Diffamation à caractère racial: amende requise contre le sénateur ex-RN Stéphane Ravier

Le sénateur français Stéphane Ravier s'exprime lors d'un meeting de campagne du président du parti d'extrême droite Reconquete ! et ex-candidat à la présidence, Éric Zemmour, sur la place du Trocadéro à Paris, le 27 mars 2022. (Photo, AFP)
Le sénateur français Stéphane Ravier s'exprime lors d'un meeting de campagne du président du parti d'extrême droite Reconquete ! et ex-candidat à la présidence, Éric Zemmour, sur la place du Trocadéro à Paris, le 27 mars 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 12 mai 2023

Diffamation à caractère racial: amende requise contre le sénateur ex-RN Stéphane Ravier

  • Requérant 1 000 euros d'amende, le procureur de la République a jugé que le délit de diffamation publique en raison de l'appartenance à une race était bien caractérisé dans ce message
  • «La juxtaposition de la nationalité sénégalaise de l'assassin et du terme +immigration+ consiste bien à viser une communauté particulière», « la communauté immigrée», et « on indique même une provenance géographique»

MARSEILLE: Une amende de 1.000 euros a été requise vendredi à l'encontre du sénateur d'extrême droite Stéphane Ravier, poursuivi à Marseille pour diffamation à caractère racial après la publication en juillet 2021 d'un tweet où il estimait que "l'immigration tue la jeunesse de France".

Dans ce message sur Twitter le 11 juillet 2021, le sénateur RN, qui a ensuite rallié Eric Zemmour avant la présidentielle, avait posté la photo du jeune vendeur d'une boutique de téléphonie tué à l'arme blanche la veille en Seine-et-Marne, en l'accompagnant du message suivant: "Théo, 18 ans, assassiné hier par un Sénégalais à #ClayeSouilly. L'immigration tue la jeunesse de France."

Requérant 1.000 euros d'amende, le procureur de la République a jugé que le délit de diffamation publique en raison de l'appartenance à une race était bien caractérisé dans ce message, signalé au parquet par la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra).

"La juxtaposition de la nationalité sénégalaise de l'assassin et du terme +immigration+ consiste bien à viser une communauté particulière", "la communauté immigrée", et "on indique même une provenance géographique", a développé Alain Berthomieu.

Pour Stéphane Ravier, qui se défend de tout racisme, ce tweet - qu'il n'a jamais retiré du réseau social Twitter - était un simple commentaire politique en réaction à un fait divers "dramatique": il n'y a "pas de race, de nationalité, ni de religion dénoncée, mais les conséquences d'une politique", a-t-il appuyé, jugeant qu'il n'y avait "aucun amalgame, aucune désignation ou volonté" de sa part de "dire que l'ensemble des Sénégalais et a fortiori l'ensemble des étrangers sont des criminels".

"Mon tweet n'est pas là pour créer la polémique, il est là pour faire connaître mon positionnement qui n'est pas nouveau", a poursuivi le sénateur d'extrême droite, estimant de son "devoir" de responsable politique de "dénoncer un phénomène", à savoir "la politique d'immigration (en France) et ses conséquences".

Son avocat, Me Pierre-Vincent Lambert, a prévenu le tribunal que sa décision pourrait "lancer un signal selon lequel il faudrait censurer toute critique négative de l'immigration", ce qui pourrait conduire les magistrats à être rapidement "submergés de procédures".

Décrivant l'élu comme une "sorte de charognard qui se repaît de l'actualité en prenant toujours la même cible", Alain Lhote, avocat de l'association anti-raciste "La Maison des Potes", partie civile aux côtés de la Licra et de la Ligue des droits de l'homme, a demandé au tribunal une condamnation "ferme" pour que cette "parole toxique se tarisse dans la cité".

La décision, mise en délibéré, sera rendue le 7 juillet.


Poutine «seul obstacle» à la paix en Ukraine, selon Paris

Les Etats-Unis mènent depuis des semaines des négociations séparées avec les Ukrainiens et les Russes, qui n'ont toutefois pas encore abouti trois ans après l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Les Etats-Unis mènent depuis des semaines des négociations séparées avec les Ukrainiens et les Russes, qui n'ont toutefois pas encore abouti trois ans après l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
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  • La visite de M. Barrot à Washington intervient au lendemain de la signature entre Washington et Kiev d'un accord sur les minerais qui pourrait pérenniser à terme une présence américaine en Ukraine
  • L'Ukraine "a accepté un cessez-le-feu sans condition et hier elle a accepté de conclure un accord sur les minerais critiques avec les Etats-Unis", a fait valoir M. Barrot

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a estimé jeudi que le président russe Vladimir Poutine était le "seul obstacle" à la paix en Ukraine, et indiqué que les Européens se préparaient à de nouvelles sanctions contre Moscou.

