Salaires impayés: Trois agents de sécurité de la Coupe du monde emprisonnés au Qatar

Trois hommes qui travaillaient comme agents de sécurité pendant la Coupe du monde de football au Qatar se trouvent toujours en prison cinq mois après la fin du tournoi, en raison d’un différend concernant leurs contrats. (Photo, Shutterstock)
Trois hommes qui travaillaient comme agents de sécurité pendant la Coupe du monde de football au Qatar se trouvent toujours en prison cinq mois après la fin du tournoi, en raison d’un différend concernant leurs contrats. (Photo, Shutterstock)
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Publié le Samedi 27 mai 2023

Salaires impayés: Trois agents de sécurité de la Coupe du monde emprisonnés au Qatar

  • Des centaines d’anciens employés de Stark Security Services ont vu leurs contrats résiliés de manière anticipée
  • Nombre d’entre eux ont été expulsés après avoir tenté de négocier avec la société

LONDRES: Trois hommes qui travaillaient comme agents de sécurité pendant la Coupe du monde de football au Qatar se trouvent toujours en prison cinq mois après la fin du tournoi, en raison d’un différend concernant leurs contrats.

Shakir Ullah et Zafar Iqbal, tous deux originaires du Pakistan, ainsi qu’un collègue indien anonyme, auraient été emprisonnés pendant six mois et condamnés à une amende de 10 000 riyals qataris (1 riyal = 0,26 euro) chacun pour être restés au Qatar après avoir été licenciés trois mois avant la fin de leur contrat par la société locale Stark Security Services.

Des centaines de leurs collègues, tous des ressortissants étrangers également licenciés de manière anticipée, ont tenté de contester la résiliation du contrat, mais on leur a demandé de percevoir leur dernier salaire et de quitter leur logement. En cas de refus, ils étaient détenus et expulsés.

Ullah, Iqbal et leur collègue sont les seuls anciens employés de Stark Security à être restés dans le pays. Le groupe de défense des droits de l’homme Equidem a enquêté sur la situation des trois hommes et a interrogé 43 autres personnes anciennement employées par Stark Security dans le cadre de son enquête.

Le directeur d’Equidem, Moustafa Qadri a expliqué au quotidien anglais The Guardian, qui a vérifié les conclusions de son groupe qu’il s’agissait «du véritable coût de la négligence de la Fifa à l’égard des droits des personnes qui l’aident à générer d’énormes profits.»

La Fifa avait promis que la Coupe du monde du Qatar constituerait un changement dans la situation des droits de l’homme et de l’emploi pour les habitants de l’État du Golfe.

The Guardian s’est toutefois entretenu avec 9 anciens agents de sécurité parmi ceux qui ont été licenciés. Quatre d’entre eux ont été expulsés pour avoir contesté la résiliation de leur contrat. Le journal a été autorisé à consulter des copies de leurs contrats de six mois, qui promettaient de fournir de la nourriture et des logements, ainsi que des salaires mensuels de 2 700 riyals en échange de semaines de travail de sept jours. Les contrats stipulaient un préavis de «six mois après la date d’embauche». La loi qatarie dispose que les contrats qui sont résiliés de manière anticipée requièrent un préavis d’un mois.

«Quand ils avaient besoin de nous, ils nous traitaient bien, mais maintenant qu’ils n’ont plus besoin de nous, nous ne sommes plus rien pour eux», confie un ancien agent de sécurité kenyan, appelé Jacob. Un autre Kényan, prénommé Patrick, ajoute: «On dit que c’était la plus belle Coupe du monde, mais en fin de compte, nous avons tout perdu.»

«Nous sommes allés au Qatar pour gagner de l’argent et offrir une vie meilleure à notre famille, mais l’entreprise et les autorités nous ont dupés. Nous nous sommes sentis tellement impuissants», déplore un Pakistanais. Jacob indique que de nombreux agents de sécurité ont tenté de négocier avec Stark Security Services, mais que la société a déclaré qu’elle n’avait plus besoin d’eux après la fin de la Coupe du monde en décembre.

