Tourisme post-pandémie : Un rôle vital pour l'Arabie, selon l'Organisation mondiale du tourisme

Zurab Pololikashvili, à gauche, avec le ministre saoudien du Tourisme Ahmed Al-Khatib à Al-Ula. (Photo Fournie)
Zurab Pololikashvili, à gauche, avec le ministre saoudien du Tourisme Ahmed Al-Khatib à Al-Ula. (Photo Fournie)
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Publié le Lundi 27 juillet 2020

Tourisme post-pandémie : Un rôle vital pour l'Arabie, selon l'Organisation mondiale du tourisme

  • Arab news s’est entretenu en exclusivité avec Zurab Pololikashvili, le secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), pour évoquer le monde de l’après-pandémie
  • « Nous pensons qu'il existe un fort potentiel dans le secteur du tourisme en Arabie saoudite », a-t-il expliqué

RIYAD: L'industrie du tourisme dans la région du Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (MENA) a été durement touchée depuis le début de la pandémie de Covid-19. Le manque à gagner de ces six derniers mois s’élève déjà à plusieurs milliards de dollars. Depuis de nombreuses années, le tourisme dans la région - du Maroc à l'ouest à Oman à l'est - a joué un rôle vital dans la création d'emplois et la bonne santé des économies locales : patrimoine culturel, pèlerinages religieux, plages de sable ou métropoles dynamiques, les atouts sont nombreux...

Malgré les pertes considérables subies par le secteur, Zurab Pololikashvili, secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), reste optimiste sur la possibilité pour le Moyen-Orient de rebondir rapidement après la pandémie. Il souligne aussi que l’Arabie saoudite pourrait jouer un rôle vital dans cette reprise. « Nous espérons vraiment qu'avec des partenaires et amis aussi solides, nous pourrons faire du tourisme une priorité », a déclaré Pololikashvili dans un long entretien avec Arab News.

Pololikashvili, à gauche, a déclaré que le prince héritier Mohammed ben Salmane avait beaucoup soutenu le secteur touristique du Royaume pendant la pandémie. (Fourni )
Zurab Pololikashvili a déclaré que le prince héritier Mohammed ben Salmane avait beaucoup soutenu le secteur touristique du Royaume durant la pandémie. (Photo Fournie)

Les ministres du Tourisme du G20 ont tenu une réunion mi-juillet pour explorer les différents moyens de stimuler le tourisme. Quels sont, à votre avis, les principaux enseignements à retenir de ce sommet ?

Tout d'abord, je voudrais féliciter l'Arabie saoudite, qui a été l’hôte des réunions au sommet du G20. Nous avons commencé les réunions préparatoires en avril à cause de la pandémie de Covid-19. Nous avons décidé de changer de format pour nous adapter. Lors de ces réunions, nous avons discuté de la manière de redémarrer le tourisme et de la manière dont l'industrie pouvait se redresser, à la fois pendant et après la pandémie. Les pays du G20 représentent collectivement plus de 70% du PIB mondial, dont le tourisme constitue une grande partie.

Nous avons créé un comité de crise où nous avons présenté notre vision et nos idées. L'Arabie saoudite s’est montrée un membre très actif de ce comité. Nous avons tenu cinq réunions. L'objectif était d’élaborer des plans à court et à long terme sur la manière de relancer le tourisme. Nous avons émis des recommandations, défini des protocoles et des lignes directrices à l’intention des Etats membres du G20 sur les mesures à prendre pendant et après la pandémie. Deux projets ont été soutenus par la délégation saoudienne sur l’autonomisation des femmes au Moyen-Orient ou encore le développement durable.

La pandémie a entraîné une baisse sans précédent de la demande touristique. Le nombre de touristes internationaux diminuera de 60 à 80% en 2020, selon les scénarios de l'OMT. Comment l'industrie peut-elle s’adapter à cette nouvelle donne ?

