Européennes: La gauche aura «plus de députés» en «y allant séparée»

La secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier (Photo, AFP).
La secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 15 mai 2023

Européennes: La gauche aura «plus de députés» en «y allant séparée»

  • «On aura plus de députés écologistes et de gauche en y allant séparés»
  • «Ensemble, nous pouvons finir en tête des européennes, battre l'extrême-droite et faire de la Nupes l'alternative au macronisme»

PARIS: La secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier a persisté dimanche dans sa volonté de voir le parti écologiste défendre une liste indépendante aux européennes 2024, plutôt qu'une liste Nupes, estimant que la gauche enverrait davantage d'eurodéputés avec cette stratégie.

Invitée de "Dimanche en politique" sur France 3, la patronne d'EELV a défendu sa stratégie d'une liste indépendante, alors que La France insoumise, également membre de l'alliance Nupes, plaide pour une liste commune.

"On aura plus de députés écologistes et de gauche en y allant séparés", a-t-elle insisté, invoquant un sondage commandé à l'institut Harris Interactive, par le parti lui-même.

Réalisé auprès de 1.262 personnes selon la méthode des quotas, il affirme que des listes des partis de gauche séparées cumuleraient 33% d'intention de vote (11% pour EELV, 10% pour le PS, 9% pour LFI et 3% pour le PCF).

Si les partis de gauche faisaient liste commune, celle-ci n'obtiendrait que 19% des voix, des électeurs se reportant sur des listes dissidentes. Le camp présidentiel (Renaissance - MoDem - Horizons) obtiendrait de 23 à 24%, et le RN 20%, dans ces configurations (marge d'erreur entre 1,8 et 3,3 points).

Mais les députés LFI relaient depuis samedi soir une autre enquête d'opinion de l'Ifop pour le JDD. Elle avance qu'une liste unie de la Nupes arriverait en tête à égalité avec le RN (26% des voix), devant le camp présidentiel (22%).

"Ensemble, nous pouvons finir en tête des européennes, battre l'extrême-droite et faire de la Nupes l'alternative au macronisme finissant", a appelé sur Twitter le coordinateur de LFI Manuel Bompard.

Selon ce sondage aussi les partis de gauche séparés obtiendraient davantage de voix au total : 10% pour EELV, les socialistes et LFI, et 5% pour les communistes, même si elles arriveraient chacune loin derrière le RN en tête à 25% (1.310 personnes interrogées, marge d'erreur entre 1,1 et 2,5 points).

Interrogée dimanche sur BFMTV, la députée écologiste Sandrine Rousseau, plutôt favorable à une liste unique, estime qu'empêcher le RN d'arriver en tête permettrait d'installer "le récit" que l'extrême droite "n'a pas gagné toute l'Europe".

"On sera pas devant Le Pen", a jugé Marine Tondelier, qui assure qu'une liste unique générerait en réaction des dissidences à gauche qui coûteraient des voix. "Il faut aller chercher des électeurs déçus, et on ne va pas chercher les mêmes Fabien Roussel, moi, Manuel Bompard et le PS, c'est comme ça", a-t-elle insisté.


Von der Leyen dévoile son équipe dans une Europe plus à droite

Ursula von der Leyen, candidate à un second mandat en tant que présidente de la Commission européenne, arrive au Parlement européen à Strasbourg, dans l'est de la France, le 18 juillet 2024, pour prononcer sa déclaration de candidature. (Photo par FREDERICK FLORIN / AFP)
Ursula von der Leyen, candidate à un second mandat en tant que présidente de la Commission européenne, arrive au Parlement européen à Strasbourg, dans l'est de la France, le 18 juillet 2024, pour prononcer sa déclaration de candidature. (Photo par FREDERICK FLORIN / AFP)
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  • Depuis Strasbourg, Mme von der Leyen a présenté une équipe de 11 femmes pour 16 hommes, soit légèrement en deçà de la parité promise. "Il "reste encore du travail à accomplir", a convenu la dirigeante allemande.
  • Mme von der Leyen a insisté sur l'économie "compétitive, circulaire et décarbonée", dans le sillage du récent rapport de Mario Draghi sur les difficultés économiques de l'Union.

STRASBOURG : Après des semaines de tractations souvent poussives, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a dévoilé mardi sa nouvelle équipe de commissaires, davantage marquée à droite et tournée vers la compétitivité de l'Europe.

Sujet inflammable, l'Italien Raffaele Fitto, membre du gouvernement d'extrême droite de Giorgia Meloni, a obtenu un titre de vice-président au sein de ce nouvel exécutif européen.

