Le Premier ministre indien cherche à renforcer le rôle de New Delhi dans l'Indo-Pacifique

Un agent de sécurité se tient à côté d'une bannière représentant le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Premier ministre indien Narendra Modi à Port Moresby, le 18 mai 2023 (Photo, AFP).
Un agent de sécurité se tient à côté d'une bannière représentant le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Premier ministre indien Narendra Modi à Port Moresby, le 18 mai 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 19 mai 2023

Le Premier ministre indien cherche à renforcer le rôle de New Delhi dans l'Indo-Pacifique

  • New Delhi considère la région comme son pré carré, où les avancées chinoises ont alarmé les responsables indiens
  • À Port Moresby, M. Modi accueillera conjointement le sommet du Forum pour la coopération indo-pacifique avec le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée, James Marape

NEW DELHI: Le Premier ministre indien Narendra Modi se rend dimanche en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Australie, New Delhi cherchant à contrer l'influence croissante de la Chine dans l'Indo-Pacifique.

Les pays occidentaux font régulièrement référence à l'Indo-Pacifique pour désigner la vaste région des océans Indien et Pacifique, où New Delhi a été largement distancée par les efforts déployés ces dernières années par Pékin qui courtise les petits États insulaires, parsemés dans ces eaux, en leur apportant commerce et aide.

Plusieurs États insulaires du Pacifique ont transféré leur reconnaissance diplomatique de Taipei à Pékin au cours des dernières décennies et, avant la pandémie de Covid-19, ils bénéficiaient des retombées économiques du tourisme chinois.

Dans le cadre de son initiative "la Ceinture et la Route", Pékin a négocié des accords d'infrastructure avec des pays riverains de l'océan Indien dont le Sri Lanka, les Maldives, le Bangladesh et Djibouti, parfois accompagnés d'accords militaires.

New Delhi considère la région comme son pré carré, où les avancées chinoises ont alarmé les responsables indiens.

À Port Moresby, M. Modi accueillera conjointement le sommet du Forum pour la coopération indo-pacifique avec le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée, James Marape, avant de se rendre en Australie, membre du "Quad", alliance stratégique initiée pour contrer l'influence militaire et économique de la Chine.

"La Chine s'est emparée de la mer de Chine méridionale", déclare à l'AFP DK Sharma, vétéran et ancien porte-parole de la Marine indienne, estimant que ces eaux stratégiquement vitales sont un "bien commun mondial" qui doit être traité et respecté en tant que tel.

"Aujourd'hui ou demain, l'ennemi reste le même. Soit on se prépare maintenant, soit on réagit plus tard", poursuit-il.

"La visite de l'Inde dans ces îles est l'une des dernières opportunités qui s'offrent à nous", ajoute-t-il.

Indéniable puissance

"On ne peut nier le fait que la puissance contre laquelle nous nous rassemblons tous est trop supérieure pour être gérée par un seul d'entre nous", souligne-t-il, "le meilleur moyen est de collaborer et d'adopter des procédures de défense similaires".

Le président chinois Xi Jinping s'est rendu en Papouasie-Nouvelle-Guinée en 2018.

Les îles Salomon et Pékin ont annoncé en 2022 la signature d'un pacte de sécurité aux contours flous qui a ravivé les craintes des Etats-Unis, mais aussi de l'Australie, voisine de l'archipel, devant les potentielles ambitions militaires chinoises dans le Pacifique.

La fuite d'une version préliminaire de leur accord a provoqué une onde de choc, car il comprenait des propositions autorisant des déploiements chinois policiers et navals aux Salomon. Depuis, l'Australie et les Etats-Unis ont multiplié les efforts diplomatiques contre ce rapprochement.

En Australie, M. Modi doit rencontrer le Premier ministre Anthony Albanese et des chefs d'entreprise, deux mois seulement après la visite de son homologue en Inde.

Selon les estimations des Nations unies, l'Inde est devenue le pays le plus peuplé du monde en avril, dépassant la Chine. Les deux géants asiatiques sont les deuxième et cinquième économies mondiales.

Mais leurs relations sont marquées par des tensions territoriales et commerciales.

En juin 2020, un affrontement au corps-à-corps à la frontière du Tibet et de la région indienne du Ladakh avait fait au moins vingt morts parmi les soldats indiens et quatre parmi les Chinois.

Inquiet du fort développement, civil et militaire, côté chinois, le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi a injecté des milliards de dollars dans d'ambitieux projets visant à renforcer la présence civile et à installer de nouveaux bataillons paramilitaires à cette frontière.

L'Inde cherche également à développer des liens plus étroits avec notamment avec les États-Unis, le Japon et l'Australie, membres du Quad, qui eux-mêmes la courtisent, la considérant comme alternative à la Chine.

M. Modi se rendra en Papouasie-Nouvelle-Guinée depuis le Japon, où il devrait participer à une réunion du Quad qui se tient en marge du sommet du G7.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com