Reçu à son tour à Matignon, le patronat prêt à discuter sur l'emploi des seniors

Le chef du Medef Geoffroy Roux de Bezieux s'adresse aux journalistes après sa rencontre avec Elisabeth Borne à Paris, le 22 mai 2023 (Photo, AFP).
Le chef du Medef Geoffroy Roux de Bezieux s'adresse aux journalistes après sa rencontre avec Elisabeth Borne à Paris, le 22 mai 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 23 mai 2023

Reçu à son tour à Matignon, le patronat prêt à discuter sur l'emploi des seniors

  • Pour le Medef, le patron des patrons Geoffroy Roux de Bézieux s'est dit «prêt à discuter de l'emploi des seniors»
  • Il a évoqué la possibilité de discuter de «la retraite progressive», des salaires élevés des cadres seniors «qui freinent leur embauche»

PARIS: Après les syndicats la semaine dernière, la Première ministre Elisabeth Borne a reçu lundi à Matignon des organisations patronales, le Medef et la CPME, qui lui ont fait part des sujets post-réforme des retraites sur lesquels ils étaient disposés à négocier, l'emploi des seniors notamment.

Pour le Medef, le patron des patrons Geoffroy Roux de Bézieux s'est dit "prêt à discuter de l'emploi des seniors" et des dispositions censurées par le Conseil constitutionnel, mais pas d'une éventuelle révision des ordonnances travail ou des retraites, alors que les syndicats avaient redit leur opposition à la réforme de celles-ci.

D'une manière générale, M. Roux de Bézieux, qui s'apprête à passer la main à la tête du Medef, est venu "avec une liste de sujets" dont il souhaite discuter.

Il a évoqué la possibilité de discuter de "la retraite progressive", des salaires élevés des cadres seniors "qui freinent leur embauche" ou de la dégressivité des allocations chômage.

Sur les salaires, M. Roux de Bézieux a redit que "les entreprises privées ont fait le job" avec un salaire moyen par tête en hausse de 5,8% selon l'Urssaf, contrairement à l'État-employeur chez lequel la hausse est "autour de 2%".

Mais il s'est dit prêt à parler du problème de la faible progression des salaires nets entre un et deux Smic, alors que selon certaines études, "entre 60% et 70% des augmentations de salaire ne se retrouvent pas en net", en raison notamment de la disparition de la prime d'activité.

«Lignes rouges»

En revanche, il a dit qu'il ne "savait pas ce que voulait dire" conditionner les aides publiques aux entreprises à la hausse des salaires, comme réclamé par les syndicats. Et il a affirmé qu'il n'était "pas prêt à négocier" une révision des ordonnances travail, qui sont pour lui des "lignes rouges".

Le président du Medef a en outre demandé à la Première ministre que l'accord conclu entre le patronat et quatre syndicats sur le partage de la valeur, qui va être transposé dans un projet de loi présenté mercredi en Conseil des ministres, fasse "jurisprudence" et que "s'il y a un accord sur l'emploi des seniors, il soit repris entièrement".

M. Roux de Bézieux a dit qu'il "se méfiait un peu de l'expression d'agenda social. Il faut prendre les sujets qui sont mûrs" pour être négociés, "on n'est pas obligés de les ouvrir tous en même temps".

La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) de son côté a remis sur la table sa proposition d'exonérer de cotisations assurance-chômage les seniors à partir 57 ans, "quitte à que l'entreprise rembourse les cotisations non versées si elle se séparait de ce senior avant la retraite", a indiqué son patron, François Asselin.

Les deux premières organisations patronales entendent, par ailleurs, limiter la possibilité d'ouvrir un compte épargne-temps dans toutes les entreprises à la prise des jours épargnés juste avant la retraite, et non tout au long de la vie professionnelle.

"J'ai senti quelqu'un à l'écoute", désireuse "de trouver les sujets susceptibles d'être négociés entre partenaires sociaux" et de "tourner la page" des retraites, a souligné M. Asselin à propos d'Elisabeth Borne.

«Grain à moudre»

Le Medef a défendu aussi la dégressivité des allocations chômage, alors que selon le numéro un de la CFE/CGC François Homeril, Mme Borne envisagerait de "laisser les partenaires sociaux revenir" sur cette mesure entrée en vigueur en février.

"On ne voit pas de raison (de) changer" la réforme de l'assurance chômage et "la Première ministre nous l'a confirmé", a affirmé M. Roux de Bézieux lundi.

Il exclut aussi de discuter avec les syndicats de sujets sur lesquels les positions sont trop antagonistes, comme l'indexation des salaires.

"Le dialogue social ça marche quand il y a du grain à moudre et qu'il y a la volonté de part et d'autre de trouver un compromis", affirme-t-il.

