Pompier des crises, la BCE a-t-elle fait flamber les inégalités ?

Christine Lagarde, dirigeante de la BCE (Photo, Geoffroy VAN DER HASSELT/AFP).
Christine Lagarde, dirigeante de la BCE (Photo, Geoffroy VAN DER HASSELT/AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 06 décembre 2020

Pompier des crises, la BCE a-t-elle fait flamber les inégalités ?

  • L'institution achète depuis 2015 des milliards d'euros de dette d'Etats et d'entreprises sur les marchés financiers pour éviter une hausse des taux d'emprunt en zone euro
  • Cette politique qualifiée de « non conventionnelle », appliquée aussi par la Banque centrale américaine ou la Banque du Japon, s'accompagne d'instruments plus classiques

PARIS: Vue comme le sauveur de la zone euro lors des tempêtes financières des dernières années, la Banque centrale européenne est parallèlement accusée d'avoir exacerbé les inégalités du fait de sa politique très accommodante. Qu'en est-il ?

De quelle politique parle-t-on ? 

L'institution dirigée par Mario Draghi puis Christine Lagarde achète depuis 2015 des milliards d'euros de dette d'Etats et d'entreprises sur les marchés financiers pour éviter une hausse des taux d'emprunt en zone euro et empêcher de nouvelles crises. C'est le « QE » - pour Quantitative Easing - ou « assouplissement quantitatif ». 

Cette politique qualifiée de « non conventionnelle », appliquée aussi par la Banque centrale américaine ou la Banque du Japon, s'accompagne d'instruments plus classiques, dont la baisse du taux d'intérêt directeur, aujourd'hui à 0%.

Son arsenal pourrait être encore musclé à l'occasion de la réunion de l'institution jeudi.

Le fossé se creuse-t-il entre riches et pauvres ?

« Mécaniquement les achats d'actifs ont plutôt tendance à creuser les écarts entre les plus aisés et les plus modestes », soutient Jezabel Couppey-Soubeyran, professeure à l'Université Paris-1.

En achetant de la dette à des institutions financières sur le marché secondaire, celui où les titres s'échangent, la BCE fait baisser le taux d'intérêt offert sur ces produits.

Les investisseurs vont alors chercher du rendement avec des titres plus risqués, des actions notamment, faisant grimper les prix au profit des détenteurs, dont de grandes sociétés d'investissements et des ménages aisés.

Les taux d'intérêt ont drastiquement baissé depuis les débuts du QE, devenant parfois négatifs comme en Allemagne ou en France, pendant que l'indice boursier parisien CAC 40 et le DAX à Francfort se sont envolés de plus de 30% en cinq ans, pour le plus grand bonheur des actionnaires et investisseurs fortunés.

« C'est certain qu'elle a enrichi cette classe de la population », abonde Frederik Ducrozet, stratégiste chez Pictet Wealth Management.

Sur le marché immobilier, la politique de taux bas a permis aux ménages aisés de gonfler leur patrimoine, la hausse de la demande se traduisant par une hausse des prix dans certaines métropoles.

Le chef économiste de la BCE Philip Lane a reconnu dans une interview récente aux Echos que cette politique « a une conséquence immédiate sur le prix des actifs », ajoutant que « la valorisation des actions ou de l'immobilier est plus élevée, ce qui, bien sûr, bénéficie à ceux qui possèdent ces actifs ».

Cette politique a-t-elle aidé les ménages modestes ?

Sollicitée, l'institution de Francfort n'a pas souhaité faire de commentaire.

Mais dans un document de janvier 2019, deux chercheurs de la BCE affirment que l'assouplissement quantitatif a contribué à « réduire le taux de chômage » parmi les 20% des plus pauvres dans quatre pays (France, Italie, Allemagne et Espagne), et à augmenter les revenus du travail.  

Loin de n'avoir profité qu'aux nantis, le QE, couplé aux taux historiquement bas sur le marché immobilier, a même permis aux ménages plus modestes d'accéder à la propriété, soutiennent-ils, réduisant légèrement les inégalités de richesse. 

Plusieurs publications de l'institution sur le sujet constatent une réduction des inégalités de richesses du fait de la politique monétaire mais préviennent qu'elle est peu significative, renvoyant la balle à la politique fiscale des gouvernements.

L'argument du recul du chômage grâce à la BCE convainc toutefois peu Couppey-Soubeyran, qui juge que les statistiques comparatives entre la zone euro et l'Union européenne ne montrent pas de différence majeure attribuable à la politique monétaire.

Les épargnants ont-ils été floués ?

La banque centrale reconnaît un effet négatif sur les ménages épargnants qui ont vu le rendement de leurs bas de laine s'effiler. 

Cette politique a un effet « distributif et touche de manière hétérogène des ménages emprunteurs nets et épargnants nets », constate Eric Dor, directeur de recherche à l'Institut d'économie scientifique et de gestion (IESEG).

Surtout allemande, la critique a été rendue célèbre en 2019 par le photomontage du journal allemand Bild dépeignant Mario Draghi en « comte Draghila », venu siphonner les comptes d'épargne des retraités « jusqu'à la dernière goutte ».

