Turquie: Un opposant à Erdogan jette l'éponge à trois jours de la présidentielle

Muharrem Ince, dont le portrait figurera dimanche sur les bulletins de vote, avait été en 2018 le candidat malheureux à la présidentielle du Parti républicain du peuple (Photo, AFP).
Muharrem Ince, dont le portrait figurera dimanche sur les bulletins de vote, avait été en 2018 le candidat malheureux à la présidentielle du Parti républicain du peuple (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 12 mai 2023

Turquie: Un opposant à Erdogan jette l'éponge à trois jours de la présidentielle

  • Il avait été la cible d'une campagne de dénigrement sur internet, montée notamment à l'aide de deepfakes
  • Selon un sondage réalisé les 9 et 10 mai par l'institut Metropoll, près de 50% des soutiens de Muharrem Ince reporteront leur vote sur M. Kiliçdaroglu

ISTANBUL: Muharrem Ince, un des quatre candidats à la présidentielle turque du 14 mai, a annoncé jeudi le retrait de sa candidature, une décision qui renforce les chances de Kemal Kiliçdaroglu, principal opposant au président Recep Tayyip Erdogan.

"Je retire ma candidature", a déclaré lors d'une conférence de presse le chef du parti Memleket (Patrie), qui était crédité de 2 à 4% des intentions de vote dans les dernières enquêtes d'opinion.

Il avait été la cible d'une campagne de dénigrement sur internet, montée notamment à l'aide de deepfakes qui montraient des photos de lui truquées en compagnie de femmes ou au volant de voitures de luxe.

Kemal Kiliçdaroglu a accusé jeudi soir la Russie d'être à l'origine de cette campagne.

"Chers amis russes", a posté M. Kilicdaroglu sur Twitter, "vous êtes à l'origine des montages, des conspirations, des faux et des enregistrements qui ont été révélés hier dans ce pays (...) Si vous voulez notre amitié après le 15 mai, ne touchez pas à l'État turc.

Plusieurs cadres du parti de M. Ince ont démissionné ces derniers jours, s'inquiétant que sa candidature empêche M. Kiliçdaroglu, à la tête d'une alliance réunissant six partis de l'opposition, de l'emporter face au président Erdogan, au pouvoir depuis 2003.

M. Ince a justifié sa décision en affirmant que l'alliance de l'opposition "rejettera toute la faute" sur lui si elle perd. "Je ne veux pas qu'ils aient d'excuses", a-t-il lancé.

Muharrem Ince, dont le portrait figurera dimanche sur les bulletins de vote, avait été en 2018 le candidat malheureux à la présidentielle du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), battu dès le premier tour par Recep Tayyip Erdogan.

Il avait lancé en mai 2021 sa propre formation nationaliste laïque.

«Vieilles rancœurs»

Kemal Kiliçdaroglu, chef du CHP, est donné en bonne posture face au président Erdogan, confronté pour la première fois en deux décennies à une opposition unie.

La dernière enquête d'opinion rendue publique jeudi par le réputé institut Konda créditait M. Kiliçdaroglu de 49,3% des intentions de vote au premier tour, contre 43,7% pour M. Erdogan et 2,2% pour Muharrem Ince.

Selon un sondage réalisé les 9 et 10 mai par l'institut Metropoll, près de 50% des soutiens de Muharrem Ince reporteront leur vote sur M. Kiliçdaroglu, contre moins du quart en faveur du président Erdogan.

"Mon appel tient toujours. Mettons de côté les vieilles rancœurs", a tweeté jeudi M. Kiliçdaroglu, appelant Muharrem Ince à rejoindre sa coalition.

"Son retrait est incompréhensible. Honnêtement, je suis triste", a réagi pour sa part M. Erdogan lors d'un meeting dans la province d'Ankara.

"Continuons (...) Ce qui compte, c'est la décision de mon peuple", a ajouté le chef de l'État, âgé de 69 ans, qui affrontera dimanche son élection la plus incertaine depuis son avènement à la tête du pays.

«Participation record»

M. Erdogan, qui a vu sa popularité entamée par la crise économique qui frappe la Turquie, a promis jeudi de doubler le salaire des fonctionnaires, après avoir initialement promis mardi une hausse de 45%.

Face à lui, Kemal Kiliçdaroglu, ancien haut fonctionnaire âgé de 74 ans, promet un retour au jeu démocratique et une lutte à bras-le-corps contre l'inflation, qui dépasse toujours les 40% en Turquie.

Outre l'appui de sa coalition, le candidat a obtenu le soutien du Parti démocratique des peuples (HDP), principal parti prokurde du pays et troisième force politique du pays.

Dans la ville conservatrice de Sivas (centre), M. Kiliçdaroglu a promis jeudi qu'il protégerait les droits de tous les Turcs.

Les 64,1 millions d'électeurs du pays renouvelleront simultanément dimanche leur parlement, où le président Erdogan et ses alliés jouissent d'une majorité.

Près de 1,7 million de Turcs ont déjà voté depuis l'étranger, selon les chiffres du Haut comité électoral turc.

"Nous avons atteint une participation record à l'étranger par rapport aux précédentes élections", s'est félicité le vice-ministre turc des Affaires étrangères Yasin Ekrem Serim.

Il y a cinq ans, les Turcs de l'étranger, qui constituent 5% environ de l'électorat, avaient voté à près de 60% pour Recep Tayyip Erdogan, contre 52,6% pour l'ensemble des Turcs.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».