A Gibraltar, le Brexit fait craindre le pire

La frontière entre l’Espagne et Gibraltar (Photo, Jorge GUERRERO/AFP).
La frontière entre l’Espagne et Gibraltar (Photo, Jorge GUERRERO/AFP).
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Publié le Samedi 05 décembre 2020

A Gibraltar, le Brexit fait craindre le pire

  • L'enclave britannique de Gibraltar, au sud de la péninsule ibérique, attire des foules de touristes. Mais pour combien de temps ?
  • La libre circulation des voyageurs risque, en effet, de prendre fin avec le départ du Royaume-Uni du marché unique de l'Union Européenne le 31 décembre

GIBRALTAR: Avec ses cabines téléphoniques rouges typiquement britanniques, ses pubs offrant le traditionnel « fish and chips » et ses produits non taxés, l'enclave britannique de Gibraltar, au sud de la péninsule ibérique, attire des foules de touristes. Mais pour combien de temps ?

La libre circulation des voyageurs, qui, pour l'instant, passent sans encombre la frontière séparant le Rocher de l'Espagne risque, en effet, de prendre fin avec le départ du Royaume-Uni du marché unique de l'Union Européenne le 31 décembre.

Voilà ce qui préoccupe les commerçants de Main Street, la principale avenue piétonne de Gibraltar, avec ses immeubles aux façades couvertes de faïences portugaises, ses volets à l'ancienne et ses balcons en fer forgé : que leurs affaires pâtissent de contrôles renforcés à ce qui sera une nouvelle frontière entre le Royaume-Uni et l'Union Européenne.

« Je pense que ça va décourager les gens de visiter Gibraltar », estime Prem Mahtani, un joaillier de 41 ans dont la famille gère quatre commerces dépendant du tourisme à Gibraltar.

Avec les jeux d'argent et les placements bancaires dans des comptes off-shore, le tourisme est l'un des piliers de l'économie de Gibraltar, territoire de 34 000 habitants historiquement revendiqué par l'Espagne et l'une des régions les plus prospères d'Europe.

Cette ville portuaire à l'embouchure de la Méditerranée accueille quelque 10 millions de visiteurs chaque année, dont la plupart repartent le jour même, après avoir traversé la frontière à l'ombre du célèbre Rocher, une gigantesque roche calcaire dont les falaises blanches s'élèvent à plus de 400 mètres au-dessus du niveau de la mer.

En outre, environ 15 000 transfrontaliers résidant en Espagne viennent travailler tous les jours à Gibraltar, où ils représentent la moitié des salariés du territoire.

Avec une superficie d'à peine 6,8 km2, Gibraltar doit importer toute sa nourriture, une démarche qui devrait prendre plus de temps si les contrôles administratifs sont renforcés à la frontière.

Autant de raisons qui expliquent pourquoi, en 2016, près de 96% des électeurs de Gibraltar ont voté en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l'UE, alors que le référendum a vu les partisans du Brexit l'emporter au niveau national avec 52% des voix.

Influence réduite

Gibraltar cherche un accord avec l'Espagne pour garder « le plus grand niveau de fluidité possible » pour le passage des personnes à la frontière, a affirmé le chef du gouvernement du territoire britannique, Fabian Picardo.

Des négociations se tiennent également avec les fournisseurs pour assurer que la livraison de nourriture et d'autres biens se poursuive sans problème, afin d'éviter « un effondrement économique », a-t-il dit.

Parvenir à un tel accord n'est « pas facile », mais reste faisable, estime Picardo, sans toutefois fournir de détails sur ces discussions. 

Si l'Espagne a cédé Gibraltar à la Grande-Bretagne en 1713, Madrid n'a, par la suite, cessé de revendiquer le territoire.

Les tensions ont été à leur comble en 1969, lorsque le régime du dictateur Francisco Franco avait fermé la frontière, qui n'avait rouvert totalement qu'en 1985.

En 2013, un litige concernant un récif artificiel avait provoqué des mois durant des embouteillages à la frontière en raison d'une intensification des contrôles côté espagnol.

Mais avec la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE, sa capacité à convaincre l'Espagne « de ne pas faire pression sur Gibraltar, de ne pas recourir à des fermetures de la frontière, s'en trouvera réduite », a expliqué à Quentin Peel, analyste au « think tank » londonien Chatham House.

« Ce que nous sommes »

Le gouvernement de gauche espagnol a accepté de mettre de côté pour l'instant la question de la souveraineté pour se concentrer sur le maintien de l'ouverture de la frontière.

Madrid a plaidé dans le passé pour une souveraineté partagée avec le Royaume-Uni, une proposition rejetée à 99% par les habitants de Gibraltar lors d'un référendum en 2002.

Mais s'il y a des bouchons à la frontière, les résidents du Rocher pourraient, « à moyen et long terme », en venir à penser qu'une souveraineté partagée serait dans leur intérêt, avance Ignacio Molina, un analyste de l'Institut Royal Elcano, un « think tank » madrilène.

« S'il y avait un bon accord qui leur permettait d'avoir une autonomie gouvernementale et de garder la base militaire britannique, cela pourrait les convaincre de surmonter la grande méfiance qu'ils ont à l'égard de l'Espagne », a-t-il ajouté.

Mais Picardo, le chef du gouvernement local, est formel : il n'y a, assure-t-il, rien que l'Espagne puisse faire qui pourrait « changer notre désir de rester complètement et entièrement britanniques ».

« Être britanniques, c'est ce que nous sommes, c'est le sang qui coule dans nos veines, c'est notre culture, notre éducation, c'est notre mode de vie », conclut-il.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.