Zelensky au G7: Paris revendique le succès d'une «initiative française»

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky arrive à l'aéroport d'Hiroshima lors de la réunion des dirigeants du sommet du G7 à Hiroshima, le 20 mai 2023. (Photo, AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky arrive à l'aéroport d'Hiroshima lors de la réunion des dirigeants du sommet du G7 à Hiroshima, le 20 mai 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 21 mai 2023

Zelensky au G7: Paris revendique le succès d'une «initiative française»

  • L'objectif de Kiev: rallier un maximum de pays à son projet de «sommet pour la paix» que Volodymyr Zelensky veut organiser autour de la cause ukrainienne
  • Pour cela, il est crucial aux yeux des Français qu'il s'adresse en tête-à-tête à des dirigeants comme l'Indien Narendra Modi, qui conserve des liens militaires forts avec Moscou et n'a jamais condamné l'invasion russe

HIROSHIMA: Derrière lui, l'avion est estampillé "République française". Volodymyr Zelensky vient d'atterrir à Hiroshima, et la France revendique un succès diplomatique: sa présence au G7 japonais est une "initiative française" qui peut "changer la donne" pour l'Ukraine.

Emmanuel Macron, parfois critiqué pour son plaidoyer en faveur de négociations de paix dont le timing a souvent surpris ses propres alliés, se veut à la manoeuvre pour permettre au président ukrainien d'aller défendre sa cause auprès de pays du Sud non alignés également invités au Japon.

Il y a une semaine, quand Volodymyr Zelensky est reçu par son homologue français pour un dîner à l'Elysée, l'idée de sa venue au sommet de ses principaux alliés occidentaux est déjà "dans la conversation", relève un conseiller d'Emmanuel Macron.

Mais il n'est pas encore question de logistique.

Ce n'est qu'au dernier moment qu'intervient la "sollicitation ukrainienne". "Ils nous ont demandé mercredi si nous pouvions les transporter jeudi. Nous avons dit oui", raconte la présidence française.

L'Airbus A330 de l'armée de l'air s'envole donc pour aller chercher le président Zelensky à la frontière polonaise et l'acheminer d'abord en Arabie saoudite, où il intervient vendredi devant le sommet de la Ligue arabe. Puis de là vers le lointain Japon, où il arrive samedi pour enchaîner, immédiatement, les rencontres bilatérales.

«Signaux très positifs»

Soit un vol de 4h30 puis un autre de quatorze heures pour le chef de guerre qui n'était encore jamais allé en Asie depuis le début de l'invasion russe de son pays il y a quinze mois.

A bord, accompagnées par la conseillère du président Macron pour l'Ukraine Isabelle Dumont, ex-ambassadrice à Kiev, les équipes ukrainiennes s'offrent un repos mérité et Volodymyr Zelensky "prépare très attentivement" le déplacement dans l'espace de réunion, dit-on côté français.

Ces deux interventions, devant des pays arabes et auprès du Brésil et de l'Inde présents au G7, "c'est une occasion unique", lance Emmanuel Macron après avoir serré la main du président ukrainien dans un grand hôtel d'Hiroshima.

"Je pense que ça peut changer la donne", martèle-t-il.

Son interlocuteur lui assure avoir déjà enregistré, la veille, des "signaux très positifs" de la part de pays arabes.

L'objectif de Kiev: rallier un maximum de pays à son projet de "sommet pour la paix" que Volodymyr Zelensky veut organiser autour de la cause ukrainienne.

Pour cela, il est crucial aux yeux des Français qu'il s'adresse en tête-à-tête à des dirigeants comme l'Indien Narendra Modi, qui conserve des liens militaires forts avec Moscou et n'a jamais condamné l'invasion russe, ou le Brésilien Lula, qui refuse de dire "qui a raison" entre l'Ukraine et la Russie.

C'est désormais chose faite pour le Premier ministre indien, qui lui a promis de faire "tout son possible" pour "régler" le conflit. Et l'Elysée assure que le président brésilien s'est également engagé à rencontrer son homologue ukrainien à Hiroshima - ce que n'a pas confirmé Brasilia.

"Nous avons pu convaincre la présidence japonaise" du G7 "non seulement d'inviter le président Zelensky à Hiroshima, mais de lui permettre d'échanger" avec ces pays émergents, lors d'une session prévue dimanche à la fin du sommet, se félicite un conseiller français. "C'est une initiative française", insiste-t-il.

Paris semble caresser l'espoir d'une forte déclaration à l'issue de cette réunion de dimanche, qui exprimerait une "convergence" autour notamment du "respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine" et de la nécessité de "créer ensemble les conditions de la paix".

Cet activisme français intervient au moment où ce sont les Etats-Unis qui ont pris une décision "historique" saluée par l'Ukraine, en donnant leur feu vert à une future livraison par d'autres pays à l'Ukraine d'avions de combat F-16 tant réclamés par Volodymyr Zelensky.

La France s'est dite prête à former des pilotes ukrainiens, mais il s'agit encore d'une proposition à concrétiser, puisqu'elle ne dispose pas de ces appareils convoités côté ukrainien.

En attendant, c'est bien dans un avion officiel tricolore que repartira le président ukrainien après le sommet. Pour rentrer directement chez lui? "Il n'y a pas de plan de vol encore", élude l'Elysée.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.