Or, argumentent des économistes de la BCE dans une étude de juillet 2018, cet effet négatif a été plus que dissipé à l'échelle de la zone euro par un effet positif sur l'emploi et les salaires.

« En soutenant fortement le revenu du travail, surtout de la catégorie la plus fragile de la population, cela a plus que compensé le fait qu'effectivement certains ménages ont eu une perte globale due au revenu net d'intérêt », détaille Eric Dor.


Un «Davos des banlieues» en septembre pour les entreprises des quartiers populaires

Bobigny, banlieue nord-est de Paris, le 17 mars 2021. (AFP)
Bobigny, banlieue nord-est de Paris, le 17 mars 2021. (AFP)
Short Url
  • «C'est l'occasion de poser une vision, un plan de développement économique de ces banlieues», estime Aziz Senni, organisateur de «Davos des banlieues»
  • «On dit souvent que la banlieue coûte au budget de l'Etat, on nous dit toujours combien ça coûte sans jamais nous dire combien elle rapporte», dit l'entrepreneur

PARIS: Un forum économique ou "Davos" des banlieues, visant à favoriser l'activité des entreprises des quartiers populaires, sera organisé les 17 et 18 septembre à Paris, ont annoncé jeudi ses organisateurs.

"L'enjeu (...) est d'identifier des leviers pour engager une véritable dynamique économique au sein des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), où vivent plus de 5 millions de Français, dont la plupart sont exposés à un taux de chômage 2,7 fois supérieur à celui de la moyenne nationale", indique le Forum économique des banlieues (FEB).

Dans les locaux du Conseil économique, social et environnemental (Cese), le millier de participants attendus passeront d'abord une journée à plancher sur la situation économique des quartiers populaires et les solutions pouvant y être apportées.

La seconde journée sera consacrée à la mise en relation d'entrepreneurs des quartiers avec de grandes entreprises, avec pour objectif de décrocher 100 millions d'euros de commandes.

"C'est l'occasion de poser une vision, un plan de développement économique de ces banlieues", estime auprès de l'AFP l'entrepreneur Aziz Senni, organisateur de ce "Davos des banlieues", clin d'œil à la ville suisse où se tient chaque année le Forum économique mondial.

"On dit souvent que la banlieue coûte au budget de l'Etat, on nous dit toujours combien ça coûte sans jamais nous dire combien elle rapporte", poursuit-il. "On a là un tissu économique qu'on pourrait développer, en créant des emplois locaux, des stages, des alternances".

Chaque intervenant sera invité à formuler des propositions pour les entreprises des quartiers populaires, qui seront consignées dans un Livre blanc.

Le Premier ministre Gabriel Attal, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire ou les anciens ministres Jean-Louis Borloo et Najat Vallaud-Belkacem y sont attendus, selon le FEB.

Côté acteurs privés, le fondateur de Free Xavier Niel, la directrice générale de la Fédération bancaire française Maya Atig ainsi que l'ex-président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux ont confirmé leur participation, indique-t-on de même source.

Les organisateurs souhaitent mettre l'accent sur les TPE et PME créées depuis plus de deux ans et moins éligibles aux aides publiques à l'entrepreneuriat, a expliqué Aziz Senni.

Le Forum économique des banlieues souhaite faciliter l'accès de 250 000 de ces entreprises installées dans les QPV aux marchés publics et privés.


Saudi Mobily connaîtra la plus forte croissance dans le secteur des télécommunications au Moyen-Orient en 2024

Brand Finance a également placé le PDG de l'entreprise, Salman bin Abdulaziz Al-Badran, parmi les 10 premiers chefs d'entreprise de l'indice mondial de protection des marques. (Shutterstock)
Brand Finance a également placé le PDG de l'entreprise, Salman bin Abdulaziz Al-Badran, parmi les 10 premiers chefs d'entreprise de l'indice mondial de protection des marques. (Shutterstock)
Short Url
  • Saudi Mobily a été classée comme l'entreprise à la croissance la plus rapide dans le secteur des télécommunications au Moyen-Orient en 2024 par le cabinet de conseil en marketing Brand Finance.
  • Brand Finance évalue les labels sur la base de plusieurs critères principaux, notamment l'indice de force de la marque, l'impact de l'entreprise sur l'augmentation du chiffre d'affaires et des bénéfices, et les prévisions de croissance future

RIYADH : Saudi Mobily a été classée comme l'entreprise à la croissance la plus rapide dans le secteur des télécommunications au Moyen-Orient en 2024 par le cabinet de conseil en marketing Brand Finance.

La liste révèle que la valeur de l'entreprise a augmenté d'environ 18 % par rapport à l'année précédente, conservant ainsi sa position de leader parmi les plus grandes entreprises du secteur au Moyen-Orient.

Les classements et les chiffres récemment publiés s'alignent sur l'objectif de l'Arabie saoudite de développer et de promouvoir la transformation numérique dans le Royaume et d'améliorer les services fournis dans le domaine des technologies de l'information et de la communication.