L'Italie "retrouve son rôle central" dans l'Union, a immédiatement réagi la dirigeante italienne, alors que la gauche et le centre au Parlement européen avaient multiplié les mises en garde avant cette nomination. Cette vice-présidence de M. Fitto est un "problème politique", a réagi prudemment la cheffe du groupe social-démocrate Iratxe Garcia Perez.

Mais les jeux ne sont pas encore faits. Les commissaires putatifs doivent passer dans les semaines qu viennent le cap toujours délicat des auditions et d'un vote du Parlement afin d'être officiellement nommés, pour ce mandat de cinq ans.

Depuis Strasbourg, Mme von der Leyen a présenté une équipe de 11 femmes pour 16 hommes, soit légèrement en deçà de la parité promise. "Il "reste encore du travail à accomplir", a convenu la dirigeante allemande.

Fait notable, quatre des six vice-présidences de la Commission sont attribuées à des femmes.

Parmi elles, la socialiste espagnole Teresa Ribera. Cette spécialiste du climat, ministre de Pedro Sanchez, hérite d'un très large portefeuille dédié à la transition écologique et pourrait jouer l'un des premiers rôles dans la nouvelle équipe bruxelloise, tout comme l'Estonienne Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne.

Le Lituanien Andrius Kubilius obtient quant à lui le nouveau poste de commissaire à la Défense et à l'Espace, créé par Ursula von der Leyen pour faire face à la menace russe et la guerre en Ukraine.

Dans la foulée des élections européennes, le casting penche à droite avec une quinzaine de portefeuilles pour le PPE, parti conservateur et première force au Parlement européen.

En coulisses, les négociations pour les postes - un par Etat membre - ont été douloureuses, jusqu'à la dernière minute.

Lundi, c'est l'influent commissaire sortant français Thierry Breton qui a démissionné avec fracas, victime de ses relations exécrables avec Mme von der Leyen.

Pour le remplacer, Emmanuel Macron a proposé un proche, Stéphane Séjourné, discret ministre démissionnaire des Affaires étrangères. Il obtient une vice-présidence exécutive et un portefeuille dédié à la prospérité et la stratégie industrielle.

- Economie "compétitive et décarbonée" -

L'Union européenne entend afficher ses priorités dans une période cruciale sur le plan géopolitique, avec la guerre en Ukraine, la campagne présidentielle américaine et la concurrence économique de la Chine.

Mme von der Leyen a insisté sur l'économie "compétitive, circulaire et décarbonée", dans le sillage du récent rapport de Mario Draghi sur les difficultés économiques de l'Union.

Trois mois après des élections européennes marquées par la poussée de l'extrême droite, la gauche et les ONG redoutent que la réorientation de la Commission vers les enjeux économiques se fasse au détriment des ambitions climatiques du précédent mandat.

"Nous devons continuer à relever ce défi de la lutte contre le réchauffement climatique", mais "toujours dans le contexte de la compétitivité", a répondu Mme von der Leyen.

"Ce n'est pas que l'ambition diminue, c'est une phase de mise en œuvre", assure aussi une source au sein de la commission. Mais avec moins d'élus verts et une extrême droite plus nombreuse, le "Parlement est très différent de celui de 2019", il faudra voir "quelle influence ça va avoir sur le sujet".

Comment souvent, les auditions des commissaires devant les eurodéputés pourraient être houleuses, dans un moment où le Parlement peut montrer ses muscles en retoquant certains candidats.

Plusieurs députés aimeraient faire tomber le candidat hongrois, Olivér Várhelyi, accusé d'être peu à l'écoute du Parlement européen et trop proche des positions du Premier ministre nationaliste Viktor Orban.

Dans le cadre de la présidence hongroise de l'UE, M. Orban devait s'exprimer à Strasbourg mercredi, mais a annulé sa venue en raison de la tempête Boris touchant l'Europe centrale.

Si elle a exprimé le souhait que la nouvelle commission puisse être opérationnelle "dès que possible", Ursula von der Leyen est restée évasive sur le calendrier. L'organisation des auditions au Parlement et leurs rebondissements augurent d'une possible mise en place de la nouvelle équipe début décembre.