«Nous leur avons dit que nous étions toujours prêts à travailler. Nous n’avons manqué à aucune de vos obligations, nous n’avons commis aucun délit. Si vous souhaitez nous licencier, vous devez nous indemniser pour les trois mois restants», poursuit-il. «Ils venaient régulièrement dans nos logements et nous menaçaient, frappant à notre porte pour que nous partions.»

Environ 200 employés de Stark ont loué des bus pour se rendre de leur logement au siège de l’entreprise le 23 janvier, mais ils ont été arrêtés après que le personnel a appelé la police. Ils ont ensuite été expulsés en l’espace d’une semaine, sans recevoir le salaire des trois mois restants. 

Jacob avoue qu’il tient partiellement le gouvernement qatari pour responsable de son sort. «Rien ne se passe à son insu», affirme-t-il. «Nous aurions dû obtenir nos droits si le gouvernement du Qatar s’en était soucié.»

Un autre ancien agent de sécurité, originaire du Ghana, rejette la faute sur la fédération internationale de football: «La Fifa a gagné beaucoup d’argent (7,5 milliards de dollars) grâce à la Coupe du monde, et nous méritons notre part.»

Un porte-parole du gouvernement qatari explique à The Guardian que la société Stark Security Services avait enfreint le droit du travail dans l’État du Golfe et qu’elle devrait faire face à des répercussions juridiques, mais il a ajouté qu’«une solution a été rapidement trouvée entre la société et ses employés, ces derniers ayant été rémunérés intégralement pour leurs services et leurs contrats ayant été conclus conformément aux modalités prévues.»

«Le Qatar n’arrête ni n’expulse les employés qui cherchent à régler des différends relatifs au travail. Les droits de toutes les personnes travaillant au Qatar sont respectés et protégés par l’application juste et équitable des procédures juridique appropriées», souligne le porte-parole.

La Fifa a renvoyé The Guardian à un communiqué antérieur, dans laquelle elle précise qu’elle «cherche à faciliter les discussions au niveau du pays hôte, afin d’explorer les options disponibles pour remédier à la situation». Stark Security Services a refusé de répondre aux questions du journal.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Paris condamne l'attaque qui a coûté la vie à deux soldats de Bahreïn

Une attaque imputée aux Houthis a été menée sur le territoire de l’Arabie saoudite: elle a tué deux militaires bahreïnis près de la frontière sud avec le Yémen. (Photo BNA).
Une attaque imputée aux Houthis a été menée sur le territoire de l’Arabie saoudite: elle a tué deux militaires bahreïnis près de la frontière sud avec le Yémen. (Photo BNA).
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  • Le texte condamne «cette attaque délibérée contre les forces de la Coalition au Yémen et s’associe aux autorités saoudiennes pour présenter ses condoléances»
  • Cet incident a été largement condamné par les pays du Conseil de coopération du Golfe

RIYAD: Réagissant à l’annonce de la mort, le 25 septembre dernier, de plusieurs soldats des Forces de défense de Bahreïn (BDF) engagés dans la Coalition arabe au Yémen, l'ambassade de France en Arabie saoudite a publié un communiqué.

Le texte condamne «cette attaque délibérée contre les forces de la Coalition au Yémen et s’associe aux autorités saoudiennes pour présenter ses condoléances aux forces de la Coalition ainsi qu’au royaume du Bahreïn».

Rappelons qu’une attaque imputée aux Houthis a été menée sur le territoire de l’Arabie saoudite et qu’elle a tué deux militaires bahreïnis près de la frontière sud avec le Yémen.

Cet incident a été également largement condamné par les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ainsi que par l'Égypte, l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et la Ligue arabe.


L’Initiative de paix arabe est la «pierre angulaire» de tout accord avec Israël, selon l’envoyé saoudien

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  • Mardi, M. Al-Sudairi a dirigé la première délégation diplomatique saoudienne en Cisjordanie occupée depuis les malheureux accords d’Oslo en 1993
  • Les envoyés ont traversé la frontière par voie terrestre à partir de la Jordanie

DJEDDAH: L’Initiative de paix arabe, proposée par l’Arabie saoudite en 2002, fera partie intégrante de tout éventuel accord de normalisation avec Israël, a déclaré mardi l’envoyé du Royaume en Palestine.

