Les dessins d'un prisonnier de Guantanamo Bay révèlent la brutalité des «techniques d'interrogatoire renforcées» américaines

Les dessins d'Abou Zoubaydah décrivent en détail diverses méthodes de torture utilisées par la CIA contre lui et d'autres détenus à Guantanamo Bay. (Illustration/Abou Zoubaydah/Center for Policy and Research).
Les dessins d'Abou Zoubaydah décrivent en détail diverses méthodes de torture utilisées par la CIA contre lui et d'autres détenus à Guantanamo Bay. (Illustration/Abou Zoubaydah/Center for Policy and Research).
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Publié le Vendredi 12 mai 2023

Les dessins d'un prisonnier de Guantanamo Bay révèlent la brutalité des «techniques d'interrogatoire renforcées» américaines

  • L'emprisonnement d'Abou Zoubaydah qualifié d’«inhumain» par le groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire
  • «Abou Zoubaydah est innocent au regard de la loi et il doit donc être libéré»

LONDRES: Un prisonnier de Guantanamo Bay a révélé en détail les abus et les tortures qu'il dit avoir subis aux mains des forces de sécurité américaines dans la tristement célèbre prison.

Abou Zoubaydah, un Palestinien apatride détenu par les forces américaines à Faisalabad, au Pakistan, en 2002, a réalisé des dessins montrant les traitements brutaux qu'il a subis au cours de son emprisonnement et de ses interrogatoires dans divers «sites noirs» américains et à Guantanamo Bay.

Ces dessins ont été réalisés de mémoire dans sa cellule et envoyés à l'un de ses avocats, le professeur Mark Denbeaux.

Ce dernier a coécrit un rapport basé sur le récit d'Abou Zoubaydah, intitulé «American Torturers: FBI and CIA Abuses at Dark Sites and Guantanamo», dont un résumé a été publié jeudi dans le journal The Guardian, qui offre un aperçu sans précédent de ce que la CIA appelle ses «techniques d'interrogatoire renforcées» (EIT).

Ses dessins décrivent en détail diverses méthodes de torture utilisées par la CIA contre lui et d'autres prisonniers, tout en soulignant la «complicité» des agents du FBI dans les abus et les mauvais traitements infligés, selon le rapport.

Abou Zoubaydah a été le premier détenu de l'ère post-11-Septembre à faire l'objet d'expériences au moyen des EIT, dont des gifles et des coups de poing sur le corps, des simulacres de noyade, l'application d'eau froide à haute pression sur les parties génitales et l'utilisation vingt-quatre heures sur vingt-quatre de haut-parleurs et d'air froid tout en étant enchaîné au mur d'une cellule.

Après avoir été capturé par les forces américaines, il a été transféré du Pakistan vers un site noir en Thaïlande. Pendant quatre ans, il a subi des sévices et des tortures dans des sites noirs de la CIA en Afghanistan, en Lituanie, en Pologne et au Maroc, avant d'être transféré à la prison militaire américaine de Guantanamo Bay en 2006.

La CIA et le FBI ont reconnu qu'Abou Zoubaydah n'était pas membre d'Al-Qaïda comme on le soupçonnait initialement et qu'il s'agissait d'une «erreur d'identité», mais il est emprisonné sans inculpation ni procès depuis lors.

Le traitement qu’il a subi a été critiqué par le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, qui a estimé qu'il n'avait «aucune base légale». Le retrait de ses libertés constitue un «crime contre l'humanité» et le Royaume-Uni est «conjointement responsable de la torture et du traitement cruel, inhumain ou dégradant de Zoubaydah», a ajouté le groupe.

«Non seulement ces dessins sont un témoignage puissant de ce que la CIA et le FBI ont fait dans la foulée du 11-Septembre, mais ils constituent la seule preuve actuelle», déclarent les auteurs du rapport du Center for Policy and Research, Mark Denbeaux et Jess Ghannam.

«La CIA a détruit la seule preuve vidéo de la torture des détenus, et la “justice” avance à pas de tortue dans la salle d'audience de la Commission militaire de Guantanamo Bay; dix-neuf ans ont été perdus alors qu’Abou Zoubaydah et de nombreux autres prisonniers de Guantanamo n'ont pas été accusés d'un crime ni autorisés à témoigner», ajoutent-ils.

Moazzam Begg, ancien prisonnier de Guantanamo Bay et directeur du groupe de défense des victimes de la guerre contre la terreur (Cage), basé à Londres, déclare que les dessins d'Abou Zoubaydah seront essentiels pour mettre en lumière ce qui s'est passé à Guantanamo Bay.

«Ils l'appellent le “prisonnier éternel” parce que, bien qu'il n'ait fait l'objet d'aucune accusation ni d'aucun procès en vingt et un ans, ils craignent de libérer Abou Zoubaydah non pas à cause de ce qu'il a fait, mais de ce qu'on lui a fait subir», précise M. Begg.

«On se souviendra toujours que le programme de torture médiévale des États-Unis du XXIe siècle a été inventé contre un Palestinien apatride et que c'est son cas qui a amené les Nations unies à qualifier Guantanamo de “crime contre l'humanité”.»

«Abou Zoubaydah est innocent au regard de la loi et il doit donc être libéré. Lorsqu'il sera libre, les dessins emblématiques de la torture de la CIA présentés dans le rapport auront fait leur travail.»

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.