"Il faut le reconnaître, je crois que désormais c'est clair comme de l'eau de roche que le seul obstacle à la paix en Ukraine aujourd'hui c'est Vladimir Poutine", a déclaré M. Barrot dans une interview à l'AFP, en soulignant que l'Ukraine avait "tenu sa part du marché".

Le ministre français s'exprimait peu après avoir rencontré son homologue américain Marco Rubio au département d'Etat, avec lequel il a dit avoir eu "un échange sans filtre".

La visite de M. Barrot à Washington intervient au lendemain de la signature entre Washington et Kiev d'un accord sur les minerais qui pourrait pérenniser à terme une présence américaine en Ukraine.

L'Ukraine "a accepté un cessez-le-feu sans condition et hier elle a accepté de conclure un accord sur les minerais critiques avec les Etats-Unis", a fait valoir M. Barrot.

"Pendant ce temps-là, la Russie de Vladimir Poutine n'a fait aucun effort, n'a envoyé aucun signe qu'elle est prête au cessez-le-feu et à la paix à laquelle aspire le président Donald Trump et à laquelle aspirent les Européens et bien évidemment les Ukrainiens", a-t-il dit.

Le chef de la diplomatie française n'a pas écarté la possibilité que la France, qui détient selon lui une "expertise" en matière de terres rares, puisse conclure un accord économique avec l'Ukraine et fait part de discussions en cours à ce sujet.

"Nous regardons les possibilités qui s'ouvrent à nous, et nous les saisirons, si elles sont dans l'intérêt mutuel de la France et de l'Ukraine", a affirmé Jean-Noël Barrot.

Il a par ailleurs indiqué que les Européens préparaient une nouvelle série de sanctions contre la Russie, qu'ils souhaitent coordonner avec les Etats-Unis, en cas de refus persistant de Moscou de tout cessez-le-feu en Ukraine.

"Nous allons, nous, Européens, accompagner cette initiative américaine avec un 17e paquet de sanctions et je me suis engagé hier (mercredi) auprès de Lindsey Graham à ce que nous tentions de coordonner, à la fois sur la substance mais aussi sur le calendrier, ces deux paquets de sanctions", a déclaré le ministre français.

Il faisait référence au sénateur républicain qui a proposé de durcir les sanctions américaines contre Moscou et dit avoir rassemblé près de "70" de ses collègues, démocrates comme républicains, en soutien à cette initiative.

Le président Donald Trump n'a pas écarté la possibilité de nouvelles sanctions américaines contre la Russie si celle-ci n'accepte pas de conclure un accord de paix avec Kiev.

"Moment décisif" 

Les Etats-Unis mènent depuis des semaines des négociations séparées avec les Ukrainiens et les Russes, qui n'ont toutefois pas encore abouti trois ans après l'invasion russe de l'Ukraine.

Ils y ont associé récemment les Européens, et Paris a été l'hôte il y a une dizaine de jours de négociations entre Ukrainiens, Américains et Européens.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat a souligné que l'entretien entre MM. Barrot et Rubio a largement porté sur les moyens de "faire avancer la paix en Ukraine".

"Le secrétaire d'Etat (...) a réaffirmé l'engagement des Etats-Unis à collaborer étroitement avec la France et les autres partenaires européens en vue d'aboutir à une paix durable", selon le texte.

Mais, est-il ajouté, "l'Europe doit déployer des ressources réelles et la volonté politique nécessaire pour mettre fin à cette guerre".

Les Etats-Unis et la France sont de vieux alliés mais depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier les contentieux s'accumulent, dont les droits de douane et les pressions américaines sur l'Europe en matière de défense notamment.

Pour M. Barrot, "c'est un moment décisif pour l'Europe".

Il a rappelé à cet égard que le président français Emmanuel Macron appelle depuis des années à l'autonomie stratégique de l'Europe et pour "un pilier européen de l'Otan".

Sur les droits de douane, le responsable français a plaidé pour "une désescalade pour que nous revenions à la situation qui précédait ces décisions prises par l'administration Trump dans l'intérêt des Etats-Unis comme de l'Europe", alors que l'Union européenne est engagée dans des discussions avec Washington.

Il a tenu à rappeler que les Etats-Unis avaient longuement profité du règne du dollar pour "financer leur déficit lorsque c'était nécessaire" à très bon marché.


Rassemblement à Paris en mémoire d'Aboubakar Cissé et contre l'islamophobie

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
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  • "Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deu
  • Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion

PARIS: Au moins un millier de personnes se sont rassemblées à Paris pour rendre hommage à Aboubakar Cissé, un musulman tué la semaine dernière dans une mosquée du Gard, et dénoncer l'"islamophobie", a constaté une journaliste de l'AFP.

