Inondations en Italie: le désarroi des sinistrés en quête d'un peu de confort

Des pompiers sur un canot sont à la recherche de personnes en détresse dans une rue inondée à Faenza, en Émilie-Romagne, le 17 mai 2023. (AFP)
Des pompiers sur un canot sont à la recherche de personnes en détresse dans une rue inondée à Faenza, en Émilie-Romagne, le 17 mai 2023. (AFP)
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Publié le Dimanche 21 mai 2023

Inondations en Italie: le désarroi des sinistrés en quête d'un peu de confort

  • Entre le désespoir d'avoir dû quitter sa maison et la colère de ne pas avoir été suffisamment avertie par les autorités locales, Ludmilla «espère pouvoir rentrer chez elle dans un mois»
  • Elle fait partie des dizaines de sinistrés accueillis dans le gymnase de Castel Bolognese, ville sinistrée par les inondations dans la région italienne d'Emilie-Romagne

CASTEL BOLOGNESE: Autour de son lit de fortune, Ludmilla veille à ce que tout soit rangé. La sexagénaire fait partie des dizaines de sinistrés accueillis dans le gymnase de Castel Bolognese, ville sinistrée par les inondations dans la région italienne d'Emilie-Romagne.

"J'espère pouvoir rentrer chez moi dans un mois mais je ne sais pas". Entre le désespoir d'avoir dû quitter sa maison et la colère de ne pas avoir été suffisamment avertie par les autorités locales, cette femme d'origine ukrainienne préfère ne donner que son prénom.

Arrivée mercredi dans cette grande salle reconvertie en dortoir avec son mari âgé de 97 ans, Ludmilla se retrouve aujourd'hui seule: "on l'a emmené à l'hôpital, car on ne peut pas garder une personne de son âge ici", explique-t-elle à l'AFP, installée sur son lit.

Depuis, elle tente tant bien que mal d'occuper ses journées, aménageant son petit espace personnel dans l'attente de pouvoir regagner sa maison et alors constater l'étendue des dégâts provoqués par les inondations dévastatrices des derniers jours, qui ont fait 14 morts dans cette région du nord de l'Italie.

"J'ai demandé à des jeunes volontaires de m'aider à nettoyer dimanche", raconte-t-elle. Et poursuit: "tout est arrivé sans prévenir, ils (les autorités, ndlr) ont dit qu'on allait avoir un peu d'eau. +Un peu+...". Ludmilla et son mari, venus du village voisin de Solarolo, se retrouveront rapidement avec de l'eau jusqu'à la taille.

"Nous étions bloqués là, sans eau, sans nourriture. J'ai appelé les pompiers, la police, ils l'ont amené (son mari, ndlr) ici" avant de l'évacuer vers l'hôpital, explique, reconnaissante, cette mère de famille arrivée en Italie il y a 16 ans et dont la fille vit en Ukraine, "sous les bombes".

«L'eau arrive!»

Pull mauve sur le dos, jogging et baskets -car "c'est quand même plus confortable"-, la sexagénaire s'apprête à passer une nouvelle nuit dans ce dortoir de fortune où s’alignent deux rangées d'une trentaine de matelas.

A quelques lits de là, Alfonso Brocchi et Iolanda Soglia discutent. Ces deux septuagénaires ont eux aussi été surpris par la montée des eaux survenue en pleine nuit.

"À 3 heures du matin, le voisin du dessus m'a appelé et m'a dit +Alfonso, monte, l'eau arrive+", se remémore, assis sur son lit, le retraité de 76 ans, venu en aide à sa voisine Iolanda, atteinte de dystrophie musculaire.

"Elle est handicapée, je suis donc allée la voir et je l'ai mise sur deux chaises" pour lui éviter d'avoir les pieds dans l'eau, avant que les pompiers ne viennent les chercher trois heures plus tard.

Autour d'eux dans le gymnase, s'installeront dans quelques heures d'autres sinistrés mais aussi, sur des lits de camps installés un peu plus loin, des pompiers qui profiteront d'une courte nuit de sommeil avant de reprendre du service dès l'aube.

"Ici, c'est aussi un camp de base pour les volontaires, pour la protection civile, pour les forces armées, qui peuvent se reposer", explique Stefania Corfiati, une assistance sociale volontaire fraîchement arrivée de Bologne, à une cinquantaine de kilomètres des lieux.

