionnements répétés du système frustrent de nombreux demandeurs d'asile: certains tentent simplement leur chance en faisant la queue à la frontière.

"Ils nous disent de rester calmes, d'attendre ici, mais ils ne viennent jamais. Nous ne savons pas pourquoi", s'agaçait lundi Marjorie, une Vénézuélienne mère de deux enfants, présente à Ciudad Juarez et qui ne souhaite pas donner son patronyme.

La tension a encore augmenté au Texas, depuis que huit migrants ont été tués dimanche à Brownsville par un conducteur qui leur a foncé dessus à un arrêt de bus. Selon la police, le suspect a brûlé un feu rouge. Il a été inculpé pour homicide involontaire.

A El Paso, la municipalité prévoit des bus pour aider les migrants à se rendre ailleurs aux Etats-Unis. Un pis-aller défendu par M. Leeser, le maire.

La législation américaine sur l'immigration "est cassée depuis un certain temps", bien avant l'ère Biden ou Trump, estime l'édile. "Tout cela est sans fin et nous avons vraiment besoin de déterminer quelle direction prendre."


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.