Les forces de l'ordre face à la difficile équation posée par les casseurs

Le président du groupe sénatorial Les Republicains (LR), Bruno Retailleau, arrive pour une réunion des partis politiques sur la réponse à Covid-19 avec le Premier ministre français Jean Castex, à Paris le 21 octobre 2020. (Ludovic MARIN / AFP)
Le président du groupe sénatorial Les Republicains (LR), Bruno Retailleau, arrive pour une réunion des partis politiques sur la réponse à Covid-19 avec le Premier ministre français Jean Castex, à Paris le 21 octobre 2020. (Ludovic MARIN / AFP)
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Publié le Dimanche 06 décembre 2020

Les forces de l'ordre face à la difficile équation posée par les casseurs

  • Le sénateur LR Bruno Retailleau, invité dimanche à commenter les violences de la manifestation de la veille à Paris, a préconisé d'y répondre par la création dans la police de "brigades anti black blocs"
  • "Leur unique fonction serait l'infiltration, cette étude des images, pour pouvoir avoir des incriminations", a encore expliqué le chef de file des sénateurs LR.

PARIS: Les nouvelles violences et dégradations samedi au coeur des manifestations contre la loi Sécurité globale, notamment à Paris, reposent la question des options à la disposition des forces de l'ordre pour empêcher les casseurs de perturber les cortèges.

Des voitures brûlées, des banques et des agences immobilières vandalisées, des policiers et gendarmes noyés sous une pluie de projectiles: la manifestation parisienne a reproduit un scénario bien connu depuis quelques années des autorités, sans que celles-ci semblent en mesure de l'endiguer, au grand dam des manifestants pacifiques qui voient leurs revendications passer au second plan.

Les forces de l'ordre paraissent hésiter entre les différentes stratégies: répression ou contrôle ? Contact ou maintien à distance ? Depuis la rentrée, "ça fait pas mal de manifestations qu'on rate", confesse à l'AFP un cadre de la préfecture de police.

Samedi, le cortège, parti peu après 14H00 de la Porte des Lilas, à l'est de la capitale, s'est très rapidement disloqué avec l'irruption en amont d'un groupe de "400 à 500 éléments radicaux", selon une source policière, formant un "black bloc" et empêchant la progression jusqu'à la place de la République, lieu de dispersion de la manifestation.

Cette méthode de guérilla urbaine, née dans les années 70 en Allemagne avant de prendre de l'épaisseur à Seattle en 1999 lors d'un sommet de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) puis lors d'un G8 à Gênes en 2001, s'est aussi développée en France, notamment à partir de 2016 avec les manifestations contre la loi Travail.

Ses adeptes, très au fait des techniques de maintien de l'ordre, infiltrent les cortèges et s'habillent de noir en un trait de temps pour former un "cortège de tête" souvent hétérogène, composé pour l'essentiel de membres de l'ultra-gauche mais aussi de manifestants "lambda".

Ils mènent des actions-éclair, par petits groupes très mobiles, et commettent des exactions contre des symboles du capitalisme, comme les agences bancaires ou d'assurance, avant de s'évaporer aussi vite qu'ils sont apparus, rendant difficile leur interpellation.

A Paris, selon un bilan communiqué samedi à 20H par la préfecture, seules 42 personnes avaient été interpellées, soit 10% du nombre total de casseurs recensés par les autorités.

Discrimination difficile des cibles 

Pourtant, le nouveau schéma du maintien de l'ordre, présenté en septembre par Gérald Darmanin, a acté la stratégie plus offensive de "réactivité" et "mobilité" prônée par le préfet de police de Paris Didier Lallement pour procéder à davantage d'interpellations de casseurs.

Mais "le fait que des journalistes, des manifestants et des badauds soient mêlés au black bloc rend difficiles les interventions des forces de l'ordre", souligne Bertrand Cavallier, général de gendarmerie et spécialiste du maintien de l'ordre.

"Souvent on combine l'emploi de gaz lacrymogènes et une charge, on n'a pas forcément une vision très précise et il peut y avoir un problème de discrimination des cibles", ajoute M. Cavallier, pointant "le risque de dommages collatéraux", qui nourrissent les accusations de violences policières.

Et quand la stratégie de "mise à distance", qui avait notamment coûté sa place au préfet de police Michel Delpuech en 2019, est employée, les autorités sont accusées de "laisser faire" à dessein.

"Le préfet Lallement organise une nouvelle provocation à Paris en vue de créer des images nuisibles à la mobilisation", a ainsi tweeté samedi le patron de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon.

Samedi, le parcours de la manifestation, long (4,5 km), peu habituel et empruntant des axes moins larges, a également compliqué la tâche sur le terrain.

"Plus un itinéraire est long, plus il est difficile d'enlever toutes les bagnoles, les trottinettes, de protéger les vitrines, de savoir combien il va y avoir de chantiers avec des objets potentiellement dangereux", souligne le cadre de la préfecture de police.

Ainsi, outre le mobilier urbain, les casseurs ont pu allègrement se servir sur le trajet dans une benne de chantier remplie de gravats. 

A l'instar du général Cavallier, ce responsable policier pointe un problème de stratégie avec "beaucoup de forces engagées" mais "pas beaucoup de discussions" entre elles. 

"On engage beaucoup les BRAV (brigades de répression de l'action violente, chargées des interpellations, ndlr)", au détriment "des CRS et des escadrons (de gendarmes) qui sont positionnées sur du statique", regrette-t-il.

Il souhaite aussi que les personnes interpellées fassent l'objet d'une "interdiction de manifester", ce que prévoyait la loi anticasseurs retoquée par le Conseil constitutionnel en 2019, "pour que les publics les plus durs soient écartés et qu'on arrive enfin à avoir des manifestations apaisées."

Bruno Retailleau préconise des "brigades anti black blocs"

Le sénateur LR Bruno Retailleau, invité dimanche à commenter les violences de la manifestation de la veille à Paris, a préconisé d'y répondre par la création dans la police de "brigades anti black blocs". 

"C'est tout à fait nouveau (...), on a affaire à une organisation paramilitaire de gens très bien entraînés", a fait valoir sur BFMTV l'ancien soutien de François Fillon à la présidentielle de 2017.

"On peut les attraper, mais il y a un problème de judiciarisation", a-t-il poursuivi : " Je propose que l'on crée des brigades anti black blocs. Il faut réussir sur une longue distance à observer des caméras de vidéoprotection, il faut observer les réseaux sociaux..."

"Leur unique fonction serait l'infiltration, cette étude des images, pour pouvoir avoir des incriminations", a encore expliqué le chef de file des sénateurs LR.

"Ce qui restera du bilan d'Emmanuel Macron, c’est la discorde et le désordre, rien de plus", a encore asséné Bruno Retailleau, pressenti parmi les possibles candidats de la droite à la présidentielle de 2022.

Il s'est par ailleurs de nouveau prononcé en faveur d'une "primaire ouverte" aux militants, mais aussi aux sympathisants de la droite en vue de l'échéance.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.