Industries du futur: l'Europe fourbit ses armes face à la concurrence, mais encore?

«La bataille est au couteau entre Chine, Etats-Unis, Europe, personne ne se fait de cadeau», a résumé le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, il y a quelques jours. (AFP)
«La bataille est au couteau entre Chine, Etats-Unis, Europe, personne ne se fait de cadeau», a résumé le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, il y a quelques jours. (AFP)
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Publié le Lundi 22 mai 2023

Industries du futur: l'Europe fourbit ses armes face à la concurrence, mais encore?

  • Pour attirer les usines du futur, nécessaires à la transition énergétique, les Etats-Unis ont déjà dégainé des centaines de milliards de dollars via l'Inflation reduction act (IRA)
  • La Commission européenne a présenté en mars un projet de loi pour une industrie à zéro émission de gaz à effet de serre

PARIS: Un milliard d'euros pour une usine, cinq milliards pour une autre: les annonces d'investissements publics et privés se multiplient en Europe, faisant du bien au moral des gouvernements, mais seront-ils suffisants face à la féroce concurrence de la Chine et des Etats-Unis?

Lors de sa conférence annuelle Choose France mi-mai, le président français Emmanuel Macron a affiché 13 milliards d'euros d'investissements étrangers pour des sites industriels dans l'Hexagone. Parmi ceux-ci, plus de 5 milliards d'euros pour une usine de batteries dans le Nord par le taïwanais ProLogium, aidés par une large subvention au montant non public.

La France n'est pas le seul pays d'Europe à attirer les industriels. Cette année, le fabricant américain de puces Wolfspeed a par exemple annoncé un investissement estimé à deux milliards d'euros pour construire une usine de semi-conducteurs en Allemagne. Mi-mai, le groupe suédois de batteries électriques Northvolt a, lui, confirmé l'installation d'une usine géante outre-Rhin.

"Je note qu'en France, il n'y a pas eu pour l'instant de départ de projet industriel significatif", remarque Olivier Lluansi, associé du cabinet PwC. "Le plus probable est que la France et l'Allemagne ont toutes deux offert des aides significatives aux entreprises, supérieures aux pratiques antérieures en termes d'aides d'Etat", ajoute le spécialiste des questions de souveraineté industrielle, en référence aux dernières annonces d'implantation.

Est-ce le signe d'un souffle nouveau en Europe? Pour attirer les usines du futur, nécessaires à la transition énergétique, les Etats-Unis ont déjà dégainé des centaines de milliards de dollars via l'Inflation reduction act (IRA), un plan massif de subventions pour la transition, lancé l'an dernier. La Chine n'est pas en reste, avec son plan "Made in China 2025".

Face à cela, la Commission européenne a présenté en mars un projet de loi pour une industrie à zéro émission de gaz à effet de serre. En avril, le Parlement européen et les Etats membres de l'UE ont en outre adopté le "Chips Act", visant à développer l'industrie des semi-conducteurs, alors que la grande majorité des puces sont fabriquées à Taïwan.

Toutefois, les chiffres sont éloquents. Si l'on prend les puces électroniques, d'ici à 2026, les Etats-Unis auront une capacité d'investissement de 167 milliards de dollars, selon un décompte du cabinet américain Everstream. Les 43 milliards d'euros d'investissements du "Chips Act" européen d'ici à 2030 font presque pâle figure en comparaison.

«Pas de cadeau»

D'autant plus que d'autres pays mettent la main au portefeuille pour attirer les multinationales, comme le Canada, qui va accorder près de 9 milliards d'euros de subventions au groupe automobile allemand Volkswagen, pour une usine de batteries électriques.

Pour Hendrik Abma, à la tête de l'association européenne de l'industrie des semi-conducteurs, le "Chips Act" européen est "un signal positif, qui montre que l'Europe a réalisé l'importance des semi-conducteurs pour la révolution verte". Mais, note-t-il, il ne faut pas oublier d'autres conditions, dont une simplification des processus administratifs.

Un sentiment partagé par l’association européenne des industriels de la batterie Upcell alliance, créée l'an dernier pour promouvoir la souveraineté de l'Europe dans le domaine des constructeurs de machines, comme les batteries.

"Une grande majorité des fabricants européens de batteries disent qu'ils ont envie de se développer en Europe, mais que l'accompagnement proposé aux Etats-Unis est si intéressant qu'ils ne peuvent pas le négliger", souligne ainsi Claude Laperiere, président d'UpCell.

L'Europe a malgré tout une carte à jouer, juge Gilles Moreau, vice-président d'UpCell et cofondateur de Verkor, start-up française spécialisée dans les batteries bas carbone: "Nous avons une histoire industrielle innovante. Et l'Europe peut faire la différence sur la notion d'économie circulaire."

Dans tous les cas, "nous allons vers un autre modèle de société: nous passons d'un modèle fondé sur la consommation de masse à un modèle qui tournera autour des notions d'environnement et de souveraineté", estime Olivier Lluansi. "Il faut que notre modèle soit capable de débloquer rapidement les moyens - par le privé ou le public - pour faire ce virage".

En d'autres termes, "la bataille est au couteau entre Chine, Etats-Unis, Europe, personne ne se fait de cadeau", a résumé le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, il y a quelques jours.


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com