«La question palestinienne est un pilier fondamental», affirme Nayef al-Sudairi, le nouvel ambassadeur non résident, après s’être entretenu avec le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al-Maliki, à Ramallah, pour tenir des discussions et présenter ses lettres de créance.

«Il est indéniable que l’initiative arabe […] est la pierre angulaire de tout accord à venir.»

M. Al-Sudairi rappelle qu’il y avait autrefois une ambassade saoudienne dans le quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, et espère «qu’il y aura à nouveau une ambassade là-bas».

L’initiative de 2002 proposait d’établir des relations diplomatiques entre les pays arabes et Israël en échange de son retrait de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est, de Gaza et du plateau du Golan tout en parvenant à une solution juste pour la cause palestinienne.

Mardi, M. Al-Sudairi a dirigé la première délégation diplomatique saoudienne en Cisjordanie occupée depuis les malheureux accords d’Oslo, en 1993. Les envoyés ont traversé la frontière par voie terrestre à partir de la Jordanie.

Les accords d’Oslo étaient censés conduire à un État palestinien indépendant, mais des années de négociations au point mort et de violences meurtrières ont fait de toute solution pacifique un rêve lointain.

Le gouvernement d’extrême droite de Benjamin Netanyahou a étendu les colonies israéliennes illégales en Cisjordanie occupée et au moins 242 Palestiniens ont été tués jusqu’à présent cette année après une escalade de la violence de la part des colons et de l’armée israélienne.

Les États-Unis, qui ont négocié les pourparlers entre Israël et les Palestiniens dans le passé, n’ont fait aucune avancée majeure vers une solution à deux États depuis l’échec de leurs efforts il y a près de dix ans.

Washington exhorte désormais Israël et l’Arabie saoudite à normaliser leurs relations diplomatiques à la suite d’accords similaires qui impliquent les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc. Dans un entretien accordé à la télévision américaine la semaine dernière, le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, affirme qu’«on se rapproche chaque jour un peu plus» d’un accord.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Tout-à-l'égout, routes asphaltées, restaurants: Bagdad s'offre un lifting

Des ouvriers réhabilitent une route dans le cadre de travaux publics à la périphérie de Bagdad le 15 septembre 2023 (Photo, AFP).
Des ouvriers réhabilitent une route dans le cadre de travaux publics à la périphérie de Bagdad le 15 septembre 2023 (Photo, AFP).
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  • Les travaux de réhabilitation s'enchaînent pour apporter eau et électricité dans les quartiers informels, privés d'infrastructures, construire des ponts et réaménager avenues et trottoirs
  • La fragile stabilité retrouvée depuis la défaite du groupe djihadiste Etat islamique, en 2017, permet aussi l'ouverture de centres commerciaux, cafés et restaurants

BAGDAD: Routes asphaltées, tout-à-l'égout, restaurants et hôtels de luxe: grâce à une relative stabilité après des décennies de conflits, Bagdad, la capitale de l'Irak, s'offre un lifting, une des priorités du gouvernement qui veut utiliser cette vitrine pour démontrer son efficacité.

A travers la métropole de neuf millions d'habitants, les travaux de réhabilitation s'enchaînent pour apporter eau et électricité dans les quartiers informels, privés d'infrastructures, construire des ponts et réaménager avenues et trottoirs.

La fragile stabilité retrouvée depuis la défaite du groupe djihadiste Etat islamique, en 2017, permet aussi l'ouverture de centres commerciaux, cafés et restaurants, dans un Irak habitué à faire la une des journaux pour des guerres ou des attentats.

Sur les bords du Tigre, le complexe des Mille et une nuits offre 12 restaurants, plusieurs salles de fêtes, des boutiques et un bowling: en ce soir de week-end, ils sont quelques dizaines, venus en famille ou entre amis, à faire tomber des quilles et fumer le narguilé.