La priorité est à la santé. Voyons comment la pandémie se déroulera dans les mois à venir. La réouverture des frontières est absolument nécessaire pour relancer le tourisme, et nous sommes vraiment optimistes quant à leur réouverture. L’autre point clé est le rétablissement des liaisons  de transport afin de revenir à la situation de l’avant-pandémie.

Actuellement, de nombreuses compagnies aériennes sont en difficulté, avec la réduction des liaisons aériennes, car 70% des personnes utilisent l’avion pour voyager. Le rétablissement de ces liaisons dépendra de la réouverture des frontières, et de la manière dont la pandémie sera évaluée dans différentes parties du monde. La situation change au jour le jour. Je vais être honnête: il est impossible aujourd'hui de faire des prévisions pour l'année prochaine. Quoi qu’il arrive, nous pourrons tirer des enseignements de 2020 et mieux nous préparer pour 2021 si la pandémie se poursuivait. Il sera tout de façon difficile de faire aussi désastreux que la saison 2020.

Pololikashvili a joué un rôle déterminant dans le développement du tourisme en Géorgie lorsqu'il était ministre de l'Économie. (Fourni)
Pololikashvili a joué un rôle déterminant dans le développement du tourisme en Géorgie lorsqu'il était ministre de l'Économie. (Photo Fournie)

Vous vous êtes récemment entretenu avec le ministre saoudien du Tourisme et avez salué des efforts accomplis par l’Arabie saoudite pour relancer le tourisme. Qu'est-ce qui vous a impressionné dans les projets du Royaume ?

Il est question de créer un million de nouveaux emplois en Arabie saoudite grâce au tourisme, nous aurons donc besoin de nouveaux professionnels formés et bien préparés. Nous nous sommes lancés dans un projet monumental il y a environ huit mois à cette fin.

Nous allons lancer un programme spécial pour l’Arabie saoudite à la fin du mois de septembre. Le projet vise à créer un centre éducatif pour le Moyen-Orient en Arabie saoudite. Nous nous concentrerons  beaucoup sur l'éducation, qui joue un rôle clé dans l’expansion du tourisme. Sans une main-d'œuvre professionnelle et bien formée, il est impossible de développer le tourisme. Ces jeunes hommes et femmes impliqués et formés dans ce méga projet devraient être prêts d’ici deux à trois ans.

Les petites et moyennes entreprises (PME) représentent 80% du tourisme mondial, elles sont donc particulièrement vulnérables au ralentissement lié à la COVID-19. Que peuvent faire les gouvernements du monde entier pour assurer leur survie ?

Dès le premier jour, nous avons émis des recommandations et demandé aux pays et aux États membres de soutenir le secteur privé, en particulier les PME, qui sont toujours en grande difficulté.

Nous utilisons toujours l'Arabie saoudite comme exemple. Depuis le tout début, le gouvernement dirigé par Son Altesse Royale le Prince Mohammed ben Salman, que j'ai eu l'honneur de rencontrer, est très engagé dans le secteur du tourisme. À une époque où les investissements financiers dans les PME et des millions d'emplois sont menacés, l'Arabie saoudite est l'un des meilleurs exemples que nous puissions montrer aux autres États membres pour les encourager à soutenir les entreprises, les entrepreneurs et les acteurs impliqués dans l'industrie du tourisme. Le soutien financier de l’Arabie saoudite est crucial pour les personnes du secteur des PME. Ce soutien n’est pas nécessairement rentable, mais c’est une décision intelligente qui réfléchit au long terme.

Nous travaillons par ailleurs beaucoup sur l'innovation. Nous voulons exporter les talents saoudiens hors du pays. Nous pensons qu'il existe un fort potentiel dans le secteur du tourisme en Arabie saoudite, et nous voulons donner à cette nouvelle génération la possibilité de présenter ses projets à l'échelle mondiale.

Que pensez-vous des tarifs de voyage intérieurs en Arabie saoudite dans le contexte de la pandémie ?