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré.

"Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deux poids deux mesures", commente Yasmina, 52 ans, fonctionnaire, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.

"On arrive encore à dire que ce n'était pas un musulman qui était visé mais on ne va pas se mentir il n'y a que les musulmans en France qui fréquentent les mosquées. À un moment il faut poser les mots comme on le fait à juste titre contre l'antisémitisme, et appeler ça de l'islamophobie", a souligné Myriam, 30 ans, assistante dentaire, qui n'a pas souhaité non plus donner son nom.

Aboubakar Cissé, un jeune Malien, a été lardé de plusieurs dizaines de coups de couteau dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe, où il était venu tôt comme chaque semaine pour faire le ménage, avant la prière du vendredi.

Son assassin, un Français d'origine bosnienne de 21 ans, s'est rendu à la police italienne.

Dans la vidéo qu'il avait lui-même réalisée juste après son meurtre, le suspect a insulté la religion de sa victime.

Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion.

Outre une marche blanche à La Grand-Combe, un rassemblement en mémoire de la victime et contre l'islamophobie a déjà été organisé dimanche à Paris et une manifestation s'est déroulée mardi à Lyon.


Un 1er-Mai syndical qui se veut «festif et combatif», mais sans unité large

Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
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  • A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation
  • Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien

PARIS: Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large.

Pour la journée internationale des travailleurs, la CGT a recensé quelque 260 rassemblements en France. La centrale de Montreuil a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse (Union étudiante, Unef, Fage, USL) à défiler "contre l'extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale".

Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien.

A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation.

D'autres cortèges s'élanceront dès le matin, comme Marseille et Lille à 10h30. Ce sera aussi le cas dès 10 heures à Bordeaux, Strasbourg ou Dunkerque, où des responsables de gauche, comme Marine Tondelier (Ecologistes), François Ruffin (ex-LFI) ou Boris Vallaud (PS) sont attendus pour protester contre le plan du sidérurgiste ArcelorMittal prévoyant la suppression d'environ 600 postes.

La numéro un de la CFDT Marylise Léon et son homologue de l'Unsa Laurent Escure se retrouvent, eux, dans la matinée dans le centre de Paris pour un rassemblement et une table ronde sur le travail.

Cent jours après l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, la CGT, la FSU et Solidaires veulent aussi faire de cette journée un temps fort "contre la trumpisation du monde et l'internationale réactionnaire qui se développe partout", a expliqué à l'AFP Thomas Vacheron, cadre de la CGT.

Des syndicats internationaux (américain, belge, argentin, notamment) ont été conviés au défilé parisien. "Cette démarche unitaire et internationale est un petit pas" pour lutter contre des politiques qui menacent les travailleurs (hausse des droits de douane ou expulsions massives des travailleurs clandestins), selon Murielle Guilbert (Solidaires).

"Le sang et les larmes"

Cette année encore, de source policière, la présence de militants de l'ultra-gauche est jugée très probable à Paris, Nantes ou Lyon, entre autres.

De même source, dans la capitale où un peu plus de 2.000 membres des forces de l'ordre sont attendus, la décision du gouvernement de dissoudre le groupe antifasciste "La Jeune garde" et le collectif "Urgence Palestine" pourrait tendre le climat.

"On ne tolèrera rien", a averti mercredi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"Il faut relativiser" cette présence de "black blocs" face aux "centaines de milliers de manifestantes et de manifestants" attendues, a nuancé Sophie Binet mercredi, dénonçant des "stratégies malheureusement classiques (...) pour décrédibiliser la mobilisation sociale".

En 2023, les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites, du jamais vu depuis près de 15 ans, avec une très forte mobilisation à la clé (entre 800.000, selon les autorités et 2,3 millions, selon la CGT).

L'an dernier, les chiffres étaient revenus dans des fourchettes plus ordinaires: entre 121.000 personnes, selon les autorités, et 210.000, selon la CGT; et jeudi, la mobilisation devrait attirer sensiblement le même nombre de manifestants (100.000 à 150.000 de source policière).

Ce rendez-vous traditionnel se tient au moment où les syndicats craignent que le gouvernement apporte son soutien à des propositions de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er-Mai - seul jour férié et chômé en France -, une journée acquise "dans le sang et dans les larmes des ouvriers", rappelle Sophie Binet.

Le syndicat des "Gilets jaunes" a par ailleurs appelé ses sympathisants à mener une opération secrète sur différents points de rassemblement. "On va montrer aux partenaires du pouvoir ce qu’est un VRAI syndicat", ont-ils écrit dans un appel posté sur le réseau social X.