Retour sur scène de Dominique de Villepin: un homme de conviction

L'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin arrive pour assister à un service religieux pour l'ancien président français Jacques Chirac à l'église Saint-Sulpice à Paris, le 30 septembre 2019. (AFP)
L'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin arrive pour assister à un service religieux pour l'ancien président français Jacques Chirac à l'église Saint-Sulpice à Paris, le 30 septembre 2019. (AFP)
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  • De Villepin insiste que la victime de cette guerre, qui entre bientôt dans sa deuxième année, n’est pas le terrorisme, mais la population civile de Gaza
  • Il n’est ni le seul ni un cas isolé, mais à la différence des autres, on ne peut lui prêter aucune visée politique sous-jacente

PARIS: Depuis le début de la guerre israélienne à Gaza, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin est revenu de son retrait de la scène politique et fait entendre une voix dissonante dans le cadre de la position quasi unanime qui prévaut en France concernant cette guerre.

C’est peut-être le sens du devoir, qui l’a mené à revenir sous les lumières et tenter de déconstruire le narratif général qui veut que, dans cette guerre, il y ait un agresseur qui est le mouvement Hamas et une victime qui est Israël et qui a le droit de se défendre.

C’est peut-être aussi le besoin de rétablir une vérité quotidiennement bafouée qui l’a incité à vouloir expliquer inlassablement que les racines de cette guerre sont bien plus profondes que l’attaque sanglante menée par le Hamas le 7 octobre 2023 et que ses victimes sont surtout les civils palestiniens dont le nombre dépasse facilement quarante mille personnes.

Cette voix insiste que la victime de cette guerre, qui entre bientôt dans sa deuxième année, n’est pas le terrorisme, mais la population civile de Gaza. Elle n’est ni seule ni isolée, mais à la différence des autres, on ne peut lui prêter aucune visée politique sous-jacente.

De Villepin, qui se définit comme «un ancien de la vie politique française», ne lorgne sur aucune fonction officielle et ne cherche à s’attirer la sympathie d’aucun électorat spécifique.

À soixante et onze ans, ce compagnon de route de l’ancien président Jacques Chirac, dont il a été le Premier ministre, mais également le ministre des Affaires étrangères et le ministre de l’Intérieur, ne fait que clamer haut et fort, avec son style flamboyant et son éloquence passionnée, ses convictions de toujours.

Les convictions d’une France qui n’est plus, une France qui se veut forte, libre, respectée et écoutée autant sur la scène européenne que sur la scène internationale, une France qui privilégie le dialogue et la diplomatie à la force et qui peut apporter des solutions.

Vilipendé pour ses critiques contre la démesure de la riposte israélienne à l’attaque du Hamas, traité d’antisémite, de corrompu à la solde de l’un ou l’autre des pays arabes voire de «grabataire», il n’a eu de cesse d’intervenir dans les médias pour exprimer son opinion, celle de la justesse et de la raison.

Dernière intervention en date et certes la plus remarquée, dimanche dernier, lors de la fête de l’Humanité, rendez-vous annuel organisé depuis 1930 par l’organe médiatique du parti communiste français.

La coutume veut que chaque année une personnalité de la droite soit invitée à participer à un débat contradictoire. Tel n’a pas été le cas avec l’ancien Premier ministre de Chirac, chaleureusement accueilli et longuement applaudi par son auditoire.

S’exprimant devant un parterre de militants gauchistes, de Villepin le politicien de droite s’est retrouvé en terrain conquis. Cette fois, la contradiction n’était pas au rendez-vous.

Au cours du débat, de Villepin a égrené ses arguments qui ne peuvent que souligner une convergence de point de vue avec un public de gauche: «Liquider le Hamas, ce n’est liquider ni les Palestiniens, ni la question palestinienne», a-t-il asséné.

Le drame de Gaza réside dans la représentation qui en est faite en France, «c’est l’invisibilisation de la mort, c’est le silence de la mort», qui ne peut qu’accroître les frustrations.

Heureusement, souligne de Villepin, «qu’il y a une conscience internationale et c’est pour cela que je suis là. Nous avons tous le devoir d’ouvrir les yeux et de porter cette conscience».

Il insiste sur «l’impossibilité de continuer dans la voie choisie par Israël avec le soutien d’un certain nombre de pays occidentaux parce que sa seule logique est celle de la force» et «elle maintient et entretient la violence».

Enfonçant le clou, il affirme que «la seule solution pour les esprits les plus radicaux» comme le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou est de faire en sorte «que le conflit s’étende vers une guerre totale qui fera taire toutes les dissidences».

Puis il affirme que le conflit israélo-palestinien ne se résoudrait jamais autrement que par la politique, faute de quoi cela finirait en «bain de sang».