Construit dans le parc d'un ancien palais de Saddam Hussein, le complexe a été inauguré fin 2022, lancé par "de jeunes investisseurs qui s'intéressent au tourisme" et aux loisirs, explique son directeur exécutif, Falah Hassan.

"L'Irak est une terre fertile pour les investissements", ajoute-t-il. Même s'il reconnaît certains "obstacles" comme "la situation sécuritaire" ou la "bureaucratie".

"Il faut s'adresser à mille guichets avant d'obtenir une seule autorisation", déplore-t-il.

«Corruption systémique»

La Banque mondiale estimait fin juillet que "le climat d'investissement en Irak demeurait médiocre", citant "l'absence de législation favorable aux entreprises, un environnement sécuritaire instable, des inefficacités administratives et une corruption systémique".

Une réalité que les autorités s'engagent à changer, cherchant à attirer les investisseurs, notamment du Golfe.

Fin août, le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani assistait au coup d'envoi de la construction du luxueux hôtel et complexe résidentiel Rixos, premier investissement qatari à Bagdad.

"Du Premier ministre au plus petit fonctionnaire, nous serons aux côtés de l'investisseur, du secteur privé, pour réaliser des projets à Bagdad et dans les provinces", promettait-il.

Plus récemment à la tribune de l'ONU, M. Soudani rappelait que "la première de nos priorités est la lutte contre l'épidémie de la corruption".

"Ces dernières années, l'élite politique irakienne et ses partenaires en affaires ont préféré investir leur fortune dans des projets locaux, refuge pour des gains mal acquis", souligne l'analyste Hayder Al-Shakeri sur le site internet du think-tank IRIS, de l'Université américaine d'Irak-Souleimaniyeh.

Il évoque "des complexes résidentiels haut de gamme, des centres commerciaux, des universités privées".

Toujours est-il que les autorités défendent une politique de modernisation des infrastructures. Ainsi pour les budgets 2023-2025, les dépenses d'investissement se montent annuellement à 37 milliards de dollars, soit trois fois le montant effectif de 2022 selon le rapport de la Banque mondiale.

Des largesses rendues possibles par la manne pétrolière et de colossales réserves en devises étrangères, atteignant plus de 100 milliards de dollars.

«Jusqu'à quand?»

Rassemblant ministères, entreprises publiques et les services du génie de l'armée et des anciens paramilitaires du Hachd al-Chaabi, une cellule spéciale oeuvre à réhabiliter les quartiers informels "privés de services depuis plus de 20 ans", explique à l'AFP l'ingénieur Abdel Razzak Abd Mhessein.

Ses équipes sont à la tâche dans les ruelles terreuses du quartier de Koufa, en périphérie de Bagdad. Un bulldozer creuse la chaussée pour installer des canalisations, tandis qu'un camion benne évacue les gravats.

"Nous avons un budget d'environ 200 milliards de dinars (150 millions de dollars) pour des travaux d'infrastructures: eau, tout-à-l'égout...", ajoute l'ingénieur Abd Mhessein, dirigeant la cellule de Bagdad.

"Il y a plus de 1.093 quartiers informels à Bagdad et un plan a été préparé pour y effectuer progressivement des travaux", ajoute-t-il.

Au sein de l'opinion publique, l'accueil est mitigé.

"C'est ce dont nous rêvions, des routes asphaltées et des services", s'enthousiasme Abou Ali Al-Bahadli, un journalier de 55 ans. "Avant on ne pouvait pas sortir quand il pleuvait, la chaussée était boueuse, les égouts débordaient."

Un voisin est plus circonspect: malgré les travaux, sa rue est toujours privée d'électricité et d'eau courante. "Dites moi quel responsable accepterait de rester une heure seulement sans eau", assène Ahmed Radi, un fonctionnaire de 45 ans.

"Quand vont-ils installer des trottoirs? Des caniveaux pour l'eau de pluie?", plaide-t-il. "On rentre du travail fatigué. Il n'y a pas d'eau, pas d'électricité. Jusqu'à quand?"