La CPME, qui veut aussi aborder la crise du logement, l'usure professionnelle et l'utilisation du compte personnel de formation, assure n'être "absolument pas dans un état d'esprit défensif" après la réforme des retraites.

L'Union des entreprises de proximité (U2P), qui représente artisans et professions libérales, sera reçue mardi par Mme Borne.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
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  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.

 


Pour Sébastien Lecornu, un premier déplacement consacré à la santé

Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
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  • Déplacement symbolique à Mâcon : Pour son premier déplacement, Sébastien Lecornu met l'accent sur l'accès aux soins et le quotidien des Français
  • Conscient de l'absence de majorité, il consulte partis et syndicats, cherchant des terrains d'entente sur le budget, tout en laissant la porte ouverte à une fiscalité plus juste

PARIS: Sébastien Lecornu se rend samedi en province, à Mâcon, pour son premier déplacement en tant que Premier ministre consacré à la santé et à "la vie quotidienne" des Français, délaissant pendant quelques heures les concertations qu'il mène activement à Paris avant de former un gouvernement.

Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) locataire de Matignon va à la rencontre des Français, pour qui il reste encore un inconnu. Il échangera notamment avec des salariés d'un centre de santé de Saône-et-Loire dont le but est d'améliorer l'accès aux soins.

Lui-même élu local de l'Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, ce fils d'une secrétaire médicale et d'un technicien de l'aéronautique avait assuré dès le soir de sa nomination "mesurer les attentes" de ses concitoyens et "les difficultés" qu'ils rencontraient.

Celles-ci sont souvent "insupportables" pour accéder à un médecin ou à un professionnel de santé, parfois "source d'angoisse", souligne son entourage. Le Premier ministre entend dans ce contexte "témoigner de la reconnaissance de la Nation à l’égard des personnels soignants" et "réaffirmer la volonté du gouvernement de faciliter l’accès aux soins".

Il s'agit aussi pour Sébastien Lecornu de convaincre l'opinion, autant que les forces politiques, du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d'entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité.

Sébastien Lecornu est très proche d'Emmanuel Macron, avec qui il a encore longuement déjeuné vendredi à l'Elysée.

- Mouvements sociaux -

Sa nomination coïncide avec plusieurs mouvements sociaux. Le jour de sa prise de fonction, une mobilisation lancée sur les réseaux sociaux pour "bloquer" le pays a réuni 200.000 manifestants, et une autre journée de manifestations à l'appel des syndicats est prévue jeudi.

"Il y a une grande colère" chez les salariés, a rapporté Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat de France, à l'issue d'une entrevue vendredi avec le nouveau Premier ministre, qui lui a dit travailler sur une "contribution des plus hauts revenus" dans le budget 2026.

C'est sur le budget que ses deux prédécesseurs, François Bayrou et Michel Barnier, sont tombés. Et Sébastien Lecornu cherche en priorité une forme d'entente avec les socialistes.

Mais il lui faut dans le même temps réduire les déficits, alors que l'agence de notation Fitch a dégradé vendredi soir la note de la dette française.

Le centre et la droite de la coalition gouvernementale se disent prêts à taxer plus fortement les ultra-riches sans pour autant aller jusqu'à l'instauration de la taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, mesure phare brandie par les socialistes et dont LR ne veut pas.

Une telle mesure marquerait en tout cas une des "ruptures" au fond prônées par Sébastien Lecornu à son arrivée, puisqu'elle briserait le tabou des hausses d'impôts de la macronie.

- Méthode -

Sébastien Lecornu veut aussi des changements de méthode.

Il a d'abord réuni jeudi --pour la première fois depuis longtemps-- les dirigeants des partis du "socle commun", Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains, afin qu'ils s'entendent sur quelques priorités communes.

Un format "présidents de parti" qui "permet de travailler en confiance, de façon plus directe, pour échanger sur les idées politiques, sur les arbitrages", salue un participant.

Avant les oppositions et à quelques jours d'une deuxième journée de manifestations, il a consulté les partenaires sociaux, recevant vendredi la CFDT et Medef, avant la CGT lundi.

En quête d'un compromis pour faire passer le budget, le chef de gouvernement pourrait repartir du plan de son prédécesseur François Bayrou délesté de ses mesures les plus controversées. A l'instar de la suppression de deux jours fériés.

L'hypothèse d'une remise sur les rails du conclave sur les retraites semble aussi abandonnée. Les partenaires sociaux refusent de toute façon de le rouvrir.

Des gestes sont attendus à l'égard des socialistes alors qu'à l'Elysée, on estime que le Rassemblement national, premier groupe à l'Assemblée nationale, se range désormais comme la France insoumise du côté du "dégagisme".

Cultivant une parole sobre voire rare, Sébastien Lecornu ne s'exprimera qu'à l'issue de ces consultations "devant les Français", avant la traditionnelle déclaration de politique générale, devant le Parlement.