En cette journée pluvieuse, l'entrée du gymnase où sont entreposés bouteilles d'eau, sandwichs et pâtisseries ne désemplit pas. Les volontaires et autres pompiers se côtoient, se restaurent, discutent dans un flot quasi-incessant.

Dans le dortoir, le brouhaha des sauveteurs et des bénévoles raisonnera jusqu'à tard dans la soirée, berçant le sommeil de la dizaine de sinistrés encore présents dans l'enceinte.

«Comme à la maison»

Lundi soir, cette commune de 10.000 habitants a procédé à l'évacuation préventive de quelque 200 personnes avant que les inondations ne viennent frapper la ville le lendemain.

Pour atteindre le gymnase, c'est une ville désormais couverte de boue qu'il faut d'abord traverser. Les eaux boueuses ont tout balayé, semant la désolation.

"Après cette catastrophe, c'est important que chacun se sente ici comme chez soi", défend Paola Barilli, qui chapeaute une soixantaine de volontaires dans la ville.

Ici, "tout le monde est le bienvenu, même les animaux!", raconte cette quinquagénaire pleine d'énergie. Elle en veut pour preuve l'accueil d'une famille venue avec... neuf chats.

A l'entrée des lieux, s'entassent le long du mur essuie-tout, couvertures et sacs de vêtements apportés par des habitants des environs.

A mesure que la journée avance, les rangées de cartons s'allongent doucement vers le milieu de la salle - avec dans chacun l'espoir de continuer à mener une vie "aussi normale que possible".


Turquie: la lutte contre l'inflation reste inefficace, reprochent des experts

Des pêcheurs sur le bosphore avec leurs bateaux à Istanbul le 18 septembre 2024. (AFP)
Des pêcheurs sur le bosphore avec leurs bateaux à Istanbul le 18 septembre 2024. (AFP)
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  • Bien que ralentie officiellement à 49,38% sur un an, en septembre, l'inflation court toujours en Turquie où elle est même devenue "chronique" malgré les efforts des autorités
  • La Turquie est prise dans une spirale de l'inflation alimentée par la dépréciation de la livre turque depuis deux ans, avec des pics à 85,5% en octobre 2022 et encore à 75,45% en mai

ANKARA: Bien que ralentie officiellement à 49,38% sur un an, en septembre, l'inflation court toujours en Turquie où elle est même devenue "chronique" malgré les efforts des autorités, selon les économistes interrogés par l'AFP.

La Turquie est prise dans une spirale de l'inflation alimentée par la dépréciation de la livre turque depuis deux ans, avec des pics à 85,5% en octobre 2022 et encore à 75,45% en mai.

Les statistiques officielles sont contestées par les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l'inflation en Turquie (Enag), qui ont estimé l'inflation sur un an à 88,63% en septembre.

Ankara espère cependant ramener l'inflation à 17,6% fin 2025 et à moins de 10% en 2026, selon le ministre des Finances Mehmet Simsek.

Le président Recep Tayyip Erdogan s'est félicité récemment d'avoir "entamé le processus de désinflation permanente". "Les temps difficiles sont derrière nous", a-t-il dit.

Mais pour les économistes interrogés par l'AFP, l'envolée des prix à la consommation est devenue "chronique" dans le pays.

"La hausse des prix sur un mois est toujours élevée, à 2,97% pour la Turquie et 3,9% pour Istanbul. On ne peut parler d'une réussite ici", affirme Mehmet Sisman, professeur d'économie à l'Université de Marmara à Istanbul.

"On tente de faire baisser l'inflation uniquement par la politique monétaire et la hausse des taux d'intérêt. Or cela étouffe l'économie", ajoute-t-il.

- "Trous noirs" -

A rebours des théories économiques classiques, le chef de l'Etat a longtemps défendu la baisse des taux d'intérêt en invoquant les préceptes de l'islam, qui interdit l'usure. Mais après sa réélection, en mai 2023, il a laissé le champ libre à la banque centrale pour relever son principal taux directeur de 8,5 à 50% entre juin 2023 et mars 2024 afin d'endiguer l'inflation.

Le taux est demeuré inchangé en septembre pour le sixième mois consécutif.

"La lutte contre l'inflation s'articule autour des priorités du secteur financier. Ainsi, elle se fait de manière indirecte et génère des incertitudes", dénonce Erinç Yeldan, professeur d'économie à l'Université Kadir Has à Istanbul.

Pour Yakup Kuçukkale, professeur d'économie à l'Université technique de la Mer noire, la hausse des taux d'intérêt ne peut suffire à venir à bout de l'inflation sans remédier aux "trous noirs" du budget.

L'expert dénonce un "déficit budgétaire à un niveau record" de 129,6 milliards de livres turques (3,45 milliards d'euros) en août 2024, selon le ministère des Finances.

"M. Simsek l'explique par les dépenses liées à la reconstruction des régions touchées par le séisme de février 2023 (qui a fait plus de 53.000 morts, NDLR). Mais le vrai trou noir réside dans les coûteux contrats de partenariat public-privé", affirme-t-il.

Critiqués par l'opposition pour être souvent accordés aux entreprises proches du pouvoir, ces contrats d'infrastructures - construction et gestion d'autoroutes, ponts, hôpitaux ou aéroports - s'accompagnent de garanties avantageuses pour les prestataires, comme la compensation par l'Etat de leurs revenus en cas de manque d'utilisateurs.

"On devrait remettre en question ces contrats qui pèsent sur le budget car les compensations sont indexées sur le dollar ou l'euro", relève M. Kuçukkale.

Les mesures anti-inflation visent aussi essentiellement les ménages aux faibles revenus, dénonce-t-il, dont le salaire minimum n'a pas été relevé depuis janvier. "Or ces groupes ont déjà un faible pouvoir d'achat. Pour faire baisser la demande, il faudrait viser les groupes aux revenus élevés, mais il n'existe presque aucune mesure dans ce sens", regrette-t-il.

Des "mesures d'austérité", telle la suppression du ménage dans les écoles publiques, touchent encore les plus défavorisés et renforcent les inégalités, relève aussi M. Yeldan.

L'économiste préconise "un impôt sur la fortune, sur les transactions financières ou les revenus immobiliers".

Mais le parti au pouvoir, l'AKP (Parti de la justice et du développement, islamo-conservateur), ne peut prendre ces mesures car "il s'appuie sur un système de rentes distribuées aux compagnies progouvernementales", affirme-t-il.

Selon une étude publiée par l'Université privée Koç, les ménages s'attendent à une inflation annuelle de 94% en fin d'année, bien au-dessus des prévisions de la banque centrale.

"La hausse des prix vécue par les classes moyennes et modestes est plus poignante car elle concerne les produits et services essentiels comme l'alimentation, le logement ou l'éducation, où l'inflation reste très élevée", rappelle M. Sisman.


Biden appelle Israël à épargner les sites pétroliers iraniens, Trump à viser le nucléaire

Le président américain Joe Biden s'exprime lors de la conférence de presse quotidienne à la Maison Blanche à Washington, DC, le 4 octobre 2024. (AFP)
Le président américain Joe Biden s'exprime lors de la conférence de presse quotidienne à la Maison Blanche à Washington, DC, le 4 octobre 2024. (AFP)
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  • Le président américain Joe Biden a déconseillé vendredi à Israël de s'en prendre aux sites pétroliers iraniens, tandis que le candidat républicain Donald Trump est allé jusqu'à leur suggérer de frapper les installations nucléaires
  • Lors d'une intervention surprise devant la presse à la Maison Blanche, Joe Biden a estimé que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ferait bien de "se rappeler" de l'aide apportée à son pays par les Etats-Unis

WASHINGTON: Le président américain Joe Biden a déconseillé vendredi à Israël de s'en prendre aux sites pétroliers iraniens, tandis que le candidat républicain Donald Trump est allé jusqu'à leur suggérer de frapper les installations nucléaires.

Lors d'une intervention surprise devant la presse à la Maison Blanche, Joe Biden a estimé que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ferait bien de "se rappeler" de l'aide apportée à son pays par les Etats-Unis, allié numéro un et soutien militaire d'Israël.

"Si j'étais à leur place, j'envisagerais d'autres options que frapper des champs de pétrole" en Iran, a-t-il déclaré, comme on lui demandait d'expliciter ses commentaires de la veille sur des discussions entre Washington et Israël sur la possibilité de telles frappes.

Les Israéliens, a-t-il poursuivi, "n'ont pas déterminé ce qu'ils allaient faire" après le lancement massif de missiles contre Israël par l'Iran mardi.

Son prédécesseur Donald Trump, candidat à l'élection présidentielle du 5 novembre, a au contraire affirmé vendredi qu'Israël devrait "frapper" les installations nucléaires iraniennes.

S'exprimant en Caroline du Nord, l'ancien président a évoqué une question posée à Joe Biden en milieu de semaine sur la possibilité qu'Israël vise des installations nucléaires iraniennes.

"Ils lui ont posé cette question, la réponse aurait dû être +frappez d'abord le nucléaire et occupez-vous du reste plus tard+", a lancé Donald Trump.

Le républicain s'était jusqu'ici montré particulièrement silencieux sur le récent embrasement au Proche-Orient.

Il a simplement publié un communiqué cinglant en début de semaine, tenant Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris, sa rivale à la présidentielle, pour responsables de l'explosion des tensions.

- "Mobiliser le reste du monde" -

Le présient Biden s'apprête à quitter le pouvoir dans un contexte de crise, avec une situation explosive au Moyen-Orient. Vendredi, le dirigeant démocrate a répété qu'il faisait tout pour éviter une guerre totale dans la région, où Israël mène des frappes au Liban contre le Hezbollah pro-iranien.

"La chose la plus importante que nous pouvons faire, c'est tenter de mobiliser le reste du monde et nos alliés pour qu'ils participent", et aident à apaiser les tensions, a-t-il déclaré, citant la France en exemple.

"Quand on a des groupes (pro-iraniens) aussi irrationnels que le Hezbollah et les (rebelles yéménites) houthis, les choses sont difficiles", a déclaré le président américain.

Joe Biden n'a pas caché son irritation envers Benjamin Netanyahu, avec lequel les relations laissent à désirer alors que les Etats-Unis tentent de cadrer la réponse dévastatrice d'Israël à l'attaque meurtrière du Hamas du 7 octobre sur le sol israélien.

Le Premier ministre israélien a constamment ignoré les appels américains à la retenue, au Liban et à Gaza, où plus de 41.000 Palestiniens ont péri dans les représailles israéliennes.

- "Contact constant" -

Le président américain a botté en touche comme on lui demandait s'il estimait que le Premier ministre israélien renâclait à un accord de paix pour tenter de peser sur l'issue de la présidentielle américaine.

"Aucune administration n'a aidé Israël autant que je l'ai fait. Aucune, aucune, aucune. Et je pense que Bibi (le surnom de M. Netanyahu) devrait s'en rappeler", a-t-il martelé depuis la Maison Blanche. "Quant à savoir s'il essaye d'avoir une influence sur l'élection, je ne sais pas, mais je ne compte pas la dessus".

S'il ne lui a pas parlé personnellement depuis l'attaque iranienne, les deux pays sont en "contact constant", a-t-il également dit. "Ils ne vont pas prendre une décision immédiatement alors on va attendre de voir quand ils voudront parler".

Benjamin Netanyahu a prévenu que l'Iran allait essuyer des représailles sévères aux tirs d'environ 200 missiles iraniens contre Israël mardi.

Téhéran affirme que cette attaque était motivée par l'assassinat par Israël de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah.

Affirmant agir pour soutenir Gaza, le groupe pro-iranien s'est mis à tirer des roquettes contre Israël dans la foulée de l'attaque du Hamas du 7 octobre sur le sol israélien, qui a fait plus de 1.200 morts.


La présidentielle américaine sous influence de la guerre au Proche-Orient

Cette combinaison d'images créées le 1er octobre 2024 montre, de gauche à droite, l'ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidence Donald Trump arrivant pour prendre la parole lors d'un événement de campagne à Dane Manufacturing à Waunakee, Wisconsin, le 1er octobre 2024, et la vice-présidente des États-Unis et candidate démocrate à la présidence Kamala Harris faisant un geste alors qu'elle quitte la scène après avoir pris la parole lors d'un rassemblement de campagne à Douglas, Arizona, le 27 septembre 2024. (AFP)
Cette combinaison d'images créées le 1er octobre 2024 montre, de gauche à droite, l'ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidence Donald Trump arrivant pour prendre la parole lors d'un événement de campagne à Dane Manufacturing à Waunakee, Wisconsin, le 1er octobre 2024, et la vice-présidente des États-Unis et candidate démocrate à la présidence Kamala Harris faisant un geste alors qu'elle quitte la scène après avoir pris la parole lors d'un rassemblement de campagne à Douglas, Arizona, le 27 septembre 2024. (AFP)
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  • La guerre au Proche-Orient pèse non seulement en continu sur la campagne électorale américaine, mais elle pourrait aussi influencer le résultat du scrutin du 5 novembre
  • Le milliardaire septuagénaire compte profiter des tensions au Proche-Orient pour combler son retard au sein de l'électorat juif américain, qui privilégie majoritairement Kamala Harris dans ses intentions de vote

WASHINGTON: Depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la guerre au Proche-Orient pèse non seulement en continu sur la campagne électorale américaine, mais elle pourrait aussi influencer le résultat du scrutin du 5 novembre.

Côté démocrate, la vice-présidente Kamala Harris marche sur des oeufs, ayant succédé comme candidate du parti à un Joe Biden dont le franc soutien affiché d'emblée au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lui a valu de s'aliéner une partie de l'aile gauche et des musulmans américains.

Côté républicain, Donald Trump n'a de cesse de décrire une planète au bord de la troisième guerre mondiale, imputant cette situation apocalyptique au tandem Joe Biden-Kamala Harris.

Il a annoncé mercredi sa participation à une cérémonie de commémoration de l'attaque du 7 octobre, en présence de responsables de la communauté juive.

Avec l'intention d'y marteler le message suivant: "Les politiques incompétentes et vouées à l'échec de l'administration Harris-Biden ont permis aux agents de l'Iran de semer la mort et la destruction, avec des conséquences mondiales catastrophiques".

Lui au pouvoir, répète-t-il depuis un an, il n'y aurait jamais eu de 7 octobre en Israël.

- "Stéréotypes antisémites" -

Le milliardaire septuagénaire compte profiter des tensions au Proche-Orient pour combler son retard au sein de l'électorat juif américain, qui privilégie majoritairement Kamala Harris dans ses intentions de vote.

"Elle déteste Israël", a affirmé Donald Trump lors du débat qui a opposé les deux candidats.

Le républicain est allé jusqu'à affirmer que les juifs devraient se faire "examiner la tête" s'ils votaient démocrate. Il a accusé le sénateur Chuck Schumer, l'élu juif occupant la plus haute fonction dans le pays, d'être devenu "un membre fier du Hamas". Il a soutenu qu'Israël cesserait d'exister en moins de deux ans si Kamala Harris était élue. Enfin, Donald Trump a dit que les juifs pourraient être tenus responsables s'il perdait l'élection.

Avec ces déclarations à l'emporte-pièce, le républicain espère sans doute gagner des points dans les Etats de New York et de la Pennsylvanie, qui comptent une importante population juive.

Pas sûr qu'il y parvienne au vu de certaines réactions. L'American Jewish Committee a dénoncé une rhétorique "dangereuse" et le Jewish Council for Public Affairs (JCPA) a reproché au candidat d'utiliser des "stéréotypes antisémites".

Mais, avec un système électoral dans lequel un seul Etat-clé est susceptible de faire basculer le résultat de la présidentielle, les yeux sont également braqués sur le Michigan.

- "Inquiétudes vis-à-vis des Palestiniens" -

"Etant donné l'importante proportion d'électeurs dans le Michigan qui sont arabes américains, et vu comment fonctionne le collège électoral, les inquiétudes vis-à-vis des Palestiniens peuvent influer sur le résultat", explique à l'AFP Michael Traugott, professeur de sciences politiques à l'Université du Michigan.

"Il est encore trop tôt pour savoir si l'incursion israélienne au Liban aura un impact sur la course présidentielle", ajoute-t-il.

Consciente de la division au sein de son parti sur la question de l'offensive israélienne à Gaza, Kamala Harris joue les équilibristes.

Pour l'essentiel, elle a emboîté le pas à Joe Biden, qui avait été à Tel-Aviv dès le 18 octobre pour témoigner à Benjamin Netanyahu du soutien "éternel" des Etats-Unis.

La démocrate défend ainsi vigoureusement "le droit d'Israël à se défendre", sans remettre en cause l'aide militaire américaine.

Mais elle s'est montrée plus insistante que le président sur une demande de cessez-le-feu à Gaza, promet de ne pas "rester silencieuse" face aux souffrances des Palestiniens et a prétexté d'un empêchement lors de la venue de Benjamin Netanyahu au Congrès, le 24 juillet dernier.

Une absence remarquée alors que des dizaines de représentants démocrates avaient choisi de boycotter ce discours. Dans les travées de l'hémicycle se trouvait Rashida Tlaib, une élue du Michigan, accusant de "génocide" le Premier ministre israélien, tandis que celui-ci promettait une "victoire totale" contre le Hamas.