Après la pandémie, je pense que les gens commenceront à voyager de nouveau, non seulement en Arabie saoudite mais plus généralement dans le reste du monde. Mais pendant une  période d’un an et demi environ, les gens feront plutôt des voyages à l’intérieur de leurs frontières, car certaines frontières sont toujours fermées, et des restrictions de voyage n’ont pas encore toute été levées.  Cela fera du bien au tourisme local.

Nous avons déclaré 2020 « Année du tourisme rural », avant même de  savoir qu'une pandémie allait se déclarer. L'idée était de promouvoir le tourisme régional et de stimuler les emplois dans ce secteur. En Arabie saoudite, il y a de quoi faire entre les montagnes, la mer Rouge, le tourisme culturel… Petit à petit, le tourisme se développera dans le pays et deviendra une partie importante de l’économie saoudienne.

En tant que ministre du Développement économique, vous avez contribué au développement  du tourisme en Géorgie. Quel conseil donneriez-vous à l'Arabie saoudite, un pays qui, en septembre dernier, a commencé à accueillir des touristes internationaux sur ses sites de l’UNESCO, avant de devoir suspendre ses plans avec la covid-19…

Je pense que le premier pas franchi par l'Arabie saoudite pour ouvrir ses frontières et rendre le pays plus accessible était important. Ensuite il faudra développer les réseaux de tourisme à l’intérieur du pays. L'Arabie saoudite dispose de tout le potentiel pour devenir un nouveau hub pour la région dans les années à venir. La richesse culturelle, les sites naturels comme la mer Rouge ou encore la future ville de Neom constituent d’excellentes opportunités d'investissement. Les destinations sont diversifiées, le pays possède un personnel qualifié, des services de haute qualité et la présence de plus de représentants d’entreprises internationales dans le Royaume. Enfin, le pays s’ouvre davantage à l’extérieur: chaque fois que je voyage à Riyad, je me sens chez moi.

Avez-vous visité des sites du patrimoine mondial de l'UNESCO en Arabie saoudite ?

Nous avons visité le quartier historique de Riyad, où il était prévu d'organiser la réunion du G20. J'ai également eu l'occasion de me rendre à AlUla, que j'ai trouvée unique: c’est l’un des plus beaux sites du patrimoine de l'UNESCO. D'après ce que j'y ai vu, je suis certain que cela deviendra une destination incontournable. En dehors du Royaume, peu connaissent la beauté d’AlUla. Le gouvernement saoudien a beaucoup misé sur ce projet, et c’est l’un des atouts majeurs de l’Arabie saoudite pour développer le tourisme.

Je me souviens avoir été l'un des premiers touristes à m’y rendre après son ouverture aux visiteurs en février et mars. Avec le bouche à oreille, cette destination deviendra vite populaire, sans avoir nécessairement à avoir être reconnue par les organisations internationales. Une destination reconnue par les touristes signifie qu'elle est reconnue par le monde entier.

Un bas-relief décoré d'un lion datant du Ve au Ier siècle avant JC trouvé dans la vallée d'AlUla. (Fourni)
Un bas-relief décoré d'un lion datant du Ve au Ier siècle avant JC, trouvé dans la vallée d'AlUla. (Photo Fournie)

Dernière question : Existe-t-il une feuille de route pour un rajeunissement du secteur du tourisme du bloc du Conseil de coopération du Golfe ?

Je pense que nous avons deux hubs internationaux au Moyen-Orient: Dubaï et Doha. D'autres incluent le Bahreïn, Oman et bien sûr l'Arabie saoudite, qui est l'avenir du tourisme. Je vois Riyad et tout le pays comme un autre méga hub dans cette partie du monde. Je suis sûr que nous entendrons à l’avenir de bonnes nouvelles de la région. Je suis également convaincu que l’une des premières régions à se redresser au cours des deux prochaines années sera l’Europe, car elle se concentre beaucoup sur le tourisme.

Si l'on compare le Moyen-Orient au reste du monde, il se trouve dans une situation sous contrôle. Cela nous donne l'espoir que le Moyen-Orient se rétablisse rapidement et redevienne une destination mondiale très visitée.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.