Retraites: la gauche applaudit le discours de Triet à Cannes

La réalisatrice française Justine Triet parle sur scène après avoir remporté la Palme d'Or pour le film "Anatomie d'une Chute" lors de la cérémonie de clôture de la 76e édition du Festival de Cannes, le 27 mai 2023. (Photo par Christophe Simon / AFP)
La réalisatrice française Justine Triet parle sur scène après avoir remporté la Palme d'Or pour le film "Anatomie d'une Chute" lors de la cérémonie de clôture de la 76e édition du Festival de Cannes, le 27 mai 2023. (Photo par Christophe Simon / AFP)
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Publié le Dimanche 28 mai 2023

Retraites: la gauche applaudit le discours de Triet à Cannes

  • Le mouvement de contestation de la réforme a été «nié et réprimé de façon choquante», a dénoncé Justine Triet, évoquant un «schéma de pouvoir dominateur»
  • La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a répliqué immédiatement aux propos de Justine Triet, se disant «estomaquée par son discours si injuste»

PARIS : «Merci»: la gauche a salué le discours de la réalisatrice Justine Triet, Palme d'or à Cannes, qui a dénoncé la réforme des retraites après avoir reçu la Palme d'or à Cannes samedi soir.

Le mouvement de contestation de la réforme a été «nié et réprimé de façon choquante», a dénoncé Justine Triet, évoquant un «schéma de pouvoir dominateur». Elle a aussi estimé que le pouvoir cherchait à «casser l'exception culturelle» française.

«Merci à Justine Triet pour son courage en plus de son talent. Cannes revient à sa tradition. C'est la gauche résistante qui a créé ce festival», a réagi le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon sur Twitter.

«Six mois que toute la France conteste. Six mois que nous subissons la volonté d’un seul. Merci madame de garder la nuque raide», a aussi appuyé le numéro un du PS Olivier Faure, tandis que Marine Tondelier, patronne d'EELV, ironisait sur ces «nouvelles des 100 jours de Macron pour apaiser, en direct du Festival de Cannes».

«Marchandisation des corps, Marchandisation de la culture, Bravo à Justine Triet pour sa Palme d'or et son discours qui frappe si juste», a abondé le secrétaire national du PCF Fabien Roussel.

La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a répliqué immédiatement aux propos de Justine Triet, se disant «estomaquée par son discours si injuste». «Ce film n'aurait pu voir le jour sans notre modèle français de financement du cinéma qui permet une diversité unique au monde. Ne l'oublions pas», a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux.

Cette réaction a fait bondir à gauche. Olivier Faure a affirmé être «estomaqué de voir une ministre de la Culture qui pense que quand on finance un film, on achète la conscience de ses auteurs».

«Ne pensez plus, prenez vos subventions et silence dans les rangs», a lancé le PCF.

Des figures du camp présidentiel sont entrées dans le débat, provoquant quelques passes d'armes sur Twitter. «Anatomie de l’ingratitude d’une profession que nous aidons tant… et d’un art que nous aimons tant», a taclé Roland Lescure, ministre délégué à l'Industrie, en référence au film primé, «Anatomie d'une chute».

«Il est peut-être temps d’arrêter de distribuer autant d’aides à ceux qui n’ont aucune conscience de ce qu’ils coûtent aux contribuables», a menacé le président de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée, Guillaume Kasbarian (Renaissance).

L'écologiste Benjamin Lucas y a vu un appel «à la censure, par le chantage aux subventions»: «C’est du Le Pen dans le texte», selon lui.


Au CHU de Rennes, l'intelligence artificielle entre dans la routine

Un médecin regarde un écran, aidé par l'intelligence artificielle pour l'imagerie médicale, qui indique d'éventuelles fractures osseuses et luxations au CHU de Rennes (Photo, AFP).
Un médecin regarde un écran, aidé par l'intelligence artificielle pour l'imagerie médicale, qui indique d'éventuelles fractures osseuses et luxations au CHU de Rennes (Photo, AFP).
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  • Au total, le CHU rennais utilise déjà actuellement une trentaine d'algorithmes d'intelligence artificielle
  • Comment réduire ce temps de passage relativement long sans dégrader la qualité des soins?

RENNES: Spectaculaire gain de temps aux urgences pour la prise en charge des fractures, aide au diagnostic du cancer de la prostate: l'intelligence artificielle fait désormais partie du quotidien de certains services du CHU de Rennes, qui contribue lui-même au développement de plusieurs algorithmes.

Au total, le centre hospitalier universitaire rennais utilise déjà actuellement une trentaine d'algorithmes d'intelligence artificielle (IA), "dont six en routine clinique".