Environ 21 ans nous séparent du discours qu’il a prononcé en 2003 devant l’ONU pour justifier le refus de la France de la guerre en Irak. Pourtant, de Villepin n’a rien perdu de son assurance et de sa fougue.

Au lendemain du débat, plusieurs médias français se sont demandé avec sarcasme si de Villepin était devenu un homme de gauche. Ses propos ne sont pourtant pas nouveaux; ce sont ceux d’un ancien diplomate convaincu de la supériorité de la diplomatie sur les armes.

Ses prises de positions actuelles, s’inscrivent dans la ligne droite des idées exprimées dans son livre «Mémoire de paix pour temps de guerre», publié en 2016, où il affirme en préambule «toute ma vie durant, j’ai voulu mettre le travail de la paix au cœur de mon action».


Destitution de Macron : un texte LFI en passe de franchir une étape à l'Assemblée

Lundi, après trois heures de débats, le groupe PS a décidé que ses trois représentants au bureau soutiendraient la recevabilité de la proposition LFI, ouvrant a priori la voie à ce que le texte franchisse cette étape.  La première d'une longue série pour une procédure difficile à faire adopter, qui nécessiterait l'approbation de deux tiers des parlementaires de l'Assemblée et du Sénat, réunis en Haute Cour. (AFP)
Lundi, après trois heures de débats, le groupe PS a décidé que ses trois représentants au bureau soutiendraient la recevabilité de la proposition LFI, ouvrant a priori la voie à ce que le texte franchisse cette étape. La première d'une longue série pour une procédure difficile à faire adopter, qui nécessiterait l'approbation de deux tiers des parlementaires de l'Assemblée et du Sénat, réunis en Haute Cour. (AFP)
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  • L'instance, présidée par la titulaire du perchoir Yaël Braun-Pivet (EPR), compte 22 députés-membres, avec une courte majorité pour le Nouveau Front populaire (12 membres)
  • Lundi, après trois heures de débats, le groupe PS a décidé que ses trois représentants au bureau soutiendraient la recevabilité de la proposition LFI, ouvrant a priori la voie à ce que le texte franchisse cette étape

PARIS: Une proposition de destitution d'Emmanuel Macron portée par LFI devrait, sauf surprise, passer une première étape mardi à l'Assemblée, les députés socialistes ayant décidé lundi de soutenir la tenue d'un débat, tout en prévenant qu'ils voteraient contre le texte in fine.

A partir de 09H30, le bureau de l'Assemblée nationale, sa plus haute instance exécutive, se réunira pour étudier sept points à son ordre du jour. L'avant-dernier sera le plus scruté : le bureau doit-il envoyer devant la commission des Lois une proposition de destitution du président de la République portée par LFI, et signée par 81 députés.

L'instance, présidée par la titulaire du perchoir Yaël Braun-Pivet (EPR), compte 22 députés-membres, avec une courte majorité pour le Nouveau Front populaire (12 membres).

Lundi, après trois heures de débats, le groupe PS a décidé que ses trois représentants au bureau soutiendraient la recevabilité de la proposition LFI, ouvrant a priori la voie à ce que le texte franchisse cette étape.

La première d'une longue série pour une procédure difficile à faire adopter, qui nécessiterait l'approbation de deux tiers des parlementaires de l'Assemblée et du Sénat, réunis en Haute Cour.

Or, les parlementaires du centre et de droite ont peu de raisons de soutenir cette initiative, alors que la nomination de Michel Barnier comme Premier ministre les remet au coeur du jeu politique.

Le texte des Insoumis énonce notamment que le refus d'Emmanuel Macron de nommer à Matignon Lucie Castets, candidate du NFP, constitue "un manquement grave au devoir de respect de la volonté exprimée par le suffrage universel", relevant que l'alliance de gauche est arrivée en tête des législatives (193 sièges).

Et l'initiative ne fait pas l'unanimité à gauche. Les socialistes ont prévenu qu'ils voteraient contre le texte, actant une divergence stratégique avec LFI, alors que les deux forces entendent incarner un leadership.

Les députés PS jugent la procédure vouée "à l'échec" et estiment donc qu'elle risque de "donner une légitimité nouvelle" à Emmanuel Macron.

Un discours rejeté par la présidente du groupe LFI Mathilde Panot qui a estimé "tout à fait possible" de la faire adopter. Les Insoumis entendent aussi faire monter la pression et prendre l'opinion à témoin, ses élus relayant à l'envi une pétition dont le compteur affichait plus de 305.000 signatures lundi soir.