Erdogan soutenu par le «faiseur de rois» Sinan Ogan à la veille du second tour de la présidentielle

Des femmes sont assises à un stand devant un camion de campagne arborant le portrait du président turc et candidat à sa réélection Recep Tayyip Erdogan, à Istanbul le 22 mai 2023 (Photo, AFP).
Des femmes sont assises à un stand devant un camion de campagne arborant le portrait du président turc et candidat à sa réélection Recep Tayyip Erdogan, à Istanbul le 22 mai 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 24 mai 2023

Erdogan soutenu par le «faiseur de rois» Sinan Ogan à la veille du second tour de la présidentielle

  • L’ultranationaliste et anti-réfugiés Ogan a obtenu 5,2% des voix lors du scrutin du 14 mai
  • «L'opposition est en plein désarroi, mais l'incertitude demeure quant à l'issue du scrutin»

ANKARA: Aucun des deux candidats à l'élection présidentielle n'ayant atteint le seuil de 50% nécessaire pour obtenir une victoire absolue, les électeurs turcs se rendront aux urnes pour un second tour dimanche, pour élire leur prochain président.

Au premier tour, le président sortant Recep Tayyip Erdogan, âgé de 69 ans, a obtenu environ 2,5 millions de voix de plus que son rival Kemal Kilicdaroglu, âgé de 74 ans. Toutefois, les 49,5% de voix obtenues par Erdogan n'ont pas suffi à lui assurer une victoire absolue contre les 44,9% de Kilicdaroglu.

Au premier tour, 54 millions de personnes ont voté, dont 5 millions pour la première fois. Le taux de participation aux élections présidentielles du premier tour a été le plus élevé de l'histoire du pays, avec 87%.

La coalition gouvernementale au pouvoir, le Parti de la justice et du développement et ses alliés nationalistes et islamistes, a obtenu la majorité au parlement.

Après avoir échoué à obtenir une majorité parlementaire, l'opposition de centre-gauche, pro-laïque, avec son nouveau slogan de campagne «Décidez pour la Turquie», est maintenant confrontée à un sérieux défi pour tenir sa promesse d'accéder à la présidence.

À la suite de sa défaite au premier tour, le candidat commun de l'opposition à la présidence, Kilicdaroglu, a réitéré ses promesses de rapatrier tous les réfugiés dans un délai de deux ans et de réduire la dépendance de la Turquie à l'égard de la Russie.

Kilicdaroglu a également adopté un ton plus agressif et nationaliste, affirmant qu’Erdogan avait intentionnellement autorisé l'entrée de 10 millions de réfugiés dans le pays et que des millions d'autres pourraient affluer si Erdogan remportait un nouveau mandat.

Kilicdaroglu a aussi dénoncé l'ingérence de la Russie dans les élections turques à travers des hypertrucages, des montages et des complots.

Les deux candidats ont chacun tenté d'attirer à eux les électeurs de Sinan Ogan, 55 ans, le troisième candidat ultranationaliste et anti-réfugiés, qui a obtenu 5,2% lors du vote du 14 mai, bien qu'il soit marginal et peu connu. Mais aujourd'hui, Ogan, potentiel faiseur de rois, a annoncé son soutien pour le second tour à la coalition au pouvoir dirigée par Erdogan.

Lors d'une interview accordée lundi à la chaîne publique TRT, Erdogan a remercié Ogan pour son soutien. Il a indiqué qu’Ogan «connaît très bien notre position sur la lutte contre le terrorisme, les relations avec le monde turcophone et la survie de notre pays».

La candidature de Kilicdaroglu a été soutenue par le Parti démocratique des peuples (HDP), pro-kurde, en particulier dans le sud-est du pays. Par conséquent, toute alliance avec Ogan, un nationaliste turc affirmé, risquerait d'aliéner les électeurs kurdes qui ont voté pour Kilicdaroglu, car Ogan a explicitement fait part de son opposition à toute concession au HDP.

La question est désormais de savoir comment la présence d'Ogan dans la coalition gouvernementale au pouvoir influencera le vote des quelque 167 000 ressortissants syriens ayant le droit de vote. En effet, Ogan insiste sur un calendrier pour le rapatriement de plus de 3,7 millions de réfugiés syriens.

S'adressant à la TRT, Erdogan a annoncé que 450 000 réfugiés syriens étaient rentrés chez eux après la mise à disposition de maisons par la Turquie en Syrie, et a ajouté que le gouvernement prévoyait d'en renvoyer un million d’autres.

Cependant, rien n'est gravé dans le marbre et la situation politique actuelle regorge d'incertitudes, notamment en ce qui concerne l'impact potentiel des jeunes électeurs et des 8,3 millions de Turcs indécis qui se sont abstenus de voter lors du premier tour.

La majorité parlementaire du gouvernement au pouvoir augmente toutefois les chances d'Erdogan d'être réélu à la présidence, car les électeurs sont susceptibles de voter pour lui afin de prévenir la division du gouvernement, selon les analystes. En effet, en cas de victoire de Kilicdaroglu au second tour, ce dernier aurait des difficultés à faire adopter ses politiques par le parlement.

Candidat à un troisième mandat de cinq ans, Erdogan contrôle les institutions de l'État et une grande partie des médias, où il a qualifié l'opposition de soutien aux «groupes terroristes» au moyen de vidéos prétendument montées, ce qui a rendu les efforts de Kilicdaroglu pour convaincre les électeurs beaucoup plus difficiles, tout en conservant sa base électorale actuelle.

Parallèlement, des signes préoccupants indiquent déjà que la crise économique pourrait s'aggraver après les élections, avec une augmentation de la liquidation des actifs turcs. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement a récemment réduit ses prévisions de croissance pour la Turquie en 2023 de 3% à 2,5%.

Daron Acemoglu, professeur d'économie turque au Massachusetts Institute of Technology, a prévenu que la Turquie ne pourrait faire face à la crise actuelle qu'en revenant à des politiques orthodoxes ou en imposant des contrôles stricts des capitaux.

Pour Ozgur Unluhisarcikli, directeur du bureau d'Ankara du Fonds Marshall allemand, la capacité d'Ogan à persuader ceux qui ont voté pour lui au premier tour de l'élection présidentielle de voter soit pour Erdogan, soit pour Kilicdaroglu, est exagérée.

«Ses électeurs n'étaient pas homogènes. Certains étaient des nationalistes laïques qui ne voulaient pas voter pour Erdogan. D'autres étaient des partisans de l'opposition qui ne voulaient pas voter pour Kilicdaroglu. Dans un cas comme dans l'autre, Ogan était un “substitut” et non pas le facteur principal qui déterminait le comportement des électeurs», a-t-il déclaré à Arab News.

Malgré le soutien d'Ogan, il n'est pas certain que tous ses partisans voteront pour Erdogan, car l'«Alliance ancestrale» d'Ogan, qui regroupe le Parti de la victoire, le Parti de la justice et deux autres petits partis nationalistes, s'est déjà brisée.

Le président du Parti de la victoire, Umit Ozdag, connu pour son discours hostile aux réfugiés, annoncera bientôt sa position, tandis qu'un autre partenaire de la coalition d'Ogan, le président du Parti de la justice, Vecdet Oz, a déjà annoncé son soutien à Kilicdaroglu.

Pour Unluhisarcikli, il est probable que les partis politiques marginaux qui ont soutenu Ogan soutiendront Kilicdaroglu, ce qui ferait plus que contrebalancer la décision d'Ogan.

«Enfin, les électeurs du premier tour d’Ogan ont encore un troisième choix facile à faire en plus de voter pour l'un ou l'autre des candidats à la présidence. Ils peuvent tout simplement rester chez eux», a-t-il ajouté.

Comme les partisans d'Ogan sont surtout connus pour leur antipathie pour les deux candidats à la présidence, nombre de ces électeurs protestataires pourraient décider de ne pas voter au second tour.

Atila Kaya, un ancien législateur nationaliste qui avait soutenu la candidature d’Ogan au premier tour, a condamné dans un tweet sa décision de soutenir la coalition au pouvoir : «Si vous croyez pouvoir dessiner l'avenir que vous souhaitez à partir de la volonté d'un seul homme, cela signifie que vous n'avez jamais été familier avec la tradition que vous essayez d’exprimer !»

L'interview de Kilicdaroglu sera diffusée mercredi soir sur Babala TV, une chaîne de talk-show sur YouTube qui propose des interviews passionnées de dirigeants politiques et qui attire des millions de vues.

Sa prestation, au cours de laquelle il sera interrogé par un public jeune et critique composé essentiellement d'électeurs du gouvernement au pouvoir, devrait permettre d'infléchir les préjugés profondément ancrés à son encontre sur un certain nombre de sujets et de convaincre dans une certaine mesure les électeurs indécis.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.