L'un des tout premiers services à bénéficier de cet apport technologique est le service des urgences, qui a vu défiler l'an dernier quelque 66.000 patients, dont environ un tiers pour la traumatologie.

"En 2019, on s'est rendu compte que ceux qui venaient pour des traumas de membres isolés, comme une entorse de cheville ou une fracture du poignet, restaient en moyenne 4h45 dans le service", raconte le Dr Ulysse Donval, spécialiste en traumatologie aux urgences.

Comment réduire ce temps de passage relativement long sans dégrader la qualité des soins, et surtout à effectifs constants ? C'est l'IA qui a résolu l'équation avec l'intégration dans les systèmes d'imagerie du CHU du logiciel Boneview, explique le Dr Donval.

Ce logiciel - "extrêmement performant dans la détection de fractures mais aussi de l'absence de fractures", souligne-t-il - interprète les radios en seulement quelques minutes.

Concrètement, les radios du membre s'affichent sur l'écran, avec un cadre jaune sur la lésion que l'algorithme pense avoir détectée le cas échéant, et la mention "oui" ou "non" à la rubrique "fracture", "luxation" et "épanchement". En cas de doute, lié par exemple à une attelle parasitant l'image, le logiciel le signale également.

Plus précis qu'un interne 

Fort de cette première interprétation, l'urgentiste peut alors rapidement recevoir le patient, sans attendre une deuxième lecture par un médecin senior souvent débordé, et lui permettre de rentrer chez lui s'il n'a pas de lésion grave.

"Tous les patients qui sortent des urgences ont une lecture des radios" dans les heures qui suivent par un radiologue, insiste le médecin. Et dans les très rares cas où une anomalie aurait échappé à l'IA, le patient est recontacté pour une prise en charge.

L'utilisation du logiciel permet une sortie précoce des patients sans diminuer la qualité des soins, avec un taux d'erreur qui n'a pas augmenté, assure le Dr Donval.

Cette solution a permis de diminuer la durée moyenne de passage de 21% pour les patients sans fracture et de 27% pour ceux avec fracture, soit une réduction comprise entre 1h00 et 1h20.

Le CHU de Rennes n'est plus seulement utilisateur mais aussi concepteur d'IA, avec le développement d'un algorithme d'aide au diagnostic par IRM du cancer de la prostate, le plus répandu en France chez les hommes (plus de 50.000 chaque année).

Or cette technique d'imagerie pour la prostate est "difficile à interpréter" pour les médecins non spécialisés, et elle nécessite parfois la prise de centaines voire de milliers d'images, relève le Dr Luc Beuzit.

D'où l'intérêt pour ce radiologue "d'entraîner" une intelligence artificielle à en faire la lecture.

En collaboration avec la start-up française Incepto, le CHU de Rennes a constitué une base de données de quelque 6.000 IRM de prostates, dont la moitié a été minutieusement annotée par le Dr Beuzit et une douzaine de ses collègues. Ils en ont alors nourri l'algorithme.

Depuis novembre 2022, ce logiciel, baptisé Paros, est utilisé au quotidien en interne par les radiologues. Il trace automatiquement les contours de la prostate, en calcule le volume et affiche en rouge une éventuelle lésion suspecte, qu'il ne reste plus qu'à confirmer par une biopsie.

Selon les premières évaluations présentées mardi à des journalistes, Paros est presque aussi précis dans ses diagnostics qu'un radiologue senior et bien meilleur qu'un interne interprétant seul les images.

Le logiciel, bientôt certifié, est en passe d'être commercialisé dans le monde entier, se réjouit le CHU.


Autoroutes: «Plusieurs» projets seront «arrêtés» dans les «prochaines semaines», assure Beaune

Des véhicules traversent différentes autoroutes à l'extérieur de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, à Roissy, au nord de Paris, le 27 juin 2019 (Photo, AFP).
Des véhicules traversent différentes autoroutes à l'extérieur de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, à Roissy, au nord de Paris, le 27 juin 2019 (Photo, AFP).
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  • Le ministre délégué aux Transports avait déjà annoncé fin avril qu'un «certain nombre de projets routiers» sera «revu»
  • «A l'heure de la planification écologique, on ne peut pas faire comme avant», a-t-il indiqué mardi

PARIS: Le gouvernement prendra "dans les prochaines semaines" la décision d'arrêter "plusieurs" projets autoroutiers et routiers, a indiqué Clément Beaune mardi, tout en assurant que l'A69 entre Toulouse et Castres sera bien construite.

"Quand il y a des décisions qui sont prises, on les applique", et "ça vaut pour l'A69", qui "a fait l'objet de très nombreuses décisions politiques et judiciaires", a-t-il expliqué sur France Inter.

Ce projet fait l'objet d'une contestation particulière, notamment par le militant Thomas Brail, en grève de la faim depuis début septembre pour s'y opposer. Il s'était installé dans un platane en face du ministère de la Transition écologique, à Paris, pendant une dizaine de jours avant d'être délogé dimanche.

M. Brail a redemandé lundi soir, lors d'un rassemblement à Paris, "une suspension des travaux" pour l'A69.

Si cette autoroute sera bien construite, selon Clément Beaune, "pour d'autres autoroutes je prendrai des décisions fortes dans les prochaines semaines" et "il y a plusieurs (projets) qui seront arrêtés".

Le ministre délégué aux Transports avait déjà annoncé fin avril qu'un "certain nombre de projets routiers" sera "revu", promettant alors un verdict "d'ici le début de l'été".

"A l'heure de la planification écologique, on ne peut pas faire comme avant", a-t-il indiqué mardi.

Pour les projets en cours "on va réduire leur impact sur l'environnement" et pour "les projets qui ne sont pas encore lancés, on va en maintenir quelques uns, puisqu'il y en a qui sont utiles, et on va en arrêter certains", a-t-il poursuivi.


Projet de loi plein emploi: «On légifère sur des bases idéologiques», dénonce Guedj

Le député du Parti socialiste (PS) Jérôme Guedj s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 11 juillet 2023 (Photo, AFP).
Le député du Parti socialiste (PS) Jérôme Guedj s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 11 juillet 2023 (Photo, AFP).
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  • «On légifère sur des bases idéologiques, pas sur des bases objectives», a dénoncé mardi le député PS Jérôme Guedj
  • Il accuse le gouvernement de ne pas avoir suffisamment étudié les impacts d'une sanction sur les allocataires du RSA

PARIS: "On légifère sur des bases idéologiques, pas sur des bases objectives", a dénoncé mardi le député PS Jérôme Guedj, accusant le gouvernement de ne pas avoir suffisamment étudié les impacts d'une sanction sur les allocataires du RSA, avant d'étendre cette logique via le projet de loi "plein emploi".

"On est sur des législateurs idéologiques et dogmatiques, alors qu’on parle du quotidien de centaines de milliers de nos concitoyens qui vont être pénalisés par ces sanctions", a-t-il déclaré à la presse à l'Assemblée, au côté du député PS Arthur Delaporte.

Alors que les débats ont repris mardi après-midi dans l'hémicycle sur le projet de loi pour le plein emploi, M. Delaporte a entamé la séance en faisant un rappel au règlement, accusant le gouvernement de ne pas avoir fourni d'éléments aux parlementaires "sur l’effet des sanctions à l’heure actuelle, sur les allocataires du RSA", malgré ses demandes répétées.

Or, M. Guedj est parvenu à obtenir de tels éléments auprès de la Caisse nationale d'allocation familiale (Cnaf), en qualité de coprésident de la Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale (Mecss), a-t-il souligné.

Face à la "béance de l'étude d'impact", "j’ai sollicité le directeur de la Cnaf vendredi dernier, j’ai reçu hier soir à 23h38 une réponse", a expliqué M. Guedj dans l'hémicycle - faisant de lui-même le parallèle avec la démarche qu'il avait entreprise auprès de la direction de la sécurité sociale pour corriger un chiffre du gouvernement lors du débat sur les retraites.

«Basculement dans la précarité»

Selon M. Guedj auprès de la presse, l'étude montre que "pour ceux des allocataires suspendus, ça se traduit pour plus de 40% d’entre eux par la perte totale du RSA et le basculement dans la précarité".

"Ce que produit la sanction c’est du non recours, de l’extrême pauvreté", a renchéri à ses côtés M. Delaporte.

"Je ne comprends pas que le gouvernement nous fasse légiférer à l’aveugle", a lancé dans l'hémicycle M. Delaporte au ministre du Travail Olivier Dussopt.

En réponse, le ministre a souligné que si M. Guedj avait pu obtenir cette étude, sa "méthodologie devait être approfondie" comme l'écrit l'auteur de l'étude lui-même.

Tout au long de la soirée, le gouvernement a été peu inquiété, parvenant sans difficulté à rejeter les amendements des oppositions. Mais à la clôture de la séance les débats n'étaient pas allés au terme de l'examen de l'article 1, qui généralise entre autres l'inscription sur la liste des demandeurs d'emploi des bénéficiaires du RSA, et change le nom de Pôle emploi en France Travail.

Plus tôt dans la journée, un rassemblement avait réuni près de l'Assemblée une soixantaine d'agents de Pôle Emploi et une dizaine de députés opposés au projet. "Notre métier n'est pas de forcer les gens à accepter n'importe quoi, c'est de les accompagner dans leur projet professionnel", a protesté Vincent Lalouette, du syndicat SNU Pôle emploi FSU.