Explosions à Khartoum, blocage persistant sur l'ouverture de couloirs humanitaires

La fumée monte à Khartoum au milieu des combats en cours entre les forces de deux généraux rivaux au Soudan le 6 mai 2023 (Photo AFP).
La fumée monte à Khartoum au milieu des combats en cours entre les forces de deux généraux rivaux au Soudan le 6 mai 2023 (Photo AFP).
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Publié le Mercredi 10 mai 2023

Explosions à Khartoum, blocage persistant sur l'ouverture de couloirs humanitaires

  • Des explosions et des tirs d'artillerie lourde ont résonné mercredi à Khartoum, ont raconté des habitants
  • Des habitants d'El-Obeid, une ville à 350 kilomètres à l'ouest de la capitale, ont également fait état d'affrontements et d'explosions

KHARTOUM: De fortes explosions ont secoué mercredi Khartoum, au 26e jour de la guerre pour le pouvoir entre l'armée et les paramilitaires, sans avancée jusqu'à présent dans les négociations sur des couloirs pour acheminer l'aide et faire sortir des civils pris au piège.

Des explosions et des tirs d'artillerie lourde ont résonné mercredi à Khartoum, ont raconté des habitants à l'AFP, tandis que de nouveaux "raids aériens" ont visé des quartiers habités, auxquels ont répondu des tirs "de mitrailleuses antiaériennes".

Des habitants d'El-Obeid, une ville à 350 kilomètres à l'ouest de la capitale, ont également fait état d'affrontements et d'explosions.

L'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), menés par le général Mohamed Hamdane Daglo, ont envoyé samedi des négociateurs à Djeddah, en Arabie saoudite, pour des "discussions préalables", uniquement "techniques", portant sur des couloirs sécurisés pour l'aide humanitaire.

Aucun des deux camps n'a annoncé de résultats à ces pourparlers.

Le responsable de l'ONU pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths, s'était rendu à Djeddah pour réclamer un "engagement de principe" des belligérants à "garantir le passage de l'aide humanitaire".

Les combats qui ont éclaté le 15 avril ont fait plus de 750 morts et 5 000 blessés, selon des ONG et les autorités.

Selon l'ONU, environ 900 000 personnes ont quitté leur maison vers des zones épargnées par les combats: 177 000 sont réfugiées dans les pays voisins, tandis que le nombre de déplacés à l'intérieur du Soudan dépassait mardi les 700 000, après avoir doublé en une semaine.

Parmi les déplacés, "plus de 80 000 sont des femmes, dont 8 000 sont enceintes", selon l'ONU qui met en garde contre un "risque accru" de violences liées au genre ou d'exploitation sexuelle.

Plus de 15 000 personnes, dont des réfugiés éthiopiens, selon l'ONU, sont arrivées dans la ville-frontière de Metema, dans le nord-ouest de l'Ethiopie. "Ma vie quotidienne se résume à moisir ici", raconte Muhamad Yusuf, un Soudanais de 30 ans arrivé, après trois jours de route, avec seulement quelques "vêtements et un peu d'argent".

Acheminement d'aide à Port-Soudan

Ceux qui restent à Khartoum, une ville de cinq millions d'habitants, vivent barricadés chez eux. Sans eau ni électricité, avec très peu de nourriture et de moins en moins de liquidités, ils survivent sous une chaleur écrasante grâce à des réseaux de solidarité entre voisins et proches. Quasiment plus aucun hôpital ne fonctionne dans la capitale.

Avant la guerre, un Soudanais sur trois souffrait de la faim. Si la guerre se poursuit, jusqu'à 2,5 millions de personnes supplémentaires auront faim quotidiennement, prévoit l'ONU.

Selon un correspondant de l'AFP, deux avions saoudiens chargés d'aide humanitaire ont atterri à Port-Soudan, une ville portuaire de l'est du Soudan, épargnée par les violences, où l'ONU et de plus en plus d'ONG tentent de négocier l'acheminement de ces cargaisons vers les zones où hôpitaux et stocks humanitaires ont été pillés ou bombardés.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) reprend ses liaisons aériennes régulières entre Port-Soudan et Addis Abeba, la capitale de l'Ethiopie, afin d'"assurer l'acheminement de l'aide et du personnel humanitaires vitaux", a annoncé le porte-parole du secrétaire général de l'ONU.

Au Darfour, une région frontalière du Tchad, dans l'ouest du Soudan, l'ONG Islamic Relief raconte la désolation: "A Zalingei, chef-lieu du Darfour central, les stocks de nourriture se réduisent comme peau de chagrin alors que le marché a été pillé".

"Près de 250 000 personnes ont été déplacées au Darfour où des groupes armés tuent et attaquent les civils, pillent les locaux et les camions des humanitaires", ajoute l'ONG.

Dans cette région, des civils ont été armés pour participer aux affrontements mêlant militaires, paramilitaires et combattants tribaux ou rebelles, selon l'ONU.

Le Darfour a été marqué par la sanglante guerre civile déclenchée en 2003 entre la dictature d'Omar el-Béchir et des minorités ethniques.

En 2019, l'armée avait accepté sous la pression de la rue de limoger M. Béchir, au pouvoir depuis 30 ans.

En octobre 2021, les généraux Burhane et Daglo s'étaient alliés pour mener un putsch et évincer les civils du pouvoir, mettant fin à deux années de transition démocratique.

Mais l'union sacrée a fait long feu et la guerre a éclaté le 15 avril entre les deux généraux, incapables de s'entendre sur l'intégration des FSR dans l'armée.


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk