La droite française ambitieuse, mais impuissante!

Parmi les noms qui brillent dans cette course à la succession d’Emmanuel Macron, on retrouve l’ancien Premier ministre, Édouard Philippe, qui a créé un microparti baptisé «Horizons» pour se préparer à cette bataille. (AFP).
Parmi les noms qui brillent dans cette course à la succession d’Emmanuel Macron, on retrouve l’ancien Premier ministre, Édouard Philippe, qui a créé un microparti baptisé «Horizons» pour se préparer à cette bataille. (AFP).
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Publié le Mercredi 24 mai 2023

La droite française ambitieuse, mais impuissante!

La droite française ambitieuse, mais impuissante!
  • Plusieurs facteurs montrent que le pays est ouvert à l’idée de choisir un homme ou une femme de droite pour succéder à Emmanuel Macron
  • Le parti des Républicains, déjà traumatisé par la douloureuse expérience des primaires, est toujours à la recherche de l’homme ou de la femme providentielle capable de porter ses couleurs et de réaliser ses rêves de revenir un jour au pouvoir

Dans leurs cercles les plus secrets, les leaders de la droite républicaine doivent se mordre les doigts de déception et d’amertume. Jamais les conditions politiques du pays n’ont été aussi favorables pour un retour de la droite républicaine au pouvoir, mais jamais ce rêve n’a été aussi fugace et cette ambition aussi éloignée que jamais de se réaliser.

Plusieurs facteurs montrent en effet que le pays est ouvert à l’idée de choisir un homme ou une femme de droite pour succéder à Emmanuel Macron, empêché par la Constitution d’envisager un troisième mandat. Les sondages montrent que la France de 2023 tend majoritairement vers la droite, et que, même si elle est active sur de nombreuses crises sociales, il faudrait un véritable miracle statistique et des compromis considérables à la gauche pour provoquer le consensus indispensable afin de former une majorité.

Les chefs de la droite républicaine doivent trépigner d’impatience, car ils sont conscients de trois éléments essentiels. Premièrement, malgré l’illusion actuelle laissant imaginer une Marine Le Pen marchant avec certitude et confiance sur l’Élysée, il n’est pas certain que l’idée de confier les rênes du pouvoir en France à l’extrême droite soit une aussi facile évidence. Talentueuse sans doute pour capter la colère des Français, lui donner une traduction politique et médiatique, Marine Le Pen peine toujours à convaincre qu’elle est à la tête d’un groupe politique capable de gagner la confiance d’une majorité de Français et de gouverner la France demain.

La crise de la réforme des retraites dans laquelle se débat toujours le pays a montré une opposition intelligente et opportuniste de la part de l’extrême droite, mais elle a également dévoilé ses nombreuses failles, soulignant ainsi son absence de fondations sociales et syndicales indispensables à toute conquête du pouvoir.

La crise de la réforme des retraites dans laquelle se débat toujours le pays a montré une opposition intelligente et opportuniste de la part de l’extrême droite, mais elle a également dévoilé ses nombreuses failles, soulignant ainsi son absence de fondations sociales et syndicales indispensables à toute conquête du pouvoir. Le parti de Marine Le Pen s’est révélé incapable de descendre dans la rue pour manifester. Lorsque l’extrême droite a voulu s’y résoudre, c’est l’ultradroite dans sa version la plus violente qui a manifesté, ce qui a choqué les Français et leur a rappelé de manière spectaculaire l’héritage politique de ce parti et les risques majeurs à le porter au sommet de l’État.

Le deuxième élément que les leaders de cette droite républicaine perçoivent dans le contexte actuel est qu’ils ont face à une gauche paralysée par des querelles d’ego et une compétition entre différents courants. Un affrontement politique et idéologique entre ceux qui se perçoivent comme faisant partie de la gauche de gouvernement et celle de la gauche de contestation a montré les limites d’un consensus qui avait permis de porter par deux fois (1981 et 1988) le socialiste François Mitterrand au pouvoir. Un consensus qui avait également abouti à l’expérience de la cohabitation politique pour le président de droite de l’époque, Jacques Chirac, avec le socialiste Lionel Jospin (de 1997 à 2002).

Le troisième élément d’espoir de cette droite républicaine réside dans l’incapacité du parti présidentiel Renaissance à présenter un leader capable de poursuivre le travail d’Emmanuel Macron ou de lui succéder tout simplement. Les plupart des noms cités pour porter les couleurs de la macronie en 2027 sont d’authentiques personnalités de la droite républicaine qui ont fait le choix de délaisser leur famille politique d’origine pour répondre aux avances et au travail de séduction de M. Macron.

Parmi les noms qui brillent dans cette course à la succession d’Emmanuel Macron, on retrouve l’ancien Premier ministre, Édouard Philippe, qui a créé un microparti baptisé «Horizons» pour se préparer à cette bataille. On retrouve également l’actuel ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui essaie de vendre à l’opinion française l’idée qu’il serait le seul rempart contre l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir, quitte à lui emprunter quelques idées, quelques postures et quelques intonations de voix. On retrouve enfin Bruno Le Maire qui veut exploiter son rôle de grand argentier, déterminé et responsable de la république, afin de se positionner à la fois comme une possible alternative à Marine Le Pen et comme l’incarnation de cette droite républicaine.

Le parti des Républicains est aujourd’hui dirigé par Éric Ciotti, élu récemment à la tête du parti à la condition expresse de ne pas se porter candidat à la présidentielle. Le seul nom qui ressort dans cette recherche effrénée de leadership de la droite républicaine est Laurent Wauquiez, actuel président du Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes.

Le charisme discutable de Laurent Wauquiez est loin de susciter l’enthousiasme des foules, laissant le parti des Républicains, déjà traumatisé par la douloureuse expérience des primaires, toujours à la recherche de l’homme ou de la femme providentielle capable de porter ses couleurs et de réaliser ses rêves de revenir un jour au pouvoir.

 

Mustapha Tossa est un journaliste franco-marocain. En plus d’avoir participé au lancement du service arabe de Radio France internationale, il a notamment travaillé pour Monte Carlo Doualiya, TV5 Monde et France 24. Mustapha Tossa tient également deux blogs en français et en arabe où il traite de la politique française et internationale à dominance arabe et maghrébine.  

TWITTER: @tossamus

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.