"Mobily est devenue le meilleur choix pour les particuliers et les entreprises, car ses réalisations au niveau de la marque reflètent ses performances exceptionnelles dans la fourniture de services numériques intégrés et pionniers dans le Royaume et sa réalisation de grands progrès dans le développement de l'infrastructure numérique", a déclaré Noura Al-Shiha, vice-présidente principale de la marque et de la communication d'entreprise chez Mobily.

Brand Finance a également placé le PDG de l'entreprise, Salman bin Abdulaziz Al-Badran, parmi les 10 premiers chefs d'entreprise de l'indice mondial de protection des marques.

Cette place est principalement attribuée aux diverses initiatives qu'il a lancées depuis qu'il a rejoint la société, également appelée Etihad Etisalat Co, en 2019, et à son rôle central dans l'amélioration de la croissance de la marque de l'entreprise.

Al-Shiha a déclaré que l'inclusion du PDG de Mobily dans l'indice mondial de protection des marques reflète son intérêt à faire de l'entreprise l'un des noms commerciaux les plus forts au monde. 

Brand Finance évalue les labels sur la base de plusieurs critères principaux, notamment l'indice de force de la marque, l'impact de l'entreprise sur l'augmentation du chiffre d'affaires et des bénéfices, et les prévisions de croissance future.

La majorité des investissements de Mobily se concentrent sur le développement de l'infrastructure et l'adoption de nouvelles technologies telles que l'informatique en nuage et l'Internet des objets, l'augmentation des centres de données et l'élargissement de la portée du déploiement du réseau 5G. 

Cherchant à offrir une expérience moderne à ses clients, l'entreprise souhaite les placer au centre de son attention en adoptant l'approche "Customer First". Cette stratégie vise à atteindre les objectifs de la Saudi Vision 2030, qui s'efforce d'améliorer la qualité de vie des familles et des individus dans le Royaume.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Le marché saoudien du capital-investissement enregistre des transactions d'une valeur de 4 milliards de dollars

Short Url
  • Le secteur manufacturier est le plus important en termes de volume d'investissement, avec 46 % du total des capitaux investis.
  • Dominant la scène de l'investissement, les opérations de rachat ont représenté en moyenne 80 % du capital total investi, soulignant un changement stratégique et une importance croissante dans le paysage de l'investissement du Royaume.

RIYAD : Le secteur du capital-investissement en Arabie saoudite est en plein essor depuis cinq ans, avec des transactions d'une valeur de 4 milliards de dollars en 2023, selon MAGNiTT.

La plateforme de données sur le capital-risque, ainsi que la Saudi Venture Capital Co ont publié un rapport mettant en évidence une augmentation significative de l'activité de capital-investissement dans le Royaume. 

À partir de 2020, le secteur a connu une croissance impressionnante, atteignant un multiple de 3,7 en 2021 par rapport à l'année précédente et un bond exponentiel à 5,9 fois en 2022 par rapport à l'année précédente.

Les investissements en private equity impliquent l'injection de capitaux par des investisseurs ou des entreprises dans des sociétés privées non cotées en bourse. 

Gérés par des sociétés de capital-investissement, ces investissements visent à accroître la valeur de l'entreprise grâce à des améliorations stratégiques et à des gains d'efficacité opérationnelle, dans l'intention de vendre l'entreprise avec un bénéfice ultérieur.

Ce secteur se caractérise par des investissements à long terme, une gestion active et des profils de risque et de rendement plus élevés.

Le capital-investissement investit généralement dans des entreprises plus matures que le capital-risque, qui se concentre sur les entreprises en phase de démarrage à fort potentiel de croissance, souvent dans le secteur technologique, en utilisant le financement par actions.

Parallèlement, le rapport met en évidence un changement notable dans la nature des transactions de capital-investissement, avec une augmentation substantielle des transactions de rachat, dont la part dans le total des négociations a augmenté de 20 points de pourcentage entre 2020 et 2023, selon le rapport.

Les transactions de rachat font référence au processus par lequel une société de capital-investissement acquiert une participation majoritaire dans une entreprise, souvent en la privatisant pour la restructurer stratégiquement et améliorer sa santé financière.

Parallèlement, les transactions de croissance, qui se concentrent sur l'investissement de capitaux dans des entreprises établies à la recherche d'opportunités d'expansion ou de développement, ont également connu une augmentation de 2 points de pourcentage au cours de la même période.

Dominant la scène de l'investissement, les opérations de  rachat ont représenté en moyenne 80 % du capital total investi, soulignant un changement stratégique et une importance croissante dans le paysage de l'investissement du Royaume.

Le rapport met également en lumière la diversité des transactions et l'orientation sectorielle du secteur du capital-investissement au cours des cinq dernières années.

Le secteur de l'alimentation et des boissons est apparu comme l'un des domaines les plus actifs pour les transactions de capital-investissement.

Cependant, le secteur manufacturier a pris la tête du volume d'investissement, obtenant 46 % du capital total déployé entre 2019 et 2023.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com